Qui a visé la base syrienne de Tiyas [ou base T4], située entre Homs et Palmyre [Syrie], dans la nuit du 8 au 9 avril?
Étant donné que les États-Unis et la France ont assuré vouloir coordonner leurs actions en cas de nouvelle attaque chimique commise par le régime syrien, comme cela a été le vraisemblablement le cas à Douma, le 7 avril, les soupçons se sont rapidement portés sur les forces françaises et américaines.
Or, le Pentagone a rapidement décliné toute responsabilité dans ce raid? « En ce moment, le département de la Défense ne mène pas des frappes aériennes en Syrie. […] Toutefois, nous continuons à observer de près la situation et nous soutenons les efforts diplomatiques visant à faire rendre des comptes à ceux qui utilisent des armes chimique en Syrie et ailleurs », a en effet affirmé Christopher Sherwood, un porte-parole.
« Ce n’est pas nous », a sobrement indiqué le colonel Patrick Teiger, le porte-parole de l’État-major des armées (EMA), à Paris.
Si la France et les États-Unis ne sont pas à l’origine de la salve de missiles tirés contre la base T4, seul un autre pays de la région est en mesure de le faire : Israël. D’autant plus que ce ne serait pas la première fois : en février dernier, en réponse à la violation de l’espace aérien israélien par un drone iranien, l’aviation israélienne y a en effet déjà conduit des frappes, au cours desquelles elle a perdu un avion F-16.
Aussi, le ministère russe de la Défense a pointé la responsabilité d’Israël pour ce nouveau bombardement de la base T4, lequel aurait fait au moins 14 tués parmi les combattants syriens et iraniens. « Deux avions F-15 de l’armée israélienne ont frappé l’aérodrome entre 03H25 et 03H53 heure de Moscou (00H25 et 00H53 GMT) à l’aide de huit missiles téléguidés depuis le territoire libanais, sans pénétrer dans l’espace aérien syrien », a-t-il en effet affirmé, avant de prétendre que « la défense aérienne des forces armées syriennes a détruit cinq missiles téléguidés au cours d’une bataille dans l’air. »
Dans un premier temps, et après avoir accusé l’aviation américaine, Damas a confirmé la version russe. « L’agression israélienne sur l’aéroport du T-4 a été menée par des avions F-15 qui ont lancé plusieurs missiles », a ainsi rapporté l’agence officielle SANA.
Pour le moment, l’état-major israélien garde le silence, comme il le fait généralement quand des frappes aériennes effectuées en Syrie contre les troupes iraniennes et le Hezbollah ont eu lieu. Toutefois, Yoav Galant, ancien général et actuel ministre de la Construction a déclaré, sur les ondes d’Israel Radio, ce 9 avril, que « nous ne permettrons pas que des armes passent de la Syrie au Liban et nous n’autoriserons pas l’établissement d’une base iranienne » en Syrie.
Photo : Raid israélien contre la base T4, en février 2018