Après un échec au Royaume-Uni, qui lui a préféré le P-8 Poseidon de Boeing, l’avion de patrouille maritime Kawazaki P-1 aura-t-il plus de succès en Allemagne, voire en France? En tout cas, le Japon y croit.
En effet, d’après l’agence Reuters, qui cite des sources proches du gouvernement nippon, Tokyo entend proposer cet appareil dans le cadre du projet franco-allemand visant à développer un nouvel avion de patrouille maritime. Et les discussions à ce sujet auraient même commencé l’année dernière. En outre, les autorités japonaises ont aussi demandé au constructeur du P-1, Kawazaki Heavy Industries, d’étudier de possibles partenariats avec Dassault Aviation et Thales.
Seulement, l’industriel japonais n’a pas confirmé. « Nous avons présenté le P.1 dans d’autres pays avec le soutien du ministère japonais de la Défense. Cependant, nous ne sommes pas en mesure de discuter de cas individuels », a affirmé une porte-parole de Kawazaki Heavy Industries.
De son côté, le ministère japonais de la Défense a confirmé que Tokyo envisageait « plusieurs manières de travailler avec la France et l’Allemagne » sur des technologies de défense. Mais « nous ne discutons pas sur des projets conjoints et ne comptons concevoir aucun projet tripartite. »
En attendant, deux exemplaires du Kawazaki P.1 participeront au salon aéronautique ILA de Berlin, qui se tient du 25 au 29 avril, comme ce fut le cas lors du salon du Bourget, en 2017. D’ailleurs, ce « déploiement » avait été salué par les ministres japonais et français de la Défense et des Affaires étrangères lors d’une rencontre au format 2+2, à Tokyo, en janvier.
A priori, la visite prochaine d’un Kawazaki P.1 sur la base aéronavale de Lann-Bihoué, dans le cadre d’une « mission d’information japonaise en France sur le thème de la Patmar du futur », serait même dans les tuyaux, d’après le site Aerobuzz.
Cela étant, les besoins en matière de patrouille maritime sont peut-être plus urgents en Allemagne, où il est question de remplacer les P-3 Orion dans un contexte marqué par une recrudescence de l’activité sous-marine russe dans la Baltique, qu’en France, où il est prévu de maintenir en service 18 Atlantique 2 (ATL 2) modernisés jusqu’en 2030.
« Après, il faudra réfléchir à la génération suivante peut-être avec les Allemands. Faudra-t-il des avions qui volent près des flots ou au contraire à haute altitude, comme les P8 américains? Uniquement des avions ou un mélange d’avions et de drones à longue portée ? Les Allemands sont dans le même calendrier que nous, puisqu’ils rénovent actuellement leurs P3, qui devront donc être changés dans les années 2030-40. Cela augure bien pour une future coopération », avait expliqué, l’an passé, l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale, lors d’une audition parlementaire.
Par ailleurs, la France et l’Allemagne ont rejoint le programme « Multinational Maritime Multinational Mission », conduit par l’Otan afin de permettre de définir des capacités et des besoins communs en matière d’avions de patrouille maritime. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, la Turquie, le Canada et la Pologne en font partie.
Cela étant, plusieurs solutions existent (ou sont en passe d’exister). Outre le P-8 Poseidon de Boeing, Airbus a dit envisager développer un avion de patrouille maritime sur la base de son A320neo tandis que Saab propose déjà le Swordfish, développé à partir du Bombardier Global 6000. Enfin, il se dit que Dassault Aviation pourrait présenter une adaptation du Falcon 8X.
Pour rappel, le Kawazaki P.1 est un quadriréacteur taillé pour la lutte anti-sous-marine. Armé de missiles antinavires AGM-84 Harpoon et ASM-1C, de mines et de torpilles, il est mis en oeuvre par deux pilotes et onze opérateurs. Mis en service au Japon en 2013, son prix serait de 140 millions de dollars.