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| Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... | |
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| Sujet: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Jeu 10 Avr 2014 - 16:19 | |
| Attentat à DUVIVIER.
DUVIVIER, grosse bourgade d'Algérie, faisant partie du Constantinois, près de la frontière tunisienne, situé à 80 kilomètres du port de BÔNE, ville et port maritime d'où part la nationale 16, axe routier reliant les villes jusqu'à TEBESSA, puis vers les Territoires du Sud. Le village de Duvivier, alimentée part la Seybousse, oued ( rivière) descendant des djebels (montagne) culminants à 600/800 mètres d'altitude. Paysage de moyenne montagne ou le 3e R.P.C. De Bigeard vient d'installer sa base avancée.
Je suis de repos forcée pour une cheville abîmée lors de ma première opération du 10 au 14 avril 1956 dans le djebel de la région de GOUNOD. Donc; exempt de marche, je suis avec quelques éclopés pour la garde du cantonnement de l'Escadron, constitué de 8 marabouts en toile, si certains font office de chambrée, d'autres servent de réserve ou sont entreposées le matériel des cuisines, les autres de réserve à nourriture et soit un ensemble de 8 grosse toiles de tentes.
Situé u peu à l'extérieure du village, nous avons comme protection: deux chars et un half-track d'une unité blindée. Je prépare mon lit picot pour la nuit dans cette guitoune de 15 lits rangés face à face, ce lieu nous servant de coin repas par la même occasion.
Les trois blindés, de protection à l'intérieur du camps protégé par un réseau de fil de fer barbelé l'ensemble donne un semblant de sécurité, tout est calme, il a fait une journée splendide et j'ai profité du moment pour faire de la photo avec mon appareil Kodak.
Monté sur la tourelle d'un char avec Pierrot Martignon et Luillier un parisien, nous posons pour la postérité. Nos problèmes divers ne nous empêchent pas de rire comme des gamins de 19 ans. Rien ne laisse prévoir un quelconque incident, c'est la tombée du jour, nous sommes installés pour la nuit, ma MAT 49, posée sur mon sac marin bien à portée de main, les affaires sont suspendues au dessus de moi. Je discute avec mes camarades des fatigues et des souffrances de nos potes partis pour une opé de 36 heures dans le djebel.
Soudain des coups de feu claquent en direction du camp, , il fait noir, nous jetons à terre comme un seul homme pour paré au plus pressé. Une grenade balancée deux tentes à côté explose dans un fracas de tout les diables, c'est la panique dans le camp. Le chef de char à sauté dans son half-track, armé la mitrailleuse et le voilà tirant à l'aveuglette tout azimuts, les balles traçantes montent un moment donné jusqu'au minaret éclairé par ce tir fou, un projecteur s'est allumé et balaye de son faisceau le camp. La grenade à explosée devant l'entrepôt, criblant la toile d'éclats, des rafales de pistolet-mitrailleur sont même envoyées !.
Il faut les hurlements de l'officier para responsable de notre base pour le halte au feu!. Le gars du char a perdu les pédales. Je vais au résultat suivi par les gars sortant de partout, le gradé pousse sa gueulante ! Quelle engueulade au chef de char !. La toile de tente a dégustée, personne de touché dans cette affaire un peu burlesque, qui aurait pu tourner au drame par la panique engendrée. Le ou les fells qui ont tirés au fusil de chasse, devaient savoir que la compagnie était en opération. Tous les bidasses du coin se sont retrouvés en alerte le reste de la nuit. Je me suis recouché sans trouver le sommeille, l'émotion de ce premier contact avec le bruit d'une fusillade ma fait prendre une précaution . J'ai dormi avec ma MAT dans le lit !
Jolie mois de mai 1956!. |
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| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Ven 11 Avr 2014 - 8:14 | |
| Cette histoire que j'ai vécu, me bouleverse à chaque fois.
Un grand brulé
C'est l' histoire tragique de mon camarade Charlet, garçon sympathique de notre Escadron du 3e RPC désigné pour s'occuper des cuisines, il s'en sortait fort bien. Quand nous revenions d'opération et qu'il nous voyait arriver exténués, sales, rompu de fatigue, il se mettait en quatre pour nous apporter un peu de réconfort avec sa «popote» réglementaire constituée d'une grosse cuisinière à essence à plusieurs foyers.
Le matin de bon heure, le café pour 136 paras était chaud, et souvent nous avions droit à un peu plus de ce jus qui parfois était un peu clair et d'un goût quelconque, mais qu'importe il était chaud. Charlet avait fait ses classes avec moi et nous avions sympatisés tout de suite. Je me souviens de nos facéties à Duvivier ou nous faisions de fiers cavaliers sur les bourricots du coin qui venaient chercher un bout de pain dur ou des épluchures de pomme de terre et qui n'avançaient que part l'appât de la nourriture qu'on leur faisait miroiter devant le museau.
Nous avions aussi, comme disait les anciens revenus d'Indochine et qui savaient ce que voulait dire, le «quart d'heure colonial» c'était de grosses rigolades avec des habits et une parure d'anneau de fatma. On posait devant l'objectif de mon appareil Kodak pour une photo immortalisant le moment. Il fallait des moments de rires comme cela pour nous détendre.
Notre cantonnement provisoire, je pourrais dire notre base avancée, était dans une école de sourds - muets à Alger boulevard du Telemly ou l'Escadron se trouvait lors de la deuxième bataille d'Alger. Nous avions la place nécessaire pour tous nos véhicules Jeeps et Dodge 4X4 et dans la cour en face de nos chambrées, les cuisines, l'ensemble avait était installé en un temps record. Le capitaine Le Boudec veillait à notre confort , notre nourriture mais aussi à notre forme malgré notre travail épuisant de garde, de patrouilles à pied et en jeep, les interventions dans la Casbah et ses environs, les arrestations difficiles, cela ne nous dispensaient pas des marches commandos une fois par semaine et le sport . Il fallait aussi veiller à notre propreté corporel et au lavage de nos tenues, à la coupe de cheveux , cela je connaissais puisque j'étais le coiffeur de service pour la section ,le premier à montrer l'exemple était le lieutenant Michel notre chef de section qui ressortait de mes mains avec la coupe à un centimètre ce qui faisait frissonner certains possédant une belle chevelure. Bigeard était intraitable sur les cheveux et la barbe, pas de moustachus encore moins de barbus
La «popote» se trouvait dans un grand local, la cuisinière dans un local contigu assez restreint. Plusieurs cuistots ou aides pour nourrir une centaine de paras toujours affamés sauf au moment de la solde ou nous allions chez le marchand de merguez ambulant du coin afin de changer notre ordinaire.
C'était un matin annonçant une belle journée chaude de ce mois de juillet 1957, quelques heures de sommeille nous suffisaient pour récupérer de notre fatigue, du côté des cuisines les gars s'affairaient pour le café du matin et préparaient le pain le beurre. Charlet s'occupait à mettre en service la cuisinière à essence.Le processus était le même tous les matins, faire le plein du reservoir d'essence de la cuisinière, et pomper pour mettre en pression une petite cuve intermediaire, permettant à l'essence d'être sous pression pour arriver aux gicleurs de la rampe d'allumage sous forme pulvérisé. J'étais de permanence dans ma jeep, en tenue de combat, prêt à toutes éventualités, quand une sourde explosion provenant des cuisines me fit sursauter. Des cris, des jurons, et soudain un gars tout noir, les cheveux roussis, sort de la cambuse comme un fou en titubant, des flammes finissent de brûler sur son corps nu . Le chef de quart alerté, part en courant vers le brulé qui halète et geint de douleur.. Une odeur écœurante de chaire brûlée flotte dans l'air. Je suis à trente mètres du drame et j'ai peine à reconnaître Charlet.
C'est un moment d'angoisse, le sergent hurle vers moi: «approche ta jeep, ne le touche pas! Il faut le transporter d'urgence à l'hôpital Maillot !». En parlant avec douceur, il le guide pour monter dans ma jeep par ses propres moyens, sa peau dès qu'on le touche part en lambeaux. En ouvrant péniblement ses yeux roussis et tuméfiés, il réussi à s'assoir sur le siège en se tenant au tableau de bord. Il vacille sous la douleur et geint doucement, je m'aperçois qu'il est brulé partout, dès le matin il avait enlevé son tricot de peau et travaillait en short et savate.
Une jeep ouvrant la route, je démarre sans une secousse et suit le véhicule prêt à tout pour m'ouvrir la route jusqu'à l'hôpital. Tout au long du trajet, le sergent maintient en éveil Charlet en lui parlant continuellement. Son corps vacille à chaque petit freinage et le fait se pencher en avant, au redémarrage son dos se décolle au siège laissant des lambeaux de peau collés au dossier, comme il a tendance à partir vers l'extérieur, c'est plus fort que moi je lui attrape le bras, la peau me reste dans la main comme une gaine que l'on fait glisser sur un tube, j'en suis malade.
Dans quel état vat-il arriver aux urgences? Enfin, voici l'hôpital Maillot, il est grand temps car il se trouve dans un état
de semi-inconscience, les paroles sans cesse répétées par le gradé l'on tenu en éveil pour qu'il ne bascule pas hors de la jeep.
Il est aussitôt pris en charge par le personnel spécialisé averti de notre arrivée, et c'est avec un grand soupir que je le voie disparaître dans les couloirs. Je m'aperçois que je tremble un peu en pensant; s'il avait basculé hors du véhicule durant le trajet, comment aurions nous pût le remettre sur le siège sans le peler entièrement, sa peau n'étant plus solidaire à sa chair?
Nous sommes retourné lui rendre visite quelques jours après. Il était dans une chambre aseptisée, isolé par un voile de mousseline, un goutte à goutte en perfusion. Sur son visage des poches de liquide ressemblaient à de petits ballons dégonflés, il était dans un coma voulu. Nous n'avions pas le droit de lui parler, nous ne sommes restés que quelques minutes devant son lit, et, dehors nous avons parlé du pourcentage de chance qu'il avait de rester en vie ?
Les opérations sur Alger se poursuivirent et d'autres encore, nous en avons oublié notre camarade Charlet et j'ai appris beaucoup plus tard par mon camarade Daniel Belot qui l'avait rencontré à Bayonne, que Charlet avait été réformé et qu'il retournait à la vie civile. Il avait survécu aux graves brûlures, mais son visage était ravagé, le nez, les oreilles étaient mangés par le feu et de graves traces se voyaient sur son visage. Je sais qu'il vit certainement encore et lui dédit cette page d'histoire s'il a la chance de la lire. |
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| Sujet: Merci pour l'histoire....... Ven 11 Avr 2014 - 9:00 | |
| ................de ton vécu en Algérie, guy |
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| Sujet: Des auxilaires intraitables !! Algérie 1957 Jeu 17 Avr 2014 - 18:06 | |
| Des auxiliaires intraitables
Impliqué dans la fameuse opération de « TIMIMOUN », de novembre à décembre 1957, je me trouvais avec mon peloton à la poursuite de déserteurs ( 70 environ), c'était un escadron monté de méharistes du TOUAT, dépendant du secteur de Timimoun, ville située à plus 1000 km d'Alger .
Ils étaient passés en rébellion après avoir assassinés tous les officiers et sous-officiers les encadrant. Ils cherchaient à filer avec une bande rebelle FLN chargée de les recueillir et les menés au Maroc . C'était sans compter sur le 3e RPC du colonel Bigeard, qui reçoit l'ordre d'intercepter et de détruire cette bande armée avec équipement complet et les chameaux de la Compagnie Montée. Ils s'étaient aperçu que la chasse était ouverte, mais se sentaient en sécurité dans ce milieu désertique où aucune piste, aucun tracé ne permet de se rendre en véhicule. Ils s'éraient permis d'attaquer un convoi appartenant à la Compagnie des Pétroles Algériens, brûlés les Land-Rover, deux européens, cinq Légionnaires seraient prisonniers et un certain nombre d'ouvriers musulmans. Quatre d'entre eux avez réussi à se sauver et rejoindre Timimoun.
Cette bandes avait constituée des dépôts de vivre et d'eau dans le Grand Erg sous les touffes d'arbustes poussant dans le creux des dunes, cette zone n'est pas encore le Sahara intégral ou rien ne pousse, en dessous à des profondeurs variables l'eau est présente, sinon aucune végétation ne serait possible. Les chameaux trop encombrants avaient été laissés en liberté.
Le piper de reconnaissance, n'avait détecté aucune présence insolite dans ce véritable océan de dunes. Nous avions donc récupérés les chameaux broutant tranquillement les arbustes, dans la deuxième phase de l'opération, ou nous avions été parachutés, l'Escadron au complet avec de casse au contact du sable des dunes qui par endroit est aussi dure que du macadam. Nous avions maitrisée cette horde de bêtes assez dociles dans l'ensemble, habituées à la présence de l'homme, Il s'étaient laissés faire sans plus, après consultations de notre chef de peloton, la résolution est prise de charger les sacs des gars les plus HS pour accélérer la cadence dans ce sable devenu pénible ou parfois on enfonce jusqu'au mollet.
Donc voilà nos chameaux certains ''baraqués'' et d'autres debout car impossible de les faire bouger. Comme nous venions de découvrir un dépôt de matériel, avec des selles de montures, nous nous servons de lanières de cuir pour arrimer nos musettes, une fois bien celles-ci bien attachées, il a fallu les remettre sur pieds et les faire avancés. Tire devant pousse derrière, les gars gueules des imprécations, les chameaux font entendre des gargouillis avec une langue qui tremblotte de colère sortie d'une façon incroyable, bref, les sales bêtes essayent de nous mordre et nous crachent dessus.
Personne ne peut les faire partir, enfin un para Pied-Noir, qui a vu comment faire avancer le chameau de tête réussi l'exploit de le faire avancer, il part tranquillement suivit des autres qui se lèvent et emboitent le pas en file indienne! Formidable convoi !. Mais tout à coup, que lui à pris ce salopard de chameau ? Il accélère la cadence et change de direction, imité par toute la bande et de plus en plus vite, alerté le lieutenant lance quelques gars rapides pour contourner les fuyards, peine perdu, tout le monde crie, hurle sans succès.
Un appel par radio d'une section se trouvant dans la trajectoire des chameaux demande de les intercepter ou de les tuer, çà court vite un chameau !!. Enfin un rallier musulman connaissant mener les bêtes stop la horde. Nous avons couru comme des dingues, le souffle court tout le monde se laisse tomber sur le sable. Le chef nous a réprimandé et stoppé là notre aventure, les sacs à nouveau entre nos mains, sont repris par leurs propriétaires, et la langue pendante une soif d'enfer aux entrailles, nous avons continués notre ''marche ou crève''. Mais cette sacrée aventure ne s'est pas arrêter pour autant . |
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| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Jeu 17 Avr 2014 - 18:40 | |
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| Sujet: La bataille d'Agounennda avec le 3e RPC Mar 22 Avr 2014 - 9:09 | |
| J'ai participé comme mes camarades a cette opération dans un décor irréel !!Opération « AGOUNENNDA »L'opération «AGOUNENNDA » les meilleurs combattants de la Wilaya IV(1) ne sont pas prêts d'oublier le nom de ce minuscule point sur la carte qui n'est autre qu'un petit village délabré, perdu dans le djebel du massif blidéen, encastré dans une échancrure de montagne, où coule l'oued Boulbane. Le 21 mai 1957, une compagnie du 5e Bataillon de Tirailleurs Algériens tombe dans une embuscade vers Champlain. Une quinzaine de soldats tombent touchés à mort et huit autres sont faits prisonniers, les véhicules incendiés.Ce matin là, le général Massu(2) fait appeler le colonel Bigeard à son état-major, comme ce dernier doutait bien que ce n'était pas pour lui raconter des balivernes, il prévient le commandant Lenoir de préparer la «boutique» pour une mise en alerte de toutes les unités. L'affaire a du retard sur les fuyards mais Bigeard avec son instinct infaillible, après étude de la carte, imagine la direction de fuite des rebelles et se doute que le passage obligatoire de cette troupe doit passer par l'oued Boulbane, et en conséquence va placer ses embuscades sur le passage possible des fells, un coup de poker et la chance.22 mai 1957.Je suis à ma base arrière de Sidi-Férruch au Camp des Pins dans une colonie de vacance enfouie parmi les résineux odorants de la presqu'île à quelques centaines de mètres de l'immense plage Moretti à laquelle nous avons accès aussi souvent que nous pouvons, profitant de ces lieux presque paradisiaque, avec les camarades du peloton, agréable moment de détente.Cette plage qui vit le débarquement des troupes Américaines en Afrique du Nord en novembre1942.(3)est très connue.C'est Bigeard qui avait trouvé cet endroit, souvenir de son séjour en 1944 comme agent parachutiste du BCRA.(4)Il faut revenir un peu en arrière pour situer ce combat; après les opérations baptisées «Atlas» N° 1, N° 2, N° 3, N° 4, auxquelles j'ai participé au sein de l'Escadron commandé par le capitaine Le Boudec, un chef d'une classe exceptionnelle. Nous sommes mis à la disposition du général commandant la 20e Division d'Infanterie au PC de Médéa.Le colonel Bigeard a carte blanche pour assainir la zone montagneuse cartographiée MY 34. Du 7 au 15 mai, nous allons ratisser une étendue de prés de 500 km² de djebel, talwegs broussailleux garnis d'épineux où coulent des oueds qui nous obligent à se mouiller les pieds des dizaines de fois, par tous les temps de jour comme de nuit, à la recherche de rebelles qui paraissaient insaisissables. Le bilan parle de lui même et sans aucune perte de notre côté, trente-neuf fells sont abattus durant ces fouilles .22 mai 14 h30:J'entrevois une fébrilité chez les sous-officiers, s'activant vers le PC Le Boudec, je préviens les camarades du peloton et m’empresse de rentrer le linge étendu sur le fil tendu entre deux pins, je range mes affaires dans mon sac à paquetage et commence la préparation de l'équipement de combat, les copains sourient de voir ma musette TAP prête.15 heures, mon chef, le sergent Dalmasso est étonné de voir ses gars équipés, la dotation de munitions(5),les armes, le bidon plein, la paire de pataugeas en réserve dans la musette, la pièce FM est prête. Je ne me suis pas trompé c'est bien un départ en vitesse pour une opé. Les deux boites rations et la boule de pain sont perçues, je roule ma veste molletonnée sur le sac, j'ai grelotté la dernière fois sans ma veste dans l'Atlas Blidéen.Rassemblement au complet de l'Escadron, un topo de la situation nous est fourni, les camions arrivent, nous sautons dedans, le convoi démarre pour rejoindre le régiment au PC , direction Médéa ou nous arrivons à 19 heures. Arrêt de regroupement à la sortie de la ville ou le casse-croûte se fait car après ce ne sera plus la peine. Le point est fait avec Bruno, et le convoi redémarre tous feux éteints vers Champlain. les chauffeurs sont des virtuoses sur cette route dont les ravins sont à pic, nos vies sont entre leurs mains, on devine le précipice très près des roues et que l'on frôle à chaque virage, une montée du djebel à peine carrossable nous secouent comme des pruniers, cinq heures de trajet cahoté, bousculé dans les coups de freins brutaux, les camions se suivent souvent très près, chapeaux les chauffeurs qui doivent avoir aussi peur que nous. Le 23 mai, il est 1 h 30 du matin, nous sommes à la cote 895, tout le monde descend des bahuts en silence. Les compagnies se faufilent dans un terrain rocailleux et galopent pour se mettre en ordre à la file indienne qui disparaît dans la nuit. Certains ont 15 kilomètres jusqu'au point d'embuscade assigné par Bruno.La compagnie d'appui du capitaine Chabanne reste en alerte héliportée, aux environs, sur un terrain qu'il va baliser pour les hélicos arrivant au levé du jour, puis remontera avec le PC à la cote 1298, le point le plus haut ou la visibilité sur ses compagnies et la liaison radio est excellenteLe capitaine Pétot, officier de petite taille, guère plus d'un mètre soixante mais d'une énergie farouche, commande la 1ere compagnie, pose son embuscade dans l'oued Boulbane à l'ouest du capitaine Llamby.Le capitaine Planet, d'une grande classe, ancien d'Indo, est à la tête de la 2e compagnie son PC à la cote 944 avec embuscades dans les fonds par ses sections.Le capitaine de Llamby, officier brillant commande la 3e compagnie trouve en embuscade à la limite Nord dans l'oued Boulbane.Le capitaine Florès dit Bir-Hakeim est à l'aise dans son commandement de la 4e compagnie, PC cote 907 et même genre d'action dans les fonds de l'oued.Le capitaine Le Boudec, ancien du bataillon Bigeard en Indochine, blessé sérieusement à Diên Biên Phu, commande l'Escadron, nous sommes posté à l'est de la zone.Le lieutenant Tiger, un fonceur avec son commando, se trouve en embuscade en bouclage à l'Est.Le lieutenant Allaire, ancien de DBP commande les mortiers de 81 de 60 et le 75 SR et le PC Bruno.Une équipe de spécialistes dévoués à leur chef pour le meilleur et pour le pire.Il fait froid en montagne, mais le rythme imposé est sévère, la sueur perle sous la casquette. Les commandos de Tiger marchent dans notre direction; à trois heures l'embuscade est en place.700 paras immobiles(6) se confondent dans cette nature farouche et froide, planqués dans les broussailles et les rochers, le doigt sur la détente, l'attente se poursuit encore malgré le soleil qui apparaît est nous chauffe de ses rayons brûlants. Celà représente une multitudes d'embuscades. Cette zone nous est familière pour l'avoir fouillée de long en large du 7 au 15 mai, le décor est le même. Nous avons ordre si rien ne se passe de lever l'embuscade à midi.A ce moment là, il est 10 h 30, quand le sergent-chef Sentenac(7) de la 3e compagnie du capitaine de Llamby détecte une bande d'une centaine d'homme colonne par un arrivant par l'Est dans l'oued Boulbane et venant droit sur les paras planqués. Mais la surprise est que la Katiba est grossie d'au moins deux autres est, est passée de 100 à 300 rebelles , commandée par le chef de la Wilaya IV, et rejointe par le commando Ali Khodja, à sa tête, un chef de valeur en la personne de Si Azzedine.BRUNO A TOUS : Vous avez bien suivi mes conversations avec Llamby, j'espère que ce sont les fells. Je fais décoller l'aviation de Médéa et je donne l'ordre à Chabanne de faire chauffer les moteurs des hélicos.Llamby à Bruno. Ce sont des fells. Je fais tirer !.(8) Du haut de ma plate-forme en haut de l'oued Boulbane , je perçois la bataille qui s'engage, quand nous devons en marche commando rejoindre, ainsi que la 4e compagnie, la zone d'héliportage pour être posés en renfort des compagnies qui se battent dans le bas de l'oued.Bruno à Florès et Le Boudec: suivez bien toutes mes communications radio, récupérez vos effectifs et préparez un posé pour les hélicos; je vous ferai héliporter dès que Chabanne aura terminé ses rotations.(9)La mêlée est furieuse les fells ont la mission de nous bloquer pour permettre le repli de leurs chefs au sacrifice de leurs vies, car ceux qui n'ont pu passer à travers les mailles du bouclage que nous faisons ne sortiront plus de la nasse.Toutes les compagnies marchent au canon, resserrent le bouclage avec précision, pas un ne doit sortir du piège, les ventilos à peine posés larguent leurs cargaisons de paras, pour tenir les crêtes, Chabanne commandant de la CA est en position de tir avec ses mortiers sur la cote 698, dominée par une mechta en ruine : Agounennda.Trois compagnies, après avoir posé leurs sacs à la garde de quelques gars, partent au pas de course à la rencontre des fells qui remontent l'oued cherchant une issue. Le Piper10) renseigne la chasse via le PC Bruno, donnant de la précision au tir de roquettes et au mitraillage des rebelles dont certains se sont retranchés dans des grottes.Les radios ont fort à faire, les ordres fusent entre Bruno autorité et les PC compagnies, et de là aux chefs de sections. Je suis sur un point surélevé au bord du talweg et je vois les gars de la 3e compagnie se battre avec fureur dans un roulement continu de mitraille et de jets de grenades, le commando Ali Kodja est discipliné ce sont de rudes combattants, ils ne cèdent que pour mieux se ressaisir.. La bataille fait rage de partout. Nous sommes en position de tir et j'envoie des rafales de FM dans la contre pente garnie de broussailles, une réplique des fells qui nous tirent dessus me font baisser la tête, les balles sifflent un peu partout, comme dit mon camarade de combat Daniel Belot; Quand çà siffle, c'est qu'elles sont passées, mais quand elles claquent c'est qu'elles s'écrasent à tes pieds(11).Le fond de l'oued Boulbane est investi par les compagnies, notre tour d'entrer en action est donné, notre voltige part à la bagarre, en milieu de pente ils sont repérés par des tireurs embusqués, je fais un bond pour protéger avec efficacité les copains, je me poste en batterie avec le FM; un cri: Trombetta est touché à la jambe! L'infirmier bondit pour lui porter secours, je tire par rafales pour protéger le blessé et l'équipe partie pour le ramener.Le combat va durer jusqu'à la nuit, de nombreux fells sont encore dans le piège et attendent la nuit pour s'échapper, des embuscades sont montées, des rafales se font entendes toute la nuit, tous le monde est épuisé de fatigue, il faut tenir encore.Le 24 mai 1957.le soleil monte au dessus du djebel et éclaire le champ de bataille de ce décor sanglant. D'autres accrochages se dévoilent sur de petits groupes de combattants isolés. Mais les combats reprennent avec autant de violences. Tiger avec son commando tente de déloger des fells d'une grotte bien défendue. Il a déjà six de ses commandos au tapis et veut continuer, Bigeard lui donne l'ordre d'arrêter le massacre et fait intervenir la chasse, elle traite la grotte à la roquette qui explose sous les impacts. Encore des tirs rageurs et des groupes de fells essayant de sortir de la nasse tout le long de la journée.La bataille ne prend fin qu'après un troisième jour de combat durant lesquelles il faudra dénombrer les corps et chercher les armes qui ne seront pas toutes retrouvées. Un total de 45 armes et un fusil-mitrailleur, représente un bilan moyen en comparaison des pertes rebelles qui s'établit comme suit:96 rebelles tués dont des chefs importants, 12 prisonniers dont 5 tirailleurs Algériens de l'embuscade du 21 mai. Le peu d'armes récupérées sont, soit bien cachées ou emportées par les rescapés des katibas.Par contre nous avons perdu dans cette dure bataille sur un terrain très difficile d'accés, 8 de nos braves paras et 29 blessés qui seront vite évacués par hélicoptères toujours prêts à toutes les tâches les plus dures.Le général Massu qui a fait un posé au PC Bruno, ne cache pas son étonnement et le félicite ce à quoi Bigeard répond: Mon général , on a le pif ou on ne l'a pas !.Au terme de ce combat, Bigeard ne cache pas son admiration envers cette katiba de première force, qui a su avec discipline et un courage sans pareil, contenir nos assauts pour permette la fuite des principaux responsables de la Wilaya IV.Pour moi cela se termine bien, je suis un peu déçu de n'avoir pas participé d'avantage à ce combat. D'autres aventures m'attendent.-0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
- Wilaya: Division administrative.
- Massu: général commandant la 10e division parachutistes
- Sidi-Ferruch: Débarquement des alliés « opération Torch » le 8/11/1942.
- BCRA: Bureau Central de Renseignementset d'Action
- dotation: 1200 cartouches pour fusil-mitrailleur 24/29. Soit 25 boites chargeurs à 25 cartouches.Une boite pèse 920 grammes.
- Katiba: Unité de l'ALN, bras armé du FLN (Front de Libèration National).
- Sentenac: Figure emblèmatique du 3e RPC, il mourra au combat à Timimoun en novembre 1957.
- Citation de Bigeard dans son livre'' Pour une parcelle de gloire'' page 293.
- idem.
- Piper: avion de reconnaissance et de liaison.
- Daniel Belot, mon camarade de combat,devenu correcteur de mes écrits.
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| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Mar 22 Avr 2014 - 9:14 | |
| Passage d'un oued en 1er plan: mon pote Covillers, le 3èeme debout adjudant Ménage qui deviendra Général de brigade |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Mar 22 Avr 2014 - 9:17 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Mar 22 Avr 2014 - 9:19 | |
| Armements récupérés |
| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Mar 22 Avr 2014 - 21:19 | |
| pas beaucoup de lecteurs ??? |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Mer 23 Avr 2014 - 12:02 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: bataille dans les Gorges de la Chiffa Jeu 24 Avr 2014 - 16:50 | |
| Combat dans les Gorges de la Chiffa L'anéantissement du commando de la mort dans le ruisseau des singes.15 avril 1957Je me réveille transi de froid dans ce Djebel de l'Atlas Blidéen . Il est 6 heures du matin, le plafond est bas, un temps gris-blanc dans une atmosphère humide, retrouve regroupé l'Escadron au complet dans un décor de montagne en hiver. A 1200 mètres d'altitude nous venons de passer une nuit pénible. Les rations reçues avant hier sont épuisées, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent, les paras émergent de leur toile de tente individuelle doublée de nylon, ils se sont glissés dans le sac de couchage, deux par deux sous la toile serrés l'un contre l'autre, cherchant un peu de chaleur humaine dans leur tenue camouflée mouillée, malgré la veste molletonnée le froid leur glace les pieds et les mains, le visage violacé entouré d'un chèche passant par dessus la casquette pour cacher les oreilles et serré autour du cou, ils attendent le ventre creux l'ordre du départ, après avoir plié bagage. Certains grignotent un reste de pain, une pâte de fruit ou le contenu d'un sachet de sirop en poudre qu'ils sucent, c'est acide mais cela donne l'impression d'avoir quelque chose dans le ventre. Les camions de ravitaillement sont bloqués à quelques kilomètres de là en bas dans la montée du col et nous décrochons pour tenter de rejoindre le convoi bloqué, envasé dans un bourbier de piste rendue inutilisable par les trombes d'eau qui se sont abbatues dans la région. Le vent glacial souffle en rafale et nous gèle les os. Nous entreprenons la descente afin de prendre contact avec les GMC immobilisés plus bas. La piste au fur et à mesure se transforme en une mélasse de neige de glace et de boue. Nous sommes à 800 mètres d'altitude la marche et pénible dans la descente de la piste mais nous savons que le ravitaillement nous attend, nous trouvons assez de ressource et d'énergie pour avancer. Un mot d'ordre est passé dans la colonne: pas de camions au rendez-vous ? Ils n'ont pas pu passer !. C'est la consternation générale. Bientôt nous apercevons 4 jeeps qui réussissent à grimper sur la piste impraticable par endroits, les véhicules chargés de caisses, apportent la nourriture pour les compagnies restant sur le terrain. Nous continuons notre descente qui devient moins périlleuse, le vent s'est calmé et la température devient plus clémente ce qui ne rend pas moins pénible notre descente, les camions nous attendent à l'entrée des Gorges de la Chiffa(1), nous sommes suivis par la 2e compagnie du capitaine Planet qui embarque comme nous dans les GMC mais ce ne sont pas les bahuts du ravitaillement, ceux là nous transportent pour fermer les talwegs aboutissants dans les gorges. L'affaire est sérieuse, les camions foncent pendant une trentaine de kilomètres sur cette route qui traverse les gorges un oued impétueux coule dans les fonds. Plus question de manger. Nos deux compagnies descendent sans les sacs pour courir plus vite. Les chefs de pelotons sont fébriles, les pelotons s'infiltrent par les hauteurs au pas de course, il est 17 heures, nous bouclons un immense talweg, tout de suite je m'aperçois du sérieux de l'affaire les fells sont dans la nasse. La voltige avance avec prudence, l'engagement est brutal, une fusillade devant moi stoppe les équipes de voltigeurs. Les rebelles sont pris au piège, ceux que nous avons cherchés durant plusieurs jours sont accrochés depuis 6 heures, ce matin par quatre compagnies du 6e RAC, deux morts et plusieurs blessés dans leurs rangs dans cet engagement sérieux et meurtrier. Nous prenons l'opération à notre compte, l'encerclement du ravin couvert du forte végétation et en cours. Véritable jungle dans cet immense talweg qui n'a plus rien à voir avec l'enfer que nous avons vécu durant deux jours. Il fait presque chaud dans ce fond d'oued, des arbres, lauriers rose, lentisque parmi les rochers recouvrent tous les fonds où coule une eau vive descendant de la montagne. J'apprends que des Officiers Supérieurs observent le déroulement des combats qui se déroulent sous leurs yeux depuis les hauteurs(2). Notre progression est stoppée, un tir de barrage effectué par la compagnie d'appui du capitaine Chabanne ce fait entendre, toutes les pièces sont de la partie,: les canons de 75 sans recul, les mortiers de 81 et de 60 donnent de la voix. Que de grondements et d'explosions juste devant nous, plaqués au sol nous attendons la fin du tir de barrage, les lance-grenades balancent leurs charges creuses dans la végétation pour faire du volume. Un obus de 60 tombe à 20 mètres de ma position, nous rentrons la tête dans le sol, ils sont fous de tirer si près. Ce tir nous a était bénéfique, une infiltration des fells sur notre position avait été détecté par la CA qui nous a balancé ce pelo pour stopper les rebelles. L'assaut se déclenche dans un feu nourri, la voltige grenade et rafale en avançant, imperturbable les chefs de groupes et de pelotons montrent l'exemple; la végétation dissimule les rebelles, les MAT 49,(3) Mas 36,(4) MAS 51 (5)sont de la partie, couvert part les FM 24/29 (6) qui malgré leur vieillesse font merveilles. Les rebelles bien armés se dévoilent, ils sont par petits groupes bien embusqués dans les rochers les tirs de mortiers n'ont pas affecté leur ardeur au combat; l'assaut est stoppé, un tir de mortier par la CA est demandé à la radio, le matraquage recommence pendant plusieurs minutes, et c'est l'assaut de la 2e compagnie en gueulant, ils en ont les gars, chapeau la 2e.[/b] Par bonds les paras lancent des grenades, explosion et rafalent en avançant d'un bond et celà recommence. Je suis un peu en surplomb du combat qui se déroule sous mes yeux. Mon groupe voltige avec le sergent Robitaille descend pas très loin des fells qui tirent dans notre direction, on lui passe nos grenades qu'il lance en contre-bas. Victor Angot fait du tir tendu avec son LG(7) passé tireur au FM j'envois des rafales dans la végétation qui trésaille sous les impacts de projectiles, je réussi même plusieurs tirs le FM à la hanche. Des renfoncements et des cavités font de bonne protection aux rebelles, je les fixe par des tirs les empêchant de remonter par les pentes du ravin. Soudain Derviaud de l'autre équipe est touché à la poitrine il s'écroule à 30 mètres de moi, les fells sortent de leurs abris et montent à l'assaut, ils essaient de passer à travers le barrage de feu, à son tour le sergent Robitaille s'écroule une balle dans le ventre une autre dans le bras, les rebelles montent en criant, la situation devient critique, Huart le tireur FM du 2e peloton à la cuisse déchiquetée par une chevrotine, les gars les remontent sous les balles qui sifflent aux oreilles, je vois les impacts de balles faire sauter les cailloux autour de moi, la mort est au bout de chacune d'elles, personne y pense dans la l'odeur de la poudre qui nous environne !! J'entends les gars hurler des ordres où lancer des appels de reconnaissance pour ne pas s'entretuer dans ce combat en aveugle. Ce duel sauvage fait rage, les gars de la 2e compagnie en arrive parfois au corps à corps, c'est un immense champ de bataille où tout le monde s'entretue, je ne sais plus ou tirer, les fells qui montaient à l'assaut de notre position sont morts ou blessés, le rouleau compresseur des sections d'assaut est impressionnant, les fells sont battus par la furia des lézards verts (8). La bataille diminue en intensité et se dissipe dans les fonds de l'oued, les combattants du FLN (9) sont éliminés inexorablement dans l'avancée des section au combat. Nous sommes avec le s/lieutenant Michel notre chef de peloton, un rebelle qui doit avoir la baraka(10) s'enfuit en sautant de roche en roche dépassant du cours d'eau, sous un feu intense, je vois les impacts l'encadrer sans le toucher les éclats de pierres sautent tout autour de lui sans l'atteindre, il en réchappera. L'eau de l'oued est rouge de sang, le 1er et 2e peloton ont fait un travail remarquable. J'ai vidé 3 boites chargeurs, je suis maintenant dans le fond de l'oued des coups de feu résonnent encore de loin en loin, des corps en bouillie partout, déchiquetés par les tirs d'artillerie. Nous remontons les armes trouvées, il y a de tout: fusils de chasse, Mauser, thomson, PM, MAS 36, 303 anglais, 1 FM 24/29, jumelles, documents. Un combattant FLN sérieusement blessé aux bras et épuisé par le combat se rend, se sera le seul . Le bilan de cette bataille est de 43 rebelles tués, chez nous: 1 mort et 4 blessés. Il est 1 heure du matin quand nous rejoignons les camions, le ravitaillement se trouve au col de Chréa et en bas brillent les lumières de Blida(11), nous y sommes à 2 h30 à 1500 mètres d'altitude, je suis de mauvaise humeur car je n'ai rien dans le ventre depuis ce matin, heureusement qu'un repas chaud nous attend demandé par Bruno cela nous met du baume à l'âme, je ne sais quel service à préparé le repas mais il est excellent et bienvenue, nous oublions vite nos fatigues, le repas terminé nous repartons en GMC pour un trajet de 5 kilomètres ou nous sommes hébergés dans une colonie de vacances, de la paille nous est fournie pour mettre sur le sol carrelé, dehors 15 centimètres de neige recouvre le paysage. Nous avons des têtes méconnaissables par la boue et la transpiration, notre premier boulot sera de décrasser nos carcasses, ou tout au moins d'enlever le plus gros de la saleté nous recouvrant le corps, on verra après un bon sommeil un lavage plus minutieux de notre personne. -0-0-0-0-0-0-0-0-0-0-
- Gorges de la Chiffa: très connu pour sa vallée des singes magots descendant des parois rocheuses pour venir chercher leur nourriture, assis sur le parapet du pont.
- Officiers Superieurs: Généraux de la 10e Division Parachutistes
- MAT 49: pistolet mitrailleur de la voltigeur
- MAS 36: fusil à crosse alu repliable
- MAS 51: fusil semi-automatique
- FM 24/29: fusil mitrailleur modèl 1924 modifié 1929
- LG :fusil avec embout lance-grenade
- lézard vert: surnom donné aux paras par les combattants du FLN
- FLN : combattant Algérien du Front National de Libération
- baraka: la chance en arabe
- col de Chréa : station de ski et de colonie de vacance, au pied de la ville de Blida
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| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Jeu 24 Avr 2014 - 18:08 | |
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| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... Dim 31 Aoû 2014 - 19:23 | |
| je suis toujours demandeur Gus ! |
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| Sujet: Re: Histoire et mémoire d'un para; 2e volet... | |
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