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Un retrait des forces américaines de Corée du Sud [USFK]? Personne n’aurait imaginé, en janvier, qu’une telle éventualité pourrait être évoquée par James Mattis, le chef du Pentagone… Et pourtant, c’est ce qu’il a fait, le 28 avril.
Il faut dire que, la veille, le chef du régime nord-coréen, Kim Jong-Un, et le président sud-coréen, Moon Jae-in ont signé une déclaration commune les engageant à oeuvrer en vue « de déclarer la fin de la guerre [le nord et le sud n’ont signé qu’un armistice en 1953, nldr] et d’établir un régime de paix permanent et solide ».
En outre, les deux dirigeants ont convenu de « mener à bien le désarmement par étapes, à mesure que les tensions militaires s’apaisent et que des progrès substantiels sont réalisés pour établir la confiance militaire. » Ce qui passe par la dénucléarisation de la péninsule, et donc par l’arrêt du programme nucléaire de Pyongyang.
Aussi, pour James Mattis, le retrait des troupes américaines de Corée du sud « pourrait être négocié si la Corée du Nord et la Corée du Sud peuvent consolider un accord de paix durable. »
« Cela fait partie des questions dont nous discuterons dans les négociations, d’abord avec nos alliés, puis, bien sûr, avec la Corée du Nord », a affirmé le chef du Pentagone. « Je pense que, pour le moment, il ne faut pas encore tenter de proposer des conditions préalabes ou se livrer à des conjectures sur la façon dont cela doit se passer », a-t-il ajouté.
Pour rappel, 28.000 soldats américains sont présents en Corée du Sud. Chaque année, ils prennent part à d’importants exercices conjoints, dont Ulchi-Freedom Guardian, Key Resolve et Foal Eagle. Leur retrait signifierait aussi celui du système antimissile THAAD, contre lequel la Chine et la Russie s’étaient fermement opposées.
Seulement, ce rapprochement annoncé entre Séoul et le Pyongyang est le troisième du genre depuis juin 2000 et la politique du rayon de soleil promue par Kim Dae-jung, le président sud-coréen à l’époque… Avec les résultats que l’on sait. « Je n’ai pas de boule de cristal, je peux vous dire que nous sommes optimistes en ce moment et qu’il y a des opportunités ici que nous n’avons jamais connues depuis 1950 », a toutefois dit M. Mattis.
De son côté, le nouveau chef la diplomatie américaine (et ex-directeur de la CIA), Mike Pompeo, a également parlé de « vraie opportunité » de progrès dans les relations avec Pyongyang. Ayant rencontré le leader nord-coréen durent les fêtes de Pâques, il a indiqué, le 29 avril, avoir évoqué avec ce dernier la mise en place d’un « mécanisme complet, vérifiable, irréversible » en vue d’une dénucléarisation.
« Qui sait comment les discussions finales vont se dérouler ? Il y a beaucoup de travail à faire, mais j’ai très bon espoir sur le fait que les conditions fixées par le président Trump nous donnent cette chance », a dit M. Pompeo.
Enfin, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, John Bolton, a fait une analogie avec l’annonce faite en décembre 2003 par le colonel Kadhafi au sujet de l’abandon du programme nucléaire libyen. À l’époque, des négociations secrétes entre Tripoli, Washington et Londres avaient eu lieu avant d’arriver à ce résultat.
« Nous avons en tête le modèle libyen de 2003 et 2004 », a dit M. Bolton, sur la chaîne Fox News. « Il y a évidemment des différences : le programme libyen était beaucoup plus modeste, mais c’était essentiellement l’accord que nous avions conclu », a-t-il ajouté, après avoir rappelé que Pyongyang avait déjà pris l’engagement d’abandonner ses activités nucléaires en 1992.
« Il n’est pas possible d’aller à cette réunion avec un jeu de tournevis et de penser que nous allons le démonter dès le lendemain de la réunion. Par conséquent, la divulgation exhaustive et totale de tout ce qui concerne leur programme d’armes nucléaires, avec une vérification internationale complète, en suivant l’exemple de la Libye, la vérification par des inspecteurs américains et d’autres pays, pourrait être très importante ici », a ensuite expliqué M. Bolton, en évoquant le sommet prévu entre M. Trump et Kim Jong-Un. Et de conclure : « Si le Nord démontre qu’il a pris la décision stratégique d’abandonner ses armes nucléaires, le processus de démantèlement pourrait être rapide. »