Les pays scandinaves veulent renforcer leur coopération militaire face à la Russie Les actions de la Russie en Ukraine et son réarmement ont visiblement de quoi inquiéter les pays scandinaves. Et cela d’autant plus que le Grand Nord est une priorité stratégique pour Moscou.
Aussi, les ministres de la Défense du Danemark (Nicolai Wammen), de la Norvège (Ine Eriksen Søreide), de la Suède (Peter Hultqvist) et de la Finlande (Carl Haglund), ainsi que celui des Affaires étrangères de l’Islande (Gunnar Bragi Sveinsson) ont plaidé pour un renforcement de la coopération militaire des pays scandinaves dans une tribune commune publiée par le quotidien Aftenposten.
Selon eux, la Russie a montré qu’elle est prête « à utiliser des moyens militaires pour atteindre ses objectifs politiques, même en violation des principes du droit international ».
Aussi, cette façon d’agir « est le plus gros défi pour la sécurité en Europe », ont-ils estimé.« Nous notons une augmentation des exercices militaires russes et une intensification des les activités de renseignement dans la région de la Baltique et les régions du Nord », ont relevé les ministres.
« Cette évolution fait qu’en matière de sécurité, la situation dans le voisinage immédiat des pays nordiques s’est sensiblement dégradée au cours de l’année écoulée », ont-ils ajouté.
Aussi, ont-ils continué, « nous devons être prêts à ce que des crises ou des incidents se produisent », ce qui passe par une « coopération plus étroite en Europe du Nord et une solidarité avec les pays baltes » afin de « renforcer la sécurité dans notre région » et de « relever le seuil à partir duquel des incidents militaires peuvent se produire ».
Il est ainsi question d’organiser davantage d’exercices entre les forces armées des pays scandinaves, de lancer des coopérations industrielles dans le domaine de l’armement, de partager du renseignement, de mutualiser certaines capacités et d’obtenir une meilleure coordination pour ce qui concerne la surveillance aérienne.
Pour rappel, la Finlande et la Suède ne sont pas membres de l’Otan, à la différence du Danemark, de l’Islande (qui n’a pas de capacités militaires) et de la Norvège. Toutefois, la question d’intégrer l’Alliance atlantique se pose aussi bien à Stockholm qu’à Helsinki.
Ce renforcement de la coopération militaire entre les pays nordiques n’est pas nouvelle : elle remonte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
À l’époque, l’idée d’une « Union de défense scandinave » fut avancée.
Tout en gardant leur souveraineté, le Danemark, la Suède et la Norvège [la Finlande était hors-jeu] devaient alors faire front commun en matière de politique étrangère et de sécurité.
Mais le projet fut abandonné en 1948. Finalement, un Conseil nordique vit le jour en 1952.
Seulement, il ne s’est jamais vraiment impliqué dans les affaires militaires.
En 2013, les ministres suédois de la Défense et des Affaires étrangères, qui étaient alors Karin Enström et Carl Bildt, tentèrent de relancer l’idée d’Union de défense scandinave dans un appel lancé à la veille de la conférence annuelle sur la défense de Sälen.
« La mutualisation et le partage des ressources militaires sont un élément central de la vision suédoise en matière de coopération de défense nordique », avaient-il plaidé.
Mais leur proposition fut fraîchement accueillie.