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| Histoire et mémoires d'un para .. | |
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Invité Invité
| Sujet: Histoire et mémoires d'un para .. Jeu Avr 03 2014, 10:40 | |
| Je vais vous faire connaître mon aventure dans les PARAS durant trois ans, certains l'on lu d'autres pas. une trentaine d'épisodes. vont suivre ... Merci d'y jeter un coup d'œil ..
A l'aube de mes 78 ans, j'ai voulu comme tant d'autres anciens combattants D'Afrique du Nord, faire connaître avant que cela tombe dans l'oubli, la vie que j'ai menée durant six mois en France dans les parachutistes puis ensuite, 28 mois en Algérie comme voltigeur et par la suite comme tireur au Fusil-mitrailleur 24/29 et chef de pièce au sein d'une unité combattante parachutiste de la 10e Division Aéroporté.
Une des meilleures unité parachutiste du moment dans les nombreux combats qui se déroulèrent durant la période d'avril 1956 à juillet 1958 dans tout les secteurs de cette Algérie en guerre, De Bône à Alger, de la frontière algéro-marocaine à la frontière algéro-tunisienne , dans les sables du Sahara, et aussi dans le conflit du Moyen-Orient contre l'Egypte de Nasser.
Toujours sur la brèche pour effectuer des opérations "coup de poing" ou d'envergures, parmi d'autres régiments, tel que le 1er Régiment Etranger Parachutistes, commandé par un chef prestigieux, le colonel Jeanpierre, indicatif "soleil".
Mon unité s'appelait: 3e Régiment de Parachutistes Coloniaux, commandé par le lieutenant/colonel BIGEARD puis le colonel Trinquier, deux figures emblématiques, deux grands chefs prestigieux. C'est incontestablement le lieutenant/colonel Bigeard qui laissa la plus grande empreinte dans mon esprit et dans mon cœur. L'aura qu'il dégageait, marquait les hommes l'approchant, les laissant à jamais imprégnés par son prestige de Chef incontesté, jalousé parfois par certains chefs d'unités ou de supérieurs, c'est çà la rançon de la gloire !.
Retrouver les souvenirs soigneusements conservés dans de petits carnets sur lesquels j'annotais notre quotidien chaque fois que le temps me le permettait. C'est en retrouvant ces carnets griffonés, vieillis par le temps que l'idée m'est venue d'écrire mes mémoires, relater de nombreuses anecdotes, joyeuses, loufoques, tristes, dramatiques, poignantes, que l'on ne peut retracer, si l'on n'a plus de repères des lieux et des dates.
Mon commandant de compagnie, le capitaine Le Boudec, un chef de grande classe, a marqué de son ascendant tous mes pas sur cette " piste sans fin". Grand combattant, rescapé de l'enfer de Diên Biên Phu et très gravement blessé, laissé pour mort, est un miraculé de la vie, devenu général, il s'est éteint après une vie bien remplie à l'âge de 91 ans.
Les générations montantes ne doivent plus rester dans l'ignorance, et méconnaître les récit de leurs aînés.
L'ambiance qui régnait dans notre unité correspondait bien à celle que " BRUNO " voulait nous inculquer par l'intermédiaire du capitaine Le Boudec . Nos chefs de section et nos sous-officiers donnèrent le ton !!
Mes aventures sont authentiques, certains témoins de cette époque révolue sont encore de ce monde et me lisent.
Je pense à mon sous-lieutenant chef de section, blessé à mes côtés en juillet 1957 et devenu un ami.
J'ai une pensé pour nos morts et nos blessés, à ceux qui ont fait cette "garce de piste" et souffert, à mes camarades encore vivants.
A toute la grande famille des parachutistes qui se reconnaitront à travers ces récits.
Des photos vont suivre chaque épisodes et donner une idée de l'ambiance vécue ..
Dernière édition par bretirouge le Sam Sep 24 2016, 17:30, édité 2 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoires d'un para .. Jeu Avr 03 2014, 13:51 | |
| Mes photos ne sont pas "piratées" Je voudrais vous parler de mes photos postées sur le forum, à la demande de lecteurs.
J'avais à l'époque un appareil Kodak tout simple et qui me permettait de garder des souvenirs et parfois à la demande de camarades démunis d'appareil de leurs faire une copie ou de leur donner la photo pour, soi les parents ou la fiancée. Mais au 3ème Régiment de Parachutistes Coloniaux nous avions un photographe devenu célèbre depuis : Marc Flament ; celui-ci pour améliorer son service, vendait des photos prises au cours des différentes opérations ou évènements du régiment et, qui ont servis à faire les livres devenus célèbres eux aussi comme "Aucune bête au monde" ou "Piste sans fin" et également l'llustration des livres du général Bigeard. Donc ces photos circulaient dans tout le régiment, et ceux qui étaient fortunés pouvaient s'acheter des photos pour presque rien. D'une dimension de 13 x 18 beaucoup ne pouvaient se les procurer, car la solde servait à autre chose que des photos ! Mais moi, j'ai toujours considéré que ces souvenirs me serviraient un jour et j'ai bien fait, car combien n'ont pas fait le sacrifice et doivent s'en mordre les doigts aujourd'hui ? Je vais vous montrer que mes photos ne sont pas "piratées" mais proviennent d'achat fait à Marc Flament à l'époque, chaque image était estampillée au verso avec un Numéro et le tampon du 3eRPC et le secteur postal d'Algérie . voici un exemple : |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoires d'un para .. Jeu Avr 03 2014, 17:46 | |
| Bien lu vos avis ! donc je continu mon histoire.....
Brièvement, l'Algérie en 1954/1955...
Le 1er novembre 1954, c'est la " Toussaint rouge ", le début de la rébellion et de la guerre d'indépendance. Des attentats ont lieu qui se solde par sept morts, principalement des musulmans. Dans les Aurès, les gorges de Tighanimines, un jeune couple d'instituteurs, Guy et Jeanine Monnerot, ainsi qu'un Caïd, Hadj Sadok sont sortis d'un car, les deux ont été abattus et la jeune femme survivra à ses blessures.
Ces attentats ont pourtant eut très peu de retentissement dans l'opinion française et la presse en métropole. En Algérie, alors que la population ne suit pas le Front de Libération National (FLN) nouvellement créé, attentats et meurtres sont perpétrés sur des personnes, d'abord des musulmans, puis des Européens.
Au moment des événements de la Toussaint Rouge, la 25e DIAP à Pau était en cours de formation sous les ordres du colonel Ducourneau, remplaçant du général Gilles, alors malade. Pour combler le manque d'effectif vraiment utilisables sur le terrain, en ces débuts d'événements, deux bataillons du 18e RIPC arriverons aussitôt en Algérie où ils seront placés sous le commandement du colonel Ducourneau. Deux autres bataillons arriverons de Bayonne.
Ces premières unités formeront un groupement aéroporté (GAP) sous les ordres de Ducourneau. La 1er demi-brigade de Commando Parachutistes quitta Vannes-Meucon(Centre de formation des bataillons parachutistes coloniaux pour l'Indochine), pour s'installer à Bayonne et Mont-Marsan.
En 1954, le lieutenant-colonel Fourcade pris le commandement de la 1er BCCP de Bayonne et mis sur pied en novembre, ces deux bataillons nommés "Blizzard ".
En Algérie: montée en puissance du terrorisme.
La situation en Algérie.
Malgré les mesures prises, la situation continuait à se dégrader dans les Aurès, mais aussi dans l'ensemble du Département. Tous les effectifs du général Cherrière, grand patron de l'armée en Algérie avaient été déversés dans le Sud Contantinois. Après quelques succès remportés par les paras du colonel Ducourneau, l'armée du général Cherrière était retournée dans sa routine . Ce général avait voulu écraser la rébellion au rouleau compresseur, impressionner les populations pour réduire les un peu plus de trois cent rebelles armés. D'extraordinaires moyen avaient été utilisés, unités blindées, chars, des régiments incapables de quitter la route plus de 24 heures, liés à leur ravitaillement, l'armée française en ce début de 1955, était incapable d'obtenir des résultats positifs. les pertes de l'armée en trois mois ont été de 114 tués et blessés, pour 208 suspects hors de combat. Ces actions ont aussi pour résultat de jeter des populations dans les bras du FLN.
31 mars 1955: état d'urgence dans les Aurès et en Kabylie 26 avril 1955 : la zone de Constantine passe sous commandement militaire.
En mai 1955, commencèrent des émeutes et massacres d'Européens; les effectifs de l'armée sont portés à 100.000 hommes.
En août, dans le Constantinois, et particulièrement à El Halia des émeutes se déclencheront durant trois jours et feront 171 morts parmi les Européens, 200 tués chez les musulmans, dont le neveu de Ferhat Abbas, ainsi que 24 militaires. Les émeutes finies, les hommes de l'ALN s'éclipseront en laissant une population musulmane face à la répression brutale qui suivit; but recherché par Zighout chef du FLN de la région et ses adjoints; diviser la population.
Sans l'union avec les Kabyles, hommes de terrain dans un pays de montagnes, pépinière des futurs grands combattants, bastion naturel dans un décor rude et presque inaccessible aux troupes non entraînées aux marches, vivant dans la nature, dormant dans la montagne par des températures glaciales avec peu de confort ou inexistant le FLN dans cette action retournera à son avantage la population Kabyle.
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| | | Invité Invité
| Sujet: La naissance du "3 RPC" Jeu Avr 03 2014, 21:21 | |
| Le 8 août 1955, le 3ème BPC pose pour la première fois le pied sur le sol algérien à Bône. Il demeurera près de sept ans en Algérie. Dès le lendemain le bataillon est acheminé par voie ferrée à Ouled-Rhamoun, à 25 kilomètres de Constantine. Le bataillon découvre ses futures missions comme en atteste une note de service du commandant Lenoir : "Objet: situation particulière du quartier d'Ouled-Ramhoun à la date du 9 août 1955- Le bataillon est en réserve générale de la division de Constantine. Les unités en alerte sont a tout moment susceptibles d'intervenir sur un point quelconque du territoire ".
En réalité, durant ces quatre premiers mois dans le Constantinois, le bataillon remplit surtout des tâches de présence, d'occupation du terrain et de contrôle des populations.
Au mois d'août 1955, il participe à toutes les opérations importantes menées dans les secteur de Constantine. On le trouve tout d'abord dans le djebel Fortas où, au prix d'un tué et deux blessés, il accroche sérieusement une bande rebelle qui laisse 7 morts et 5 armes sur le terrain.
Le 15 août, trois compagnies du bataillon commandées par le capitaine Lefranc, rejoignent Tébessa -- Bir-el-Ater où elles renforcent le 2e bataillon d'infanterie coloniale ( BIC) tationné à El-Ma-- El-Abiod, près de la frontière algéro-tunisienne. Au matin du 20 août, le reliquat du bataillon fait mouvement sur Aïn-Beïda, où la présence de hors_la-loi a été signalée. Prévu de longue date et menée avec des moyens important, dont la participation de chiens et de gendarmes OPJ ( officier de police judiciaire), la fouille des mechtas Medouani dans le djebel Hammana tombe dans le vide; prévenus par la population, les rebelles se sont esquivés depuis longtemps !
Le 23 août, après une mission de maintien de l'ordre à Constantine, le 3eBCCP est à Philippeville où il renforce la 41e DPB ors des émeutes qui ensanglantent la ville. Le 27, les 1er et 3e compagnies, aux ordres du capitaine de Cugnac, traquent une bande de rebelles signalée par un hélicoptère au sud-ouest de Sigus. Pris dans la nasse du bouclage, les fellaghas accrochent les paras à l'ouest de Faset. Bilan: 5 HLL abattus et 7 armes récupérées aux prix de trois blessés à la 3e compagnie dont un qui décédera en arrivant à l'hôpital.
Septembre 1955 est le mois chargé du bataillon. Le 12, il rejoint Aïn-Beïda et participe à une opération sans grands résultats dans le triangle s'inscrivant entre le mont Corbin, Aïn-El-Bordj et Aïn- Facroum. Au cours de la deuxième partie du mois, le 3e BCCP est détaché pour la deuxième fois dans le secteur de Tébessa. Il effectue plusieurs opérations dans les Németchas, et plus particulièrement dans le quartier de Djeurf, en liaison étroite avec la 13e DBLE. Au cours d'un ratissage, les 1er et 3e compagnies accrochent une forte bande rebelle à El-Mezraa, sur la cote 1393. Après un violent combat qui n'a plus rien à voir avec les opérations de police des mois précédents, les rebelles laissent sur le terrain 25 tués et le bataillon qui ne déplore aucune perte, récupère 17 armes.
En octobre, le bataillon poursuit sur sa lancée. Le 5, lors de fouille d'un secteur très accidenté, la 3e compagnie abat neuf rebelles et saisit de très important documents précisant l'organisation du FLN dans la région. Le 15 octobre, c'est l'opération " Arthur ". Elle débouche sur un violent accrochage entre la 1er compagnie et la bande recherchée. Le combat e poursuit jusqu'à la tombée de la nuit, les rebelles espérant profiter de l'obscurité pour se disperser dans le maquis montagneux. Ce jour-là, les rebelles comptent huit tués, et cinq autres sont faits prisonniers. La 1er compagnie déplore un tué et quatre blessés. Par la suite, et jusqu'à la fin du mois, le bataillon participe, conjointement avec le 2em BEP( bataillon étranger parachutistes) à des opérations dans la région de Guentis, puis le 28 octobre, il fait mouvement sur Aïn-Mokra avant e subir, le 1er novembre 1955, une restructuration qui va changer son destin.
Devenu le 3e R.P.C , il est pris en main par le lieutenant-colonel BIGEARD qui va le transformer en unité d'élite. Le régiment continue à participer aux "opérations de maintien de l'ordre" en temps que réserve de secteur. Du 2 au 20 novembre 1955, ses unités opèrent dans le massif de l'Edough situé entre Philippeville et Bône, pas très loin de la frontière tunisienne.
Le lieutenant-colonel du quartier de l'Edough, installe le PC du régiment dans la ferme Souamis à Aïn-Mokra, avec la CA et la 3e avec qui on bivouaque en bordure de la route nationale Bône- Philippeville. La 1er compagnie s'implante à Bugeaud, à près de 1000 mètres d'altitude et la 2e compagnie est à Herbillon, un petit village de pêcheurs au bord de la mer. Durant cette période, rayonnant à partir de leurs bases, les unités ont dressé 228 embuscades de nuit, mené 164 reconnaissances de patrouilles, et 32 sections auront nomadisées dans le massif. Le régiment a effectué 17 coups de main de nuit sur des renseignements, un bouclage en opération, cinq ouvertures de routes et sept escortes de convois. La prompte exploitation des renseignements a permis de mettre hors de combat 14 HLL, dont 11 tués, d'arrêter une soixantaine de suspects dont six fellaghas reconnus et de saisir 64 armes.
De son côté, le régiment a perdu son premier officier, le lieutenant Cadot, et compte trois blessés. Peu après, le 3e RPC enchaine avec une autre mission de pacification dans le secteur de Madjar, à proximité d'El-Milia, baptisé opération Eventail qui débouche sur un échec.
A SUIVRE ...NE pas poster, svp |
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| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoires d'un para .. Ven Avr 04 2014, 15:57 | |
| Bigeard poursuit à sa manière la pacification du sous-secteur de Madjar. Les forces rebelles sont évaluées à 140 hommes dotés d'armes de guerre et commandé par Si Messaoud qui se révèle bon tacticien. Cette fois, le bilan est satisfaisant, même si le baroud n'était pas au rendez-vous : 6 HLL tués, mais surtout 430 suspects arrêtés et 402 armes saisies.
Le début de l'année 1956 voit le 3e RPC renforcé de la 4e compagnie formée en France, en même temps qu'un officier d'action psychologique, le lieutenant Boutella rejoint le PC Bruno. Les opérations se poursuivent à un rythme accéléré. Du 1er au 10 janvier 1956, le régiment opère dans la région de Mourbah, puis il fait mouvement vers l'Est-Constantinois où la 2e DIM du général Beaufre est sérieusement accrochée.
Le 21 février, le 3e RPC participe à l'opération 744 au sud du djebel Ifri et inaugure un nouveau procédé tactique qui en peu de temps supplantera les OAP classiques. C'est un groupe d'hélicoptères N° 2 (GH2) du colonel Crespin que naît en 1955 le concept de la manœuvre, puis du combat héliporté. Malgré quelques restrictions, l'opération s'avère être un succès complet et les compagnies embarquées à bord de SIKORSKY, abolissant le temps et l'espace, fondent sur les rebelles complètement dépassés par la rapidité d'exécution des paras et la densité de feu qui les décime. En quelques heures, 43 HLL sont tués, 96 suspects arrêtés et 116 armes saisies. Au des différents engagements de l'opération, le régiment ne compte ni un tué ni un blessé. Cette " première " de l'assaut héliporté fait grand bruit et PARIS MATCH n'hésite pas à titrer: "Pour les paras devenus chasseurs d'Afrique, une nouvelle arme inattendue: le ventilateur !", peu à peu, le GH2 s'impose parmi les unités d'intervention dont les chefs ( surtout parachutistes), ont compris le profit qu'ils pouvaient tirer des hélicoptères et le colonel Crespin crée les détachements d'intervention héliportés. Les DHI, forts d'une dizaine de " bananes " Piasecky ou de Sikorsky H55 seront désormais présents dans toutes les grandes opérations à venir.
La France n'est pas prête pour fournir des troupes équipées convenablement avec des équipements étudiés en fonction du climat et du terrain, de plus l'armement set disparate. Quand BIGEARD arrive en octobre 1955 à Constantine pour prendre le commandement du " 3 ", il découvre une troupe présentant les armes d'une médiocrité qui l'irrite. Mal encadrée, le maniement d'armes laisse à désirer les hommes manquent d'allure, il ne voit pas cette flamme briller dans les yeux, écrasés par leur casque lourd sous une chaleur étouffante, ces paras sont sans aucune motivation, avec des armes datant de la 2e guerre mondial t même de la 1er, des Lebel ( appelé canne à pêche) et des mitraillettes de 1938 ou des mauser récupérés aux Allemand. L'ensemble donnant une impression de pauvres paras devant se battre avec des armes hétéroclites.
BIGEARD va changer tout cela.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Bayonne -camp d'instruction 6 septembre au 31 ostobre 1955 Ven Avr 04 2014, 21:44 | |
| Tout commence vraiment à partir du 6 septembre dix jours avant mon anniversaire de mes 19 ans .
Bayonne du 6 septembre au 31 octobre 1955.
Ma décision est prise. Je pense à l'aventure que je vais vivre, sans trop m'occuper de l'avenir et puis ma mère vivra mieux avec celui qui est devenu mon beau-père et avec lequel les tensions sont de plus en plus tendue; J'ai pourtant évité les accrochages mais j'ai des demi-frères qui compte davantage a ses yeux puisque se sont ses enfants, je n'ai rien à dire, et pourtant je gagne ma vie, devenu ouvrier j'ai un bon métier de couvreur-ardoisier et un fascicule de pêche pour embarquer sur un gros chalutier.
J'ai vu et relu les affiches percutantes, la publicité sur les Troupes Aéroportées, l'habit para, le béret ! Les slogans ventant l'aventure et l'action. Défendre cette partie de la France, mon frère s'est bien engagé en 1944 dans les fusilier marin , et mon cousin qui revient d'Indochine, prisonnier dans la cuvette de Diên Biên Phu et qui a fait la longue marche de 700 km, malade , mais d'une volonté hors norme, il réussit son calvaire et revient au pays.
J'ai ma tête de Breton et quand j'ai décidé quelque chose je vais jusqu'au bout de mon idée même si parfois cela me porte préjudice. Ce battre contre quelques hors la loi faisant du bruit, çà me plait, à mes yeux cela me semble dérisoire. Ah si mon père était encore de ce monde, il m'approuverait, lui qui a fait la guerre du RIF dans les Zouaves !
Et, je suis avec mon meilleur pote " NONO ", c'est un garçon qui a vécu beaucoup plus que moi, il est jeune mais a roulé sa bosse, c'est un gars qui n'a pas froid aux yeux, bagarreur né, il n'a peur de rien ! un seul défaut il boit et à chaque sortie de bal musette dans les villages environnant, c'est la chicane et comme il cogne le premier, il impose sa loi, parfois il ramasse une frottée, bah! il aime çà !
Le 1er septembre 1955, je retourne au bureau de recrutement de la place de Verdun à La Rochelle , le gradé ma reconnu et un sourire se dessine sur son visage de vieux briscard, c'est un sergent-chef avec un placard de décorations qui en dit long sur son passé . J'ai rien dit à ma mère sur ma décision pour ne pas lui faire de peine elle a assez de soucis comme çà. Le gradé me présente un formulaire à remplir signé par mes parents: je lui dit: " je n'ai plus mon père ! mais c'est ma mère qui va signée ! " Je vais dans le bar à côte ou travaille comme serveuse la sœur de " NONO ", elle me prête un stylo, et je fournis les renseignements demandés et signe pour ma mère, " tiens ! tu fais le même papier que "NONO" il y a trois jours ? ", " Ah ! l'animal! il aurait pu me le dire ?" .
Retour au bureau une demi-heure après, le sergent-chef me regarde en sourient, " tu as déjà remplie le papier? ton copain a fait de même il y a trois jours, il part demain, et toi dans trois jours !". Pourquoi ne ma-t-il rien dit ??
Enfin c'est trop tard, le compte à rebours à commencé.
Je reçois ma feuille de route le 3 septembre, pour partie le 6, billet de train en poche, personne du voisinage à part ma mère n'est au courant, elle est vraiment inquiète de mon départ, je la rassure du mieux que je peux et minimise l'affaire, elle n'a pas réalisée comment j'ai pu avoir cet engagement sans son consentement et crois que je pars pour une semaine tout au plus . je range ma petite valise et me dirige vers la gare où le train La Rochelle -Bayonne m'attend, c'est une affaire de quelques heures, à 9h30 lorsque je descend du train , il y a du monde sur le quai, surtout des jeunes, un camion militaire est stationné et un gradé d'une voix forte nous invite à monter dans le bahut qui démarre aussitôt pour la caserne des entrées de Château-Neuf de Bayonne.
Pris en main, dans la foulée, je me retrouve pour une visite complète du gars, à poil, mesuré, pesé, les yeux, les dents, le zizi, les poumons, renseignements complémentaires : verdict:" bon pour les paras ".
Je suis dirigé vers le service habillement, réception du paquetage, un problème d'entrée: le pantalon ?il est trop long de 15 centimètres, comme le pantalon a dans le bas un élastique, je retourne jusqu'au mollet et le rabat sur le brodequin, cela ressemble a une culotte de zouave !, un calot colonial avec l'ancre de marine et le liseré rouge sur le haut du calot, un blouson kaki juste à ma taille, les manches sont de bonnes longueur pour une fois. Aussitôt dirigé vers la Citadelle pour la suite des testes, 8 jours de contrôles divers simples mais efficaces. J'ai dix neuf ans aujourd'hui 15 septembre 1955. Les testes sont finis, je part au centre d'instruction N°4 du Bataillon de Parachutistes Coloniaux.
17 septembre: ma 1er piqûre à 8h 30, elle réveille les somnolents ! elles sont faites à la chaîne par des infirmiers de circonstance, l'un badigeonne à la teinture d'iode l'endroit ou l'autre va piquer, le piqueur frappe de la main l'épaule gauche pour décontracté et pique la droite, un gars devant moi croyant que la tape dans le dos donne le droit de partir il part avec l'aiguille dans le dos, rattrapé par un infirmier qui l'engueule comme un gamin.
Notre chambre de 25/30 lit est immense et froide, le lit au carré, rien d'apparent autour, dans un petit placard, les vêtements pliés, tout çà avec démonstration d'un sergent responsable . Je perçois 265 francs (de l'époque), quatre paquets de cigarettes de troupe et deux paquets de tabac.
A SUIVRE.... ne pas poster |
| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Histoire et mémoires d'un para .. Sam Avr 05 2014, 10:05 | |
| Les corvées de nettoyages, lavabos, douches, wc, escaliers, chambre et pour que cala brille, on frotte le parquet avec un cul de bouteille, après l'avoir gratté et frotté à la paille de fer. Les plis du blouson et du pantalon sont fait au savon de Marseille ou a la bougie, le pantalon coincé sous le matelas pour qu'il puisse garder sa forme et ses plis. Pratiquement jamais de sorties, nous sommes en instruction accélérée si je puis dire.
Pour les coups de gueule, le caporal Dolci c'est y faire, l'instruction démarre sur les chapeaux de roues, marche en cadence, demi-tour, garde à vous, présentez armes et j'en passe, les pompes pour un oui pour un non c'est notre quotidien. Je me rend à l'armurerie percevoir mon MAS 36 crosse en bois, tout le monde pareil. Les recrues arrivent sans arrêt, il y a bientôt plus de place dans les chambres, nous déménageons dans des marabouts( grandes tentes) à 15 lits, c'est humide et froid. Cela va faire trois semaines que je suis dans la Citadelle. Tout les matins la mise en forme avec quelques kilomètres au pas de course, douche, jus, et en tenue pour les couleurs dans la grande cours où le rassemblement se fait en courant, inspection et gare à celui qui n'est pas conforme ! Défilé, marche au pas par section qui maintenant sont presque au point. Au fur et a mesure des cet entrainement intensif dans ces premiers jours de novembre, il y a des faibles qui lâchent prise, la cadence devient intensive, les marches de nuit 3 fois par semaine sont notre dessert. Le pas de tir au" Boucau " lieu ou nous faisons nos preuve de bon ou de mauvais tireur et tout çà au pas de course, il faut toujours courir, j'ai pas le temps de réfléchir à quoi que se soit, mais çà me plaît, je suis vif et à l'aise dans cet élément, j'ai du souffle, une bonne résistance au froid et à la pluie qui tombe de plus en plus souvent.
Ceux qui fument et qui ont bu avant de venir ici, sont vite hors service, se sont des loques. Ce soir tenue de combat pour une marche de nuit de 30 kilomètres avec sac à dos et le fusil, on part en montagne, le caporal Dolci, un corse tout en gueule s'occupe de note groupe, la pluie et au rendez-vous, je piétine dans la boue sur une piste ou des centaines de bidasses ont transformé ce chemin en bourbier, ce sont des trombes d'eau glacée qui nous arrivent sur le casque, les tenues de campagne sont des éponges, nous revenons au petit matin, méconnaissables. Les Pyrénées Atlantique quand il pleut ce n'est pas du pipi de moineau, l'eau rentre dans les bottes, les pieds se diluent, et la peau part en lambeau au talon et dessus les orteils. Tous les jours, je vois des gars partir, ils ne tiennent pas la cadence devenue sévère.
Fin octobre 1955, toujours des marches de plus en plus longues de nuit, de jour, 30,40,50 kilomètres à perdre haleine ! le tir à outrance, sport tout les matins, piste de combat, les murets, la fosse, la corde, les pompes... Ah !! les pompes ! combien en ais-je fais ? pour un rien .. 30 pompes, sans arrêt les tractions, le close combat..!
2ème piqûre, le parcours du combattant sous la flotte, à chaque parcours..de l'eau, c'est à croire que toute l'eau de France arrive chez nous, le froid est de la partie, les marches sont devenues une routine, mon casque qui n'arrive pas à tenir, quand je tombe le casque s'échappe de mon crâne, je le cherche à tâtons dans le noir, les gars passent en m'écrasant les mains , m'enjambent, je retrouve mon casque dans un état lamentable, je n'arrive pas à régler le filet du casque qui comporte un lacet pour le mettre à la dimenssion de ma tête.
Les jours s'ajoutent aux jours, suivi des coups de gueule des caporaux, sergents, à chaque retour, rassemblement, critiques des chefs, des punitions sont données, j'ai une tenue de campagne à présenter tout les deux heures au poste de police, il faut déballer le sac et comme il manque toujours quelque chose, il faut le refaire entièrement.
Les muscles se font, le corps maigre mais durci par les efforts répétés, ce n'est plus le judo ou l'haltérophilie . Je fait partie de la 3ème section d'instruction N° 1, mes chefs sont sergents Arblade et Maillot, sergent/chef Boudiou.
Fin de l'instruction, je suis bon tireur au FM 24/29, bientôt les testes définitifs. Ce que je ne sais pas encore, c'est ma sélection pour l'Escadron du 3e R.P.C. Les colis que m'envoie ma mère me plonge dans la joie d'avoir un peu de supplément à l'ordinaire, ma mère a un cœur d'or et fait tous son possible, je la chérie de son aide providentielle, mes trois sœurs plus âgées que moi de 5 à 9 ans aident ma mère pour les colis.
La sélection du 1er jours: parcours du combattant, les pompes, les tractions, la corde lisse etc .. encouragé par notre chef , le lendemain, c'est l'épreuve finale du 1500 mètres et du 8000 mètres avec sac à dos remplis de 12 kilos de pierres, parcours en moins de 45 minutes pour le 8 kilomètres ! dure mais faisable. Lettre à ma mère du 31 octobre1955: Sur 86 au départ nous seront 70 pour l'école de saut à Pau .
Dernière édition par bretirouge le Dim Avr 06 2014, 08:12, édité 1 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Stage de saut Lun Avr 07 2014, 22:25 | |
| PAU, camps d'Astra-- La BETAP-- Le Brevet .
Le 7 novembre 1955:. Enfin me voici à PAU- La BETAP (base école des troupes aéroportées). Ce camps d'entrainement des parachutistes est conçu pour faire passer le brevet parachutiste à un nombre important de candidats au TAP. Je fais parti de la 266e Promotion. Je me sent en vacances par rapport aux durs traitements de la Citadelle de Bayonne. Le cantonnement est fait de baraquement en bois, à peine chauffé par un poêle vétuste, qui ne dégourdit qu'une partie de l'air de la chambre, je grelotte la nuit malgré un ciel clément, le froid arrive avec le mois de novembre.
Un peu de sport le matin en petites foulées mené par un moniteur du stage, rien à voir avec le forcing durant les deux mois à la Citadelle. La nourriture est excellente et abondante, et oh ! Surprise, je retrouve mon pote « NONO » dans la même promotion et dans la même chambrée, c'est la vedette du coin, avec sa tête de boxeur et son baratin, les gars sont toute ouï
Les repas servis dans des plateaux système self service, pour les grands mangeurs, possibilité d'avoir du rab, à cette cadence je vais reprendre du poids.
14 novembre 1955: nous commençons l'entrainement de sortie d'avion sur une carcasse de Junker 52, les explications du sergent Aréal ( que je retrouverai à Chypre en 1957 comme largueur avec le grade de sergent-chef). Entrainement aux harnais, savoir s'harnacher correctement et surtout ne pas laisser coincer les « joyeuses » dans une sangle. On se détend comme des gamins attentifs, il y a des sourires dans l'air quand le moniteur nous promet des surprises à la tour de départ. Par contre, au moment des essais à la tour d'arrivée simulant le contact au sol en parachute, vu la tête des gars à l'arrivée en glissade le long d'un câble d'acier, notre sourire ressemble à un rictus.
Le contre poids réglé pour notre poids de corps est approximatif et pour les grandes gueules, le contre poids est allégé, de ce fait, la vitesse d'arrivée est amplifiée et notre fanfaron en est quitte pour une superbe gamelle avec le casque qui vient lui percuter le nez, les quolibets fusent !.
« Brigitte » ( la tour de départ) nous attend de pieds ferme, avec ses 18 mètres de haut terminée par une plate-forme, un harnais se balance au dessus d'une imitation de porte d'avion. A sa vue, on devient humble avec de l'anxiété à revendre, je m'efforce de cacher une petite trouille par des blagues, mes les rires sont nerveux. On accède à la plate-forme par une échelle interne fixée dans la tour faite d'assemblage métallique, la haut on nous harnache, puis en position à la porte, il faut se lancer dans le vide, c'est curieux comme on voit les copains en bas plus petit que de coutume. Celui qui se présente à la porte sans crainte et saute sans hésiter donne du baume au cœur au suivant, mais malheur si le gars hésite, le moniteur lui parle pour le remettre en confiance, et si cela de fonctionne pas, il le retire pour un temps de réflexion, et le remet en place pour le saut, en général sa marche .
J'ai un bon camarade qui n'a jamais pu faire le saut, les gars qui attendaient hurlés: « il va sauter ! ce con là ! mais pourquoi il saute pas ?? » en fait, il avait la hantise du vide je l'ai su après, il est parti honteux, humilié par le moniteur car il avait mis le doute dans l'esprit des autres camarades.
Pour moi, pas de problème, je n'ai pas le vertige, sans appréhension je me suit mis à la porte et au « GO » j'ai passé la porte. Le sergent moniteur nous avait autorisé de crié « merde pour le sergent! » à condition que cela soit dit à la sortie de la porte mais pas avant, mon camarade René Cadet, voulu le faire, il ne se doutait pas que lorsque les dents sont serrés et la gorge nouée, il est dur d'en faire sortir un son, ce n'est qu'au choc dû au freinage qu'il a dit la phrase, qui lui a couté 50 pompes, nous avons tous compté les pompes en rigolant !!.
Une fois mon contrat terminé, je me suis retrouvé dans une grosse boite du bâtiment où je faisais des dépannages de balancelles motorisées servant à monter des murs-rideau, telle que la Maison de la Radio à Paris ou la Base Aérienne de Paris dans le 17e, la hauteur dépassant 100mètres, quand une balancelle tombée en panne c'était souvent le micro- contact de flèche qui lâchée, il fallait que je joue au trapéziste à grande hauteur pour changer ce sacré contact.
Mon camarade René Cadet fit son temps au 3e RPC, dans mon équipe, lui comme tireur FM, moi chef de pièce.
21 décembre 1955: c'est le jour « J »; de bon matin, habillé le jus avalé, nous allons au terrain, la promo au complet et percevons les parachutes apportés par camion en bordure de piste ou les Dakota attendent notre embarquement. Le ciel est claire et frisquet, pas un souffle de vent dans l'air. Nous percevons les parachutes numérotés et inscrit dans un registre de vol, avec le nom du propriétaire provisoire, le type d'avion et le nom du largueur. Je vérifie mes parachutes afin de m'assurer que rien ne cloche, car des anciens laissent courir un bruit comme quoi « certains sont bourrés de paille ! » Ah ! Les vaches ! Comme si ont n'avait pas assez de stress sans çà .
Le moniteur nous incite à faire le « pipi de la peur » comme il dit afin de vider la vessie, puis une fois harnaché, aidé par le gars à côté ou un chef qui vérifie la parfaite mise en place du harnais, un « futur para » à même oublié de passer une sangle, l'émotion sans doute ?
Ne pas oublier de dégager les « bijou de famille » , heureusement, le moniteur à les yeux partout. Le casque lourd attaché par un bout de ficelle au harnais en cas de chute de ce dernier par le choc à l'ouverture.
Comme un crabe maladroit je suis le la file indienne qui se dirige vers le Dakota ou un escabeau nous permet de monter dans la carlingue aidé par un para afin d'éviter un déséquilibre ou une chute , je suis en 5ème position. Assis face à face dans des sièges, les yeux sont ailleurs, les deux bras pliés sur le ventral et tenant le mousqueton de la SOA qui tout à l'heure sera accroché au filin d'acier permettant à ce celui-ci de glisser jusqu'à la porte.
C'est dans la tête que tout ce passe à ce moment là. Les moteurs sont mis en route dans un crachotement et une pétarade d'enfer, puis un essai de puissance des moteurs qui fond vibrer toute la carcasse de vieux bimoteur. On se regarde avec un sourire crispé, l'avion vibre plus que jamais, une vrai caisse de résonance. Il roule pour se mettre dans le vent en position de décollage, les moteurs poussés à plein régime l'avion roule de plus en plus vite pour atteindre sa vitesse de décollage dans un grondement féroce.
La pression nous colle aux sièges tant que nous serons pas à l'altitude de 400 mètres environ. Je deviens léger, quelques trou d'air nous tasse de temps en temps, les moteurs sont devenus beaucoup moins bruyant. Le moniteur essaye de nous faire chanter, les voix sont timides, « debout les paras il est temps de sauter sur notre patrie bien-aimée ! » quelques sons de gorges s'échappent étouffées par le bruit des moteurs du vieux Dakota qui à du faire toutes les guerres !. Je regarde le voyant lumineux rouge, quand la voix du largueur rugit « Debout ! Accrochez ! », nous sommes debout et tout les mousquetons sont enfilés sur le câble toujours tenue par la main. Dernière vérif, nous sommes collés les uns aux autres, « numérotez-vous ! » crie le moniteur, « 1..! 2 ..! 3..! etc .. », Le pieds gauche en avant, je suis prêt ! Soudain le claxon hurle et le voyant passe au vert, je ne vois que le dorsal du gars devant moi, que je suis déjà à la porte en position les mains sur le montant de de l'ouverture, le regard vers l'horizon, la tape du largueur sur l'épaule et le « GO » me font comme un ressort, je lance le pied droit le plus loin possible et je crois avoir fermés les yeux, aspiré comme un fétus de paille par ce vide, je crois aussi avoir aperçu du ciel bleu dû à ma position ! La dégringolade est de courte durée, je me sent brutalement remis à la vertical avec une grosse secousse dans les épaules, un silence incroyable m'environne, j'aperçois des corolles se balancés devant moi, je lève la tête pour admirer la coupole de mon parachute, tout est en bon ordre, je fait mon tour d'horizon, de petits paras s'agitent au sol, les copain que je reconnais, hurle des mots que je ne puis entendre,un haut parleur du sol donne des directives: « traction à gauche !.. traction à droite !.. groupez-vous !..) çà c'est pour les gus qui ont les jambes écartées. Les premiers arrivés au sol, s'activent pour dégager la DZ ( dropp zone ), le sol arrive vite, les pieds bien groupés et les jambes fléchies, je me présente pile et en douceur dans un roulé-boulé impeccable, la voile commence à s'affaler doucement, je me relève et marche sur la voile en tirant les suspentes pour dégonflé le pépin.
Tout le monde s'active, dans la joie libératrice, nous sommes fiers de notre premier saut, je ramasse mon pépin et le love dans mes bras comme on me l'a enseigné, pour le ramener vers mon stick. AH ! Les commentaires joyeux, intarissables, la pression sur le mental a disparue, nous sommes fiers ! . Je suis détendu et crevé à la fois.
Les autres sauts se feront les 21, 24, 25, 26, 28, 29, novembre 1955. Fin de sauts, tout le monde en tenue, présentation au drapeau de la 266ePromotion, remise du Béret Rouge, et du brevet parachutiste dont le N° 110396 est restait dans ma mémoire et sera mon numéro fétiche.
Ce sont les adieux aux moniteurs après la photo souvenir de la promo, nous, fiers du résultat, eux , un peu blasés mais satisfaits de leur mission. Retour à Bayonne, les nouvelles recrues nous regardent passer avec envie. Le service administratif est sous le commadement du capitaine Porcher, la formation de l'Escadron de Jeeps Armées, sera sous les ordres du capitaine Le Boudec, ancien lieutenant au 6 BPC du lieutenant/colonel BIGEARD, en Indochine, héros de DBP. |
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| Sujet: Re: Histoire et mémoires d'un para .. Mar Avr 08 2014, 18:35 | |
| Mon arrivée sur le sol d'Algérie
Le 7 avril 1956, après une traversée sans houle, il est onze heures quand le Sidi Okba fait sont entrée dans le port de Bône. Accostage en douceur au quai de débarquement, appuyé au bastingage, je suis enchanté par le climat d'une chaleur bienfaisante, même un peu lourde en rapport du printemps de Nîmes à peine sortie de l'hiver ( jusqu'à – 15° en février 1956),Toute cette activité sur les quais nous épatent, moi qui voyais dans mon imagination un petit port minable avec plein d'arabes et des baraques en planches ! C'est une belle ville qui se présente avec des édifices imposants, beaucoup d'Européens, des voitures, et beaucoup de bateaux dans le port dans un trafic incessant.
Les chefs de peloton se font entendre; Béret sur la tête, je commence à transpirer dans mon treillis. Tout les chauffeurs sont rassemblés et descendent la passerelle pour rejoindre un immense parc qui servira au stationnement des véhicules.
Nous percevons une boite de ration pour la journée, les Jeeps et les Dodges sont débarqués rapidement et en attendant nous avons formés les faisceaux et cassons la croute, une file de camions attendent d'autres soldats d'unités divers, ils sont regroupés à grand renfort de cris. Nous chargeons nos véhicules, j'ai ma jeep avec un caporal et deux paras comme équipage, guidé par une escorte l'Escadron au complet traverse les quais de la ville pour se dirigé vers un terrain de sport situé à l'extérieur, à proximité d'une banlieue de HLM, le camps « des Lauriers Roses » ou nous arrivons n'est même pas équipé, des grandes toiles de tente déchargées des camions nous attendent pour être montées, ce sont des toiles dite « marabout » pouvant abriter une vingtaine de paras.
Nous sommes déçus de la réception, je croyais pouvoir admirer le paysage, le chef de peloton ne nous en donne pas le temps, avec avec Dédé Jeanneret le grand lyonnais, René Cadet le savoyard, Robert Groisil le titi parisien, Jojo Plisson de la Vienne,Covillers le Ch'ti, Pierrot Martignon de St Dié,Michel Joubert le breton, Claude Angot le normand, Jacky Fiévre du loiret, et moi de La Rochelle, nous sommes employés au montage de notre toile de tente guidé par le chef qui tiens la notice de montage. Une fois la toile montée, nous installons des lits « picot » pour 15 gus, réception de couverture et sac de couchage, nous posons les sacs marin au pied du lit.
Sur ce terrain de sport, un seul bâtiment servant de logement au gardien du stade, entouré d'une cité ouvrière ou grouille une foule de mômes et de gens du crû, accroché aux grillages des femmes n'en perdent pas un de nos mouvements, elles observe un para puni, qui après avoir fait le tour du terrain avec le fusil tenue au bout des bras levés, s'est écroulé au pied d'un poteau de foot, il est attaché et aspergé d'eau pour lui remettre les idées en place, vu la chaleur, le soleil tape dur et le gars est groggy. Les femmes horrifiées crient « Si c'est pas malheureux ! Le pauvre gosse !! », nous rions de les entendre parler avec cet accent typique des Bônnoises.
8 avril
J'ai une nouvelle jeep, l'autre usée est en réparation. L'ordre tombe dans la soirée, se préparer pour un départ en opération demain, rangement de nos affaires, vérification des armes et des dotations, j'ai une MAT 49 et devient voltigeur, tout le groupe est fébrile pour notre départ vers l'inconnu, nous tournons à cent à l'heure. Nous sommes rassemblés au drapeau cela fait bien longtemps que n'avions pas fait connaissance avec notre commandant, le capitaine Le Boudec, un grand patron et avec son plastron de décoration il en impose à tous. Il nous commente notre mission et notre affectation au sein du 3e Régiment de Parachutistes Coloniaux, d'une voix au timbre voilé, notre capitaine nous annonce que notre première mission se fera non pas en véhicule mais à pieds, pour nous accoutumer au relief du pays, note du Lt/colonel BIGEARD, nous allons renforcer le bataillon qui devient le 3ème Régiment de Parachutistes Coloniaux avec une 4e compagnie et un commando donnant une véritable cohésion d'ensemble de l'unité.
Notre équipement a changé de profil, d'abord, plus de casque lourd pour les opération futures, veste et pantalon camouflés, beaucoup marchent avec les bottes de saut en attendant les rangers, mais plus tard les jungle-boot seront presque unanimement adoptées, d'Escadron je pense que nous allons devenir compagnie à pied.
J'ai soif d'aventure et je perçois une autre ambiance dans l'ensemble de la compagnie, comme si déjà la camaraderie était plus serrée, plus dans la confidence; Notre chef de peloton, sergent-chef Rebouillet, pas très grand, mais coriace avec des muscles sec, ancien de 39/45, il s'est converti dans les paras en Indochine, une belle brochette de décorations orne sa veste camouflée, le sergent Dalmasso, un vieux de la vieille, devient notre chef de groupe, passé dans les paras en Indo également, il s'est se faire obéir malgré une taille ne dépassant pas un mètre soixante cinq, il a du punch.
Le repas fait par le cuistot avec les moyens du bord est acceptable, certains font la fine bouche sans se rappeler la bouffe à peine acceptable de la Citadelle, Je m'en accommode très bien, j'ai une faim de loup sans être difficile. Je suis donc voltigeur au 4e peloton avec ma MAT 49, équipé d'une sacoche de cinq chargeurs de 25 cartouches et 125 cartouches en vrac dans la musette TAP.
Je suis allé voir les environ du camp pour me rendre compte du paysage, mais un peu trop éloigné de Bône se faire une idée de la topographie des lieux s'avère ardue, Je contente de la vue des HLM. Demain nous partons vers une base avancé à 80 kilomètre de là, le village s'appelle DUVIVIER un nom qui résonnera souvent à mes oreilles, situé à une trentaine de kilomètre de la frontière tunisienne dans une région montagneuse, vallée entourée de djebel (montagne) c'est ainsi que l'on dénomme la cascade de montagnes entourant ces petits villages, souvent imbriqués dans une vallée étroite ou coule un cours d'eau (oued) ..
Lundi 9 avril: Nous partons très tôt, jeeps chargées équipage au complet, je suis chauffeur du sergent et la distance est vite parcourue sur une belle route goudronnée, DUVIVIER est presque une petite ville entourée de djebels boisés à perte de vue. Arrivée à huit heures sur un emplacement prévu, il nous faut monter encore une fois des tentes qu'un camion vient d'apporté, bientôt six grandes tentes sont érigées pendant que d'autres équipes dévident des rouleaux de fil de fer pour la protection du périmètre. Un minaret domine le paysage et le muezzin égrène sa litanie dans un haut-parleur dont les croyants doivent entendre à des dizaine de kilomètres. La température est idéal se mettre torse nu est un régal,. Ce qui me frappe, se sont les parfums, les odeurs nouvelles et étranges envahissent mes narines, nous sommes au mois d'avril et tout le paysage est en fleur, la forêt éxale ses senteurs de printemps, c'est la pleine campagne, les bois sont verdoyant, mais d'un vert sombre, mystérieux, j'en prend plein les poumons, je vais bientôt déchanté de se petit paradis.
Mardi 10 avril: réveillé à quatre heures, un coup vite passé sur le visage accompagné d'un rasage, en tenue de combat, cheveux coupés court, casquette vissée sur le crâne, botte de saut, musette TAP au dos avec le stricte minimum: sac de couchage attaché en boudin sur le sac, mon copain René me dit: « tu crois que c'est du sérieux ? » je réponds: « tu te crois toujours à Pau ? Attend que Bigeard soit au rendez-vous, çà va .être notre fête ! ». Je devine que cette opération va nous mettre à l'épreuve, se sera dur-dur !, pourvu que je tienne le coup, moi le petit para d'un mètre cinquante huit.
Ont embarquent dans des camions Ford, nous laissons à regret, nos véhicules parqués auprès des tentes gardés par un Half-track et deux chars. Nous roulons plusieurs heures dans un décor de djebel au terrain fortement vallonnée recouvert d'une épaisse végétation d'arbres pas très haut, des chênes lièges sans doute ? Le chemin emprunté est une piste de terre battue à peine carrossable, ballotés secoués, nous sommes à 80/100 kilomètres de notre base. La piste a disparue faisant place à un chemin forestier. Il est onze heures, nous sautons des camions avec le barda de plus je porte les affaires du radio Malgache, petit, basané/café au lait au doux nom de Rakotomavo, caporal au chef de peloton.
Aux premiers kilomètres, je commence à souffrir des pieds, mes bottes ne se sont pas assouplies malgré la graisse avec lesquelles je les est massées afin que le cuir absorbe la matière grasse. Le frottement sur les chevilles et les mollets, me gêne terriblement, avec les muscles du mollet trop épais, mes bottes sont trop serrées, les vingt cinq kilomètres à faire vont me sembler long.
Lors de passages d'oueds, les bottes se remplissent de flotte, je n'ai pas de chaussettes de rechange, la chaleur aidant, le cuir s'est détendu, je marche mieux. J'ai du mal a finir la journée, mes pieds sont dans une marinade, le djebel est raide avec des pentes impressionnantes. Juste une halte à midi pour manger et c'est reparti jusqu'au soir, Martignon est comme moi, il souffre et veux abandonner, mais les menaces du serpatte l'en dissuade, on lui remonte le moral du mieux que l'on peux, il arrive à bon port. Nous creusons nos trous individuelles, j'enlève mes bottes et fait séchées les chaussettes, la peau aux endroits de frottement part en lambeaux, l'infirmier me donne de la pommade que je passe sur les plaies. Je ne suis pas le seul à gémir mes pieds.
11 avril: Réveil cinq heures, départ pour une longue marche dans une forêt de chêne-liège. Nous fouillons des gourbis, arrêtons des suspects dans une zone dangereuse. A part ces premières grandes marches qui nous éreinte, pas habitué à la chaleur qui nous époumone, j'ai le souffle court mais je tiens l'allure. Aucune alerte n'est signalée, les fellaghas ne sont pas au rendez-vous fort heureusement pour nous qui venons juste de débarquer dans ce pays inconnu et sans expérience du combat. Le bruit que nous devons faire nous signale à des kilomètres à la ronde. Cela va bientôt changer.
vendredi 13 avril 1956: il est cinq heures quand le signal du départ est donné pour l'Escadron, sauf quelques éclopés pour qui l'opération se termine . Nous faisons un casse-croute rapide fait d'un bout de pain avec du pâté et un café froid, une pâte de fruit, et le reste de la boite dans les poches. Je colle au chef de peloton étant porteur du sac du radio, la marche devient pénible, le soleil nous brûle de se rayons de feu, ma peau blanche hivernale qui n'a pas eu le temps de s'acclimater, devient d'un rouge écrevisse, je crève de soif, le sergent me conseille de prendre un petit caillou entre les dents pour atténuer la soif, de trop boire sa coupe les jambes, et j'en ai besoin encore.
Heureusement que nous avons la casquette au lieu du casque lourd comme certaines unités, sacré idée de notre patron qui je viens de l'apprendre a comme indicatif radio: « BRUNO », il est vraiment prés de ses paras. Les voltigeurs de notre Escadron ont regroupés des arabess qu'ils ramènent au PC Le Boudec notre peloton répond à l'indicatif de « Le Boudec 4 » qui sonnera plus d'une fois aux cours de nos pérégrinations.
Nous grimpons une crête de djebel dont les sommets sont dénudés, laissant voir un relief tourmenté garni de gros blocs de roche éboulées et de grottes visible de loin. Nos rations sont au plus bas, le soir arrive brusquement en montagne, nous préparons nos emplacements de combat pour la nuit, tour de garde d'une heure chacun, je dort mal à cause de pieds encore fragiles malgré la pommade passée soigneusement, la peau tarde a se reformer. Le froid glacial de la nuit contraste énorme avec le jour brûlant de chaleur, le manque d'endurance et des chaussures mal adaptées me mettent complètement à plat. Le sergent Phillip me donne une pommade qui va s'avérer vraiment miraculeuse, mes plaies se ferment à vue d'œil.
Le village ou nous arrivons se nomme GOUNOD. De là nous effectuons un héliportage, le Sikorsky à une capacité de six combattants avec équipement. C'est mon premier héliportage, le « ventilo » comme ils l'appelle rugit est ses pales fouette l'air dans un tremblement de tout les diables, fantastique impression !, le balancement dans les changements de direction , ne sont pas rassurant, j'en ferait quelques dizaines plus tard sans appréhension. Le parcours est assez court, une sortie rapide s'impose pour nous mettre en position défensive, l'hélico est vraiment exaltant. Cette héliportage n'ayant rien donné ?. Mais une rumeur courre, cette opération est « bidon » elle est voulue par BIGEARD pour tâter notre valeur à occuper le terrain, a nous juger à la marche, tâter notre mental. Cela fait deux jours que nous crapahutons comme des « pros »Je pense qu'il nous a mis en face de notre problème à résoudre notre mal, à avoir de l'endurance et la capacité de marcher aussi bien qu'une compagnie de combat.
Nous allons démontrer par la suite que nous nous sommes hissés au même niveau que les compagnie qui tournent depuis octobre 1955, ce sera dur mais faisable, c'est le moment de se serrer les coudes, la cohésion du groupe, faire face au coup dur !,,, Adieu les jeeps, se sera désormais des marches jour et de nuit dans des conditions autrement plus dures que celles que nous venons d'affronter. Le prestige du régiment en dépend, le 3e R.P.C deviendra une des meilleures unité parachutiste de la 10e DP .
J'ai parfois perdu la notion du temps, mais grâce à mes petits carnets de route que j'annote presque journellement, je connais le parcours et les jours d'opération et des dates, le nom des copains, des camarades qui vont disparaîtrent au fil des combats, le nom de mes chefs, le nom des opérations et des lieux de notre passage.
Aurais-je toujours le courage d'ouvrir ce carnet pour décrire nos marches sur cette piste qui est notre pain quotidien, la souffrance de mes camarades, les joies et les peines, je ne suis pas le seul à subir des moments de lassitude, on se remonte le moral, jamais on laissait un copain sur la piste, le soutenir et prendre son sac jusqu'à qu'il puisse récupérer de son coup de fatigue .
14 avril 1956: le réveil est glacial, en 10 minutes je suis prêt, dans le noir on rejoint la piste, je bois en marchant un reste de café froid avec un biscuit et une pâte de fruit, c'est parti pour vingt kilomètres de piste avant de retrouver les camions. Il est midi, nous retournons à Duvivier notre base provisoire; Mon pote Jacky Fièvre qui en a bavé me demande: « quesce qu'on fait comme bornes pour rien !, » je lui répond: « ce n'ai que le hors d'œuvre de ''Bruno'', attend la suite !, » et avec un sourire ou la fatigue se fait sentir terriblement, je répond : « et ce n'est que la première semaine mon pote!, »;Nous y sommes dans les paras et au ''3'' s'il vous plaît,en plein dedans !! » |
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