L’idée de Boeing de développer un avion de patrouille maritime (le P-8 Poseidon) à partir d’un appareil civil, en l’occurrence un B-737, aura été judicieuse. Car outre le fait d’avoir séduit l’US Navy (qui en a commandé 117 exemplaires), le constructeur américain enchaîne les contrats.
Ainsi, après l’Inde, l’Australie, le Royaume-Uni et la Norvège, la Corée du Sud a fait part de son intention d’acquérir 6 P-8 Poseidon afin de moderniser ses capacités de patrouille maritime, lesquelles reposent actuellement sur des P-3 Orion, également de facture américaine.
« Nous avons décidé d’acheter le P-8 Poseidon pour mener des opérations de patrouille, de recherche et de sauvetage à travers le programme FMS [Foreign Military Sales, ndlr] du gouvernement américain en prenant compte le coût, le calendrier, les capacités ainsi que l’aspect légal », a en effet indiqué la DAPA, l’agence du ministère sud-coréen de la Défense chargée des équipements. Le montant de cet achat serait d’environ 1,71 milliard de dollars.
Le choix de Séoul est un échec pour Airbus, qui avait espéré placer son C-295 MPA [pour Maritime Patrol Aircraft], présenté comme étant la « solution la plus adéquate pour la situation sécuritaire de la Corée du Sud compte tenu de l’ensemble des aspects, dont les capacités opérationnelles. » Idem pour Saab, qui avait proposé son Swordfish MPA, un biréacteur développé à partir du biréacteur Global Express 6000 du constructeur canadien Bombardier.
Mais d’après l’agence Reuters, le contrat relatif aux futurs avions de patrouille maritime sud-coréen a finalement été attribué « sur une base ‘unique’ qui n’exigeait pas un appel d’offres concurrentiel. »
Un responsable sud-coréen a expliqué qu’un tel processus aurait fait augmenter les prix « de 10 à 28% par unité, ce qui aurait limité le nombre d’avions que nous pourrions acheter dans le budget total ». Des propos surprenants étant donné que, justement, un appel d’offres permet aussi de faire baisser les coûts d’acquisition… Mais ils le sont moins quand on sait, d’après l’agence Yonhap, que Washington aurait proposé un « prix raisonnable » pour le P-8 Poseidon, c’est à dire « similaire à celui du Swordfish » proposé par Saab.
« Même si la Corée du Sud et les Etats-Unis ont décidé de ne pas organiser d’exercices militaires cette année, nous devons maintenir la sécurité jusqu’à ce que la Corée du Nord dénucléarise complètement et nous devions aussi remplacer nos anciens avions de patrouille maritime », a par ailleurs justifié Yang Uk, chercheur principal au Korea Defence and Security Forum.
Le P-8 Poseidon est doté du radar AN/APY-10 et de différents systèmes de renseignement électronique. Il est en mesure d’emporter des missiles SLAM-ER et AGM-84D Harpoon, ainsi que des mines et des torpilles Mk54. En outre, il est prévu de le faire travailler en relation avec le drone HALE (Haute Altitude Longue Endurance) MQ-4C Triton de Northrop-Grumman.