Le prochain sommet de l’Otan, qui aura lieu les 11 et 12 juillet prochains à Bruxelles, s’annonce « animé ». Après la « guerre commerciale » déclenchée par l’imposition de taxes sur les importations américaines d’acier et d’alumunium en provenance de l’Union européenne et du Canada, au nom de la « sécurité nationale », le président Trump abordera certainement la question du niveau des dépenses militaires des Alliés et leur reprochera de manquer à leur engagement de les porter à 2% de leur PIB.
En effet, histoire de donner le ton, le chef de la Maison Blanche a déjà envoyé une lettre à 9 pays de l’Otan pour leur reprocher la faiblesse de leurs budgets militaires. Outre la Norvège et le Canada, 7 membres de l’Union européenne ont reçu un tel courrier, dont la Belgique, l’Italie (qui a pourtant fait un réel effort), l’Espagne, le Portugal, le Luxembourg, les Pays-Bas et… l’Allemagne.
Depuis qu’il est entré à la Maison Blanche, M. Trump s’en est régulièrement pris à Berlin. Les taxes sur l’acier visent en effet l’industrie allemande au premier chef et, récemment, il a menacé les groupes BMW, Mercedes et Volkswagen d’instaurer des droits de douane de 20% sur la totalité des voitures assemblées en Europe et importées aux États-Unis.
S’agissant des questions militaires, le président américain reproche à l’Allemagne, quatrième puissance économique mondiale (et première de la zone euro) de ne pas investir suffisamment dans sa défense. Et, effectivement, en 2024, Berlin sera encore loin de l’objectif des 2% du PIB, pourtant accepté lors du sommet de l’Otan organisé à Newport, en septembre 2014. Selon la chancelière allemande, Angela Merkel, le budget de la Bundeswehr atteindra seulement 1,5% du PIB en 2025.
C’est donc dans ce contexte que, d’après le Washington Post, le Pentagone évaluerait le coût d’un départ (ou d’un transfert en Pologne) des forces américaines actuellement basées en Allemagne. Ce qui représente environ 35.000 militaires d’active.
« Les scénarios de redéploiement étudiés comprennent un retour à grande échelle des troupes américaines stationnées en Allemagne vers les États-Unis ainsi qu’un redéploiement total ou partiel des troupes américaines vers la Pologne, un allié de l’Otan qui a atteint les objectifs de dépenses de défense de l’Alliance », écrit le quotidien, qui précise que l’idée d’une telle manoeuvre avait été évoquée par Donald Trump lors d’une réunions avec des responsables militaires.
Par ailleurs, la Pologne a proposé de 2 milliards de dollars sur la table afin d’obtenir une présence militaire américaine permanente sur son territoire.
Un porte-parole du Pentagone, Eric Pahon, a relativisé l’information donnée par le Washington Post, en affirmant que le département de la Défense « examine régulièrement le positionnement des troupes et les analyses coûts-bénéfices. »
« Nous restons pleinement engagés auprès de notre allié de l’Otan [l’Allemagne] et de l’alliance de l’Otan », a-t-il ajouté.
« Le Pentagone évalue continuellement les déploiements de troupes américaines » de tels « exercices d’analyse » ne sont « pas hors norme » a affirmé, de son côté, le Conseil de la sécurité nationale, qui dépend de la Maison Blanche.
Cependant, le Washington Post s’appuie sur des confidences faites sous le sceau de l’anonymat par des responsables américains. Pour le moment, précise-t-il, cette étude « se limite à une exploration interne des options » envisagées et aucun « haut-gradé » n’y est pour le moment impliqué.