Entre 1971 et 2008, les six sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la classe « Le Redoutable » ont assuré la permanence de la dissuasion nuclaire océanique, avec d’être progressivement remplacés par ceux de la classe « Le Triomphant ».
Le premier de la série – « Le Redoutable », donc – fut retiré du service vingt ans après avoir entamé sa vie opérationnelle et effectué 51 patrouilles, soit 3.469 journées passées en mer. Désormais, il est exposé à la Cité de la mer, à Cherbourg. Quant aux cinq autre (Le Terrible, Le Foudroyant, L’Indomptable, Le Tonnant et L’Inflexible, ils doivent être « déconstruits ».
Mais auparavant, une première phase a constitué à leur retirer tous les matériaux et équipements nucléaires, ces derniers ayant été conditionnés en fûts de déchets pour l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.
En octobre 2016, la Direction générale de l’armement [DGA] avait confié à Naval Group (DCNS à l’époque) le marché relatif à la déconstruction de ces cinq SNLE (d’une valeur estimée à 120 millions d’euros). Et Veolia Propreté Industries Service et NEOM (filiale du groupe Vinci) furent désignés comme sous-traitant, pour, respectivement, la dépollution et le désamiantage.
Pour un tel chantier, il aura fallu préparer des installations dédiées sur le site de Naval Group à Cherbourg (sachant que la coque de ces ex-SNLE mesure plus de 100 mètres de long, avec un diamètre de 10 mètres, le tout pour une masse de 6.000 à 7.000 tonnes) et des outillages spéficiques. En outre, un soin particulier a été pris pour respecter à la fois les normes environnementales mais aussi pour préserver les secrets militaires que recèlent encore ces anciens fleurons de la Marine nationale.
Ce travail préparatoire aura demandé près de deux ans d’efforts… En effet, ce 11 septembre, le ministère des Armées a annoncé que la première coque, en l’occurrence celle du Tonnant, est désormais prête à être déconstruite. Ce chantier, qui mobilise une soixantaine d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs, devrait durer 18 à 20 mois. Selon le calendrier prévu, ces anciens SNLE auront tous été déconstruits d’ici à 2027 au plus tard.
Les 6.000 à 7.000 tonnes de matériaux de chaque coque seront recyclés, la DGA ayant précisé que le marché confié à Naval Group prévoit « la revente des métaux ayant une valeur marchande. »
« Pionnier des technologies navales sous-marines, Naval Group maîtrise l’ensemble du cycle de vie des SNLE : conception, réalisation, entretien/modernisation, démantèlement et déconstruction. Fort de cette maîtrise, et pour le compte de son client la Direction Générale de l’Armement, Naval Group entame aujourd’hui avec ses partenaires un programme totalement inédit en France », a commenté Nathalie Smirnov, directrice des Services du constructeur naval. Selon le ministère des Armées, il s’agit-là d’un savoir faire « rare au monde et unique en Europe. »