Sri Lanka: 90 à 127 tués dans les combats les plus meurtriers en 18 moisDes policiers srilankais de la force spéciale pendant une parade à Colombo, le 18 avril 2008 © 2008 AFPle 23/04/2008 à 15:42 GMT COLOMBO (AFP) Le Sri Lanka a connu mercredi ses combats les plus meurtriers depuis un an et demi, faisant entre 90 et 127 tués, selon différents bilans d'une violente offensive de l'armée repoussée par les rebelles séparatistes tamouls dans le nord de l'île.
Fait rarissime dans la guerre qu'il livre depuis 36 ans contre la guérilla tamoule, le ministère de la Défense a reconnu la mort d'au moins 38 soldats sur la péninsule septentrionale de Jaffna, tout en affirmant que ses troupes avaient tué 52 "terroristes".
Mais ce sont au moins 100 militaires sri-lankais qui sont tombés au combat, ont affirmé les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), reconnaissant de leur côté la perte de 16 "vaillants combattants".
Un bilan non-officiel évalue même à 127 le nombre de soldats tués ou portés disparus.
Plus de 100 militaires tués dans un attentat suicide attribué aux séparatistes tamouls en octobre 2006 © 2008 AFPLes chiffres sont tout aussi contradictoires pour les blessés de ces accrochages "acharnés" qui ont duré plus de dix heures: une centaine dans les rangs des Tigres et 84 soldats, selon le gouvernement, mais au moins 400 militaires, d'après les LTTE.
Des sites internet favorables aux insurgés ont en tout cas publié des photos de cadavres qu'ils présentent comme ceux de soldats gouvernementaux, tandis que l'armée de l'air évacuait vers Colombo des dizaines d'officiers blessés.
Il s'agit de toute façon des plus lourdes pertes en une seule journée pour les troupes du Sri Lanka depuis une débâcle en octobre 2006 dans la même région de Jaffna. A l'époque, cette offensive ratée avait coûté la vie à 129 soldats, en avait blessé 515 autres et les autorités avaient revendiqué la mort de 200 Tigres tamouls.
Les deux camps s'affrontent tous les jours dans le nord du Sri Lanka --dont une partie forme un mini-Etat contrôlé de facto par la guérilla-- et ils fournissent en général des informations contradictoires sur leurs combats. Les bilans sont jugés fantaisistes et sont invérifiables de sources indépendantes, le gouvernement bloquant tout accès aux lignes de front.
Ainsi, Colombo évalue la totalité des forces rebelles à 3.000 hommes, mais il affirme en avoir tué 3.025 depuis le 1er janvier et n'avoir perdu que 218 soldats au cours de la même période.
Des femmes membres de la rébellion des Tigres Tamouls près de la ligne de front, le 3 juillet 2006 © 2008 AFPIndépendant depuis le 4 février 1948, l'ex-Ceylan peuplé de 20 millions d'habitants s'enlise dans le plus vieux conflit en cours en Asie, une guerre où alternent phases de combats, attentats et périodes d'accalmie.
En lutte depuis 1972, les Tigres tamouls, hindouistes, se battent pour l'indépendance du nord et du nord-est de ce pays peuplé à 75% de Cinghalais bouddhistes. Entre 60.000 et 70.000 personnes ont été tuées en trois décennies et des milliers sont mortes depuis le regain de violences de la fin 2005 lorsqu'a été élu le président nationaliste Mahinda Rajapakse.
Dans le nord, les accrochages au sol et les bombardements aériens allaient crescendo depuis la rupture en janvier d'un cessez-le-feu péniblement signé en février 2002 sous l'égide de la Norvège.
Enhardi par le retrait des Tigres en juillet 2007 de l'est de l'île, le gouvernement espère venir à bout des dernières poches de résistance dans le nord, d'autant que des élections régionales ont lieu le 10 mai .
Les négociateurs des Tigres Tamouls (g) et du gouvernement sri-lankais peu après leur accord, le 5 décembre 2002 à Oslo © 2008 AFPColombo avait promis d'écraser l'insurrection d'ici à cet été.
Mais, comme le relèvent des experts, le gouvernement a toujours sous-estimé la puissance de frappe des Tigres tamouls.
Les insurgés disposent d'une armée de terre, d'une force navale et même de petits avions, un cas unique au monde pour une guérilla. Ils commettent régulièrement des attentats suicide visant surtout des militaires, mais qui n'épargnent plus les civils.
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