La Lituanie accuse la Russie d’avoir déployé des missiles Iskander de façon permanente à Kaliningrad
Ponctuellement, à des fins d’exercice, la Russie déploie des missiles balistiques à capacité nucléaire de type Iskander dans l’enclave de Kaliningrad, un territoire coincé entre la Pologne et la Lituanie. Ce qui met, théoriquement, Berlin et la stratégique île suédoie de Gotland, en mer Baltique, à la merci d’une éventuelle frappe.
Ce fut ainsi le cas lors de l’exercice Zapad 2017, qui organisé conjointement en septembre dernier par la Russie et la Biélorussie. « Ce que nous voyons est une préparation sérieuse pour une grande guerre », avait dit, à son sujet, le général tchèque Petr Pavel, président du comité militaire de l’Otan.
Avec cette présence de missiles Iskander à Kaliningrad, le Pentagone avait dit envisager de déployer une batterie antimissile Patriot en permanence dans les pays baltes. Finalement, l’une d’elle fut temporairement envoyée en Lituanie, dans le cadre de l’exercice Tobruq Legacy, en juillet dernier.
Seulement, cette mesure temporaire n’était pas pour satisfaire Vilnius… Cependant, si les accusations lancées ce 5 février contre Moscou par la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaite, s’avèrent fondées, alors sans doute que le Pentagone reconsidérera sa position.
En effet, selon Mme Grybauskaite, la Russie aurait installé des missiles Iskander de façon permanente à Kaliningrad. Ce qui, a-t-elle souligné, présente un danger pour « la moitié » des capitales européennes.
Cela étant, un tel mouvement ne serait pas vraiment une suprise. Un déploiement permanent de missiles Iskander à Kaliningrad avait été évoqué par des responsables russes en novembre 2016. Il s’agissait ainsi de répondre au renforcement de la présence de l’Otan dans les pays baltes et en Pologne, avec l’envoi de quatre bataillons multinationaux.
« Que devons-nous faire? [face à ce renforcement de l’Otan] Il nous faut prendre des contre-mesures, c’est-à-dire viser avec nos systèmes de missiles les installations qui, selon nous, commencent à constituer une menace pour nous », avait même déclaré Vladimir Poutine, le président russe.
Le président de la chambre basse du Parlement russe, Vladimir Chamanov, a confirmé, ce 5 février, l’envoi de ces missiles Iskander à Kaliningrad. Toutefois, il n’a pas précisé si leur déploiement allait être permanent ou temporaire. Les forces russes ont en outre l’intention de renforcer leur présence dans cette enclave avec l’envoi de chasseurs Su-27SM3 et Su-35.
Quoi qu’il en soit, cela devrait conforter les pays baltes dans leur demande visant à renforcer les capacités de défense aérienne de l’Otan dans la région de la Baltique. Ce sujet devrait être abordé lors du prochain sommet de l’Alliance, en juillet.