2 juillet 1.955:
une femme Trakhet Djarmouna ben Ahmed, 48 ans, du douar Mahmet (c.m. Kenchela), enlevée à son domicile, égorgée.
un cadavre d'un homme nu, égorgé et eventré à Mechala. (c.m. La Sefia, Départ. Bône), est découvert . - Voir son cadavre, ICI.
Dakhil ben Khalifa, cultivateur, 70 ans, né et demeurant à la Mechta Ouled Messelem (douar Mahmet, c.m. Kenchela, départ. Constantine); enlevé à son domicile le 2.7.1955; la gorge tranchée d'une oreille à l'autre.
3 juillet 1.955:
quatre européens blessés par attentat à Philippeville.
4 juillet 1.955:
rien
5 juillet 1.955:
Le débat sur l'algérie est reporté à date ultérieure par l'assemblée nationale.
Le grand rabbin de Batna laissé pour mort dans un attentat individuel.
6 juillet 1.955:
rien
7 juillet 1.955:
deux femmes assassinées à Oued Taga, ICI
8 juillet 1.955:
Le capitaine chef de la S.A.S de Oued Sebt raconte une de ses astuces, qu'il fixe "mi 1955".
Le jeudi suivant, je décidais de boucher les sorties du village. Nul ne pourrait en sortir sans autorisation écrite délivrée par mes soins. Mon chef de Maghzen fut chargé de l'exécution de cette mesure et s'en tira fort bien. Impossible de sortie pour quiconque sans mon laissez passer.
Parmi les personnes venues demander l'autorisation de passage, j'effectuais un tri dont les critères tenaient à la fois la position géographique de l'individu et son apparence, sa façon de parler, ses ramifications familiales, aidé en cela par un de mes gradés moghazni, ancien soldat, victime du F.L.N. et originaire de la région.
Je retenais douze personnes et leurs bourricots, seuls véhicules tout terrain, aptes à se déplacer dans les régions que je désirais pénétrer. Une autre raison me conduisait à ne pas dissocier ces binômes naturels: le bourricot de chacun de mes sélectionnés connaissait le chemin du retour ... à l'écurie aussi bien que son maître.
C'était mon atout. Je désignais ensuite pour chacun de ces maîtres un moghazni qui se substituerait à lui ... en vêtements extérieurs semblables, avec la monture qui connaissait le chemin, pour aller là où le maître devait nécessairement se rendre à son retour du marché. C'est ainsi que mes moghaznis se firent tout naturellement arrêter en cours de route, à hauteur de ce qui devait constituer la frontière.
Bien sûr, ils s'arrêtèrent, la tête baissée sous la cachabia (sorte de burnous mais avec des manches) et se virent demander la dîme pour contact en zone ennemie (Bou-Medfa) et l'impôt volontaire pour la libération.
Il va de soi que mes spadassins eurent tôt fait de s'exécuter en dévoilant alors leur pistolet-mitrailleur MAT 49, en guise d'écus, et de désarmer de ce fait, immédiatement et sans tirer un coup de feu, le collecteur- douanier armé généralement d'un fusil de chasse, à chien extérieur, de modèle ancien mais encore efficace.
Le résultat de cette ruse fut que, deux jours après, je pus enfin prendre contact et discuter avec une grande partie de la population des Zouaoua, sauf leur chef.. F.L.N., bien entendu! Je sus, bien après, qu'à partir de ce moment-là, il disait dans les douars que: "El Ficiane (phonétiquement : l'officier) a été plus rusé que le chacal".