L’histoire est trop souvent instrumentalisée pour servir des desseins politiques et idéologiques. Les exemples sont nombreux et il se trouve quelques historiens pour faire la chasse à ce qui ressemble à ces « mythes » que l’on peut assimiler à des « fake news ». Ainsi, le vase de Soissons serait une fable, tout comme le récit de l’arrestation du roi Louis XVI à Varennes. Cependant, faute de connaissances précises sur des faits particuliers, une erreur peut être faite de bonne foi. Tel est le cas de la journée du 22 août 1914.
Dans tous les manuels d’histoire (et les articles dédiés à la Grande Guerre), le 22 août 1914 passe pour avoir été la journée la plus meutrière pour l’armée française, alors engagée dans la bataille dite des Frontières, aurait perdu 27.000 hommes.
Seulement, d’après le site Mémoire des Hommes, édité par le Secrétaire général pour l’administration (SGA) du ministère des Armées, ce bilan n’est pas exact. En réalité, ce serait lors de la journée du 25 septembre 1915, c’est à dire lors des offensives de Champagne et d’Artois, que l’armée française aurait subi ses plus lourdes pertes.
« Il est désormais possible de dire que la journée la plus meurtrière du conflit ne serait pas, comme les historiens l’ont longtemps cru, le 22 août 1914 (21.035 morts) mais le 25 septembre 1915 », avec « 23.416 » tués, précise en effet le SGA, dans un communiqué annonçant la fin de la campagne d’indexation collaborative des fiches des Morts pour la France de la Première guerre Mondiale.
Lancé en novembre 2013 et mis en œuvre par la direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA) du ministère des Armées, ce projet a permis d’indexer 1,4 million de fiches de soldats français morts au combat, d’enrichir les informations concernant ces derniers et d’avoir une connaissance plus fine des pertes subies pendant la Grande Guerre.
« En complément des nom, prénom, date de naissance, département ou pays de naissance, il s’agissait de transcrire le grade et l’unité au moment du décès, le recrutement, le lieu de naissance, la date et le lieu de décès, etc. Cette transcription permet désormais des recherches croisées et notamment de mesurer les pertes par zone géographique, classe, grade, etc. », explique le SGA.
Pour réaliser de travail considérable, des internautes passionnés se sont mobilisés, via des initiatives comme celle appelée « 1 JOUR – 1 POILU« , un « défi collaboratif » qui, lancé par Jean-Michel Gilot, avec la collaboration de l’historien Michaël Bourlet, a consisté à indexer et à identifier 30.000 Poilus disparus au cours de la Première Guerre Mondiale.