Les Wrens, ces héroïnes méconnues des opérations du Débarquement en Normandie
3 participants
Auteur
Message
Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Les Wrens, ces héroïnes méconnues des opérations du Débarquement en Normandie Mar Mai 28 2024, 22:44
Les Wrens, ces héroïnes méconnues des opérations du Débarquement en Normandie
Le Débarquement en Normandie n'a pas été seulement une affaire d'hommes.
Des femmes ont aussi préparé minutieusement cette gigantesque opération militaire, notamment les membres du Women's Royal Naval Service (WRNS), la branche féminine de la Royal Navy.
Un photographe britannique fait découvrir leurs parcours et leur engagement, 80 ans après.
Elles étaient télégraphistes, radaristes, analystes des armes, opératrices de télémètres, pilotes de transport, électriciennes ou encore mécaniciennes.
À son apogée en 1944, le Women's Royal Naval Service (WRNS, communément appelé "Wrens"), la branche féminine de la Royal Navy, a compté jusqu'à 74 000 membres occupant plus de 200 emplois différents.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 303 d'entre elles ont perdu la vie.
Après avoir rendu hommage il y dix ans aux derniers libérateurs du D-Day, le photographe britannique Robin Savage a décidé de mettre en lumière le rôle de ces femmes à l'occasion des 80 ans du Débarquement.
Lors d'une rencontre organisée à Londres par l'Association des Wrens, il a pu réaliser le portrait de sept d'entre elles qui ont participé aux opérations le 6 juin 1944.
"J'ai été ravi de pouvoir les photographier et de contribuer à partager leur histoire. Nous ne devons jamais oublier la contribution vitale des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale. Il suffit d'écouter ces femmes remarquables raconter leurs histoires de guerre pendant un bref instant pour se le rappeler", explique Robin Savage.
Pour cet artiste, il est difficile de choisir un parcours plutôt qu'un autre, ces destins étant tous "fascinants et emplis d'humilité".
Christian Lamb, 103 ans, troisième lieutenant
Christian Lamb est âgée de 103 ans. Elle a été troisième lieutenant au sein des Wrens.
Christian Lamb a été l'une des premières Britanniques à rejoindre le Women's Royal Naval Service au début de la Seconde Guerre mondiale. Promue troisième lieutenant, elle a été envoyée à Belfast, en Irlande, pour travailler au sein de la salle des opérations du château où la marine était basée. C'est à partir de ce port que de nombreux navires participaient à l'escorte de convois qui traversaient l'Atlantique.
Au début de l'année 1944, elle a ensuite été basée au quartier général des opérations combinées à Richmond Terrace, dans le centre de Londres. "Je devais travailler sur les cartes des futurs débarquements. Nous étions nombreux à travailler sur des pièces individuelles de cette énorme puzzle, mais aucun de nous n'a jamais su ou n'a jamais discuté de ce que faisaient les autres", explique Christian Lamb.
Pour cet ancien officier, cela a été "un travail intense et passionnant". "Le Jour J a eu lieu le 6 juin 1944 et à 6 h du matin. Quand j'ai entendu l'annonce à la radio, j'ai été ravie de voir que nous avions réussi à mettre en place les plans qui avaient été envisagés depuis si longtemps par tant de cerveaux brillants. Cela a été le début de la campagne pour aider les Français à récupérer leur pays".
Dorothea Barron, 99 ans, signaleuse
Dorothea Barron est âgée de 99 ans. Elle a servi de 1942 à 1945 en tant que signaleuse.
Avant le Jour J, Dorothea Barron était basée en Écosse, où elle enseignait aux marins comment utiliser le code morse avec une lumière clignotante. Elle a également participé aux tests des ports Mulberry, ces ports préfabriqués qui ont servi après le Débarquement en Normandie pour permettre l'approvisionnement des Alliés.
À l'époque, elle n'était pas du tout au courant qu'elle participait aux préparatifs de l'opération Overlord. Dorothea se souvient que, du jour au lendemain, les centaines et de navires et de marins répartis un peu partout sont soudainement partis.
Dorothy Smith, 100 ans, rédactrice
Dorothy Smith est âgée de 100 ans. Elle a servi de février 1944 à septembre 1946.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Dorothy Smith était rédactrice au sein du Women's Royal Naval Service. Elle était responsable de tenir à jour la comptabilité et les mouvements du personnel militaire. Lors du Jour J, elle travaillait dans la région de Portsmouth, port du sud de l'Angleterre. Elle se souvient avoir vu d'importants convois militaires le 5 juin le long de la côte sud en prévision du Débarquement. Le lendemain, tout était calme car les navires étaient partis.
Hazel Picking, 98 ans, signaleuse
Hazel Picking est âgée de 98 ans. Elle a servi en tant que signaleuse de 1942 à 1945.
Hazel Picking a rejoint le Women's Royal Naval Service alors qu'elle n'avait que 17 ans. Elle était responsable de la signalisation des navires pendant la Seconde Guerre mondiale dans le Hampshire. Elle travaillait avec les vedettes lance-torpilles de la Royal Navy basées dans le Solent, le bras de mer qui sépare, dans la Manche, l'île de Wight de la Grande-Bretagne. La veille du Jour J, en regardant en direction de la mer, elle se souvient qu'il y avait tellement de navires qu'il aurait été possible de traverser à pied jusqu'à l'île. Le lendemain, ils avaient tous disparu en direction de la Normandie. Quatre-vingts ans après, elle porte toujours avec fierté son chapeau des Wrens.
Marie Scott, 97 ans, opératrice de standard
Marie Scott est âgée de 97 ans. Elle était téléphoniste durant la Seconde Guerre mondiale au sein des Wrens.
Marie Scott a intégré le Women's Royal Naval Service en tant qu'opératrice de standard car elle avait de l'expérience comme téléphoniste. Elle s'est rapidement retrouvée à travailler au quartier général des forces alliés (SHAEF) à Fort Southwick, près de Portsmouth. Lors du Jour J, alors qu'elle n'avait que 17 ans, ses équipements étaient directement reliés avec les forces de Débarquement en Normandie. Marie était responsable de la transmission de messages vitaux aux officiers arrivés sur les plages. Elle se souvient d'avoir entendu la bataille qui faisait rage en arrière-plan. Ces bruits particulièrement choquants l'ont accompagnée tout au long de sa vie.
Patricia Owtram, 100 ans, opératrice linguiste d'interception
Patricia Owtram est âgée de 100 ans. Elle était opératrice linguiste d'interception.
Patricia Owtram se souvient de son engagement avec le Women's Royal Naval Service alors qu'elle était seulement âgée de 18 ans, en 1942. Elle a été attirée par le fait d'occuper un poste normalement dévolu à un officier de marine. Parlant couramment l'allemand, elle était chargée d'intercepter les signaux maritimes ennemis pour les fournir à Bletchley Park.
C'est dans ce domaine situé dans le Buckinghamshire, dans le centre de l'Angleterre, que les chiffres et les codes de plusieurs pays de l'Axe étaient déchiffrés, dont ceux de la machine allemande Enigma. Ce site de décryptage, où a exercé le mathématicien Alan Turing, a été une composante cruciale de l'effort de guerre des Alliés. Après le conflit, Patricia est devenue une journaliste renommée, écrivant avec sa sœur Jean, une agente du Special Operations Executive (SOE) – un service secret britannique – une autobiographie intitulée "Codebreaking sisters" (Mirror Books).
Ruth Bourne, 98 ans, opératrice à Bletchley Park
Ruth Bourne est âgée de 98 ans. Elle était opératrice à Bletchey Park, le lieu de décryptage des transmissions allemandes.
Alors âgée de 17 ans, Ruth Bourne a été l'une des plus jeunes à travailler au sein de la station X de Bletchley Park, une station secrète d'interception radio, mais aussi une station d'émission. Elle était opératrice sur "la bombe", un engin électromécanique dont la fonction était de trouver les réglages quotidiens des machines Enigma des différents réseaux de télécommunication militaires allemands.
Elle se rappelle avoir travaillé des heures durant sans vie sociale, debout toute la journée avec peu de temps pour des pauses. Ruth ne posait pas de questions sur ses fonctions. De son premier jour de travail jusqu'à la fin de son passage à Bletchley Park, elle a fait ce qu'on lui demandait. Elle se dit aujourd'hui satisfaite d'avoir contribué à briser les codes allemands.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
81/06 et Michel aiment ce message
Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: Les Wrens, ces héroïnes méconnues des opérations du Débarquement en Normandie Mar Mai 28 2024, 22:59
On les met que très rarement à l’honneur. La guerre du chiffre s'est gagnée à Betchley Park, lieu totalement secret.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
Commandoair40, 81/06 et Michel aiment ce message
Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Re: Les Wrens, ces héroïnes méconnues des opérations du Débarquement en Normandie Mer Mai 29 2024, 00:20
A Bletchley Park, l'histoire secrète de l'invention de l'informatique
Le film « The Imitation Game » retrace les années qu'y a passées le mathématicien Alan Turing, spécialiste du décryptage des communications allemandes pendant la deuxième guerre mondiale.
Au-delà de la sortie d'un film consacré au sujet, la fréquentation du lieu tient au nouveau statut d'Alan Turing, désormais considéré comme un inventeur génial de l'ordinateur moderne, après les excuses officielles du gouvernement, en 2009, et du pardon royal accordé en 2013 – Turing avait été condamné à un traitement hormonal en 1952 en raison de son homosexualité.
En passant de l'ombre à la lumière, Turing a emmené Bletchley Park dans son sillage.
Au tout début de la seconde guerre mondiale, 56 brillants membres des meilleures universités du Royaume-Uni (mathématiciens, linguistes, etc.) avaient été dépêchés, à 80 kilomètres au nord de Londres dans ce manoir victorien au goût architectural douteux pour préparer l'affrontement avec l'Allemagne nazie.
Enigma
Leur but : décrypter la machine utilisée par le IIIe Reich pour ses communications radio, un engin cryptographique sophistiqué baptisé Enigma.
Cet appareil, qui ressemble à une grosse machine à écrire dans un étui en bois, comporte trois rotors dotés chacun de 26 circuits électriques, un pour chaque lettre de l'alphabet.
A chaque pression sur une touche, un courant électrique parcourt les trois rotors et vient allumer une petite ampoule sur le dessus de la machine qui illumine une lettre, la « transcription » de celle qui vient d'être tapée.
Au fil de la saisie du texte, les rotors pivotent à un rythme préétabli, de sorte qu'une même lettre tapée au début et à la fin d'un message ne sera pas traduite de la même manière.
Celui qui reçoit, en morse, le message crypté n'a qu'à configurer la machine de la même manière que son correspondant et à taper le texte qu'il reçoit.
En retour s'allument les lettres tapées à l'origine par l'émetteur du message. Le problème pour celui qui tente de décrypter le message est immense :
Les possibilités de positionnement initial des rotors sont extrêmement nombreuses.
Les Britanniques et les Français la pensent inviolable, jusqu'à ce que trois mathématiciens polonais, à la veille de l'invasion de leur pays par la Wehrmacht, leur dévoilent une technique permettant, en exploitant plusieurs failles de la machine et les erreurs des Allemands, de briser le chiffrement d'une bonne partie des messages.
Une machine Enigma au musée de l'informatique de Bletchley Park.
Dans les mois qui précèdent le début de la guerre, les armées allemandes modifient certaines caractéristiques de leurs machines Enigma qui réduisent à néant les avancées des scientifiques polonais.
Alors que la menace allemande se fait de plus en plus sentir, la tâche incombe donc aux « professeurs » de Bletchley Park de percer le secret d'Enigma.
Les plus brillants cerveaux du pays
Ils y parviendront, en grande partie et au prix d'un effort colossal et d'avancées sans précédent dans l'histoire de l'informatique. Les seuls cerveaux réunis à Bletchley Park ne suffisent évidemment pas.
Alan Turing s'emploiera donc à démultiplier le cerveau humain avec une machine.
Poursuivant les travaux des Polonais, Alan Turing et les autres mathématiciens construisent donc un appareil destiné à passer en revue extrêmement rapidement les différents paramètres possibles d'Enigma.
Son nom ? « La bombe ».
Elle est pourtant plus proche du gros réfrigérateur que de l'explosif.
Sur son flanc, des dizaines de bobines tournent sur elles-mêmes pour passer en revue les différents paramètres possibles d'Enigma.
Lorsque la machine et son bruit semblable à plusieurs milliers d'aiguilles qui s'entrechoquent s'arrêtent, une opératrice – 75 % des Britanniques présents à Bletchley Park sont des femmes – note la combinaison possible et vérifie si elle permet de déchiffrer les messages du jour.
Plusieurs exemplaires de cette « bombe », prototypes des ordinateurs modernes, fonctionneront simultanément à Bletchley Park.
De la « bombe » au « Colosse »
Plus tard pendant la guerre sera même construit à Bletchley Park un des premiers véritables ordinateurs électroniques modernes, Colossus.
Il s'attaquera avec succès à Lorenz, l'appareil utilisé par Hitler pour communiquer avec ses plus proches généraux, pourtant plus robuste qu'Enigma.
Grâce à ces machines révolutionnaires pour l'époque, les Britanniques ont collecté de précieuses informations sur la stratégie et les mouvements des nazis.
Les historiens estiment qu'ils ont largement contribué à accélérer la victoire des Alliés et sauvé des millions de vies.
Une réplique de la machine inventée par Alan Turing au musée de l'informatique de Bletchley Park.
Jusqu'à une date relativement récente, cet épisode, pourtant l'un principaux actes de naissance de l'informatique et une des clés de la seconde guerre mondiale, était totalement inconnu.
Lorsqu'on en demande la raison au docteur Joel Greenberg, mathématicien et historien de Bletchley Park, la réponse fuse :
« le secret ! »
L'effort entrepris par les mathématiciens de Bletchley était tellement crucial que ce qui s'y passait n'était connu que d'une petite poignée de très hauts responsables britanniques.
Tous les renseignements issus des « codebreakers » étaient frappés du sceau « ultra », plus confidentiel encore que « top secret », un niveau de protection créé spécialement pour Bletchley.
Tous ceux qui y travaillaient, y compris les responsables de la cantine, étaient soumis à l'Official Secret Act, un texte drastique qui leur interdisait toute allusion à leur activité, et ce, en théorie, jusqu'à leur mort.
Le secret était tel que les 8 500 personnes qui y travaillaient au plus fort de la mobilisation ne savaient pas exactement ce que faisaient leurs collègues.
Même les plus proches parents des mathématiciens impliqués ne savaient rien, pour certains jusqu'à leur lit de mort.
Dans le manoir utilisé par les cryptographes au début de la guerre.
Et pour cause :
Il fallait à tout prix que les Allemands ignorent l'existence et les succès de Bletchley Park.
Pour ce faire, les Britanniques se sont même efforcés de faire croire que les informations cruciales obtenues via leurs casseurs de codes leur parvenaient par des moyens plus traditionnels, quitte à inventer, dans des messages destinés à tromper les Allemands, de faux réseaux d'espions dans toute l'Europe.
Plus tard, avec la guerre froide, c'est la crainte des espions soviétiques qui a contribué à garder le silence sur les activités du manoir – dont l'existence et les premiers succès étaient pourtant connus de Staline.
Ce secret n'a pas empêché les connaissances acquises à Bletchley Park de se diffuser après-guerre.
Les Britanniques ont partagé avec les Américains le design des « bombes » et de « Colossus », ce qui leur a permis d'améliorer considérablement ce dernier.
A la fin de la guerre, les mathématiciens sont retournés dans leurs universités et, pour certains, ont continué leurs travaux, sans pouvoir dire où et pourquoi ils avaient tant progressé.
Le secret s'effrite un peu en 1974 avec la parution de l'ouvrage de Frederick William Winterbotham, The Ultra Secret, levant quelque peu le voile sur les activités de Bletchley Park.
Mais jusqu'à 1982 et la parution de The Hut Six Story, de Gordon Welchman – un mathématicien qui a joué, aux côtés de Turing, un rôle majeur dans le décryptage des codes Allemands –, les informations concernant Bletchley Park sont généralistes et fragmentaires, explique M. Greenberg.
De l'ombre à la lumière
L'obscurité qui recouvre cette période de l'histoire britannique s'est donc dissipée peu à peu.
Ces dernières années, c'est même une pleine lumière qui se déverse sur le manoir victorien.
Bletchley Park attirait en 2006 moins de 50 000 personnes par an.
En 2014, ils ont été cinq fois plus nombreux à venir visiter les installations réhabilitées telles qu'elles existaient au tournant de l'année 1941.
Réplique de la machine inventée par Alan Turing, à Bletchley Park.
Le temps a passé depuis qu'en 1991, des historiens locaux ont réinvesti les lieux, quasiment délabrés et jusqu'ici vaguement utilisés par le gouvernement.
Ce n'est même qu'au mois de mai, à l'issue d'un chantier de rénovation à 8 millions de livres, que le musée s'est doté d'un visage moderne.
Créé en 1994, il vivait jusqu'alors de manière « précaire », concède-t-on aujourd'hui.
Le retour en grâce, largement justifié, d'Alan Turing n'est pas étranger à son succès.
« En décembre, le mois de la sortie de The Imitation Game au Royaume-Uni, le nombre de visiteurs a énormément augmenté », explique Iain Standen, le PDG de Bletchley Trust, l'organisation à but non lucratif qui gère le site.
De quoi se féliciter et se rassurer quant à la pérennité des installations, financées notamment par Google, British Aerospace, le fabricant d'antivirus McAfee ou la loterie britannique.
Mais les dirigeants du musée ne veulent pas trop dépendre de l'aura, forcément périssable, d'Alan Turing.
« Nous rappelons volontiers qu'Alan Turing n'était qu'une personne sur près de 10 000 et que Bletchley Park ne représente qu'une partie d'un individu aux multiples facettes, explique encore M. Standen.
C'était un travail de groupe ».
Il s'agit donc de « raconter les histoires des autres héros méconnus » qui ont accompagné celui qu'on présente un peu vite comme le seul inventeur de l'ordinateur moderne.
Difficile de lui donner tort :
Qui connaît Dilly Knox, John Jeffreys, Peter Twinn ou encore Gordon Welchman, qui ont pourtant été aussi importants dans les progrès réalisés à Bletchley que Turing lui-même ?
Les pionniers de l'analyse des métadonnées
Si Alan Turing était responsable du décryptage des messages interceptés de la marine allemande, Bletchley Park ne se limitait pas à cette seule activité, abonde M. Greenberg.
Ce dernier explique ainsi que les ingénieurs de Bletchley Park sont des pionniers de l'analyse de trafic.
« Pour moi, c'est encore plus important que les avancées en matière de cryptographie », avance l'historien.
Chaque utilisateur allemand d'Enigma disposait d'identifiants uniques.
Les analystes de Bletchley se sont organisés de manière à pouvoir suivre précisément quel responsable parlait à qui, quand et où.
Une excellente manière de surveiller l'armée allemande.
« Cela ressemble beaucoup aux métadonnées d'aujourd'hui », explique M. Greenberg.
Autre innovation développée à Bletchley :
Le stockage de données.
A l'aide de petites fiches perforées traitées par des machines automatisées, qui servaient à organiser les informations recueillies dans les messages allemands décryptés, les experts de Bletchley ont pu faire des rapprochements inédits.
Ainsi, au cours de la guerre, ils ont décodé un message allemand indiquant qu'un gradé de la Wehrmacht allait se rendre dans une ville du sud de l'Italie.
Isolée, cette information ne vaut rien.
Mais grâce à leur ingénieux système, ils retrouvent un ancien message, datant de plusieurs mois, qui leur permet de découvrir que ce gradé était en réalité responsable de l'établissement de bases aériennes allemandes.
Et que les Allemands s'apprêtent donc à en installer dans le sud de l'Italie.
Bletchley avait donc abouti à construire l'équivalent – très spécialisé – d'un véritable moteur de recherche...
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
81/06 et Michel aiment ce message
Michel Admin
Nombre de messages : 4355 Age : 66 Emploi : Retraité Date d'inscription : 09/10/2021
Sujet: Re: Les Wrens, ces héroïnes méconnues des opérations du Débarquement en Normandie Mer Mai 29 2024, 19:51