Les tranchées de la guerre de 1914-1918 étaient pleines d'hommes saouls .
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Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Les tranchées de la guerre de 1914-1918 étaient pleines d'hommes saouls . Lun Avr 10 2023, 15:41
Les tranchées de la guerre de 1914-1918 étaient pleines d'hommes saouls
Indispensable aux poilus, le vin est vite devenu un instrument de contrôle des soldats français, avec la bénédiction de l'état-major
On l'appelait picrate, pinasse, rouquin, picmuche, rouginet ou plus communément pinard –le mot est resté.
Si les poilus rivalisaient d'inventivité pour nommer leur vin, c'est parce qu'il faisait figure de compagnon d'infortune en ces temps d'horreur:
Remède contre le froid, la fatigue et les maladies, vecteur de solidarité entre frères d'armes, allié indispensable au combat, le «général Pinard» était essentiel au bon fonctionnement des unités.
Le verre de la guerre
«Les circonstances de la guerre sont particulièrement propices à l'utilisation du vin, observe le docteur Eugène Rousseaux en novembre 1914. Il exalte les qualités de notre race, la bonne humeur, la ténacité, le courage.»
Dans les tranchées de la guerre de 1914-1918, chaque soldat reçoit son quart et refuse de s'en séparer, même si l'éclat du vin sous le soleil risque d'alerter les tirailleurs ennemis.
C'est une potion trop précieuse pour être égarée!
Une distribution de vin dans les tranchées en plein hiver, pendant la Première Guerre mondiale.
Pourtant, aux prémices de la guerre, le vin n'a pas encore acquis son statut de trésor national.
Les soldats venus du nord ou de l'ouest du pays lui préfèrent les productions locales: cidres, bières, eaux-de-vie. C'est la grande disponibilité du vin dans les cantonnements des poilus qui va marquer le début de son règne.
À l'origine de cette ivresse généralisée, il y a une production viticole très abondante au début du siècle. Si les vignobles français ont été dévastés, plusieurs saisons durant, par les ravages du phylloxéra, un puceron particulièrement coriace, le début du conflit coïncide avec un rendement exceptionnel:
Surplus et invendus s'entassent donc dans les caves françaises, et plus de 200.000 litres sont offerts par les vignerons du Midi aux vainqueurs de la Marne (septembre 1914).
Avec la réquisition d'un tiers de la production nationale, l'état-major tricolore peut servir à chaque poilu un quart de vin par jour, soit 25 cl.
Le breuvage en question, issu de différents cépages de vin rouge, tourne à 9° d'alcool.
Les soldats le trouvent généralement mauvais, «tantôt âpre, rêche, raboteux, tantôt aigrelet, acerbe, piquant».
Mais son goût de «pétrole» n'empêche pas une certaine accoutumance de s'installer… D'autant que la propagande vante ses mérites patriotiques:
Le vin, sang des tranchées, se distingue de la bière et du schnaps allemands, boissons de mauvais buveur.
On loue également ses vertus «hygiéniques»:
Il serait nourrissant (500 calories par litre) et antimicrobien, à la différence des nappes d'eau frelatée qui irriguent les tranchées…
Le péril rouge
Conséquence directe de l'arrivage massif de vin –dopé par la propagande– dans les rations des Poilus, les brigades sont décimées par l'ébriété.
«Tous boivent énormément et ils ont été contents quand le major a dit que l'eau était dangereuse et qu'il fallait en boire très peu», déplore Jean-Pierre Poutous, soldat du 34e régiment d'infanterie de Mont-de-Marsan.
Mais malgré les bagarres alcoolisées, injures et manquements à l'ordre liés à l'ivresse, doit-on vraiment bannir «le vin de la victoire»?
Moins ravageur que l'absinthe (prohibée en 1915), le pinard des poilus permet d'anesthésier les mutineries et de dompter la peur du soldat juste avant l'assaut.
L'état-major le distribue d'ailleurs abondamment à ceux qui montent en première ligne, quitte à déployer une armée titubante.
«L'attaque est prévue en fin de matinée. Il y aura une préparation d'artillerie avant, on commence à distribuer de l'alcool aux hommes dans les tranchées de première ligne, les hommes sont ivres, ils n'attendent pas, montent à l'assaut… c'est un carnage!», écrit ainsi le soldat Anselme Martin dans une lettre.
Dès 1917, on commence à s'inquiéter, à l'arrière, des ravages causés par l'excès de boisson.
Des lois sont mises en place pour endiguer la consommation de vin.
Il faut dire que d'un quart de litre en 1914, la ration des soldats est passée à un demi-litre en 1916, puis à près d'un litre en 1918.
«Le vin a été pour les combattants le stimulant bienfaisant des forces morales comme des forces physiques, déclare Philippe Pétain, le héros adoubé de Verdun, au lendemain de la Grande Guerre.
Ainsi a-t-il largement concouru, à sa manière, à la victoire.»
Mais à quel prix?
Ébranlés par les horreurs de 1914-1918, les vétérans rentrés au pays se tournent naturellement vers leur ancien compagnon d'infortune pour y noyer leurs traumatismes.
Résultat, en 1918, on consomme en France 170 litres de vin par an et par habitant, contre seulement 38 litres de nos jours.
Plus que tout autre belligérant, le «général Pinard» a remporté la guerre.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: Les tranchées de la guerre de 1914-1918 étaient pleines d'hommes saouls . Lun Avr 10 2023, 17:53
Le retour à la vie normale a été difficile. Je me souviens que dans le film capitaine Conan, celui-ci termine alcoolique. Ce fut la grande époque du bistrot à chaque coin de rue.