Merci Gus Un p'tit plus Le raid des sept bornes, une expédition de l'extrême sur la frontière guyanaiseScientifiques et légionnaires menaient depuis le 2 juin 2015 l'expédition sur la frontière terrestre entre Guyane française et Brésil.
320 km à pied pour un défi humain, scientifique et logistique qui c'est achevé le 20 juillet."Les monts Tumuc-Humac à la frontière entre le Brésil et la Guyane française".Le 2 juin 2015, trois chercheurs, deux guides amazoniens et une quinzaine de légionnaires seront hélitreuillés au cœur de la forêt amazonienne avec, chacun sur le dos, un paquetage de 30 kilos de matériel.
Commencera alors une aventure unique : une remontée du fleuve Maroni en pirogue, suivi d’un raid de 320 kilomètres à pied et d’une seule traite le long de la frontière terrestre qui sépare la Guyane française et le Brésil.
Sept bornes ponctuent depuis les années 1950 cette frontière sud, qui fut contestée entre la France et le Portugal, puis le Brésil, dès la fin du 17e siècle.
Cette région frontière de jungle dense, inaccessible, vide de toute présence humaine à 200 km à la ronde, "est très mal connue, isolée au centre d’une immense aire protégée de 80.000 km2", indique François-Michel Le Tourneau, géographe au Centre de recherche et de documentation des Amériques de l’université Sorbonne Nouvelle, initiateur du projet, coordinateur de la partie scientifique.
Totalisant plus de 30 missions dans tous les États de l’Amazonie brésilienne, la plupart du temps dans des sites isolés, vidés de toute présence humaine, il est aguerri aux terrains difficiles "où il faut se faufiler entre les arbres plutôt que tailler des boulevards à la machette".
Au fil de ces missions, le chercheur a développé des techniques de survie en forêt, un savoir-faire qu’il a affûté lors de stages dans des centres d’entraînement de l’armée française.C’est ainsi qu’il s’est naturellement tourné vers le colonel Alain Walter, à la tête du 3e régiment étranger d’infanterie basé à Kourou et spécialisé dans le combat en forêt amazonienne. Le colonel Walter, qui a été engagé dans des opérations en ex-Yougoslavie, en Macédoine et en République centrafricaine, s’est également investi en Guyane dans la lutte contre l’orpaillage, "une véritable catastrophe écologique", martèle-t-il.
L'équipe comprendra également deux botanistes du CNRS Guyane et du Jardin botanique royal de Kew (Grande-Bretagne).
Une topographie à affinerDu 2 juin au 20 juillet 2015, ces hommes ont effectués des relevés écologiques, prélever des échantillons de communautés d’espèces et comparer la situation actuelle de la région avec les récits des anciens explorateurs.
"Nous chercherons également des traces d’occupations amérindiennes, souligne François-Michel Le Tourneau. Mais notre objectif principal, c’est de déterminer le tracé exact de la frontière dans les zones où la topographie est imprécise sur les cartes et d’entretenir les bornes-frontières".
Celles-ci ont été installées il y a plus de 50 ans en déterminant leur position grâce à des méthodes astronomiques (basées sur la détermination de la position des étoiles à un temps donné), qui ont une approximation de 300 mètres.
Lors du raid, leurs coordonnées seront déterminées par GPS avec une précision de l’ordre du centimètre. "L’une de ces bornes, sur le tronçon ouest de la frontière, n’est sans doute pas au bon endroit", remarque François-Michel Le Tourneau.
Si c’était le cas, cela relancerait des discussions frontalières avec le Brésil.
Mission de renseignement sur les orpailleursDe leur côté, les militaires profitent de ce raid pour "retourner en forêt", explique le colonel Walter.
"Nous réactivons un savoir-faire spécifique de durée en forêt profonde et allons tester du nouveau matériel".
Cela permettra également de mener une mission de renseignement sur les activités humaines dans cette région, et notamment de débusquer éventuellement des orpailleurs, ce fléau de la forêt guyanaise.
L’aventure s’annonce éprouvante, car "nous serons alors en fin de saison des pluies, ce qui nous permettra de trouver de l’eau, mais rendra le terrain glissant".
Et puis il faudra affronter les mythiques monts Tumuc-Humac , l’obstacle principal de la traversée d’ouest en est de la région, qui imposera près de 15.000 mètres de dénivelé positif cumulé.
Toutes ces difficultés expliquent pourquoi la traversée des monts Tumuc Humac dans ce sens n’a encore jamais été réalisée.
Mystérieux monts Tumuc-HumacDepuis le 17e siècle, nombre d’explorateurs sont partis à la recherche des monts Tumuc-Humac, cette frontière montagneuse mythique.
Mais il fallut se rendre à l’évidence : cette chaîne de montagnes n’existe pas.
En lieu et place, on trouve une poignée de collines et d’inselberg qui culminent à 850 mètres.
Considérés comme un importun "aimant à aventuriers", les monts Tumuc-Humac furent un temps retiré des cartes géographiques, puis réhabilité.