L'histoire de la Prière du Para L'Aspirant Zirnheld et la Prière du ParaAndré Zirnheld voit le jour à Paris le 7 mars 1913 dans une famille alsacienne ayant choisi la France en 1871.Il poursuit ses études secondaires à Saint-Jean-de-Passy, obtient une licence de philosophie et prépare en Sorbonne un diplôme sur Spinosa.
En 1937, il est nommé à Sousse en Tunisie.
Mais c'est à Tunis qu'il rédigera la future « Prière du Para »
La date sera reportée sur son petit carnet personnel.En 1938, appelé pour son service militaire, il se retrouve à titre de professeur au collège de la Mission Laïque Française de Tartus en Syrie.
Dès le lendemain de l'armistice franco-allemande, le 25 juin 1940, il passe la frontière et gagne la Palestine sous mandat britannique afin de poursuivre la lutte.
Sur son carnet, il note:'' la légalité est un confort dont il faudra se priver''.
D'autres partagent sa volonté et son engagement pour la poursuite de la lutte.
La compagnie du 24e RIC du capitaine Folliot passe la frontière palestinienne.
Le presque bataillon de ce même 24e RIC (car il n'est pas complet loin de là), détaché du Levant à Chypre, adhère au mouvement.
Les 350 marsouins, entraîner par le capitaine Lorotte crient '' Vive De Gaulle'', chantent la
Marseillaise et partent pour l'Egypte sous le contrôle britannique.
Zirnheld s'engage à la compagnie Folliot et demande une affectation dans une unité de choc, en décembre 1941, il est promu aspirant et demande servir à la 1er Compagnie de l'Infanterie de l'Air du capitaine Bergé.
Le 22 mars 1942, il rejoint à Kabrit, sur les rives du canal de Suez, le French Squadron intégré à la Spécial Air Service Brigade (SAS Brigade) du major Stirling, une unité à la devise légendaire '' Who dares wins'' ( Qui ose gagne).
Le voici au sein de la petite phalange, une cinquantaine de volontaires, des paras de la France libre .
Il partage leur vie, leurs combats, leur entraînement de parachutiste. Sa culture, sa haute valeur morale le font de suite remarquer et apprécier de tous ses camarades français et britanniques.
Stirling l'appelait le
''Good Free French''.Juin 1942. La bataille fait rage en Libye. Les Allemands ont accourus à la rescousse des Italiens malmenés. Rommel veut l'emporter et arriver au Caire.
Les Britanniques souffrent. Leur repli s'accentue. Tobrouk capitulera le 21 juin , L'héroïque défense française de Bir-Hakeim n'a pu qu'un laps de temps contrer le ''
Renard du désert''.Pour soulager les troupes au sol, le commandement demande à Stirling d'intensifier ses attaques sur les arrières ennemis.
La frappe des terrains d'aviation par des commandos, surgis du désert, détruira au sol des avions qui ne se manifesteront plus dans le ciel.
La mission confiée sera plus que largement remplie.Zirnheld sera de ces audacieux qui jailleront dans la nuit pour plaquer leurs bombes sur les chasseurs et les bombardiers de la Lutwaffe.
400 appareils seront éliminés en 1942.Le commando s'est scindé en plusieurs groupes.
Celui du capitaine Mayne comprend les jeeps de Martin et Zirnheld.
A deux reprises, les pneus de Zirnheld crèvent.
Martin reste aux côtés de son camarade.
Pour rattraper leur retard, les deux véhicules profitent de la brume matinale puis le brouillard s'étant levé, s'immobilisent et se logent dans une faille de rocheuse, dissimulés sous les filets de camouflage.
Deux Fieseler Storch ne remarquent rien mais quatre Stuka sont plus perspicaces.
Ils repèrent les voitures et s'acharnent.Les Français, plaqués au sol, s'abritent de leur mieux derrière des rochers.
A un moment, Zirnheld prévient Martin:''
je suis touché au bras, mais ce n'est rien.''Quelques minutes plus tard, il annonce d'une voix faible qu'il vient d'être atteint au ventre.
Leurs munitions épuisées, les Stukas s'éloignent.
Martin s'efforce de faire le point.
Les jeeps sont criblées de trous mais, grâce à Dieu, les moteurs tournent.
L'état de Zirnheld est grave. Lucide, il dit a ses compagnons:''
Je suis fichu. Laissez-moi sur place et rejoignez les copains.'' Pas question de l'abandonner.
Le blessé est calé du mieux possible à l'arrière d'une jeep.
Au bout d'une dizaine de kilomètres, devant les souffrances de Zirnheld et les avions qui recommencent à tourner, Martin s'arrête au fond d'un oued.
Il envisage de partir de l'avant chercher un toubib, mais la mort fait son oeuvre.
A 13 h, André Zirnheld n'est plus. A la tombée de la nuit, ses camarades déposent son corps dans un creux de rochers qu'ils recouvrent de pierres.
Sur ce modeste mausolée est fichée une croix de bois grossièrement confectionnée.
Une main pieuse y a gravé au poinçon:
Aspirant Zirnheld
Mort au champs d'honneurs
Le 27 juillet 1942 Il avait 29 ans.Avant le départ, Martin rassemble les papiers du disparu.
Sur un petit carnet, à la date du 1er avril 1938, est inscrite une prière:
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce qu'on ne vous demande jamais.
Je ne vous demande pas le repos
Ni la tranquillité
Ni celle de l'âme, ni celle du corps
Je ne vous demande pas la richesse
Ni le succès, ni même la santé
Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement
Que vous ne devez plus en avoir
Donnez-moi moi Dieu ce qui vous reste
Donnez-moi ce qu'on vous refuse
Je veux l'insécurité et l'inquiétude
Je veux la tourmente et la bagarre
Et que vous me les donniez, mon Dieu, définitivement
Que je suis sûr de les avoir toujours
Car je n'aurai pas toujours le courage
De vous les demander
Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste
Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas
Mais donnez-moi aussi le courage
Et la force et la Foi L'aspirant André Zirnheld , Compagnon de la Libération, repose aujourd'hui au cimetière des Batignolles. Sa modeste tombe mériterait un autre lustre. Pierre MONTAGNON
Debout les Paras : La revue de l'Union Nationale des Parachutistes N° 215 / janvier/février 2011