La semaine passée, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ont condamné « dans les termes les plus forts possibles » l’empoisonnement, le 4 mars dernier, du colonel Sergueï Skripal, un ancien du renseignement militaire russe, et de sa fille Youlia, à Salisbury, dans le sud de l’Angleterre. Dans leur texte commun, ils ont également évoqué l’implication « très probable » de la Russie dans cette affaire.
Pour rappel, Londres accuse Moscou d’avoir tenté d’assassiner le colonel Skripal, réfugié au Royaume-Uni après avoir été condamné par la justice de son pays pour avoir travaillé pour le MI-6, avec un gaz de « qualité militaire », appartenant à la famille des agents « Novichok ». Ce que le gouvernement russe nie en bloc.
« Les dirigeants de l’Union européenne se sont entendus pour considérer, avec le gouvernement britannique, que la Russie est très probablement derrière l’attaque de Salisbury et qu’il n’y a pas d’autre explication possible », a résumé, le 22 mars au soir, Donald Tusk, le président du Conseil européen.
Dans la foulée, l’UE a décidé de rappeler, « pour consultation », le diplomate allemand Markus Ederer, son ambassadeur en poste à Moscou. « Nous regrettons qu’une nouvelle fois on prenne de telles décisions en utilisant la formulation ‘très probablement' », a ensuite réagi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.
Cela étant, 14 membres de l’UE, dont la France, ont décidé d’aller encore plus loin. « Nous avons notifié aujourd’hui aux autorités russes notre décision d’expulser du territoire français quatre personnels russes sous statut diplomatique, dans un délai d’une semaine », a en effet indiqué, ce 26 mars, Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères.
Cette mesure fait « suite aux conclusions du Conseil européen des 22 et 23 mars », a continué le chef du Quai d’Orsay. « L’attaque de Salisbury constitue une menace grave à notre sécurité collective et au droit international » et « le Conseil européen est convenu qu’il n’existait pas d’autre explication plausible que celle de la responsabilité de la Fédération de Russie », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, lors d’un déplacement en Ukraine, le 23 mars, M. Le Drian avait qualifié la Russie de pays « agresseur » en évoquant le conflit dans le Donbass (sud-est). « Sur ce point, je vais être très clair. Dans cette crise, il y a pour nous un pays agresseur et un pays agressé et il n’y a pas d’ambiguïté », avait-il déclaré,
Cela étant, l’Allemagne a emboîté le pas de la France. « Nous avons expulsé aujourd’hui quatre diplomates russes. Car la Russie n’a toujours pas contribué à éclaircir l’empoisonnement de Salisbury », a en effet annoncé le ministère allemand des Affaires étrangères. Parmi les autres membres de l’UE participant à cette opération, l’on trouve l’Italie, les Pays-Bas, le Danemark, la Pologne, la République tchèque, la Lituanie, la Lettonie ou encore l’Estonie.
« De manière concertée, 14 pays de l’UE ont décidé d’expulser des diplomates russes », a relevé M. Tusk. « Des mesures supplémentaires, incluant de nouvelles expulsions, ne sont pas exclues dans les prochains jours et (les prochaines) semaines », a-t-il ajouté.
À Washington DC, la Maison Blanche a annoncé la fermeture du consulat de Russie à Seattle, en évoquant sa proximité avec une base de sous-marins et les installations industrielles de Boeing. En outre, 60 diplomates russes seront priés de plier bagage. « Les États-Unis sont prêts à coopérer pour bâtir une meilleure relation avec la Russie, mais cela ne peut que se produire si le gouvernement russe change d’attitude », explique l’admistration Trump. Enfin, le Canada va lui expulser quatre diplomates russes.
Le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, s’est réjoui de la « la réponse extraordinaire » des alliés du Royaume-Uni. Réponse qui « constitue le plus grand mouvement d’expulsion d’agents russes de l’histoire, et permet de défendre notre sécurité partagée », a-t-il ajouté.