Sujet: La 2ème guerre mondiale- Normandie-Niemen Lun Mai 11 2015, 17:17
La 2ème Guerre Mondiale : 1939-1945
Normandie-Niemen
Général Joseph RISSO
Le général (air) Joseph RISSO, membre du comité d’honneur de notre Fédération, est né à Cadolive dans les Bouches-du-Rhône. Engagé dans l'aviation en 1938, il entre à l'école de pilotage Caudron d'Ambérieu la même année. En 1939-1940 il termine son instruction à l'école d'Istres.
Après l'armistice de 1940, il s'évade de Nouvion (Algérie) à bord d'un Simoun pour rejoindre Gibraltar. Après un atterrissage forcé à la Linéa, il réussit à rallier les F.F.L. à Gibraltar puis en Angleterre.
Pilote de chasse de nuit dans la R.A.F., il est l’un des tous premiers éléments du Groupe de chasse n° 3 « Normandie ». Il arrive en U.R.S.S. à Ivanovo en octobre 1942 et restera dans cette unité jusqu'en 1948. Il a ensuite occupé de nombreuses fonctions dans l'armée de l'air, affecté notamment à l'état-major de la 5ème région aérienne d'Alger, à la 11ème escadre de chasse comme commandant en second, à la 13ème escadre de chasse tout temps en qualité de commandant.
Il a également été auditeur au Collège de défense de l'O.T.A.N. puis affecté à la direction de la sécurité militaire. Après un passage au centre des hautes études militaires et à l’institut des hautes études de défense nationale, il dirige le centre d'opérations de la défense aérienne à Taverny ; il était alors général de brigade.
Normandie-Niemen : Origine et création
Fin 1941, le colonel LUGUET ralliait les Forces Françaises Libres. A la suite d'un entretien avec le général De Gaulle, ce dernier, en accord avec le comité national de la France Libre, propose au gouvernement soviétique l'envoi d'une formation combattante française en Russie. Le groupe de chasse CG3 Normandie, qui allait devenir plus tard le régiment « Normandie-Niémen », était né, seule force occidentale à combattre sur le front de l'est.
Les négociations débutèrent en février 1942. Elles furent longues. Pendant ce temps, les volontaires français recrutés arrivent de toute part pour être rassemblés au Moyen-Orient. Parmi eux, soixante seulement furent retenus par le commandant POULIQUEN pour créer une escadrille complète et opérationnelle. Le nom de la province « Normandie » fut retenu pour nom de tradition de l'escadrille. C'est le jour de la libération de Paris que, sur ordre de STALINE, l'escadrille se verra ajouter le nom de « Niémen » pour être enfin « Normandie-Niémen ».
Parti de Rayack le 12 novembre 1942 en avion, les 61 français qui composent l’unité (14 pilotes et 47 mécaniciens) s'envolent à destination de Bassora. Après une traversée mouvementée du désert irakien et des montagnes iraniennes, l'escadrille arrivent enfin à Téhéran le 18 novembre 1942. Les aviateurs furent reçus très chaleureusement par l'ambassadeur soviétique et les personnalités civiles et militaires iraniennes ainsi que diverses communautés.
Départ de Téhéran le 27 novembre 1942 et arrivée à Goriev au bord de la mer Caspienne le 28 novembre où, pour la première fois, les français posaient le pied sur le sol soviétique en vue du combat contre les armées allemandes.
Arrivée à Ivanovo, qui sera la base d'entraînement de l'escadrille, le 29 novembre 1942. Après trois mois d'entraînement intensif, l'escadrille est enfin apte aux opérations de combats. Le modèle d'avion retenu par les français qui avaient le choix entre plusieurs appareils, fut le Yak 1. Le 22 mars 1943, la formation complète arrive sur un terrain de combat dénommé Polotniani-Zavod où ils rejoignent la 303ème division de chasse à laquelle ils appartiendront toute la guerre.
Pendant trente et un mois, les aviateurs Français du « Normandie-Niémen » vécurent l’existence sur le front de toutes les escadrilles de l'aviation soviétique, avec ses moments d'attente, ses missions, ses dangers, ses combats, l'exaltation de la victoire et les peines lorsqu'un camarade ne rentre pas. Les pilotes couchent dans des maisonnettes ou datcha et arrivent sur le terrain en camion qu'il fallait sortir des ornières, tant le dégel avait été soudain. Les mécaniciens construisent des abris de fortune à même la terre faits de branches et de feuilles ou un simple trou dans le sol. Le poste de commandement se trouvait enterré dans une « zimlia », grand trou de deux mètres de profondeur recouvert de troncs d'arbres et de branchages avec comme accès un escalier fait de troncs d'arbres fendus en deux.
Combien de souvenirs subsistent de cette époque : la succession des missions, la dure bataille d'Orel de juillet 1943 où, en quelques jours, disparaissent de nombreux pilotes, l'arrivée successive de petits renforts pour combler les vides et participer aux combats suivants, enfin le regroupement à Toula pendant l'hivers 1943-1944 avec l'arrivée de renforts importants et la transformation de la petite escadrille en un régiment de quatre escadrilles.
Leur épopée s'est déroulée en trois périodes :
Première campagne de mars à novembre 1943
Après leur arrivée à Ivanovo sous la conduite du commandant POULIGUEN, les pilotes s'entraînent sous la direction du commandant TULASNE. En mars 1943, ils arrivent à Polotniani-Zadov : premier terrain de guerre, première épreuve : celle du dégel. Le 5 avril, c'est l'exultation : « Normandie » enregistre ses deux premières victoires. Mais le 13, le premier deuil frappe. Trois pilotes ne rentrent pas. Le bilan est lourd malgré les trois avions ennemis FW190 abattus. Le 7 mai, encore un pilote qui ne revient pas. Les voici réduits à 10…
Enfin, juin arrive avec ses nuits boréales et les premiers renforts. C’est l'intégration dans la 303ème division du général ZAKHAROV.
Soudain éclate une fantastique préparation d'artillerie : la bataille d'Orel commence, nous sommes le 10 juillet. L'affrontement est féroce, à terre c'est l'enfer, dans les airs c'est le carrousel. Les allemands ayant alors décelé la présence d'aviateurs français sur le front, ils concentrent d'importantes formations avec les meilleurs pilotes et leur infligent des pertes sévères le 14 juillet, jour de la fête nationale française.
Le 17 juillet 1943, il y a 60 ans cette année, l'escadrille compte déjà 30 victoires mais celles-ci sont chèrement payées, car du 13 au 17 juillet, six pilotes ne rentrent pas. Il s’agit du commandant TULASNE, du capitaine LITTOLFF, des sous-lieutenants BERNAVON, De TEDESCO et CASTELAIN ainsi que de l’aspirant VERMEIL. Le commandant TULASNE, porté disparu au combat, est remplacé par le commandant POUYADE. En quatre jours « Normandie » fait 112 sorties, abat 17 avions.
Le 1er août, les rescapés s'envolent vers Smolensk après l'arrivée de quelques renforts dans le courant du mois. Les mécaniciens français retournent au Moyen-Orient. Le 22 septembre 1943 une patrouille de onze Yak surprend un groupe de Stukas. Le combat est bref, neuf avions ennemis sont abattus, sans une perte pour les français.
Le 11 octobre, le groupe « Normandie » est fait Compagnon de la Libération avec plus de 50 victoires homologuées. Le 6 novembre 1943 s'achève cette première campagne avec un bilan de 72 victoires et la disparition de 23 compagnons.
De novembre 1943 à mai 1944, « Normandie » s'installe à Toula.
Seconde campagne de mai à décembre 1944
De nouveaux pilotes arrivent, dont le nombre va permettre de porter le groupe à quatre escadrilles (Rouen, Le Havre, Cherbourg, Caen).
C'est le 25 mai 1944 qu'ils quittent Toula avec leur Yak 9 pour Dubrovka. Le 26 juin, ils enregistrent une victoire mais aussi la perte d’un homme. L'envergure de l'offensive a repoussé le front à plus de 400 km. Le 15 juillet, départ vers Mikountani en Pologne. Le 29, nouvelle destination : Alitous sur les bords du Niémen. Début août est marqué par de très nombreux et très violents engagements qui porteront à 12 le nombre de leurs victoires et à six celui de leurs pertes depuis le début de cette deuxième campagne. C'est à Alitous qu'ils recevront les premiers Yak 3, qu'ils fêteront la libération de Paris et qu'ils recevront, par un ordre de STALINE, le nom de « Niémen ».
Le 16 octobre, début de l'offensive sur la Prusse orientale en direction de Königsberg. C'est dans cette offensive que le régiment « Normandie-Niemen » inscrira à son palmarès, dans une semaine inoubliable, 95 victoires sans une seule perte (dont 29 dans la seule journée du 16). Le 22 octobre, nouveau terrain à Stierki-Didvigé à la frontière lithuano-prussienne.
Novembre est relativement calme. Puis c'est la visite du général De Gaulle le 9 décembre avec une prise d'armes à l'ambassade de France, et retour au front le 12 décembre pour une troisième campagne.
Troisième campagne de décembre 1944 à juin 1945
Le 18 décembre 1944, les voici de nouveau sur le front. Leur base est située sur les terres du 3ème Reich proche de Königsberg. Les sorties sont nombreuses et les victoires obtenues au-dessus des champs de bataille de Gumbinnen, Interburg et Bladiau ne le sont qu'au prix de lourdes pertes.
Février 1945 : depuis quelques jours, à chacun de leurs vols, leur regard accroche les rives de la Baltique. Ils combattent au-dessus de Königsberg.
Le 10 avril la ville capitule. Quinze jours après, Pillau, dernier repaire et dernier refuge des escadres aériennes ennemies, tombe à son tour.
Fin avril, 13 nouveaux pilotes arrivent en renfort, trop tard pour participer aux combats.
Le 31 mai, ils sont dirigés sur Moscou et les autorités soviétiques ont décidé qu'en récompense de leurs faits d'armes, les pilotes du « Normandie-Niémen » rentreraient en France avec les avions sur lesquels ils ont combattu.
Le palmarès du régiment « Normandie-Niémen » à la fin de la guerre sera de 273 victoires officielles, 37 victoires probables et 45 avions endommagés en 869 combats avec, malheureusement, 42 pilotes ayant fait le sacrifice de leur vie.
Retour victorieux sur la France
15 juin à Elbing : cap à l'ouest pour retour à Paris via Posen, Prague et Stuttgart.
21 juin, ils survolent enfin la France avec, à 18 H 15, le survol des Champs-Elysées. A 18 H 40 ils se posent au Bourget.
Il existe à Moscou, quai Kpopotkine, un immeuble nommé « résidence Normandie-Niémen » où demeure le général français attaché de défense. Sur la façade de celle-ci se trouve une plaque commémorative portant le nom des 42 disparus. Cette plaque, détériorée par les ans, a été remplacée par une nouvelle le 7 juillet 2003. Elle a été dévoilée par madame ALLIOT-MARIE, ministre de la Défense, en présence des hautes autorités russes et françaises.
Plusieurs fois par an, ont lieu des cérémonies du souvenir. En avril 1989 la section du Rhône de la FNCV est allée se recueillir et déposer une gerbe en souvenir du sacrifice de leurs compagnons qui aidèrent notre Pays à retrouver sa liberté perdue.
L'épopée de cette glorieuse formation fut et demeurera une page magnifique de l'histoire de l'aviation française.
En leur mémoire, nous rappellerons simplement cette phrase du général De Gaulle :
« En rendant le dernier soupir, vous avez dit « Vive la France ! ». Dormez en paix, la France vivra car vous avez su mourir pour elle. »