En mars 1963, le gouvernement du général de Gaulle commanda le « Redoutable », le premier des six sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] devant permettre à la Marine nationale de mettre en oeuvre la dissuasion nucléaire françaises aux côtés des Forces aériennes stratégiques [FAS]. Deux ans plus tard, les travaux pour construire la base sous-marine de l’Île-Longue, en Bretagne, furent décidés (ce qui donnera le plus grand chantier d’Europe, à l’époque).
La construction du SNLE « Le Redoutable » prit environ huit ans. Après avoir été livré à la Marine nationale, il effectué un premier tir en plongée d’un missile stratégique M1E. Une fois admis en service, ce bâtiment, alors doté de 16 missiles mer-sol balistiques et mis en oeuvre par un équipage de 135 marins, partit pour sa première patrouille, prévue pour durer 55 jours. C’était le 28 janvier 1972.
Plus de 46 ans après, la Force océanique stratégique (FOST) vient de célébrer la 500e patrouille de dissuasion de son histoire, ce qui représente 37.250 jours sous la mer. C’est le SNLE « Le Terrible » qui a franchi ce seuil symbolique, célébré ce 11 octobre par Florence Parly, la ministre des Armées.
« Aujourd’hui, c’est la souveraineté de la France que nous célébrons. C’est notre indépendance, c’est notre autonomie. C’est notre capacité à parler, à être écouté et à agir. Depuis 1972, ce sont 500 patrouilles de SNLE. 500 patrouilles qui ont porté sous les mers le gage de notre souveraineté. 500 patrouilles, comme autant de rappel que la voix de la France compte dans le concert des Nations et que nos intérêts vitaux sont bien gardés. 500 patrouilles comme autant de défis techniques, scientifiques, militaires et humains relevés », a commenté Mme Parly.
Au passage, la ministre a réaffirmé la pertinence de disposer d’une dissuasion à la fois océanique, avec les SNLE/M51, et aéroportée, avec les Rafale B/ASMP (ce qui a parfois été contesté, à des fins « d’économies », par des responsables politiques peu inspirés ou peu au fait de ces questions – voire les deux).
« Nos deux composantes océanique et aéroportée, comptent l’une sur l’autre. Elles forment cet ensemble cohérent, complémentaire. Elles assurent que nous pourrons agir partout, vite et en permanence. Elles sont les deux piliers solides et nécessaires à la crédibilité et l’efficacité de notre dissuasion. Elles garantissent que les décisions du Président de la République seront parfaitement exécutées, quelles que soient les circonstances », a ainsi rappelé Mme Parly.
« Maintenir 46 années de présence ininterrompue illustre l’excellence de la dissuasion française. Cette permanence est en effet rendue possible grâce à la mobilisation des équipages de SNLE, des structures de soutien de la force océanique stratégique (FOST) et des industriels qui contribuent à la mise en œuvre et à la maintenance des sous-marins et de leurs armements », a, de son côté, fait valoir la Marine nationale.
Après la modernisation des SNLE de la classe « Le Triomphant » [il a fallu adapter les trois premiers de la série au missile M-51, ndlr], la Loi de programmation militaire 2019-25 prévoit le lancement de la réalisation du programme de SNLE de 3e génération [SNLE 3G].
Pour le moment, peu de détails ont été diffusés au sujet des nouveaux sous-marins, si ce n’est qu’ils devraient avoir un tonnage équivalent à ceux qu’ils remplaceront
« Le dimensionnement a été fait sous contrainte de coût avec un tonnage équivalent au prédécesseur, compatible des installations à terre et du [missile] M51, tout en améliorant la discrétion acoustique, la furtivité », avait ainsi expliqué François Geleznikoff, le directeur des applications militaires (DAM) du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), lors d’une audition parlementaire.
Pour rappel, la FOST compte 4 SNLE et 6 sous-marins nucléaires d’attaque [SNA]. Elle dispose notamment d’un état-major basé à Brest, un centre des opérations [COFOST] qui assure le suivi permanent des moyens, la planification et la conduite des missions, 4 Centres de Transmission de la Marine [CTM], chargés de relayer les ordres gouvernementaux et les données nécessaires pour la conduite des patrouilles des sous-marins, ainsi que le Centre d’interprétation et de reconnaissance acoustique [CIRA]
La FOST emploie « 3.800 personnes dont environ 800 sous-mariniers dans les équipages de SNLE, 120 marins dans les équipages des CTM, 700 personnels affectés à la protection et à la sécurité des sites (fusiliers marins, gendarmes maritimes, marins pompiers) 18 unités sur 6 emprises 25 métiers différents représentant 80 qualifications, une école de navigation sous-marine pour la formation et l’entraînement à terre ».
Photo : Marine nationale / Ministère des Armées