Un pékin moyen
- Auteur : C. Bobbera - Direction : DICoD
Quand un militaire qualifie quelqu’un de « pékin », il ne fait pas du tout référence à la capitale de la Chine. Ce terme de l’argot militaire est utilisé pour qualifier quelqu’un de civil, de non militaire.
Selon certaines sources, le mot pékin - ou péquin - aurait fait son apparition dans le vocabulaire militaire pendant les guerres de la Révolution (1792-1802). Ce terme serait issu du provençal péquin, qui désigne quelqu’un de malingre, chétif, et se serait diffusé dans l’armée par l’intermédiaire des contingents de méridionaux composant les armées révolutionnaires. À cette époque, le pékin désigne le bourgeois, le civil, celui qui est étranger au monde militaire, à ses codes et à ses habitudes.
Ce mot est à l’origine d’une célèbre repartie de Talleyrand. À l’occasion d’un dîner donné à son domicile, Talleyrand attend de longues heures un de ses invités, le général Dorsenne. Ce dernier arrive finalement au milieu du repas. Il s’excuse de n’être pas venu plus tôt, expliquant qu’il a été retenu par un pékin. Talleyrand lui demande alors ce que ce terme désigne, et le général de répondre : « Nous autres militaires, nous avons l’habitude d’appeler "pékin" tout ce qui n’est pas militaire. » « C’est comme nous », lui répond Talleyrand, « nous appelons "militaire" tout ce qui n'est pas civil ! »
Ce terme fut par la suite largement utilisé pour parler de manière générique de tout individu ne portant pas d’uniforme militaire.
Notons par ailleurs que le substantif masculin pékenot ou péquenaud est vraisemblablement un déformation du mot pékin, mais ajoutant une dimension péjorative. Il s’applique au paysan et, par extension, à une personne peu dégourdie.