Dissuasion : Le renouvellement des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins se fera « sous contrainte de coût »
En octobre 2016, le coup d’envoi de la construction du premier des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la classe Dreadnought fut donné au chantier naval de Barrow-in-Furness, sous l’égide de BAE Systems.
Ces navires, destinés à remplacer ceux de la classe Vanguard, seront les sous-marins les « plus grands et les plus avancés » de la Royal Navy et leur « conception ainsi que leur construction seront technologiquement les plus complexes de l’histoire du Royaume-Uni », fit alors valoir Londres. Le coût global de ce programme est estimé à 49 milliards d’euros.
En France, il est aussi question de remplacer les SNLE de la classe « Le Triomphant » d’ici, au mieux, à la fin de la prochaine décennie. En 2015, à Istres, le président François Hollande avait ainsi annoncé le lancement d’études préliminaires à cette fin.
Les informations sur ce programme, appelé SNLE 3G sont plutôt rares. Invité à s’exprimer devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, François Geleznikoff, le directeur des applications militaires (DAM) du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), a confirmé quelques hypothèses.
Ainsi, les SNLE 3G auront un tonnage équivalent à ceux de la Classe « Le Triomphant », lesquels affichent 12.685 t en surface et 14.335 t en plongée. En conséquence, il n’y aura pas besoin de revoir les installations de la base de l’Île-Longue… L’effort portera donc sur la discrétion acoustique, la furtivité et les systèmes d’armes.
« Le dimensionnement a été fait sous contrainte de coût avec un tonnage équivalent au prédécesseur, compatible des installations à terre et du [missile] M51, tout en améliorant la discrétion acoustique, la furtivité », a ainsi affirmé M. Geleznikoff.
S’agissant des missiles balistiques mer-sol, le choix d’une « démarche incrémentale » pour le M-51 a été fait, au lieu de concevoir un engin « M6 » plus imposant. Et cela, a expliqué M. Geleznikoff, pour « lisser les flux budgétaires et permettre une bonne conservation des compétences industrielles. » Idem pour les têtes nucléaires, qui « suivront une démarche similaire en tant que de besoin », a-t-il ajouté. En outre, la chaufferie nucléaire pourrait être du même type que celle des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) de type Barracuda.
Lors de ses auditions parlementaires de l’automne dernier, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), l’amiral Christophe Prazuck, avait dit prévoir « un lancement de la réalisation » des SNLE de 3e génération « en 2020 pour une admission au service actif dans les années 2030. » Seulement, ce calendrier risque fort de ne pas être tenu, à cause du retard pris par le chantier du Suffren le premier SNA de type Barracuda, les capacités du chantier naval de Cherbourg (Naval Group) risquant d’être insuffisantes.
Par ailleurs, M. Geleznikoff a évoqué le cas du futur porte-avions, pour lequel, a-t-il précisé, la DAM « ne concevra pas une chaufferie d’une conception nouvelle » étant donné qu’il sera question de « garder le type de celle qui équipe les sous-marins nucléaires d’attaque et que nous définissons pour les futurs sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. »
« Toutefois, la chaufferie pourrait être plus importante, car le bateau pourrait être plus long et plus lourd. Cela dépendra de la catapulte, même si celle-ci ne représentera peut-être pas l’appel à puissance le plus fort, car on pourrait être capable de stocker de l’énergie dans des bancs capacitifs », a poursuivi M. Geleznikoff.
« Aujourd’hui, nous sommes donc en avance de phase, puisque le programme sera décidé aux alentours de 2030 en vue de disposer d’un futur porte-avions vers 2040, sauf s’il était décidé d’avoir deux porte-avions et si le budget de la défense le permettait », a-t-il conclu.