LA DROLE DE GUERRE DU PARTI COMMUNISTE « FRANÇAIS »§§§§§
« Le mensonge historique est un crime » (Wladislaw Geremek, premier ministre polonais)
L’année 1939 fut marquée par l’élection d’Albert Lebrun à la présidence de la République, par 506 voix contre 74 à Marcel Cachin, l’un des fondateurs du parti communiste. Maurice Thorez, le secrétaire général du P.C., effectue alors un voyage en Afrique du Nord, fort des bastions « rouges » constitués dans les quartiers populaires de Bab El Oued et Oran, où sont installés des Républicains espagnols, bastions qui, une vingtaine d’années plus tard, seront les fiefs inexpugnables de l’OAS. Si Thorez en appelle à la lutte contre le fascisme, il en profite surtout pour dénoncer la tutelle française : « Où est maintenant dans votre pays la race élue, celle qui pourrait prétendre à la domination exclusive, celle qui pourrait dire : cette terre a été la terre de mes ancêtres, et doit être la mienne ? Il y a la nation algérienne, qui se constitue, et dont l’évolution peut être facilitée, aidée, par l’effort de la République française ».
A l’étranger, la victoire de Franco en Espagne est définitive, reconnue par la France, tandis que le 10 Mars la Slovaquie se sépare de la République Tchèque. Le 15 les troupes d’Hitler entrent à Prague, et la Tchéquie disparait au profit d’un « Protectorat de Bohême-Moravie ». La France et l’Angleterre protestent, sans plus. Un différent grave oppose alors l’Allemagne à la Pologne, à qui Berlin exige la restitution de Dantzig, peuplé d’Allemands. La France et l’Angleterre soutiennent la Pologne, mais leur crédibilité est très affaiblie depuis l’affaire de Prague. Hitler, dans un discours du 28 Avril, renouvelle ses revendications, mais, de façon étonnante, ne prononce aucune critique envers l’URSS. Cette dernière négocie avec la France et l’Angleterre, mais ne s’engage en rien. Staline demande simplement aux Alliés le droit pour son Armée de traverser le territoire Polonais, ce qui provoque un furieux refus du gouvernement polonais.
Dans ce contexte, un coup de tonnerre, le mot n’est pas trop fort, retentit à travers les continents. Le 23 Août, un pacte de non agression était signé à Moscou entre l’Allemagne hitlérienne et l’URSS de Staline, par l’intermédiaire de leurs représentants respectifs, Von Ribbentrop et Molotov. Aux termes de cet accord, les deux régimes totalitaires s’engageaient à ne pas entrer en guerre l’un contre l’autre, et à ne pas s’allier à un tiers qui attaqueraient l’un des deux. Ce fut la stupéfaction et le scandale dans l’opinion, et plus encore parmi les partis communistes du monde, qui n’avaient pas été mis dans la confidence.
Indignés de nombreux militants communistes français, américains, italiens et espagnols en exil, démissionnèrent, en particuliers les anciens des Brigades Internationales. En France, Jean-Marie Clamarus, le spécialiste des questions agricoles, Marcel Capron, maire d’Ivry, Paul Nizan, écrivain et philosophe, quittèrent le PCF. Le 25, la tension entre l’Allemagne et la France étant à son paroxysme, le gouvernement Daladier fait saisir « L’Humanité ». Personne ne pouvait savoir qu’un mois plus tard, le 28 Septembre, un protocole secret était ajouté à cet étrange pacte. Les deux dictatures se partageaient la région : à l’URSS la Finlande, la Lettonie et l’Estonie, la partie Est de la Pologne. Au Reich la partie occidentale de la Pologne et la Lituanie.
Le PCF était d’ailleurs pris de court. Il envoya deux émissaires à Moscou le 23 Août, Arthur Dallidet et Georges Beaufils, mais en deux jours ces envoyés ne purent rencontrer que des cadres subalternes du PC soviétique. Tout en approuvant le pacte, le parti communiste affirmait encore ses sentiments antinazis ; le 25 Août, son groupe parlementaire votait une résolution affirmant que : » Si Hitler, malgré tout, déclenche la guerre, alors qu’il sache qu’il trouvera devant lui le peuple de France uni, les communistes au premier rang, pour défendre la sécurité du pays, la liberté, et l’indépendance des peuples ».Le ton allait vite changer.
Le 1er Septembre l’armée allemande envahit la Pologne, provoquant le 3 la déclaration de guerre franco-britannique. Cette déclaration de guerre est aussitôt dénoncée dans un tract pacifiste par le député communiste d’Arras, Quinet, qui est arrêté. Le même jour, l’ambassadeur allemand Von Schulberg adresse au nom du Führer un télégramme à Staline, la hâtant d’intervenir en Pologne. Le 17, l’Armée Rouge envahit le territoire polonais, et le 27 Allemands et Soviétiques se partagent une Pologne qui a disparu de la carte de l’Europe. Les photos de l’époque montrent des gardes-frontières soviétiques arrachant les barrières de la douane sous le regard hilare de soldats de la Wehrmacht. L’URSS annexe à l’Ukraine les provinces polonaises de Galicie et de Volhynie. Plus tard, des ressortissants de ces régions formeront une division SS qui combattra l’Armée rouge.
Dimitrov, l’envoyé bulgare du Kominterm, donne alors ses ordres au PCF : s’opposer à la guerre contre le nouvel allié de Moscou. Dans les « Cahiers du bolchevisme » du deuxième semestre 1939, Thorez « quelque part en France » exprime dans une interview un avis violent sur les autorités du pays en guerre ; le combat antinazi est devenu une guerre impérialiste :
« Que penses-tu de la guerre que font faire au peuple de France les ennemis du communisme ?
-La réaction, les hommes du 6 Février, leur homme de confiance Daladier, et les chefs traitres du parti socialiste SFIO, sont furieux parce que nous dénonçons les buts impérialistes de la guerre qu’ils imposent au peuple français. Tous ces messieurs ont le front de recouvrir leur politique criminelle du manteau de l’anti-hitlérisme dans l’espoir de tromper les travailleurs, mais entre eux ils n’hésitent pas à dire que le but qu’ils voudraient atteindre c’est la destruction du pays du socialisme, l’URSS, et l’anéantissement de l’immense espoir qu’il représente pour les prolétaires du monde entier ».
Ces mêmes « Cahiers du bolchevisme » expriment le soutien du parti communiste à Moscou, et donc s’oppose à la guerre menée contre l’Allemagne, nouvel allié de Staline ; la revue célèbre ainsi le 60ème anniversaire du tyran de Moscou : « Face à la provocation des fauteurs de guerre impérialiste de Paris et de Londres, qui veulent étendre la guerre à l’univers entier, et se préparent à utiliser la Finlande de la clique Mannerheim (nb : l’URSS avait attaqué la Finlande, petit pays, pour annexer sa province de Carélie) pour attaquer l’Union soviétique, nous voyons se dresser la politique de paix du grand pays où a disparu à jamais l’exploitation de l’homme par l’homme ( !) ; aussi les communistes et les travailleurs français saluent-ils Staline, le grand homme d’état qui a su déjouer les plans des gouvernements français et anglais qui, au moment même où ils parlaient du « front de paix, préparaient l’agression antisoviétique et cherchaient à utiliser l’Allemagne hitlérienne comme troupe de choc de cette agression ».
Le raisonnement, particulièrement tordu s’il en fut, est le suivant : faire la guerre à l’Allemagne c’est en fait viser l’URSS, puisque ces deux pays ont conclu un pacte d’alliance ; imposer un cessez-le-feu, c’est épargner l’URSS, et non favoriser Hitler !
En France le 21 Septembre, deux autres députés communistes sont arrêtés pour « propagande antinationale en temps de guerre ». Le 26, le parti communiste condamne : « L’AGRESSION IMPERIALISTE DE LA FRANCE ET DE LA GRANDE BRETAGNE » contre l’Allemagne. L’intérêt nationale, la lutte idéologique contre le nazisme, n’ont pas pesé lourd : l’alignement sur Moscou doit être impeccable. Le gouvernement Daladier, dont la Chambre des députés est issue du Front Populaire, dissout le PCF ; le maréchal Pétain n’est pas aux affaires et n’a rien à voir là-dedans. Comme les socialistes soutiennent l’effort de guerre, Thorez parle ainsi de Léon Blum dans « Les Cahiers du bolchevisme » : « Reptile répugnant, chacal, laquais des banquiers de Londres, mouchard, belliciste enragé ».
Certains historiens ont cherché des excuses à Staline dans la signature de ce pacte assez infâme. Son manque de confiance, pour ne pas dire son mépris des démocraties occidentales, l’impréparation de l’URSS pour affronter militairement l’Allemagne, l’auraient conduit à ce curieux partenariat. Il y a certainement du vrai dans ces arguments. Mais les deux régimes se ressemblaient
La signature du pacte Hitler-Staline
La signature du pacte Hitler-Staline, ou Ribbentrop-Molotov, sous le portrait de Lénine : une image que les communistes français voudraient bien faire oublier.trop, et brûlaient trop de se partager l’Europe orientale, pour ne pas être complices l’un de l’autre un jour. En attendant, après leur dissolution, trente-cinq députés communistes dirigés par Arthur Ramette fondent le « Groupe ouvrier et paysan », mais sont inculpés de « reconstitution de ligue dissoute », une loi datant du Front Populaire et destinée à combattre les Ligues « fascistes » ! Puis, le 1er Octobre 1939, les députés communistes qui demeurent en liberté écrivent au président de l’Assemblée, Edouard Herriot, et lui demandent L’OUVERTURE DE NEGOCIATIONS DE PAIX AVEC L’ALLEMAGNE. Trente-cinq d’entre eux sont arrêtés par ordre du gouvernement Daladier, qui estime qu’il s’agit d’un acte de trahison. Quarante-quatre responsables du PCF sont inculpés par le Tribunal Militaire permanent de Paris. Les signataires de la lettre à Herriot se nomment : V. Barel, Bartolini, Béchard, Benoist, Belcoz-Benier, F. Billoux, F. Bonte, Brun, Catelas, Cornavin, Cossoneau, Costes, Cristofol, A. Croizat, Dadot, Demusois, Jacques Duclos, Jean Duclos, Dutilleul, E. Fajon, Gaou, Gresa, Jean-Jean dit Renaud, Lareppe, Lévy, Lozeray, Martel, Midol, Monmousseau, Moquet, Musmeaux, G. Peri, Petit, Philippot, Prachet, Prot, Puech, Ramette, Rigal, Rocher, Thorez, Tillon, Touchard, Vazeilles. Cachin, qui siège au Sénat, est déchu de son mandat. Les « poids lourds » de l’intelligentzia communiste, Paul Langevin et Jean-Richard Bloch, qui ne sont pas parlementaires, protestent en faveur des signataires. Mais, on l’a vu, tous les communistes n’apprécient pas l’alignement sur Moscou et le refus d’affronter Hitler. Sur les soixante-douze élus de 1936, trente-sept quittent le PC. Celui-ci observera un silence absolu sur ces défections, et n’en soufflera mot dans aucune publication des « Editions Sociales ».
Quant à Thorez, mobilisé au 3ème régiment du Génie de Chaunay (Aisne), il déserte le 4 Octobre, et se fait conduire le lendemain en Belgique par Ramette, en compagnie de sa concubine Jeannette Vermeersch et de la militante Marthe Desrumeaux. Le 7, il est officiellement déclaré déserteur. Le 28 Novembre 1939, le tribunal militaire le condamne à 6 ans de prison pour « désertion en temps de guerre ». Il s’agit d’ailleurs d’une peine bien légère, compte de son passage à l’étranger, qui pouvait lui valoir la peine de mort ; on n’en a pas tenu compte. En Décembre, la police belge arrête Marthe Desrumeaux et l’extrade vers la France. Thorez, Vermeersch, et Ramette, parviennent à quitter la Belgique juste à temps ; ils rejoignent Paris et l’ambassade d’URSS. De là, grâce aux réseaux montés par les Soviétiques, ils gagnent la Suisse.
Le 21 Janvier 1940 la Chambre proclame les députés communistes déchus de leur mandat et le 30 Marty, l’épurateur des Brigades Internationales, est déchu de la nationalité française. En Mai, le gouvernement prononce la dissolution de 300 conseils municipaux communistes ; 2 778 élus locaux du PC voient leur mandat annulé. Les quotidiens communistes « L’Humanité » et « Ce Soir » et 159 publications du parti sont interdits ; 620 unions locales CGT et 675 associations-relais du PC sont dissous. Puis c’est au tour de Cachin d’être déchu de la nationalité française le 29 Février, en dépit des protestations de Bloch, Langevin, Henri Wallon, René Maublanc, les intellectuels marxistes. François Billoux, membre du Comité central, se rend encore à l’Assemblée Nationale ; il avoue avec cynisme que pour les communistes « le patriotisme est inséparable de leur solidarité à l’égard de l’URSS, qui construit le socialisme ».
Le 21 Mars Daladier est remplacé par Paul Reynaud à la tête du gouvernement, alors que le pays est envahi par la Wehrmacht. Au cours du mois, Thorez, Vermeersch, et Ramette, demandent au Consulat allemand de Zurich un passeport pour l’URSS, et les autorités nazies le leur délivrent. Ils
Maurice Thorez
Maurice Thorez : déserteur en 1939, ministre de De Gaulle en 1944partent par la Belgique, ou selon certaines sources par la Suède ; le parti communiste se refusera toujours à donner la moindre précision sur ce peu glorieux épisode de son histoire. Le 4 Avril, quarante-quatre élus – 35 députés et 9 sénateurs- du groupe « Ouvrier et paysan » sont jugés, et condamnés de 2 à 5 ans de prison. Thorez, Duclos, Péri, Ramette, Tillon, Monmousseau, Catelas, Rigal, et Dutilleul, qui se sont évanouis dans la nature, sont condamnés par contumace. Trente-huit condamnés sont assignés à résidence en Algérie. Après la Libération les communistes utiliseront cette sanction en jouant la confusion : ils créent la FNDIR, Fédération nationale des Déportés, internés et résistants. Ainsi, les patriotes déportés en camp de concentration et les combattants de la Résistance n’auront pas plus de droit que les défaitistes de 1940, partisans d’un accord avec l’Allemagne.
Pendant la campagne de France, une mort va engendrer une sordide affaire va encore montrer le vrai visage du PCF. A Dunkerque, le lieutenant Paul Nizan, démissionnaire du parti moscoutaire à cause du pacte germano-soviétique, est tué à l’ennemi. Aucun écho ne sera donné par les communistes à cette disparition. Mais en 1946-47, le PC prétendra carrément que Nizan était un indicateur payé par le ministère de l’Intérieur, et fera même retirer ses œuvres à la vente des « écrivains combattants ». Il ira même jusqu’à insinuer qu’il avait déserté !
En Juin 1940, on le sait l’avance de l’armée allemande est irrésistible. Le PCF voit alors l’occasion d’en tirer profit. Benoît-Frachon et Georges Politzer, deux dirigeants, proposant au gouvernement des mesures de « défense nationale ». Le but est évidemment de profiter de l’effondrement prévisible des pouvoirs publics pour s’emparer du pouvoir, avec la bienveillante neutralité des Allemands. Le projet consiste donc à :
-« transformer la guerre en guerre nationale d’indépendance ».
- arrêter « les agents de l’ennemi » au Parlement, dans les ministères, à l’Etat-major ; en clair, les ennemis du PC.
-armer « le peuple de Paris », autrement dit créer des milices en vue d’une insurrection dans la capitale.
Le ministère ne tombera pas dans ce grossier piège, auquel il ne donne aucune suite. D’autant qu’il est très occupé à organiser le repli vers Bordeaux. Celui-ci a lieu le 14 Juin, et le 17 le gouvernement Reynaud cède la place à un ministère Pétain.
Le 20 Juin, trois jours seulement plus tard, Maurice Tréand, un Savoyard ancien membre des Jeunesses communistes, membre du Comité central du PCF, qui a voyagé en URSS et dirige « France-navigation », qui acheminait les armes aux républicains espagnols en 1937, sollicite une entrevue auprès des autorités allemandes du « Gross Paris ». Avec Jeanne Schrodt, et l’avocat communiste Robert Foissin, la délégation rencontre Otto Abetz et Georg Grünenberg, de la Propagandastaffel. Il s’agit purement et simplement de faire reparaitre « L’Humanité ». Ces personnages ont été mandatés par Jean Catelas et Ginolin, deux députés communistes qu’ils ont rencontrés à Paris le 16 juin 1940. La chance pour le parti communiste est que ces démarcheurs insolites sont immédiatement arrêtés par la police française. Sans quoi leur parti était irrémédiablement compromis. Par on ne sait quelle intervention, les interpelés sont d’ailleurs immédiatement relâchés. En 2004 seulement, « L’Humanité » reconnaitre les faits, parlant d’une « erreur », vite réparée par Benoît-Frachon, mensonge supplémentaire pour édulcorer la réalité. Dans les faits, Tréand sera exclu du PC en 1944, et mourra dépité en 1949. Il avait même été jusqu’à écrire une note le 20 Juin, parlant du sabotage des usines d’armement et dénonçant « le juif Mandel », alors ministre de l’Intérieur.
Car sabotage il y a. Déjà, la propagande auprès des soldats mobilisés incite au défaitisme. Le « Trait d’Union », émis par le PCF pour les soldats par Danielle Casanova et Victor Michaud au nom du PCF dénonce « la guerre impérialiste ». Plus grave, les usines d’armement sont visées : le parti précise qu’ »une heure de moins pour la production c’est une heure de plus pour la révolution » ! Son touchées la poudrerie de Sorgues (Vaucluse), Renault, et la SOMUA de Vénissieux (Rhône) qui produisent des chars, mais surtout les usines d’aviation Farman, où les sabotages provoquent la mort de plusieurs pilotes. Douze ouvriers dont trois admettent leur appartenance au parti communiste sont condamnés le 27 Mai 1940 à 20 ans de travaux forcés. Quatre autres sont condamnés à mort, un seul, Léon Lebeau, étant gracié.
C’est donc clandestinement que reparait « L’Humanité », le 1er Juillet 1940. De Gaulle a lancé son fameux appel du 18 Juin, et voici en quels termes le PCF y répond : « LE GENERAL DE GAULLE ET AUTRES AGENTS DE LA FINANCE ANGLAISE VOUDRAIENT FAIRE BATTRE LES FRANÇAIS POUR LA CITY ET ILS S’EFFORCENT D’ENTRAINER LES PEUPLES COLONIAUX. LES FRANÇAIS REPONDENT PAR LE MOT DE CAMBRONNE A CES MESSIEURS ».
Le 13 la Chambre élue en 1936 accorde les pleins pouvoirs à Pétain, par 569 voix contre 80. Le même jour « L’Humanité » clandestine écrit ces lignes qu’on ne peut lire sans indignation : « LES CONVERSATIONS AMICALES ENTRE TRAVAILLEURS PARISIENS ET SOLDATS ALLEMANDS SE MULTIPLIENT. NOUS EN SOMMES HEUREUX. APPRENONS A NOUS CONNAITRE, ET QUAND ON FIT AUX SOLDATS ALLEMANDS QUE LES DEPUTES COMMUNISTES ONT ETE JETES EN PRISON POUR AVOIR DEFENDU LA PAIX, ON TRAVAILLE POUR LA FRATERNITE FRANCO-ALLEMANDE ».
Ces pleins pouvoirs votés au maréchal inspirent ce commentaire à Thorez et Duclos, dans un communiqué de la fin du même mois : « …si, malgré la terreur, ce peuple a su, sous les formes les plus diverses, montrer sa réprobation de voir la France enchaînée au char de l’impérialisme britannique, il saura aussi signifier à la bande actuellement au pouvoir sa volonté d’être libre ».
En Août le parti communiste publie le texte rédigé par Thorez depuis Moscou le 10 Juillet, et approuvé par Jacques Duclos :
« La France connait la défaite, l’occupation, l’humiliation. La France encore toute sanglante veut vivre libre et indépendante…Jamais un grand peuple comme le notre ne sera un peuple d’esclaves. Ce ne sont ni les généraux battus, ni les affairistes, ni les politiciens tarés, qui peuvent relever la France…C’est dans le peuple que réside les grands espoirs de la libération nationale et sociale. Et c’est seulement autour de la classe ouvrière ardent et généreuse, pleine de confiance et de courage, que peut se constituer le front de la liberté, de l’indépendance, et de la renaissance de la France ».
Plus tard, le PCF voudra faire voir dans ce texte un pendant à l’appel du 18 Juin appelant à la résistance. Le malheur est que les ennemis désignés de la libération curieusement baptisée « nationale et sociale » ne sont ni les soldats allemands, ni le nazisme, mais les affairistes, les généraux français et les politiciens de la IIIème république. La France n’a pas d’alliés dans cette affaire qui n’est aucunement une incitation à la poursuite de la guerre. Ce n’est qu’une proclamation en vue d’une « renaissance de la France » que peut seule réussir la classe ouvrière, en clair le parti communiste. Il s’agit de prendre le pouvoir, et le pacte Ribbentrop-Molotov ne devrait pas encourager l’occupant à y voir d’objection.
Un peu après, le vocabulaire du PCF évoluera un peu, mais « L’Humanité » clandestine, dirigée par Paul Vaillant-Couturier, continuera à renvoyer dos à dos l’Angleterre et l’Allemagne :
« Ni soldats de l’Angleterre avec De Gaulle !
Ni soldats de l’Allemagne avec Pétain !
Vive l’Union de la Nation française, ni dominion britannique ! Ni protectorat allemand !
Vive la France indépendante et heureuse que veulent et que feront les communistes ! ».
Conformément à ses statuts, le PC dissout organise des groupes de choc clandestins, au cas où. L’organisation spéciale, ou OS, est confiée à Marcel Paul pour la Bretagne, Auguste Lecoeur pour le Nord, Jean-Joseph Catelas pour Paris. Jusqu’en Août 1941, date de la rupture entre Berlin et Moscou et de l’attaque allemande, cette OS offrira une paix royale aux troupes d’occupation. Mais cela changera le jour où la Wehrmacht foulera le sol soviétique...............
Sources :
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Le PCF , mènera la même Politique de sabotage , pour les guerres d'Indochine et d'Algérie
La "FNACA" en reste a ce jour, la preuve vivante