« Si vous me demandez ce dont nous avons besoin pour gagner cette guerre; je réponds, du tabac autant que des balles », déclare en 1917 le général John Pershing, commandant du corps expéditionnaire américain.
Il faut dire que pendant la Première Guerre mondiale, le tabac a joué un rôle prédominant dans le moral du poilu.
Dès le début du conflit, le tabac est distribué gratuitement aux troupes. Il s’agit en majorité de tabac gris à pipe. En effet, les poilus français préfèrent fumer la pipe que la cigarette.
Pour parler du tabac, les poilus trouvent rapidement des expressions bien à eux. Au XIXe siècle, dans l’argot militaire, le tabac est appelé « trèfle ». Mais avec la Grande Guerre, le terme est vite évincé par le « perlot » et le « gros cul ».
Dans son dictionnaire humoristique l’Argot des poilus paru en 1918, François Déchelette nous explique que « dans la tranchée, ‘le perlot’ est un grand magicien : il ouvre les portes du paradis, du rêve ; il tue le cafard mieux que n’importe quel insecticide ; et dans les volutes de sa fumée, le poilu, évoquant le pays et les visages aimés, croit que la guerre est finie... »
Le « perlot » est une espèce particulière de tabac composé de troncs d’arbres et de feuilles de tabac. Le poilu appelle « fin » le tabac qui ne contient pas de troncs d’arbres.
Le mot « perlot » provient du latin sempervirens, adjectif invariable signifiant « à feuillage persistant », autre nom du chèvrefeuille. Les tiges-liane et les feuilles réduites en poudre du sempervirens constituaient à l’époque un substitut du tabac.
Par abréviation, sempervirens est devenu « semper », puis « semperlot » et enfin « perlot ». D’autres sources affirment que « perlot » serait issu du mot perle, à cause de sa ressemblance avec la grosseur des brins.
Quant au « Gros cul », il correspond au tabac à pipe à gros brins distribué à la troupe. Il était fourni sous forme de paquets cubiques, fermés par une bande sur laquelle était imprimée une grosse lettre Q, d’où « Gros cul ».