Le Mouvement pour le salut de l’Azawad, un groupe armé pro-Bamako, associé au GATIA (Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés), a annoncé avoir appris « avec consternation l’assassinat de 43 personnes de la communauté Idaksahak lors de deux raids menés par des hordes de malfrats armés sur les campements d’Aklaz le 26 avril et Awakassa le 27 avril », dans la région de Menaka.
« Il y a eu 43 morts en deux jours, tous des civils, d’une même communauté », a confirmé un responsable tribal joint à Menaka par l’AFP. « Nos combattants sont en train de détruire leurs bases et les anéantir. Ils viennent s’en prendre gratuitement aux civils innocents », a-t-il ajouté.
Le gouverneur de Ménaka, Daouda Maïga, a donné plus de précisions. « Les 26 et 27 nous avons eu deux attaques. Une au sud-est d’Andéramboukane, dans un endroit appelé Akliz, et le 27, une au nord-est d’Infoukaretane, dans un site appelé Wakasa. Pour la première attaque du côté d’Andéramboukane, on parle d’entre 6 et 9 tués. Et pour la seconde, les sources s’accordent à 31 tués, sur le site même, par des éléments supposés de l’État islamique, que tout le monde caractérise de ‘Peuls à moto' », a-t-il expliqué, selon des propos rapportés par RFI.
Depuis le début du mois, l’État islamique au grand Sahara (EIGS) a subi de lourdes pertes dans la région dite des « trois frontières » face à la force Barkhane [opération Koufra 3], associée aux forces armées maliennes (FAMa) ainsi qu’aux groupes MSA et GATIA. Aussi, a indiqué un notable de Ménaka, Attaye Ag Ossadki, la « population s’attendait à des représailles » de la part des jihadistes « mais personne ne pouvait imaginer qu’ils allaient tuer de cette manière des civils aux mains nues. »
« Nous pensons que c’était probablement une action de représailles, mais aussi pour terrifier les populations, afin de dire ‘voici ce que nous pouvons faire’. En deux attaques, on parle d’une quarantaine de tués, ce qui est énorme », a aussi estimé le gouverneur de Ménaka, pour qui ces attaques sont de nature à favoriser un « conflit intercommunautaire, en stigmatisant justement deux communautés, celles des Peuls et des Daoussaks. »
Le 15 avril, Guillaume Ngefa, directeur de la Division des droits de l’homme et de la Protection de la MINUSMA, a fait état d’allégations « d’atteintes au droit à la vie des populations civiles, d’exécutions sommaires d’au moins 95 personnes qui seraient accusées de terrorisme ou de banditisme et qui auraient été tuées lors des opérations menées par une coalition de groupes armés » dans la région de Ménaka. En cause : Moussa ag Acharatoumane, le chef du MSA, accusé de s’en prendre aux Peuls, qui fournissent le gros des effectifs à l’EIGS.
« Beaucoup de rumeurs circulent. Reste à savoir d’où elles viennent et à qui elles profitent. On ne vit pas dans un monde parfait, mais dans une situation de quasi-guerre civile », a répondu le général Bruno Guibert, le chef de la force Barkhane, dans un entretien donné à l’Express. « Nous travaillons avec eux [le MSA et le GATIA] en fonction de critères très précis auxquels ils sont tenus d’adhérer. […] Dans ce cadre très normé, je n’ai été témoin d’aucune de ces prétendues exactions. J’aimerais que ceux qui les dénoncent viennent sur le terrain constater la réalité du travail accompli », avait-il ajouté.