Deux mois après avoir lancé l’opération « Rameau d’olivier » contre les milices kurdes syriennes (YPG), par ailleurs soutenues par la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, les forces turques et les groupes rebelles syriens soutenus par Ankara ont atteint leur objectif, c’est à dire la prise de contrôle de la ville d’Afrin, chef lieu du canton du même nom, situé dans le nord-ouest de la Syrie.
« Des unités des Forces syriennes libres, qui sont soutenues par les forces armées turques, ont pris le contrôle total du centre-ville d’Afrin ce matin à 08H30 », a en effet affirmé, ce 19 mars, le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Toujours selon ce dernier, les combattants kurdes syriens, qu’il considére comme des terroristes en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK) ont « fui » Afrin et les forces spéciales turques se sont déployées dans la ville.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a confirmé l’entrée des forces turques dans Afrin et assuré qu’elles « progressaient rapidement ». Un témoin a en outre confié à l’AFP que les combattants kurdes s’étaient repliés.
Ces derniers jours, et alors qu’elles encerclaient Afrin avec leurs supplétifs, les forces turques avaient intensifié leurs bombardement et leurs tirs d’artillerie. Une frappe contre le principal hôpital d’Afrin aurait fait 16 tués, selon l’OSDH. Ce qui a été démenti par Ankara.
D’après les correspondants de presse présents sur place, les soldats turcs et leurs alliés ont entamé sans tarder les opérations de déminage. Et deux chars turc ont pris position « devant un bâtiment officiel », tandis que, raconte l’AFP, « des tirs de célébration retentissaient alentour ». Des drapeaux turcs et de la rébellion syrienne ont été accrochés sur plusieurs immeubles.
La prise, relativement facile d’Afrin, est une suprise dans la mesure où les milices kurdes syriennes y avaient envoyé des renforts (quitte à dégarnir le front contre l’État islamique dans la vallée de l’Euphrate, où l’organisation jihadiste tient encore quelques positions) et affirmé qu’elles défendraient la ville. Ont-elles subi des pertes si importantes qu’elles ont dû renoncer?
Maintenant, plusieurs questions se posent. Que feront les milices kurdes syriennes dans le reste du canton d’Afrin? Qui assurera le contrôle de la ville? Si ce sont les rebelles syriens soutenus par Ankara, le régime syrien ne le tolérera pas (lui qui a soutenu les YPG en y envoyant des groupes paramilitaires)… À moins que Damas fasse ce que lui dictera Moscou. Par ailleurs, le président Erdogan fera-t-il ce qu’il a annoncé à maintes reprises, c’est à dire lancer une offensive en direction de Manbij, où soldats américains côtoient les miliciens kurdes?
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