Lors de sa dernière audition devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM) avait évoqué l’avenir de l’aviation de patrouille maritime, laquelle disposera, jusqu’en 2030, de 18 avions Atlantique 2 (ATL2) modernisés.
« Après, il faudra réfléchir à la génération suivante peut-être avec les Allemands. Faudra-t-il des avions qui volent près des flots ou au contraire à haute altitude, comme les P8 américains? Uniquement des avions ou un mélange d’avions et de drones à longue portée ? Les Allemands sont dans le même calendrier que nous, puisqu’ils rénovent actuellement leurs P3, qui devront donc être changés dans les années 2030-40. Cela augure bien pour une future coopération », avait expliqué le CEMM aux députés.
Seulement, si coopération il doit y avoir, elle ne se fera pas uniquement avec Berlin. En effet, en juin 2017, la France a rejoint le programme « Multinational Maritime Multinational Mission », dans le cadre de l’Otan, avec cinq autres pays, dont l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, l’Espagne et la Turquie. » Une initiative que le Canada et la Pologne viennent de rejoindre, le 15 février.
Ce programme doit permettre aux participants de définir leurs capacités et leurs besoins communs dans le domaine de l’aviation de patrouille maritime. « Ils auront ainsi une base pour le développement et la mise en service de solutions de remplacement », explique l’Otan.Cette « intiative conjointe part du constat que la majeure partie des flottes d’aéronefs de patrouille maritime alliées arriveront au terme de leur durée de vie opérationnelle entre 2025 et 2035 », a souligné Rose Gottemoeller, la secrétaire générale déléguée de l’Otan, lors de la signature de la Pologne et du Canada. « Le but ici n’est pas simplement d’avoir un projet conceptuel – nous avons besoin d’une nouvelle génération d’appareils dans les airs pour accomplir une mission qui est de plus en plus importante », a-t-elle ajouté.
Plusieurs avions de patrouille maritime sont déjà sur le marché. Ainsi, Boeing, qui a développé le P8 Poseidon, voit dans ce programme une nouvelle opportunité, étant donné que trois pays de l’Otan ont déjà commandé son appareil (États-Unis, Royaume-Uni et Norvège) et conclu un partenariat pour en assurer la maintenance. Aussi, le constructeur américain espère qu’un tel accord puisse être étendu aux 8 membres du programme « Multinational Maritime Multinational Mission ».
En outre, Airbus Defence & Space peut nourrir quelques espoirs. Le constructeur européen a récemment indiqué qu’il pourrait développer un avion de patrouille maritime sur la base de l’A320neo et il dispose déjà, dans son catalogue, du CASA C295 MPA, voire de l’A319 MPA. Enfin, un dernier prétendant pourrait être Saab, qui propose le Swordfish, un avion conçu à partir du Bombardier Global 6000.
Photo : ATL2 (c) Marine nationale