Renvoi de 23 diplomates russes, rupture des contacts bilatéraux, boycott de la Coupe du Monde par la famille royale : Theresa May, Première ministre britannique avait prévenu. Le Royaume-Uni a riposté ce mercredi jugeant la Russie responsable de l’empoisonnement de l’ancien espion Sergueï Skripal et de sa fille sur le territoire britannique. Retour sur cette affaire digne des plus grandes heures de la Guerre Froide.
Le torchon brûle entre la Grande-Bretagne et la Russie. Au centre de cette crise diplomatique, l’empoisonnement de l'ex espion russe Sergueï Skripal, 66 ans, et de sa fille Ioulia, 33 ans, toujours hospitalisés dans un état « critique ». Dernier épisode en date, l'annonce par Theresa May de sanctions contre la Russie, mercredi 14 mars, avec notamment le renvoi de 23 diplomates russes. Ouest-France rembobine l'affaire.
L’espion retrouvé inconscient sur un banc
L’affaire débute le 4 mars, jour où Sergueï Skripal est retrouvé inconscient sur un banc à Salisbury, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Skripal et sa fille Youlia, qui l’avait rejoint à Salisbury, sont immédiatement hospitalisés.
Les autorités britanniques sont aussitôt alertées. Car Skripal n’est pas n’importe qui. Il s’agit d’un ancien colonel du service de renseignement de l’armée russe. Arrêté par les Russes en 2004 et accusé de « haute trahison », il avait reconnu avoir fourni l’identité de dizaines d’agents de Moscou opérant en Europe. La trahison lui a rapporté 100 000 dollars. Condamné à treize ans de camp, il est échangé en 2010 avec trois agents contre dix espions russes interceptés par les États-Unis. Il rallie alors l’Angleterre où il vit depuis.
Le Novichok, poison plus puissant que le sarin
Les symptômes présentés et les premiers examens pratiqués sur Youlia et Sergueï Skripal font rapidement penser à un empoisonnement. D’autant plus que le premier policier en contact avec eux a lui aussi été contaminé et se trouve dans un état grave. De plus, des traces de contamination ont été retrouvées dans un restaurant et un pub de Salisbury où Skripal et sa fille ont déjeuné et bu un verre.
Les experts britanniques identifient un gaz innervant de type militaire développé en Union soviétique. Le poison utilisé, baptisé Novichok, ce qui signifie « nouveau venu » en russe, fait parti d’un groupe d’agents neurotoxiques avancés mis au point par l’Union soviétique dans les années 1970 et 1980. Il serait plus puissant encore que le gaz VX, un agent innervant pourtant considéré comme l’un des poisons les plus puissants.
Inodore et incolore, le VX est une version encore plus mortelle que le gaz sarin. Le VX s’attaque au système nerveux et aux muscles. En cas d’empoisonnement, les premiers symptômes à apparaître sont des douleurs gastro-intestinales. Faute d’antidote (l’antropine est l’antidote le plus efficace) dans les minutes qui suivent le contact, le gaz VX provoque la mort.