Si une communauté n’est pas acceptée, c’est parce qu’elle ne donne pas de bons produits, sinon elle est admise sans problème. Si elle se plaint de racisme à son égard, c’est parce qu’elle est porteuse de désordre. Quand elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu’elle vienne chez nous pour imposer ses mœurs.
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Mar Juin 20 2023, 19:40
Salut marcalfred
J'ai modifié la présentation de ton post.
Pour ce faire, tu fais un copier/coller du lien URL de la vidéo que tu veux mettre sur le forum, ensuite tu colles ce lien ci-dessus en haut dans YouTube et tu fais insérer...
Et la vidéo apparait
Je ne savais pas non plus avant mais grâce à l'ami JOJO maintenant je sais aussi le faire
81/06, Michel et marcalfred aiment ce message
Alexderome Admin
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Mar Juin 20 2023, 19:57
Bravo René. Je vais visionner ce soir car le titre m’intrigue.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Mer Juin 21 2023, 08:14
Alexderome a écrit:
Bravo René. Je vais visionner ce soir car le titre m’intrigue.
Je vais terminé la lecture de la vidéo ce soir, elle est super bien, et l'ancien il a la "pêche" dans son récit
81/06, Michel et marcalfred aiment ce message
81/06 membre confirmé
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Mer Juin 21 2023, 09:06
Fin du visionnage pour moi, un seul mot.
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 12:14
Bonjour tout le monde,
Dans ma recherche de sujet, j'en ai trouvé un "bon" de sujet pour faire la passerelle entre le débarquement du 6 juin 44, Achille Muller, dont il est question plus haut dans ce sujet, et les SAS et les paras de la France Libre, les précurseurs dans ce débarquement.
...........................
Jusqu'à présent nous avons beaucoup parlé de nous de l'Indochine de l'Algérie, des bérets rouges...Pourtant eux ne portaient pas le béret rouge, pas à l'époque du moins....Mais que serions-nous sans eux...Les Bourgoin, Deplante, Marienne... Sans parler de Bouetard, premier mort du débarquement....
...Ignorés ils furent pourtant les premiers, avant Sainte Mère Eglise, à débarquer par les airs, voici l'histoire du :
Combat de Saint Marcel
Rendant le récit un peu lourd et un peu compliqué j'ai tout de même tenu, à y inclure un maximum de noms et de détails, sur cette période souvent occultée.
Plantons d'abord le décor :
Dans les intentions alliées, il était prévu après le débarquement du 6 juin à l'aube sur les plages de Normandie, la prise de Caen, Bayeux, Isigny, Carentan et Cherbourg, ainsi que des terrains d'aviation situés dans cette région.
Selon le plan Overlord, à J 17, les armées anglaises et américaines devaient tenir une ligne partant de Cabourg et aboutissant à Granville en passant par l'est de Caen, Condé-sur-Noireau et Vire.
A J 20 ou après, il était prévu, quelles reprendraient leur avance vers le sud et le sud-est, et qu’à J 60, les Américains occuperaient la côte atlantique jusqu'au sud de Saint Nazaire et tiendraient le front sur la Loire jusqu'à Tours, puis sur une ligne allant de Tours à un point situé entre Alençon et Chartres, tandis que les Britanniques iraient de ce point à l'estuaire de la Seine.
Pour faciliter la conquête de la presqu'île bretonne et l'occupation de ses ports dans les délais prévus, le Commandement interallié avait-il envisagé la possibilité d'un débarquement de diversion entre le golfe du Morbihan et l'embouchure de la Vilaine.
Ce débarquement devait, s'effectuer à J 30. Il semble bien qu'il se soit agi uniquement d'un bruit à faire courir pour éveiller l'inquiétude des Allemands et les obliger à ne pas trop dégarnir de troupes le sud de la Bretagne.
En tout état de cause, il importait, dans l'immédiat, d'empêcher ou au moins de ralentir les mouvements prévisibles des forces allemandes de Bretagne vers le front de Normandie.
C'est aux parachutistes et aux F.F.I. de Bretagne qu'incomberait la tâche de fixer les divisions allemandes dont l'appoint pourrait mettre les forces alliées de débarquement dans une situation difficile.
C'est pourquoi des troupes parachutées devaient commencer à être larguées dans la nuit précédant le jour J, avec la mission d'isoler la presqu'île bretonne du reste du territoire, i1 fallait agir très vite, et malgré la démonstration faite dans la semaine du 7 au 13 mai par les F.F.I. du Morbihan, le Commandement suprême redoutait que la Résistance, dont l'action risquait toujours d'être retardée ou empêchée par des arrestations, fût dans l'impossibilité d'accomplir l'ensemble des destructions voulues.
Les Alliés étaient d'ailleurs mal renseignés sur l'importance des mouvements de résistance en France occupée; le manque de coordination entre les Services de renseignements britanniques et le B.C.R.A. dirigé par le colonel Passy, ne pouvait que renforcer leur méfiance à l'égard de l'organisation des maquis et, lors de l'établissement du plan Overlord, ils n'avaient pas été disposés à attribuer un grand rôle aux forces de l'intérieur, à la fois parce qu'ils ne pouvaient confier leurs intentions à des éléments qu'ils ne contrôlaient pas et parce que la place d'une armée de guérilla dans un ensemble d'opérations aussi complexe était difficile à déterminer sans une connaissance précise de ses possibilités.
En juin 1944, l'aide de la Résistance n'était donc encore envisagée que comme un appoint.
Les troupes parachutées dans la nuit de J - 1 à J et au cours des nuits suivantes devraient, outre leur mission de sabotage, entrer en contact avec les groupes locaux et leur fournir un encadrement pour désorganiser l'ennemi et faciliter la pénétration alliée.
Comme on escomptait que l'armée américaine pénètrerait en Bretagne aux environs de J 20, les parachutistes se joindraient ensuite aux forces terrestres au fur et à mesure de l'avance de celles-ci.
Deux sortes de missions furent confiées aux parachutistes français (Ces parachutistes Français font partie du 2" Régiment de chasseurs parachutistes, appartenant à la brigade britannique du Spécial Air Service (SAS.) commandée par, le général Mac Leod. A partir du 6 juin, ils sont placés sous les ordres du général Kœnig, mais ce commandement restera théorique.) sur le territoire breton:
1° Des missions de sabotage sur les voies de communication (voies ferrées, lignes souterraines à grande distance, lignes téléphoniques), pour isoler des lieux de débarquement les garnisons allemandes de la côte bretonne et éviter ainsi tous renforts immédiats. L'exécution de ces sabotages fut prévue pour la nuit J à J 1 ou J 1 à J 2.
2° Des missions d'infiltration à l'intérieur de la Bretagne. Le Haut Commandement britannique voulait aussi constituer deux bases, l'une dans les Côtes du Nord, l'autre dans le Morbihan, pour recevoir éventuellement de puissantes unités parachutées ou aéroportées. Les deux points, choisis arbitrairement, étaient la forêt de Duault pour les Côtes-du-Nord, la partie centrale des landes de Lanvaux pour le Morbihan.
Des échelons précurseurs devaient être envoyés dans la nuit de J - 1 à J pour :
a) examiner sur place: les réactions et la force de l'ennemi dans le voisinage; les possibilités défensives du secteur; les possibilités de coopération avec la Résistance; les possibilités d'atterrissage de planeurs;
b) former une base d'où rayonneraient les groupes de sabotage et d'assaut et où ils viendraient se réapprovisionner en munitions et en explosifs. Il faudrait donc trouver dans le voisinage un terrain favorable aux parachutages
C'est le bataillon du commandant Bourgoin, composé de 500 hommes appartenant au 2e régiment de Chasseurs parachutistes, qui est choisi pour exécuter les missions de sabotage et d'infiltration et préparer ainsi l'arrivée d'unités plus importantes.
Pour chacune des deux bases, un échelon précurseur fut constitué par deux groupes de neuf hommes commandés chacun par un officier. Ces groupes devaient partir la nuit même du débarquement dans deux avions différents et, en principe, être parachutés sur le même terrain
Chaque groupe comprenait trois radios équipés de deux émetteurs-récepteurs Midget et deux pigeons, d'un lourd Eurêka, appareil émetteur (grosse valise) destiné à guider vers la D.Z. du sol, en indiquant la lettre du terrain, l'avion muni de Rebecca, et d'un S Phone (30 kg), appareil émetteur récepteur portable à dos, permettant de communiquer avec l'avion lorsqu’ il est au-dessus du terrain ; chaque homme avait six jours de vivres.
Les chefs de ces détachements étaient, pour les Côtes-du-Nord, le lieutenant Deschamps (en premier) et le lieutenant Botella (en deuxième) et, pour le Morbihan, le lieutenant Marienne (en premier) et le lieutenant Deplante (en deuxième)
L'envoi de missions de sabotage (Cooney parties), au nombre de dix-huit, un peu partout dans les deux départements, le deuxième soir après le débarquement, devait constituer la deuxième phase.
Deux d'entre elles se composaient d'un officier, un sous-officier et trois hommes, les seize autres d'un officier ou sous-officier et deux hommes.
Les missions avaient dix jours, au maximum, pour opérer.
Elles devaient ensuite se rabattre sur les bases préparées par le détachement précurseur.
Des rendez-vous avaient été fixés en des points à proximité desquels, en principe, les bases devaient se trouver.
Ces rendez-vous s'appelaient Agamemnon et Béatrice pour les Côtes-du-Nord; Charlotte et Dudule pour le Morbihan. La rentrée des missions de sabotage était escomptée à partir de J 5.
Enfin, les deux bases étant prêtes, pendant que les Cooney parties exécuteraient leurs missions, les détachements précurseurs devaient équiper par parachutage les forces de résistance qu'ils auraient contactées et les patriotes qu'ils auraient recrutés, et recevoir, quand leur chef en ferait l'appel, le reste du bataillon qui partirait aussitôt « par petits groupes, dans un secteur déterminé, avec une mission de combat précise »
Le reste du bataillon devait être ainsi parachuté par groupes de dix hommes dans un délai de J 10.
Le détachement précurseur des Côtes-du-Nord est parachuté sans incident dans la nuit du 5 au 6 juin, entre en contact le lendemain avec la Résistance et établit la base Samwest.
Dans le Morbihan (14), les évènements ne se déroulent pas aussi favorablement.
Le groupe du lieutenant Marienne touche terre le 6 juin à 0 h 45 à l'endroit prévu, mais celui-ci se trouve à 800 mètres du poste d'observation allemand de Plumelec.
Du temps est perdu à la recherche d'un container et, au bout d'une demi-heure, la D.Z. est cernée par environ 150 ennemis, pour la plupart des Russes, alertés par la vigie de l'observatoire.
Un feu d'armes automatiques oblige Marienne et ses hommes à abandonner leurs bagages et à quitter le terrain.
Le caporal Bouëtard est tué, première victime française des combats de la Libération, les trois radios sont capturés avec les postes et les codes intacts.
L'agent en civil (capitaine André) qui devait servir de guide à Marienne et le sergent Raufast sont séparés de Marienne qui n'a plus que deux hommes avec lui.
Au même moment, Deplante et ses hommes sont parachutés à Lilleran, près de Guéhenno, avec une erreur de 12 kilomètres.
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 13:25
Marienne et Deplante (après avoir pris contact, chacun de son côté, avec des membres de la Résistance), se retrouvent dans le bois qui avait été choisi comme point de ralliement, le 7 juin, vers 9 h du matin, et décident de quitter cette région; guidés par le lieutenant F.F.I. Morizur, de Plumelec, ils se rendent, à une vingtaine de kilomètres de là, à la ferme de la Nouette.
Ils y retrouvent le capitaine André et le sergent Raufast qui sont arrivés la veille dans le courant de l'après-midi.
Dès ce moment, la Nouette devient le point de ralliement des parachutistes (base Dingson): non seulement ceux du Morbihan, mais aussi ceux des Côtes-du-Nord qui après la dispersion le12 juin de la base de Samwest, recevront l'ordre de s'y rendre.
Enfin, les hommes d'une dizaine de Cooney parties et plusieurs groupes venus de la forêt de Duault arriveront à la Nouette avant le 18 juin.
Les évènements ont démontré le manque absolu de coordination entre les Services de renseignements qui travaillent en France et en Angleterre, entre le B.C.R.A. et le commandement britannique.
Dans la matinée du 6 juin, plusieurs automobiles amènent à La Nouette tous les chefs de la Résistance locale et départementale, avec leurs radios.
Paysant, chef du B.O.A., s'installe à la ferme du Parc avec Irène, sa secrétaire, et toute son équipe radio qui dispose d'un matériel important, entre autres un Eurêka et un S. Phone.
Dès l'après-midi, les résistants de la région de Malestroit arrivent en grand nombre; une véritable foule se presse à La Nouette.
Le soir, il y a déjà une centaine d'hommes dans la ferme de la famille Pondard et dans les bois environnants.
Dés le lendemain, les chefs de groupe commencent l'instruction des hommes; les volontaires ne cessent d'arriver; il faut tuer des bêtes pour nourrir tout le monde; on installe un abattoir, une boucherie, une cuisine, une boulangerie, des groupes électrogènes pour charger les accumulateurs afin d'assurer l'éclairage et le fonctionnement des postes de radio, un atelier de cordonnerie, un atelier d'habillement, un atelier de réparation pour le parc automobile.
Lorsque Marienne au soir du 7 juin arrive à La Nouette, il est impressionné par l'importance des effectifs présents ou annoncés. Il envoie le lendemain, par radio, au commandant Bourgoin le message suivant:
Pierre 1. Indicatif 101 - Confirme message adressé par commandant F.F.I.
Confirme 10 compagnies faiblement armées sur 25 -Envoyer urgence tous officiers disponibles, troupes et matériels, en particulier Bren Gun - Votre présence ici indispensable. Urgence - Suis enthousiasmé par organisation et ses immenses possibilités - Le Q.G. Résistance affirme pouvoir aider d'ici Samwest - Charlotte et Dudule reconnus, seront fortement installés et défendus - Prévenez toutes les missions que ces rendez-vous se portent bien - Ai vu atterrir hier mission n°413 . Avons envoyé patrouille - Mission actuellement au Q.G. Sera renseignée et guidée sur son objectif. Confirme D.Z. 418 233 OK9. Convient également pour planeurs. Vous attendons nuit de D 3 à D 4. Serez guidé par Eurêka - Terrain balisé et défendu - Lettre de reconnaissance convenue - 50 camions 3 tonnes, 50 voitures tourisme disponibles. Avons grosses réserves vivres et cheptel sauf farine - Envoyez d'urgence essence, matériel sanitaire et uniformes avec, si possible, identité - Attendons confirmation de votre arrivée - Resterons un moment silencieux.
Signé : Pierre 1.
Ce message fut suivi d'un deuxième envoyé le 9 :
Pierre 1. Indicatif 101 - Confirme message adressé hier au commandant Bourgoin - Situation rétablie de prodigieuse façon malgré les mauvaises arrivées. Ai retrouvé Pierre II (Deplante et son stick) et Fernand (capitaine André. de son vrai nom André Hunter-Hue) - Ai pris contact avec Résistance - Suis au Q.G. Gros succès - 3500 hommes en formation régulière vous attendent - Votre présence ici indispensable. Vous donnerai peut-être détails dans journée - Confirme DL sera gardée par 500 hommes la nuit de votre arrivée - Confirmer - Urgence matériel et hommes.
Ces deux télégrammes résument la situation des forces du Morbihan à l'arrivée des premiers éléments parachutistes.
Le 9 après-midi, l'une des filles du fermier de la Nouette, Anna Pondard, est envoyée auprès du commandant Caro pour lui dire qu'il doit rejoindre le camp dans la nuit. Tous ses hommes seront rendus le 10 au petit jour pour assurer la garde du camp. A partir de ce moment, 500 hommes protègent le P.C. et le terrain de parachutage.
Le Commandement départemental des F.F.I. dispose d'une compagnie de transport, dirigée par le capitaine Mounier, de Ploërmel, président du syndicat des transporteurs et membre de l'état-major.
Le docteur Maheo organise le service sanitaire pour recevoir et soigner des blessés. Deux infirmeries sont installées, l'une dans le garage de Mme Salles la propriétaire de La Nouette, et l'autre dans le grenier de La Nouette, au-dessus de la cuisine de la famille Pondard.
Les bureaux de l'Etat-Major se sont installés un peu partout; quelques-uns sont dans les greniers.
De nombreuses secrétaires et dactylos travaillent toute la journée, d'autres jeunes filles travaillent à la confection de milliers de brassards, de drapeaux et de fanions.
Enfin, deux aumôniers sont à la Nouette depuis le 6 juin.
A la suite des deux télégrammes de Marienne, le commandant Bourgoin décide de se faire parachuter à Dingson, ainsi que le reste de son bataillon qui sera largué par groupes de dix hommes.
Il arrive dans la nuit du 9 au 10, en même temps qu'une cinquantaine d'hommes et avec une cinquantaine de containers pleins d'armes; il est surpris par l'atmosphère de kermesse (L'expression est du colonel Bourgoin) qui règne à La Nouette; il y a des lumières de tous côtés; des patriotes vont et viennent fébrilement dans les tenues les plus étonnantes.
Tous les civils du voisinage ont assisté au parachutage. Il y a du monde partout, dans les appartements, les hangars, les écuries, dans les champs, dans les bois.
Une exaltation extraordinaire s'est emparée des F.F.I. à la vue de ces hommes qui tombent du ciel pour les armer et les encadrer, qui ne parlent que de se battre pour contribuer à la libération du sol national dont la guerre les a éloignés depuis plusieurs années.
Les parachutistes jouissent d'un énorme prestige, parce qu'ils viennent d'Angleterre, parce qu'ils se sont déjà battus contre les Allemands en Libye, mais aussi parce que leur présence donne la certitude que des armes vont arriver en masse.
Au cours des nuits suivantes d'autres parachutistes suivront, il finira par y en avoir plus de 150.
A la demande du commandant Bourgoin, Morice invite les bataillons F.F.I. à rallier. La Nouette que l’on commence d’ailleurs à appeler le camp de Saint-Marcel, par petits détachements pour les faire armer.
Chaque nuit, hormis celles du 11 et du 15 Juin où le temps ne le permit pas, des avions Stirling larguent vingt-huit containers par appareil.
Le 13 juin, vingt-cinq avions larguent environ 700 containers et colis, ainsi que le lieutenant-colonel Willk (Fonction)
C'est le plus important parachutage de la France occupée . Au total, 3000 à 4000 hommes ont été armés à Saint-Marcel. L'armement reçu était anglais et comportait des pistolets, des mitraillettes, des carabines, des fusils, des fusils-mitrailleurs, des engins antichars, des mines, des grenades.
Le 17 juin arrive le stick du lieutenant de la Grandière, avec quatre jeeps, spécialement aménagées, elles n'avaient ni pare-brise ni capote. Le siège arrière était supprimé pour donner de la place au mitrailleur servant une Vickers montée sur pivot mobile.
A l'avant, à côté du chauffeur, un jumelage de deux Vickers sur axe mobile représentait une puissance de feu de 3200 coups à la minute. Malheureusement, le container où étaient les mitrailleuses destinées aux jeeps s'écrasa, parachute en torche et les douze mitrailleuses furent détruites. Une seule sera reconstituée.
Dans le chemin où étaient amenés tous les containers régnait une activité fébrile; des paysans de la région avaient été réquisitionnés avec leurs charrettes pour amener les containers. Les armes et les munitions étaient enlevées par des équipes composées de parachutistes et de membres des F.F.I.
Il arrivait aussi de l'habillement et des chaussures, ainsi que des conserves. Elles étaient entreposées dans un grenier tandis que l'habillement était rangé dans la cave de Mme Salles.
Tous les jours c'était un défilé d'unités FFI. venant au camp se faire armer; elles arrivaient en groupes parfois très nombreux (jusqu'à plusieurs centaines d'hommes), allaient passer une visite d'incorporation sommaire, recevaient leurs armes et un brassard FFI.
On les dirigeait ensuite sur la limite du camp, des parachutistes se mêlaient à eux pour leur montrer où il fallait placer les armes automatiques et leur apprendre rapidement le maniement des armes nouvelles, puis ils repartaient vers leur maquis d'origine au cours de l'une des nuits suivantes.
Le ravitaillement de cette concentration d'hommes nécessitait un énorme travail (il y eut parfois jusqu'à 2000 hommes à nourrir). Sept ou huit boulangers chauffaient quatre fours du matin au soir; le caviste distribuait cinq ou six barriques de cidre par jour et au moins une barrique de vin. Il n'y avait pas une goutte d'eau à la ferme et il fallait aller chercher quotidiennement de quinze à vingt barriques d'eau.
Dans les derniers jours on dut aller très loin. Cette corvée était assurée par des prisonniers civils sous la garde de F.F.I. en armes.
Des paysans des environs se succédaient tout au long de la journée, amenant au camp du bétail, du cidre, des légumes, trois hommes allaient chercher de l'épicerie et du vin fourni par un négociant de Malestroit
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 13:29
Le camp prenait de l'extension. Dans la nuit du 13 au 14 juin, le 2e Bataillon F.F.I. ,de la région d'Auray, arrive après s'être fait durement accrocher par des forces ennemies dans les bois de Saint-Bily , les 900 hommes du commandant Le Garrec ne doivent rester que trois jours mais ils séjourneront plus longtemps au camp en raison du mauvais temps qui ne permet pas de recevoir toutes les armes attendues.
Au 16 juin, les premiers postes sont rendus auprès du bourg de Saint-Marcel, toutes les fermes environnantes sont englobées; la superficie occupée est d'environ 500 hectares.
Nous en sommes donc là au matin du 18 juin. Et les Allemands ?
Ils ne soupçonnèrent sans doute pas l'existence d'un centre mobilisateur de cette ampleur.
Ils crurent au déclenchement d'opérations limitées, à des sabotages et à des actions dispersées de guérilla.
Après le débarquement, ils ne cherchèrent pas tout de suite à gêner le mouvement des volontaires qui quittaient leur domicile pour se rendre aux lieux de rassemblement des bataillons F.F.I.
Ils se préoccupèrent surtout d'acheminer leurs réserves sur la Normandie
L'acheminement de ces troupes fut sérieusement entravé surtout à partir du 8 juin, date à laquelle les dix-huit missions SAS. de sabotage vinrent ajouter leur action à celle des F.F.I et, à partir du 9 juin, les Allemands lancèrent les « unités de l'Est » (six régiments de Russes blancs, d'Ukrainiens et de Géorgiens) à la recherche des « terroristes » et des parachutistes.
L'établissement d'une base aussi importante que celle de Saint-Marcel ne pouvait passer inaperçu. Les allées et venues des ravitailleurs devaient attirer l'attention; d'autre part, les hommes qui se rendaient à Saint-Marcel ne prenaient pas toujours la précaution de se déplacer de nuit.
Le bataillon Le Garrec, au moment de sa concentration dans le bois de Saint-Bily, fut surpris par une formation de Russes blancs. Les Allemands, qui avaient constaté dans de nombreux bourgs la disparition de tous les jeunes gens, ne pouvaient ignorer que ceux-ci se rassemblaient par centaines dans des bois écartés.
Divers incidents (échanges de coups de feu, soldats allemands abattus) ainsi que les nombreux sabotages effectués sur les voies ferrées après le 6 juin par les missions parachutées révélaient une organisation complexe.
Les multiples opérations effectuées sur le terrain Baleine à proximité de la Nouette, à partir du 9 juin, ont évidemment été remarquées malgré le temps couvert.
Les avions parachuteurs n'ont pas rempli leur mission sans être repérés par les postes de guet allemands, en particulier par celui du château de la Villeneuve, situé à moins de 5 kilomètres au sud de la Nouette, et surtout par celui du moulin de la Grée-en-Plumelec, situé sur une éminence, à 14 kilomètres à l'ouest. Le 16 et le 17 juin, les projecteurs de l'aérodrome de Meucon ont éclairé les avions qui larguaient les S.A.S. et des containers.
Dans la nuit du 17 au 18 juin, cinq pilotes voyant des lumières et croyant qu'il s'agissait du balisage de la D.Z. déversèrent 120 containers sur la gare du Roc-Saint-André (à 6 kilomètres au nord) Or, elle était éclairée pour l'embarquement d'un régiment de la Wehrmacht
Naturellement, les Allemands saisirent les containers et comprirent qu'une importante concentration de «terroristes» devait exister dans les environs Ils décidèrent de patrouiller la région.
Le commandant Bourgoin et l'Etat-Major sont parfaitement conscients que la base va être repérée tôt ou tard. Ils attendent avec impatience l'ordre d'intensifier la guérilla et de marcher au-devant des troupes alliées pour leur servir de guides.
Dans la nuit du 17 au 18 juin, ils sont informés par radio que le Commandement interallié a décidé d'ajourner le projet de débarquement entre Port-Navalo (à l'entrée du golfe du Morbihan) et l'estuaire de la Vilaine.
Le général Mac Leod envoie le message «Eviter à tout prix bataille rangée. Stop. Continuer guérilla à outrance et armement F.F.I. »
La dispersion des unités est décidée, mais il est trop tard.
Le 18 juin, à 4 h 30 (heure solaire), deux voitures de la Feldgendarmerie de Ploérmel s'avancent sur la route de Saint-Marcel à l'Abbaye; leurs occupants veulent sans doute se rendre compte de ce qui se passe dans cette région.
Le premier poste F.F.I. ouvre le feu, la première voiture franchit le barrage tandis que la deuxième est détruite par un obus de P.I.AT tiré par un parachutiste.
La première voiture est arrêtée un peu plus loin, à la hauteur du château des Hardys-Béhélec et un bref combat s'engage entre ses occupants et les FFI
Des huit feldgendarmes, trois sont tués, un est blessé et trois sont faits prisonniers, un seul s'échappe et va donner l'alarme Le service de santé, alerté, fait enlever les victimes et le camp se prépare à soutenir une attaque qui ne peut manquer de se produire au cours des prochaines heures.
Le camp est défendu par environ 2400 hommes.
a) A l'ouest, au nord et au nord-est, le bataillon Caro, avec 1200 hommes bien armés
b) Au sud-est et au sud, le bataillon Le Garrec (750 hommes)
La 3e Compagnie, recrutée en grande partie parmi les cheminots d'Auray, a pris position depuis deux jours à l'est et au sud du château des Hardys, couvrant la route de Saint-Marcel, et la 1re Compagnie, plus à l'ouest, jusqu'à 500 mètres à l'est de l'Abbaye. Enfin, la 2e Compagnie s'est installée dans un chemin creux au nord de la 3e.
c) Des formations du bataillon de Rochefort-en-Terre en cours de formation: la compagnie de Rochefort-en-Terre (173 hommes) et le groupe F.F.I. de La Gacilly, Peillac, Saint-Martin-sur-Oust, Les Fougerets (57 hommes), plus une section de la compagnie F.T.P. de Guer, qui s'est rattachée aux F.F.I. après avoir été coupée du Comité militaire régional des F.T.P.
d) Environ 140 parachutistes sont présents au camp. Sous les ordres du capitaine Larralde, le gros d'entre eux assure la liaison entre le bataillon Caro et le bataillon Le Garrec ; les autres sont répartis parmi les F.F.I.
e) Enfin les quatre jeeps forment une petite unité mobile à grande puissance de feu.
La garnison allemande de Malestroit est alertée vers 6 h 30. Elle comprend un bataillon de la Wehrmacht, d'un effectif de 500 hommes Deux compagnies sont mises sur pied pour l'attaque du camp.
Un plan, retrouvé quelques jours plus tard par le curé de Saint-Marcel, montre ce que les Allemands connaissaient du camp: ils le plaçaient au nord de la route de Saint-Marcel à l'Abbaye, entre les villages des Hardys et la ferme de la Nouette.
Les Allemands arrivent à 8 h 15 au bourg de Saint-Marcel. Un jeune cultivateur se rend immédiatement aux Hardys-Béhélec pour prévenir le commandant du bataillon d'Auray qui alerte les troupes situées de part et d'autre de la route de Saint-Marcel à l'Abbaye.
Il semble en effet que l'effort allemand va se produire sur cet axe puisque c'est là qu'a eu lieu le bref engagement du lever du jour.
1re attaque. - Pendant ce temps, les Allemands se déploient. Leur axe d'attaque est dirigé vers le Nord-Ouest (de Saint-Marcel vers le Bois-Joly).
Le front est de 500 mètres environ; la première vague a l'effectif d'une compagnie (200 hommes). Profitant de la protection que leur assurent les haies et les chemins creux, les groupes ennemis progressent sans être vus.
L'un d'eux, suivant le chemin qui part du calvaire de Saint-Marcel vers les Grands-Hardys, réussit à atteindre le poste situé à 100 mètres au sud de la ferme du Bois-Joly.
Une rapide fusillade tue à bout portant les cinq FFI. du poste et la bergère de la ferme qui gardait ses vaches dans la prairie voisine.
Il y a eu surprise, mais l'alerte est donnée; entre Sainte-Geneviève et la route tout le monde est à son poste. Il est 9 heures.
Les premières patrouilles allemandes arrivent isolées, en file indienne, croyant n'avoir affaire qu'à un petit groupe de maquisards.
Les armes automatiques françaises ouvrent le feu dans toutes les directions; tous les itinéraires sont battus, tous les couverts pris à partie.
Les Allemands, entreprennent alors de poursuivre leur progression dans les champs de blé et ils se couvrent par des grenades fumigènes. Vers 9 h 30, ils atteignent la ferme du Bois-Joly.
Une contre-attaque les rejette de la ferme dans les terrains découverts balayés par les fusils-mitrailleurs
Les Allemands subissent de très fortes pertes et ils doivent se replier en direction de Saint-Marcel vers 9 h 45
Cette première action, qui a duré environ trois quarts d'heure, a engagé la 2e Compagnie du bataillon Le Garrec, deux sections du bataillon Caro, une section de parachutistes
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 13:35
2e attaque. - A 10 h, les Allemands attaquent de nouveau à peu près dans la même direction, mais en faisant porter le principal de leur effort vers le nord du Bois-Joly et Sainte-Geneviève, qu'ils croient être le P.C.; leur effectif représente au moins le double de celui de la première action, soit deux compagnies
Au cours de cette deuxième phase, les Allemands utilisent des mortiers qui prennent à partie les lisières des bois de Sainte-Geneviève d'où partent les rafales françaises les plus nourries
La bataille dure jusqu'à midi Les armes automatiques (un F.M. tous les dix mètres) arrêtent les Allemands qui sont tués en grand nombre dans les champs de blé et les prairies au sud de Sainte-Geneviève. De nombreux blessés sont dirigés sur Saint-Marcel d'où ils sont évacués.
Du côté français, il y a aussi des pertes.
Les blessés reçoivent les premiers soins au château de Sainte-Geneviève.
Les jeeps des parachutistes, par les chemins creux, les évacuent ensuite vers le poste de secours du camp. On attendra la nuit pour les transporter ailleurs.
. Au poste de commandement de la Nouette, on se préoccupe de constituer des réserves en vue d'une contre-attaque pour le cas où les troupes en ligne devraient se replier.
Ces réserves, de la valeur d'une compagnie, prélevées sur le bataillon Caro et renforcées par des parachutistes, sont disposées au centre de la zone d'action de l'ennemi, dans les bois à 400 mètres au nord du Bois-Joly.
Vers midi, le commandant Bourgoin demande des ordres et des secours aériens. Des officiers préviennent les fermiers de la Nouette et les autres civils qu'ils doivent évacuer le plus vite possible.
A ce moment se produit une légère accalmie, mais le combat ne cesse pas. Les Allemands restent sur place et tirent sur tout homme qui se fait voir .
3e attaque. - A 14 h, les Allemands reprennent et étendent leur attaque.
Elle déborde nettement au Nord, le château de Sainte-Geneviève et intéresse au Sud la région du château des Hardys-Béhélec, le front s'étend sur plus de 2500 mètres.
Alors que, dans la matinée n'avaient été engagées que des troupes allemandes, les renforts reçus au début de l'après-midi comprennent à la fois des parachutistes allemands de la division Kreta, venus de Josselin, des Géorgiens et un groupement tactique de la 2758 Division d'infanterie
Les Géorgiens attaquent, au nord-est du dispositif français, la compagnie de parachutistes du capitaine Larralde. Ils avancent dans les taillis et les couverts à l'est de Sainte-Geneviève. Le combat se déroule à la grenade Les parachutistes tiennent mais les bois sont en feu.
Vers 14 h 30, les servants de deux F.M. ayant été tués à leur poste, la défense est démantelée à hauteur du château de Sainte-Geneviève, les Géorgiens se jettent dans la brèche et arrivent jusqu'au château. Des armes automatiques arrêtent leur avance. Le combat se stabilise dans ce secteur jusqu'à 19 h.
Au centre, l'attaque allemande en direction du Bois-Joly est vigoureuse; à 17 h 30, elle devient irrésistible; la ferme est prise; les lignes françaises sont reportées en lisière des bois, à 300 mètres en arrière.
Au sud de la route de l'Abbaye, le calme a été relatif une partie de la matinée; les Allemands n'ont pris, avant midi, qu'un contact assez lâche entre le château des Hardys-Béhélec et le bourg de Saint-Marcel. L'après-midi, l'attaque s'étend à ce secteur où les Allemands essaient de progresser vers l'Ouest; ils sont contenus mais, vers 16 h, ils accentuent leur pression, soutenus par des mortiers.
L'aviation alliée est intervenue vers 15 h 30. Il faut souligner à ce propos la perfection de l'organisation militaire britannique. La demande de secours du commandant Bourgoin adressée au général du S.A.S. avait été, selon la filière normale, transmise ensuite au 1st Airborne Troops et, de là, à l'état-major des opérations combinées, puis au Bombing Command … or, les avions prirent l'air soixante-dix minutes après que l'appel eût été lancé.
C'était un «squadron» de chasseurs bombardiers; pendant près d'une heure ils mitraillèrent et attaquèrent à la bombe les rassemblements ennemis et les colonnes qui arrivaient de divers côtés, ainsi que le clocher de Saint-Marcel où des snipers furent réduits au silence, et les observatoires de la Villeneuve-en-Bohal et de Plumelec.
Dans le bourg de Saint-Marcel, les Allemands, se cachèrent un peu partout. Les gens qu'ils avaient arrêtés en profitèrent pour s'échapper.
Mais une fois les avions partis, la bataille reprit avec acharnement.
La contre-attaque. - A 19 h, une violente contre attaque venant de la direction du Nord-Est est déclenchée sur le flanc de l'ennemi.
Elle progresse malgré les difficultés du terrain et les réactions allemandes. La région même du château de Sainte-Geneviève est reprise, mais l'ennemi s'est accroché au centre du dispositif et il est impossible de reprendre le Bois-Joly.
A 20 h, l'action allemande commence à s'étendre; non seulement toute la face est du camp subit sa pression, mais le combat gagne le sud où deux attaques se développent, l'une en direction du château des Hardys-Béhélec, l'autre vers l'Abbaye.
Le bataillon Le Garrec, déjà fortement attaqué à l'Est, entre les Hardys-Béhélec et le Bois-Joly, doit faire face à cette nouvelle action venue du Sud.
Des troupes allemandes venues du camp de Coëtquidan ont été débarquées vers 18 h sur la route nationale 776.
L'attaque de ces troupes fraîches est d'une extrême brutalité; malgré de lourdes pertes, elle progresse.
Les balles incendiaires mettent le feu au bois en arrière des défenseurs, ce qui rend difficile les liaisons entre la première ligne et le P.C.
Les F.F.I. et les paras contiennent partout l'ennemi; mais, après 21 h, la pression de celui-ci continue à s'accentuer.
C'est ainsi que, à 21 h 45, une mitrailleuse allemande réussira à prendre position près du P.C. de la 3e Compagnie et balaiera de son feu l'allée centrale du parc des Hardys-Béhélec.
De son côté, le bataillon Caro subit vers 20 h une dure attaque, que ses troupes fraîches repoussent par un feu nourri d'armes automatiques.
Vers 20 h également, le P.C. de la Nouette apprend que sur tous les itinéraires des camions amènent des renforts allemands; le secteur nord, resté calme, semble devoir s'agiter à bref délai car les postes avancés voient au sud de Saint-Abraham des rassemblements de troupes ennemies.
Le décrochage. - Vers 19 h, il était devenu évident que l'ennemi était en force et qu'on ne pourrait tenir plus longtemps sans épuiser complètement les munitions, dont la consommation avait été très forte, surtout pour les F.M.
L'acharnement des Allemands permet maintenant de prévoir que, le lendemain, l'attaque reprendra dès le point du jour, appuyée par de l'artillerie qui commence à se faire entendre et peut-être par des blindés.
Le commandant Bourgoin et le colonel Chenailler décident de disperser la base.
Celle-ci n'a pas été encerclée et il est encore possible de décrocher dans de bonnes conditions. Ils ne font d'ailleurs là que se conformer aux ordres reçus de Londres juste avant la bataille: les maquisards et les parachutistes vont se limiter à une action de sabotage et de guérilla et éviter désormais tout rassemblement important.
Le décrochage commence, vers 22 h, par le départ du convoi automobile, qui emmène l'Etat-Major et se prolonge pendant une bonne partie de la nuit.
Deux compagnies du bataillon Le Garrec, durement accrochées, ne peuvent commencer leur mouvement qu'à 23 h.
Une compagnie encadrée par des parachutistes reste en protection pendant que plus de 2000 hommes, une vingtaine de camions et quatre ambulances disparaissent dans la nuit.
Elle réussit à se replier à son tour sans dommage à minuit; les F.F.I.regagnent leurs maquis d'origine sans rencontrer d'opposition sérieuse, mais il faut abandonner une grosse quantité de matériel.
Le capitaine Puech Samson, qui commande la compagnie de protection, quoique blessé à la cuisse au cours de la bataille, met lui-même le feu à la charge qui fait sauter trois tonnes d'explosifs et de munitions reçus au cours des nuits précédentes.
Lorsque des fonctionnaires seront envoyés par le préfet, le 7 juillet, pour étudier sur place des mesures tendant à préserver les récoltes des paysans sinistrés, ils verront près de la Nouette un important matériel : « grenades, mitrailleuses, fusils-mitrailleurs, etc… des kilomètres de cordons à combustion lente en rouleaux et un tas de fusils anglais, brûlés et dont il ne reste que les canons, de 2,50 mètres à 3 mètres de haut sur 6 ou 7 mètres de long » (Note pour le préfet, le 7 juillet 1944).
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 13:42
Bilan
Au cours de la journée, une trentaine (Un chiffre de 42, est habituellement indiqué, mais il inclut les non-combattants tués par les Allemands et des F.F.I. ou des parachutistes tués dans le voisinage au cours des jours suivants.) de Français avaient été tués au cours des combats, dont six parachutistes; environ soixante avaient été blessés et une quinzaine faits prisonniers.
Les blessés furent évacués au cours de la nuit et dispersés dans des fermes, Ceux qui avaient besoin de soins chirurgicaux purent être opérés et soignés clandestinement,
Les pertes allemandes furent beaucoup plus élevées, Les assaillants avaient sous-estimé l'importance des effectifs français et leur capacité de défense.
Ils avaient été, surtout au cours de la première et de la deuxième attaques, fauchés dans les champs de blé par les fusils-mitrailleurs bien placés et protégés.
Les parachutistes avaient fait de nombreuses victimes, en particulier le lieutenant Marienne qui, utilisant l'unique jeep pourvue de mitrailleuse, avait tué une quarantaine d'Allemands.
On dit souvent que 560 Allemands périrent à Saint-Marcel; ce chiffre non vérifié, par manque de documents est probablement exagéré (environ 300 d'après le capitaine Fay).*
Les habitants de Malestroit se souviennent d'avoir vu passer des camions de cadavres ; ceux-ci auraient été incinérés dans un four crématoire de campagne installé près du château de Josselin.
Les Français relâchèrent leurs prisonniers; ceux-ci avaient pu connaitre les noms des chefs des F.F.I. et des parachutistes, ce qui conduisit les Allemands à traquer Chenailler et Bourgoin avec acharnement.
Mais ils avaient aussi constaté que les troupes qui les combattaient «n'étaient pas des terroristes mais une armée hiérarchisée et bien tenue» d’après le rapport de la Feldgendarmerie de Ploérmel
* A noter que les allemands font état de 20 tués seulement et de nombreux blessés.
. Répression
Le 19 juin au matin, l'artillerie des Allemands tire sur la Nouette, mais ils doivent constater que les troupes qui les ont tenus en échec la veille ont disparu.
Ils se vengent en assassinant les blessés qu'ils découvrent dans les environs.
A la suite de ces massacres, le commandant Bourgoin adresse un message au général Kœnig demandant que l'armée française d'Italie en soit informée et le commandant des F.F.I., de son côté, fait savoir au commandement allemand que tous les officiers, sous-officiers et soldats de l'armée allemande qui tomberont entre ses mains subiront le sort infligé à ses soldats.
Les Allemands organisent une chasse sans merci contre les terroristes; ils lancent dans la campagne le 261e Escadron de cavalerie ukrainienne et le 708e Bataillon d'infanterie géorgienne, par groupes d'environ 80 hommes, d'une très grande mobilité, qui fouilleront sans cesse les villages et les bois, terrorisant la population, arrêtant ou massacrant les isolés ou les petits groupes surpris avant d'avoir pu fuir ou organiser leur défense.
Dès le 21 juin, la Feldkommandantur de Vannes fait remettre à la presse un avis (paru dans les journaux le 23) annonçant que « les patrouilles tireront à vue sur les personnes qui, en abandonnant la route à l'approche d'Allemands, se rendront suspectes par leur fuite ".
La Wehrmacht se venge en brûlant, le 25 juin, les châteaux de Sainte-Geneviève et des Hardys-Béhélec; puis, le 27, ce qui reste des fermes et le bourg de Saint-Marcel où ne sont épargnés que l'église, le presbytère et les écoles.
En conclusion
Au cours de la bataille de Saint-Marcel, qui se termina avant que les Allemands aient pu effectuer des tirs de blindés ou d'artillerie de campagne, les Français ont été supérieurs en nombre pendant toute la matinée.
Les Allemands ont découvert avec surprise, sur les arrières des champs de bataille de Normandie, l'existence de forces bien armées, bien encadrées, dotées même de quelques moyens mécaniques, qui leur ont infligé des pertes sérieuses et qu'ils n'ont pas réussi à battre.
Ils ont pu constater que ces forces étaient en relation permanente avec l'Etat-Major allié puisqu'elles ont fait intervenir l'aviation alliée dans le combat.
Ils vont craindre d'autant plus cette armée clandestine qu'ils en ignorent les effectifs.
Malgré leurs recherches ils ne vont plus la retrouver qu'en éléments dispersés.
Il leur sera impossible de la détruire, puisqu'elle refusera désormais toute bataille rangée et, à partir de ce moment, les Allemands auront peur des combattants de l'intérieur.
Quant aux Alliés, la leçon qu'enseignait la bataille de Saint-Marcel était simple: la lutte armée clandestine ne pouvait être organisée à partir d'une base permanente.
La notion même de maquis mobilisateur procédait d'une méconnaissance grave des conditions dans lesquelles se trouvait la Résistance.
La plus sûre méthode pour gêner l'ennemi sur ses arrières, c'était de couper les voies ferrées, les routes, les lignes souterraines à grande distance, c'était l'action de guérilla menée par des partisans bien armés et connaissant parfaitement le pays. C'était aussi la méthode la moins coûteuse en hommes.
Dans le rapport qu'il présenta à son retour de Saint-Marcel au général Mac Leod, dans les premiers jours de juillet, le capitaine Leblond insistait sur la nécessité «d'éviter à tout prix les rassemblements et les actions de masse" et recommandait de faire de la guérilla et du sabotage avec l'effectif d'une section au maximum.
Deux jours après la bataille, le 20 juin, quelques heures avant d'être tué à l'ennemi, le lieutenant S.A.S. vicomte Roger de la Grandière expliquait à ses camarades combien l'emploi de parachutistes soit par grandes unités soit en mission de combat était une erreur.
Les S.A.S., ainsi que le fait remarquer Corta dans « Les bérets rouges » : «ne ressemblaient pas aux unités parachutées en Normandie qui disposaient d'armement lourd amené en planeurs; leur force était leur mobilité, leur dispersion sur une vaste étendue, les manœuvres par petits groupes indépendants qui permettent d'attaquer des objectifs de toute sorte pour une courte durée et avec surprise et rapidité ".
Les S.A.S. qui atterrirent sur le sol breton au début de juin étaient d'ailleurs bien persuadés que leur mission serait de courte durée.
On la leur avait présentée comme telle et ils croyaient qu'après le regroupement des missions de sabotage ils mèneraient, conjointement avec les patriotes de l'intérieur, une action de guérilla pendant une quinzaine de jours, puis seraient rejoints par l'avance des armées alliées et serviraient de guides à celles-ci; après quoi ils seraient parachutés dans une autre région pour une mission du même ordre.
Or, les troupes américaines ne purent pénétrer en Bretagne qu'au début du mois d'août.
Cas de figure que l’on retrouvera de nombreuse fois (Arnehm, Dien etc) ou l’on es toujours prompts à parachuter des hommes …quant à les récupérer…
En fait, il est remarquable de constater qu'en leur donnant mission de constituer une base d'où ils rayonneraient pour opérer les sabotages ou mener des actions de guérilla et où ils viendraient se réapprovisionner en munitions et en explosifs, le Commandement allié ait, en somme, commis la même erreur que le Cornac qui, en accord avec les autorités françaises de Londres, avait donné à l'Etat-Major départemental des F.F.I. l'ordre d'organiser à la Nouette un centre mobilisateur.
La pensée politique n’est pas loin, il faut se créer des troupes pour être l’armée de libération et se mettre en place dans la course au pouvoir…
Il es à noter que tout ne se passera pas aussi bien avec les « combattants de la résistance » L e lieutenant Edgard Thomé, le libérateur de Landerneau, aura plusieurs altercations avec eux et devra les « mettre au pas »…
La dispersion de la base de Saint-Marcel (en code Dingson), survenant après celle de la base Samwest, dans les Côtes-du-Nord, amena les Alliés à renoncer au système des DZ permanentes.
Vers le 25 juin, au camp de Ty-Glas, dans le centre de la Bretagne, au cours d'une entrevue entre le lieutenant SAS Deplante, le subdivisionnaire F.F.I pour la région M 2, Kuntz (alias Thierry), son adjoint Le Hyaric (alias Pierre) (tous deux FTP) et le major anglais Smith, qui avait l'oreille du haut Commandement, il fut convenu qu'on effectuerait désormais les parachutages dans le plus grand nombre d'endroits possible, pour que l'armement fût largué dans le voisinage même de chaque unité du maquis.
Enfin, le combat de Saint-Marcel eut un énorme retentissement dans le Morbihan occupé parce que c'était la première fois que l'occupant était tenu en échec Les jeunes combattants des F.F.I., qui, pour la plupart, y avaient reçu le baptême du feu, s'y étaient dans l'ensemble très bien comportés, entraînés par le courage de leurs chefs et par l'expérience des parachutistes.
Parmi ceux-ci, le lieutenant Marienne surtout s'était révélé un extraordinaire entraîneur d'hommes, Une véritable légende se forma autour des épisodes de cette journée; les hommes du maquis savaient désormais que, le moment venu, bien armés, ils pourraient vaincre l'Allemand ...
Sources et bibliographie :
Corta - Les bérets rouges, 1952.
Fahrmbacher und Matthiae - Lorient, Entstehung und Verteidigung des Marine, Stützpunktes, 1940-1945; 1956
Paulin . La rage au cœur, Dijon, 1948
Commandant Wauquier - La Libération de la Bretagne, Revue historique de l'Armée, 1952
Paul Bonnecarrère - Qui ose vaincra, 1971
Un peu ardu et difficile à lire je vous l'accorde, et il y aurait encore tant à dire sur ces combats , méconnus et confus...
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 13:45
Saint-Marcel, dans les Landes de Lanvaux, dans le Morbihan en Bretagne a abrité le plus grand maquis breton, où s'est déroulé le 18 Juin 1944, un combat mémorable de l'histoire de la France et de la Bretagne. Avant même le débarquement en Normandie, les parachutistes de la France Libre étaient largués sur la Bretagne, et dans les jours qui suivirent à Saint-Marcel où se rassemblaient 2500 Bretons.
Le Musée de la Résistance Bretonne retrace la Résistance bretonne et plus particulièrement le Maquis de Saint-Marcel. Deux salles du Musée sont également dédiées aux parachutistes de La France Libre. Les historiens de la Seconde Guerre mondiale reconnaissent Saint-Marcel comme l'un des cinq plus grands maquis mobilisateurs de France. Construit sur les lieux mêmes des combats, dans un parc boisé de 6 hectares, le musée de la Résistance bretonne de Saint-Marcel perpétue le souvenir de cette armée de l'ombre qui avait refusé le joug de l'occupant nazi. Les nombreuses collections présentées dans les six salles sont, pour certaines, uniques en France et complétées par de nombreux audiovisuels et maquettes explicatives. Le Musée est géré par un Syndicat Intercommunal à vocation unique, associant les deux communes de Saint-Marcel et Malestroit.
Source: TV Quiberon (26 juin 2014)
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 14:10
Un type de largage inventé pour le largage de jeeps SAS...
La DZ où tout s'est bien passé.
Le fameux WACO. renommé HADRIAN par les britanniques.
Un type de vol mouvementé, qui se déroulait très près du sol...
Peu de possibilités à l'époque, à cause du bocage pour poser 10 planeurs... Un seul champ assez long !
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 14:29
Dès le lendemain, prises de photos en tenues du dimanche à Coet Quintin.
Même chose, avec encore plus de monde à Kerhouarn ! Même le prêtre est présent sur le planeur...
La Famille Le Ny, qui a recueilli un des pilotes blessé, Hugh MARTIN, à droite dans les années 90. À gauche, Achille MULLER au même endroit en 2016.
La fameuse photo de la "libération" de Vannes. Achille MULLER au volant, conduisant le 'Manchot" !
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 14:35
Le 23 octobre 1943 à Sherburn-in-Elmet, un groupe de parachutistes SAS Français libres commandé par le lieutenant Pierre Marienne, qui avaient été désignés pour tester matériels et techniques de saut, battent le record du monde de vitesse en saut groupé.
Les 20 paras quittent le C-47 en 7 secondes et 5 dixièmes.
Ce record tient toujours.
Dernière édition par GOMER le Jeu Juin 22 2023, 15:07, édité 1 fois
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 14:43
L'envoi de missions de sabotage (Cooney parties), au nombre de dix-huit, un peu partout dans les deux départements, le deuxième soir après le débarquement, devait constituer la deuxième phase.
Ci-après, la liste des "Cooney" et de leurs participants et de leurs missions :
Opération Dingson - Le combat de Saint Marcel
Conformément au deuxième temps de l’Ordre d’Opération N°9 du Général MAC LEOD commandant la Brigade SAS, 18 sticks de SAS français sont parachutés dans la nuit du 7 au 8 juin, une fois le contact établi avec les missions SUNFLOWER I et SUNFLOWER II.
Les équipes sont composées de 3 à 5 parachutistes et sont désignés par un nom de code allant de Cooney 401 à Cooney 418. Leurs zones de parachutage s’étendent dans toute la moitié est de la Bretagne, de Guingamp à Châteaubriant et de Baud à Dinan.
Chaque stick a un objectif principal à saboter (voie ferroviaire) et plusieurs objectifs secondaires à traiter (moyens de communication utilisés par l’armée allemande par exemple).
Une fois leur mission accomplie, les SAS ont pour ordre de rejoindre une des bases établies par les missions SUNFLOWER, à savoir DINGSON dans le Morbihan ou SAMWEST dans les Côtes-du-Nord, en fonction de la proximité de celles-ci.
Leurs seuls moyens de communiquer avec l’état-major de la Brigade SAS sont un récepteur type "MCR-1" et 2 pigeons voyageurs !!
Les 18 missions COONEY PARTIES furent une totale réussite pour ce qui est du traitement des objectifs principaux sur les voies ferrées bretonnes.
Liste des 18 Cooney Parties :
PIERRE 401 : Ltn Viaud Jean, Carro Roger, Goardon Yves – Voie ferrée entre St Brieuc et Guingamp
PIERRE 402 : Sgt Roquemaure Jean, Desmoulins Pierre, Perrachon Louis - Voie ferrée entre Lamballe et Causnes
PIERRE 403 : Asp Fauquet Philippe, Bidault René, Fadda Pascal - Voie ferrée entre Lamballe et Dinan
PIERRE 404 : SLt Appriou Jean, Cerillo Julio, Le Duizet Auguste - Voie ferrée entre La Bohinière et Dinan
PIERRE 405 : Sgt Carré Jacques, Héritier François, Thomas Jean - Voie ferrée entre La Bohinière et Rennes
PIERRE 406 : SLt Varnier André, Aubert Pierre, Guyon Raymond, Kieffer Guy, Materne Pierre - Voie ferrée entre Messac et Rennes
PIERRE 407 : SLt de Camaret Michel, SLt Cochin Denys, Collobert Joseph, Détroit Jacques, Nunès Achille - Voie ferrée (tunnel) entre Messac et Redon
PIERRE 408 : Ltn Tisné François, Bernard Robert, Pérlès Max - Voie ferrée entre Redon et Chateaubriand
PIERRE 409 : SCh Nicol Francis, Courant Georges, Lifsniack Félix - Voie ferrée entre Redon et Pont Château
PIERRE 410 : Ltn Mairet Louis, Bourrec Pierre, Tauzin Félix - Voie ferrée entre Redon et Questembert
PIERRE 411 : SLt de Kerillis Alain, Morizur Ambroise, Terrisse René - Voie ferrée entre Questembert et Vannes
PIERRE 412 : Slt Brès Michel, Briand Georges, Plat Jean-Jacques - Voie ferrée entre Ploërmel et Messac
PIERRE 413 : Sgt Mendès-Caldas Jacques, Harbinson Frédéric, Serra Jean - Voie ferrée entre Ploërmel et Messac
PIERRE 414 : Cne Larralde Félix, Hartmanshenn Jean, Navailles Gaston - Voie ferrée entre Auray et Pontivy
PIERRE 415 : Asp Corta Henry, André Bernard, Folin Francis - Voie ferrée prés de Loyat, village de Trégadoret sur la rivière l'Yvel
PIERRE 416 : SLt Legrand Michel, Boutinot Roger, Deborre Albert -Voie ferrée entre St Meen et Loudéac
PIERRE 417 : SLt Fernandez Roger, Biernat César, Vazeille Roger - Voie ferrée entre Loudéac et Saint-Brieuc
PIERRE 418 : Cne de Mauduit Henry, Créau Noël, Violland Armand - Voie ferrée entre Loudéac et Carhaix
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 14:55
Participation du SAS Achille MULLER aux commémorations du DDay, 78°edition.
L'AFPSAS a été contactée par les autorités militaires françaises afin de pouvoir profiter de la présence de du SAS Achille MULLER.
En effet, notre vétéran du 4th SAS / 2e RCP participait aux commémorations en Bretagne dans le cadre des parachutages SAS des opérations DINGSON et SAMWEST.
Il s'est donc rendu à l'invitation des CEMA Français et Américain au cimetière US de Colleville en Normandie.
Un moment inoubliable partagé avec d'autres vétérans du débarquement.
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 18:29
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Jeu Juin 22 2023, 20:10
Super,bravo à vous,la fin de la lecture pour demain.
Si une communauté n’est pas acceptée, c’est parce qu’elle ne donne pas de bons produits, sinon elle est admise sans problème. Si elle se plaint de racisme à son égard, c’est parce qu’elle est porteuse de désordre. Quand elle ne fournit que du bien, tout le monde lui ouvre les bras. Mais il ne faut pas qu’elle vienne chez nous pour imposer ses mœurs.
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Michel Admin
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Ven Juin 23 2023, 20:41
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Dim Juin 25 2023, 23:16
Je viens seulement de visionner la vidéo concernant Achille Muller, c'est émouvant et chanceux d'être passé à travers tant de difficultés, en risquant déjà sa vie, et celle de ses parents. Le courage de la jeunesse. Grand merci pour cette vidéo.
Je lirais la suite prochainement, sujet passionnant.
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Lun Juin 26 2023, 09:41
Bonjour tout le monde,
Tout à fait d'accord avec toi JP, sans cette vidéo mise en ligne par marcalfred, je n'aurai certainement pas fait des recherches pour développer le sujet.
Donc un grand merci à qui ????? Un grand merci à marcalfred
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Lun Juin 26 2023, 11:56
LA BATAILLE DE DUAULT LE 12 juin 1944.
RÉCIT DU LIEUTENANT SAS ANDRÉ BOTELLA
Le lieutenant André Botella (1913-1991), ayant rejoint les Forces Françaises Libres en Angleterre, se porte volontaire pour servir comme parachutiste dans le Special Air Service.
Après avoir reçu une formation intensive au camp de Fairford, il se tient prêt à partir. Le but : former de petites équipes avec des missions de harcèlement; constituer deux bases, l'une dans les Côtes-du-Nord, à Duault, l'autre dans le Morbihan, à Saint-Marcel, pour centraliser l'organisation de la Résistance.
L'officier chargé de diriger la base de Duault, le capitaine Leblond, a beau protester, la mission reste inchangée. Il s'agit de précéder les Alliés qui doivent arriver en Bretagne peu après le débarquement, le 6 juin ...
A 0 h 45, l'équipe du lieutenant Marienne est parachutée au-dessus de Plumelec dans la Morbihan ...
*****
Le commandement nous libère de nos angoisses.
Par la trappe je regarde défiler la campagne bretonne. Ce village, c'est Locarn, et aussitôt après le carrefour tant de fois repéré sur la photo aérienne.
-Go! Il est 1 h 15. Je maîtrise mal mon élan et mon casque heurte violemment la paroi avant de la trappe. Le cœur serré et le front endolori, j'attends le choc à l'ouverture.
Ouf ! ça y est! Après le vacarme des quatre moteurs du bombardier, c'est le calme d'une nuit claire.
Devant moi, j'aperçois nettement les coupoles des parachutes de mes hommes se découper sur le ciel lumineux. Je ne suis pas seul à les voir: de toutes les fermes avoisinantes un concert de hurlements monte vers nous.
Des dizaines, des millions de chiens aboient vers ces globes étranges qui descendent mollement sur eux. Ces sacrées bestioles vont nous faire repérer. J'ai l'impression que toute la Wehrmacht me tient dans son collimateur. Je largue mon « legbag » qui me précède à grand fracas dans d'épais buissons qui me lardent d'épines.
Décidément, la lande bretonne n'est guère accueillante pour ses libérateurs. Il est impossible que tout ce vacarme n'ait pas été entendu.
Le cœur battant, j'arme précipitamment ma mitraillette. Mais tout est calme, sauf, dans une ferme toute proche, des chiens qui se démènent et hurlent comme des forcenés. Il est temps de dégager les lieux. Je camoufle mon parachute sous les broussailles, extirpe quelques épines de mes fesses et m'oriente.
Si les aviateurs n'ont pas fait d'erreur, la forêt de Duault est à 2 ou 3 km au nord-est. Le point de ralliement de mon stick est un ponceau à l'ouest des gorges du Corong.
Je pars, tous les sens en éveil. Dans un chemin creux, vers Lopuen, d'après ma carte, je suis chargé par deux molosses particulièrement agressifs. J'essaie de les amadouer en alternant douceur, persuasion et sévérité. Je sacrifie quelques biscuits de mes rations. Rien n'y fait. Ils refusent de manger le pain amer de l'étranger et restent toujours aussi hargneux. J'ai du mal à protéger mes mollets.
Voilà un danger bien réel sur lequel nous n'avions pas été renseignés à Fairford. Les Allemands, d'accord. Et les chiens, alors?
Je poursuis mon chemin avec de fréquentes volte-face pour repousser les deux pétainistes. J'arrive à un ruisseau dont je suis le cours. Le ponceau doit être là. J'entends un froissement de broussailles. Faites, mon Dieu, que ce ne soit pas encore des chiens.
Je siffle les premières notes d'une vieille ballade écossaise qui est notre signal de ralliement. Pas de réponse, sinon que les deux clébards arrivent au grand trot, cette fois très amicaux. Ils apprécient donc les airs écossais. Un bag-pipe m'aurait été plus utile qu'une mitraillette. Je siffle à nouveau.
Cette fois, une réponse en bon français :
- Arrive, eh, con! on est du stick Botella. Ce sont Schermesser et Urvoy qui ont oublié notre signal de ralliement, tant de fois répété à l'entraînement cependant.
A genoux à gauche, le Lt André Botella
Il m'en reste encore six à récupérer, plus le stick Deschamps dont j'ai perçu le largage vers 1 h 30. Nous traversons le ponceau et nous engageons dans le sentier qui monte vers la forêt.
Je suis en tête, Schermesser et Urvoy me suivent et, en serre file, trottinent les deux chiens qui, après des préliminaires réticents, paraissent s'être ralliés à la Résistance. [ ... ] En chemin, nous récupérons le reste de mon stick et le stick Deschamps. Il ne manque le sergent-chef Litzler qui, blessé à l'atterrissage, nous rejoindra en fin de matinée.
Vers 8 h, nos guetteurs nous amènent un jeune garçon blond, imberbe, vêtu d'une capote feldgrau de la Werhmacht qui lui descend jusqu'aux chevilles.
« Je suis Georges Ollitrault, du maquis de Callac », nous dit-il,
« j'ai appris le débarquement à 7 h et je viens me mettre à vos ordres. »
Nous apprîmes et constatâmes plus tard que ce Jojo à visage d'ange était une véritable terreur à la gâchette facile et un redoutable tueur d'Allemands.
Il est suivi par un grand gaillard blond qui ne parle pas le français, ce qui s'explique car il est Allemand.
C'est Georges Niemann. Son père a été fusillé par la Gestapo et il a rejoint le maquis en 1943.
\C'est un combattant d'élite qui appartenait à la 5ème Division parachutiste allemande, la fameuse division « Kreta ».
Mon radio, Julien Devize, haut fonctionnaire des Finances dans le civil et excellent calculateur, en déduit que la Résistance française comprend 50 % d'Allemands.
Ce calcul se révèle inexact car, un peu plus tard, nous sommes rejoints par Charles Moreau dit « Charlot», commandant le maquis de Callac.
Il est accompagné par un groupe hétéroclite et pittoresque mais qui paraît décidé à en découdre. Charlot nous affirme que nous pourrions rapidement rassembler l'effectif d'un bataillon. Deschamps et moi n'en revenons pas. Il y a donc bien une Résistance en Bretagne. Le commandement opérationnel l'ignorait-il - ou feignait-il de l'ignorer ?
Nous envoyons un message au Tactical Command et faisons l'inventaire des effectifs et des besoins. L'armement de plusieurs centaines de résistants ne pose pas de problème. Nous sommes assurés de recevoir par parachutage tout le nécessaire.
Reste l'encadrement et l'instruction. Comment surmonter ces difficultés avec nos faibles moyens ?
Une levée en masse face à un adversaire redoutable aboutirait à des massacres en masse. Nous décidons donc de ne pas précipiter les choses.
D'autres résistants nous rejoignent, Dathanat et Le Cun de Guingamp, Le Hégarat dit « Marceau» de Saint-Brieuc et beaucoup d'autres, dans un enthousiasme indescriptible. Nous demandons d'urgence des renforts.
A partir du 8 juin, mes deux sticks restés en Angleterre sont parachutés, puis la 2e compagnie du 4e bataillon S.A.S. commandée par le capitaine Leblond.
Le reste du bataillon saute dans le Morbihan.
Le 10 juin, le caporal Fernand Meunier est tué à l'est de Locarn. C'est le premier parachutiste tombé dans les Côtes-du-Nord.
Le 12 juin, une patrouille allemande surprend quatre parachutistes de la compagnie Leblond descendus à la ferme de Kerhamon malgré les ordres. Après un bref combat, les parachutistes sont tués.
Les Allemands se replient mais reviennent avec d'importants renforts. Les attaquer serait compromettre le secret de la mission et le capitaine Leblond s'y oppose à juste raison tout d'abord. Je lui fais observer que, venus en libérateurs, nous ne pouvons, sans compromettre notre prestige, laisser massacrer les fermiers de Kerhamon.
Leblond cède finalement, mais à condition que nous n'engagions que de faibles effectifs afin de ne pas dévoiler l'importance de la base. Je descends donc le sentier qui conduit à Kerhamon avec un seul stick commandé par mon adjoint, le sergent-chef Litzler.
Un groupe de résistants nous suit, Charlot et Jojo en tête. La ferme n'est plus qu'un brasier.
Subitement, nous repérons les Allemands qui gravissent en petites colonnes dans un ordre parfait la prairie bordant la forêt. Nous mettons aussitôt deux « bren gun » (fusils mitrailleurs anglais) en batterie et déclenchons un feu d'enfer.
Les Allemands, qui ne nous avaient pas repérés, sont surpris et refluent. Ils se reprennent vite et, retranchés dans le chemin creux bordant la ferme, ouvrent le feu à leur tour.
Ce ne sont pas des débutants. Litzler s'écroule, la poitrine traversée. Une balle me fracasse la cuisse. J'ai l'impression qu'elle a été arrachée et je souffre horriblement. La fusillade continue à faire rage. Je me colle au sol mais reste très exposé et les balles hachent l'herbe autour de moi. J'attends le coup qui va m'achever. Ainsi, c'est comme cela que tout va finir ?
Dès le premier combat ? De notre côté, le feu a presque cessé. Les paras et les résistants se sont mis à l'abri derrière la lisière.
Tous, sauf Charlot. J'entends sa voix amie au-dessus de moi: «Vous êtes blessé, mon lieutenant? Je vais vous tirer de là. » Et, debout au milieu d'une pluie de balles, il me tire derrière un talus. Comment n'a-t-il pas été criblé ?
La fusillade se calme de notre côté mais reprend violemment plus au nord. C'est le stick du sous-lieutenant Lasserre et de Robert qui prend les Allemands à revers. Charlot arrive avec une civière et on me remonte dans la forêt.
Je croise le lieutenant Marin, un rescapé des combats de Lybie et de Cyrénaïque qui sera tué en juillet dans le Morbihan avec le lieutenant Marienne.
Je ne vaux guère mieux. Charlot me tend ma mitraillette qu'il a ramassée sur les lieux du combat. « Garde-la, mon vieux Charlot, tu en auras plus besoin que moi ».
Je suis maintenant au PC de Samwest. J'entends râler Litzler à quelques pas de moi. J'entends aussi une fusillade lointaine, vers Saint-Servais, me semble-t-il. Ce sont des résistants qui harcèlent la compagnie allemande en retraite. A la tombée de la nuit, Leblond vient me voir:
« La base est maintenant repérée. Conformément aux ordres, nous devons maintenant rallier Dingson. Tu dois comprendre qu'il est impossible de t'emmener. La mission passe avant tout. »
J'aurais dû alors répondre par ces paroles historiques qui font si bien dans les livres. Certains auteurs les ont mises dans ma bouche, mais je ne me souviens pas les avoir prononcées*. Je ne suis que douleur et je me fous du débarquement, de la mission et de la Résistance. Tant pis pour la légende héroïque.
Plus tard, le lieutenant Sassoun, notre médecin, se penche sur moi:
- Litzler a une hémorragie interne. Il est fichu. Alors je lui ai fait une double morphine pour l'aider. Toi aussi, je vais te faire une double morphine.
* voir Qui ose vaincra de Bonnecarrere
Les paras que je commandais viennent aussi me voir. Mon radio Julien Devize reste un long moment près de moi. Je les vois à peine. Cela ne m'intéresse plus. C'est un autre monde.
La nuit est tombée. Le râle de Litzler s'est éteint. De temps en temps, un froissement de broussailles me tire de ma léthargie.
Les Allemands qui viennent m'achever? Non. C'est l'aspirant Metz, oublié en lisière de forêt avec son « bren gun », puis des paras que l'ordre de repli n'a pas touché.
J'ai trouvé une position un peu plus confortable et je n'ai presque plus mal mais j'ai très froid. Je sombre peu à peu dans le coma. Un bruit de pas et de voix me fait quelque peu reprendre conscience. Cette fois c'est la fin.
Mais non. Les voix parlent français. Je vois surgir des broussailles Robert et les inévitables Charlot et Jojo. Ils se penchent sur Litzler puis viennent vers moi.
- Bon. Celui-là a l'air vivant. C'est le lieutenant. On va l'évacuer.
Je ne suis pas enthousiaste. Ces abrutis vont me secouer et réveiller ma douleur. Sans écouter mes protestations, ils m'embarquent dans un camion et me conduisent dans une masure isolée en plein maquis de Kerchariou.
J'y retrouve deux autres paras blessés, le lieutenant Lasserre et le caporal Faucheux, en aussi piteux état que moi. Faucheux a reçu une balle dans le ventre.
La balle qui a traversé la poitrine de Lasserre a champignonné et il a dans le dos un trou de la dimension d'une assiette qui grouille déjà d'asticots. Georges Le Cun et un maquisard (Mimile, je crois) restent avec nous.
Pendant ce temps, Robert, avec les éternels Charlot et Jojo et le maquis de Callac, mettent en lieu sûr, avec des camions réquisitionnés on ne sait comment, les tonnes d'armes, de munitions et d'explosifs abandonnés dans la forêt de Duault.
Les Allemands, qui paraissent avoir été bien secoués, ne réagissent pas. George Le Cun, qui a pris en charge les blessés, nous amène le docteur Lebreton de Bourbriac, puis un chirurgien, le docteur Rivoallan de Guingamp.
Celui-ci taille à vif dans l'énorme plaie de Lasserre qui, subitement réveillé, pousse des hurlements qui me glacent. Pourvu que ce salaud ne s'occupe pas de moi.
C'est qu'il vient vers moi ! Impassible, il palpe ma cuisse, énorme, violacée et maintenant indolore. Il va ensuite vers Faucheux. C'est encore plus rapide. Il s'éloigne en conférant avec Lebreton qui hoche gravement la tête. Apparemment, ils ne sont pas très optimistes.
Le jour suivant, le docteur Lebreton revient avec une grande jeune fille brune. C'est sa belle-sœur, Edith Moquet. Edith et Mme Lemoigne de Bourbriac seront nos infirmières pendant deux mois.
Une jolie petite jeune fille brune, Yvette, nous apporte les nouvelles de l'extérieur.
Les Allemands savent que des blessés du combat de Duault sont cachés par la population et les recherches activement avec des chiens policiers. Mais les curés des paroisses voisines ont recommandé en chaire le silence le plus absolu et cette consigne sera scrupuleusement suivie.
Vers le 15 juin, Robert se pointe à Kerchariou et, la morphine aidant, je suis suffisamment lucide pour faire avec lui le point de la situation. Elle n'est guère brillante. Robert, rejoint quelques jours plus tard par Thonnérieux, reste le seul parachutiste dans les Côtes-du-Nord, sans aucun moyen de liaison avec le reste du bataillon, ce qui est un élément plutôt favorable, ni avec la Grande-Bretagne, ce qui est très grave.
Nos premiers contacts avec la Résistance nous ont quelque peu déroutés. Il nous semble que celle-ci est surtout animée par le Parti communiste qui possède une organisation bien structurée.
Il a créé quelques groupes FTP, essentiellement à base de réfractaires au STO. Ceux-ci ont peu ou pas d'encadrement et aucun armement autre que celui enlevé aux Allemands. Ils survivent péniblement au moyen de réquisitions, parfois de rapines, ce qui n'est pas très bien vu de la population.
J'apprendrai par la suite qu'il existe d'autres organisations cohérentes et d'allégeance non communiste, mais pour l'heure, je ne parle que de ce que j'ai vu et seulement de ce que j'ai vu.
Malgré cette situation confuse, Robert reste optimiste:
- La base Samwest est détruite mais la mission reste puisque la Résistance existe. Je ne comprends rien à leurs histoires de FTP ou pas FTP, mais il y a un potentiel considérable à exploiter. Donc, si vous êtes d'accord, je reste. Je ne puis qu'être d'accord ...
André Botella. « Miliciens contre maquisards », Françoise Morvan, Éditions OUEST-France.
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Sujet: Re: Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie Lun Juin 26 2023, 12:03
Duault. L’autre maquis qui fit barrage aux Allemands (5-13 juin 1944)
(par Ferdi Motta)
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, des paras du Special Air Service sautent sur Duault, dans les Côtes-du-Nord. Ils entrent en contact avec les maquisards en vue d’empêcher les Allemands de rejoindre le nouveau front de Normandie. Mais le 12 juin, l’occupant localise leur base…
La Bretagne est appelée à jouer un rôle important dans le scénario de l’opération Overlord. Les Allemands disposent d’au moins sept divisions identifiées dont il importe de démoraliser et de contrarier les mouvements. Dans la nuit du 5 au 6 juin, deux bombardiers Stirling en provenance de Grande-Bretagne « dropent » quatre équipes de SAS à proximité de Plumelec (56) ainsi qu’aux abords de la forêt de Duault (22).
Pour les Alliés, il s’agit d’organiser les deux bases (celle de Duault est baptisée Samwest) susceptibles d’armer la résistance bretonne. Celle-ci doit à son tour malmener les Allemands pour les empêcher de se porter en renfort sur le front de Normandie. Les deux bases seront attaquées par les Allemands : Duault le 12 juin, Saint-Marcel le 18 juin.
En plus des deux bases qui ont pour mission d’accueillir des patriotes, 18 groupes de 58 SAS constitués en Cooney Parties sont « dropés » dans la nuit du 7 au 8 juin. Chaque cooney a pour tâche la destruction des lignes de chemin de fer.
« Les carottes sont cuites »
Par ailleurs, douze équipes de Jedburgh (par référence à la guerre des Boers) sont déposées en divers lieux. En cas d’échec du Débarquement, la radio dira simplement : « Les carottes sont cuites ». SAS, Cooney et Jedburgh seront récupérés sur la côte par des vedettes, notamment grâce au réseau Shelburne.
Jusqu’au dernier moment, ce dispositif reste confidentiel. L’idée même de constituer deux bases facilement repérables par l’occupant ne fait pas non plus l’unanimité dans les rangs des officiers SAS : « Les frisés vont nous ratatiner », dira l’un d’eux, tandis que le lieutenant André Botella qui sautera sur Duault parlera d’« une monumentale erreur ».
Bien que les services de renseignement aient fait leur travail, les SAS ne savent pas grand-chose de la résistance bretonne. Structurée dans le Morbihan, elle est, au contraire, éclatée dans les Côtes-du-Nord. Botella parachuté avec huit SAS, bientôt rejoints par un autre « stick », celui du lieutenant Déplante, va s’en rendre compte.
Tueur d’Allemands
Botella et Déplante ont été accueillis par les FTP communistes du maquis Tito, solidement implanté dans le secteur. Ils revendiquent plusieurs centaines d’hommes.
Les deux officiers restent quelque peu perplexes face à la diversité, voire à la rivalité, des tendances en présence. Georges Ollitrault, résistant hors pair, sémillant jeune homme de 80 ans, se souvient parfaitement des premières heures qui ont suivi le « dropage » des SAS. « Tous les groupes de combat sont sortis de chez eux et ont convergé vers Duault. Vous pensez comme nous étions heureux ».
Sa rencontre avec Botella ne manquera pas davantage d’originalité. Ollitrault ne se défait jamais de la capote allemande qui lui tient lieu de parka et de sac de couchage. Entré dans la Résistance à 16 ans, arrêté trois fois, fier de son identité bretonne, ce diable de garçon s’est spécialisé dans l’élimination des officiers et sous-officiers allemands. « Je ne tuais de simples soldats qu’en état de légitime défense ».
Suspects fusillés
Au moment où Botella le rencontre, Ollitrault est accompagné en permanence d’un soldat allemand, Georges Nieman, déserteur de la division parachutiste Kreta. Son père a été tué en 1943 par la Gestapo. Ollitrault met en garde Botella : « Si vous restez là, dans peu de temps, les Allemands seront sur vous ». Les ordres restent cependant les ordres. Dans la nuit du 9 au 10 juin, le capitaine Leblond et 40 SAS sont largués sur Duault.
Avec eux un « squadron leader », Philippe Smith, officier de liaison de la brigade SAS, l’œil de Londres en quelque sorte. Botella, Leblond, Smith réalisent l’unité autour de Duault.
Le lendemain, 50 SAS supplémentaires et quelques Jedburgh sont là. Les parachutages se multiplient. Les armes sont distribuées au profit des maquis les mieux représentés (Tito et Valmy).
Le 11 juin, un ancien milicien, J., est arrêté. Il est porteur d’un plan de la base. A son tour, une commerçante ambulante, qui a travaillé au profit des Allemands à Rennes, est interpellée. Elle dissimule des indications avec le nom des communes voisines. Ils sont tous deux fusillés. Vincent Pinson a 18 ans ce 11 juin.
Le maquis de Duault n’est distant que de quelques centaines de mètres de la ferme familiale. « Les Allemands de leur côté ne pouvaient pas ignorer qu’il y avait quelque chose ».
Il se souvient. « Vers 15 h, deux officiers allemands sont arrivés. Ils voulaient aller à Saint-Servais. On leur a dit d’aller à gauche. Ils sont allés à droite. En réalité, ils sont revenus sur leurs pas. Ils ont tracé une flèche à la craie au pied du calvaire. On l’a effacée ».
Vers 21 h, deux autres gradés surviennent. Ils se dirigent vers la ferme de Kerhamon. Lucien Le Bourhis y habite avec ses parents. Il a huit ans. Selon ses propres souvenirs – les versions diffèrent – les deux officiers ont frappé à la porte de la maison. « A table, il y avait onze maquisards ». Panique de part et d’autre. Les officiers parviennent à fuir. Les évènements, dramatiques, s’enchaînent le 12 juin. Les Allemands reviennent avec des renforts. Quatre parachutistes – qui avaient pourtant ordre de ne pas sortir du camp – et deux partisans sont présents.
Ils ouvrent le feu sur les Allemands. A leur tour, ceux-ci ripostent. Un FFI est tué. Blessé, un autre est achevé. Un parachutiste est arrosé d’essence et jeté vivant dans l’incendie de la ferme de Kerhamon. Sur le terrain, les SAS et les maquisards vont tout d’abord bénéficier de l’effet de surprise. Les fusils-mitrailleurs anglais Bren font des ravages dans les rangs allemands. Ils sont malgré tout plus nombreux. Vers midi, la pression est forte. Les tués et les blessés – dont Botella – sont nombreux.
Scènes horribles
Des scènes horribles ont lieu. Ainsi, un soldat allemand tranche-t-il la gorge d’un parachutiste qu’il garde et se suicide ! Vers 15 h 30, notera le capitaine Leblond, l’ordre est donné de quitter la base. Samwest se vide. Les Allemands font des prisonniers. La place est laissée vacante à 18 h. Quelques blessés ont pu être mis en lieu sûr, à Kerchariou en Peumerit-Quintin. Une partie des SAS dégage vers Saint-Marcel, à 100 km. Le 13 juin, 800 Allemands équipés de lance-flammes reviennent à Duault. Il n’y a plus personne. Six SAS, cinq Tito, six Valmy, 15 civils ont été tués au combat ou massacrés en représailles.
La traque ne va pas s’arrêter là. Des paysans qui ont conservé chez eux des rations de cigarettes provenant des parachutages sont fusillés, cinq fermes incendiées. Selon les estimations, 267 Allemands ont été tués, 43 autres faits prisonniers. De source allemande, on avoua 45 tués et 100 blessés.
Source : Article Le Télégramme, 3 juin 2004.
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Achille Muller l'un des seuls survivants ayant fait le débarquement de Normandie