Après avoir pointé la responsabilité de chasseurs-bombardiers F-16 israéliens pour la perte, en Méditerranée orientale, de l’un de ses avions de renseignement Il-20 « Coot », apparemment abattu par un missile tiré par un système S-200 de la défense aérienne syrienne lors d’un raid contre un site militaire à Lattaquié, le ministère russe de la Défense avait assuré qu’il se réservait le droit d’une « réponse adéquate après les actions hostiles d’Israël en Syrie. »
Mais, en dépit de la mort des 14 membres de l’équipage de l’Il-20 « Coot », le président russe, Vladimir Poutine, a semblé adopter un ton plus conciliant en évoquant un « enchaînement de circonstances accidentelles tragiques ». Et d’ajouter : « Pour ce qui est des mesures de rétorsion, il s’agit pour nous, avant tout, d’assurer la sécurité de nos soldats et de nos installations en Syrie. »
Puis, lors d’un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, M. Poutine a toutefois souligné que « de telles opérations par les forces aériennes israéliennes violent la souveraineté syrienne » et « exhorté le camp israélien à ne pas permettre que ce genre de situations se reproduise », selon un compte-rendu du Kremlin.
Cela étant, l’état-major israélien a contesté l’explication donnée par son homologue russe au sujet de la disparition de l’Il-20 « Coot ». Pour rappel, ce dernier a affirmé que les F-16 de l’Israeli Air Force [IAF] s’étaient servis de l’appareil russe comme « couverture » radar, ce qui induit en erreur la défense aérienne syrienne. Cependant, cette version présente toutefois quelques zones d’ombres (quid du système IFF – identification, friend or foe – par exemple?).
Une délégation militaire israélienne devait ainsi se rendre à Moscou pour présenter à la partie russe l’ensemble des documents relatifs au raid mené à Lattaquié au moment de la perte de son avion de renseignement.
« La réaction russe à ce tragique incident sera une décision politique du président Poutine. Et plus les professionnels seront convaincus que ce n’est pas notre erreur, plus il sera facile pour le président russe de ne pas réagir d’une façon qui pourrait nuire aux relations entre les deux États », a commenté Yaacov Amidror, un ancien conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre Benyamin Netanyahu.
Quoi qu’il en soit, et alors que les forces russes et israéliennes ont mis en place, dès octobre 2015, un mécanisme de coordination afin de s’informer mutuellement de leurs opérations respectives en Syrie, Israël a annoncé, ce 20 septembre, un renforcement de la coopération militaire avec la Russie.
« Ce renforcement ne signifie toutefois pas qu’Israël cessera de bombarder des cibles en Syrie », a toutefois prévenu le gouvernement israélien. « Nous ferons le nécessaire pour préserver la sécurité des citoyens israéliens et il n’y aura pas de discussions sur la fin des frappes aériennes », a insisté Avigdor Lieberman, le ministre de la la Défense.
Au cours de ces 18 derniers mois, les forces israéliennes ont effectué plus de 200 frappes en Syrie, notamment pour empêcher tout transfert d’armes fournies par l’Iran au Hezbollah, la milice chiite libanaise, et contrer la présence militaire iranienne dans le pays.
Aussi, il est essentiel pour Israël de garder une certaine liberté de manoeuvre en Syrie, pays avec lequel il est d’ailleurs toujours en guerre. D’autant plus que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a réaffirmé que la milice libanaise y resterait « jusqu’à nouvel ordre ». « Notre présence là-bas est liée à la nécessité et au consentement de la direction syrienne », a-t-il insisté, lors d’une intervention faite la veille de la célébration de l’Achoura, un rite fondateur du chiisme.
Qui plus est, M. Nasrallah a également assuré que le Hezbollah disposait désormais de « missiles de haute précision » et des « capacités en matière d’armement ». Et de prévenir : « Si Israël veut imposer une guerre au Liban, il sera confronté à un destin qu’il n’aurait jamais pu prédire. »
À l’occasion d’une cérémonie marquant le 45e anniversaire de la guerre de Kippour, M. Netanyahu, a également haussé le ton. « Nous ne voulons pas la guerre, mais si on veut nous l’imposer, nous utiliserons toutes nos forces », a-t-il lancé. « L’Iran qui appelle ouvertement à la destruction d’Israël est en tête des menaces contre nous dans la région… Nous continuerons de nous défendre face ce danger », a-t-il assuré.