Récemment, le Pentagone a annoncé une « pause » dans les opérations terrestres menées en Syrie contre les dernières positions tenues par l’État islamique dans la vallée de l’Euphrate, près de la frontière avec l’Irak. Et cela en raison de l’offensive turque, appelée « Rameau d’Olivier », dans le canton d’Afrin, contrôlé par les milices kurdes syriennes (YPG), lesquelles constituent une part importante des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui sont en première ligne contre l’organisation jihadiste.
En effet, les YPG ont l’intention de renforcer leurs positions dans la région d’Afrin, ce qui suppose le retrait d’une partie de leurs effectifs de la province de Deir ez-Zor, où ont lieu les combats contre l’EI et où des forces pro-Damas (avec des « contractuels » russes dans leurs rangs) ont tenté, sans succès, d’attaquer les FDS en février.
« Nous avons pris la décision difficile de retirer des combattants de la banlieue de Deir Ezzor et des fronts anti-EI pour les déployer à Afrin », a ainsi expliqué Omar al-Idlebi, un responsable militaire des FDS. « Nos parents à Afrin constituent une priorité et leur protection est plus importante que les décisions prises par la coalition » dirigée par les États-Unis, alliée des FDS, a-t-il ajouté.
Il est ainsi question de redéployer 1.700 combattants de Deir ez-Zor vers Afrin, où les forces turques et leurs supplétifs syriens [des groupes rebelles soutenus par Ankara, ndlr] continuent de progresser, au point de contrôler 40% du canton.
« Nous avons combattu Daesh et avons aidé la coalition à Raqqa, mais celle-ci n’a pas soutenu ses partenaires », a déploré, avec amertume, M. Idlebi. En effet, l’affaire d’Afrin, les États-Unis se gardent bien d’intervenir, leurs relations avec la Turquie, avec laquelle ils sont alliés au sein de l’Otan, étant déjà passablement dégradées à cause, justement, du soutien aux YPG dans le cadre de la lutte contre l’EI. Pour Ankara, les miliciens kurdes syriens sont considérés comme des terroristes, à cause de leur proximité avec les rebelles turcs du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Seulement, les relations entre Washington et Ankara vont encore être mises à l’épreuve, après l’annonce de ce redéploiement des FDS vers Afrin. Ce 7 mars, la Turquie a demandé aux États-Unis de l’empêcher.
« Indéniablement, nous attendons des Etats-Unis qu’ils interviennent et empêchent le transfert […] à Afrin des forces des YPG qui sont sous leur contrôle », a en effet déclaré Ibrahim Kalin, le porte-parole de la présidence turque. En attendant, Ankara a pris, « sur le terrain, les précautions nécessaires », a-t-il ajouté, dans donner plus de détails.
Toujours est-il que la coalition anti-jihadiste n’a aucun moyen de dissuader le redéploiement de forces kurdes vers Afrin. « Nous n’attendrons aucune décision [de la coalition] et nous nous dirigeons vers Afrin », a prévenu Omar al-Idlebi.