Le 25 septembre, au moins 12 civils appartenant essentiellement à la fraction Ibogolitane des Touaregs, ont été tués par un groupe armé non identifié, près de la localité d’Inekar, à environ 45 km à l’ouest de Menaka (Mali).
« Des hommes armés circulant à moto ont tué aujourd’hui (25/09) au moins douze civils » a indiqué un élu de la région, rapporte l’AFP. « Pour le moment, on ne peut pas dire qui sont exactement les auteurs. Je ne sais pas si c’est le résultat de différends entre tribus, ou un acte terroriste », a-t-il ajouté.
L’attaque a été confirmée par un source sécuritaire locale, qui a précision que « beaucoup de jeunes » figuraient parmi les victimes.
De son côté, le Mouvement pour le salut de l’Azawad, fondé par Moussa Ag Acharatoumane, un chef de la tribu touareg des Daoussak et allié au GATIA [Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés] contre les jihadistes, a affirmé que « des individus armés sur des motos ont exécuté 17 civils de deux campements appartenant à la communauté ibogolitane. »
Depuis le début de cette année, plus de 200 civils appartenant aux communautés peule et touareg ont été tués dans cette région, où, ces derniers mois, la force française Barkhane, avec l’appui du MSA et du GATIA, a porté des coups sévères à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS).
Si la piste jihadiste n’est pas exclue pour expliquer cette attaque, celle d’un conflit intercommunautaire n’est pas à écarter non plus.
« La tribu dominante dans la région de Ménaka est celle des Daoussak, et les principaux groupes minoritaires sont les Touaregs Imghad, Chamanamas et Ichadinharen, et la fraction Iskakna des Arabes du Tilemsi. Les Bellah (parmi lesquels les Iboguilitanes constituent un groupe important), les Peuls et les sédentaires (principalement des Haoussa et quelques Songhaï) représentent l’essentiel de la population noire et métisse (descendant de Noirs et de Touaregs). Ces 30 dernières années, la région de Ménaka a été le théâtre de conflits fréquents entre les Daoussak et les Touaregs, les Daoussak et les Iboguilitane, de même qu’entre les tribus Daoussak ou Touaregs et les Peuls », explique ainsi un récent rapport du groupe d’experts des Nations unies sur le Mali.
Qui plus est, des divisions existent au sein de ces mêmes communautés en fonction de leurs affiliations respectives à tel ou tel groupe armé. Ainsi, une grande partie des Daoussak soutient le MSA quand une autre est restée fidèle au Mouvement national de libération de l’Azawad [MNLA]. Enfin, d’autres membres de cette tribu ont rejoint le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad [HCUA], formé avec des transfuges du groupe jihadiste Ansar Dine en 2013, quand ils ne sont pas allés grossir les rangs de l’EIGS, au sein duquel ils occupent souvent des fonctions clés.
Dans son rapport, le groupe d’experts de l’ONU a souligné que la situation reste « très tendue dans la région de Ménaka et dans l’est du cercle d’Ansongo [région de Gao, ndlr] », avec des « conflits qui découlent de l’appartenance à une tribu ou à une fraction de tribu et de la géopolitique locale, notamment le contrôle de postes politiques (dans les groupes armés, les institutions officielles et à la tête des communautés) et de certains secteurs géographiques (axes commerciaux et itinéraires de contrebande chemins de transhumance, points de contrôle, pâturages, puits). »
Photo : combattants du MSA (c) MSA