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| Dossier : Les femmes et la Grande Guerre (Hayet) | |
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Nombre de messages : 1257 Date d'inscription : 13/01/2014
| Sujet: Dossier : Les femmes et la Grande Guerre (Hayet) Dim Jan 19 2014, 21:19 | |
| Les infirmières dans les premiers temps de la guerre de 1914-1918 * par Bernard MARC
Téléchargement document pdf, lien ci-dessous : http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2002x036x004/HSMx2002x036x004x0409.pdf Des problèmes nouveaux et illimitésDès le 2 août 1914, la nature du conflit mondial posait à la 7ème direction chargée du service de santé des armées et dirigée par le médecin inspecteur Troussaint des problèmes de traitement des blessés et des malades qu'elle n'arrivera pas à juguler avant la fin de l'année 1915. L'organisation, quoique revue en 1912 et théorisée entre autres par le médecin-major Simonin du Val-de-Grâce (1), fut dépassée par l'ampleur des problèmes: une guerre moderne tout d'abord, avec des blessures dues à l'artillerie ou aux balles des shrappnels, des combats permanents sans trêve pour le ramassage des blessés (2), une guerre de mouvement dans les premiers temps du conflit. D'où des conséquences immédiates pour les soins aux blessés : pas de bases fixes pour le service de santé, de nombreux établissements sanitaires dans la zone occupée par l'ennemi, des évacuations sanitaires irréalisables (3) entre autres fautes de trains ou de voies ferrées utilisables ou bien irréalistes, avec des voyages vers le premier hôpital de l'arrière pouvant prendre trois ou quatre jours, sans le moindre soin digne de ce nom (4-8). C'est avec 10 490 médecins dont seulement 1 495 militaires de carrière et de 2 318 pharmaciens dont 126 seulement du cadre militaire actif que le corps de santé devait faire face, au début de la guerre de 1914-1918. Ces effectifs étaient inférieurs à ceux théoriquement prévus d'au moins 7 000 médecins au service des armées et de 5 000 médecins au service de l'intérieur.A cette carence en personnel, s'ajoutent les difficultés dues à la violence et l'aspect de guerre moderne qui caractérisent déjà les tout premiers mois du conflit mondial. Les postes de secours régimentaires sont débordés et les récits des témoins concordent. En effet, lorsque les blessés arrivent un peu à l'arrière au poste de secours, amenés par les brancardiers arrivés seuls ou aidés par des camarades de bonne volonté, ils trouvent des postes de secours débordés comme le décrit le médecin inspecteur Mignon (9) : "3 ou 400 blessés furent couchés sur des matelas, des canapés, de la paille. Le château une fois comblé, les blessés débordèrent sur l'école, l'église, les maisons particulières (...)". Comme personnel médical un aide-major, un médecin auxiliaire, un infirmier étudiant en médecine, des infirmiers régimentaires et des habitants bénévoles. "En fait de matériel, un panier de pansements de cavalerie, le contenu de sacoches régimentaires, des sacs d'infirmiers et des pansements individuels" (10). L'organisation des évacuations sanitaires, sensée permettre des meilleurs soins une fois au calme est tout autant désorganisée et débordée, lorsqu'elle est possible puisque n'existent pour toute l'armée que vingt-cinq sections sanitaires d'évacuation, hippomobiles bien sûr, parfois tombées aux mains de l'ennemi ou dispersées par les mouvements de la bataille de la Marne et de la "course à la mer" avant que le front ne se stabilise à la fin de l'année 1914. L'espoir pour les blessés consistait en partie dans les trains sanitaires. S'il existait cinq trains permanents, assez bien équipés, qui circulaient sur les différentes voies de chemins de fer, il fallut leur adjoindre pas moins de 115 trains sanitaires improvisés, trains de marchandises dans les wagons desquels on mettait douze brancards par wagon, qui servirent à l'acheminement des blessés vers les hôpitaux de l'arrière (Fig.4). Les victimes de cette désorganisation furent d'abord les blessés. Si Georges Clemenceau vit son journal "l'Homme libre" interdit en septembre 1914 suite à un article particulièrement critique sur le problème des blessés, il ne fut pas le seul, loin de là, à s'élever contre cet état de fait. Un afflux massif de blessés et de maladesCe qui frappe dans l'étude des premiers temps de la Grande Guerre, au plan de l'organisation sanitaire, c'est bien sur le désordre et l'improvisation pour tenter de les pallier, mais aussi c'est l'importance des besoins. En effet, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le compte-rendu récapitulatif du 2 août 1914 au 31 décembre 1914 des blessés et malades pris en charge par la 7ème direction ne compte pas moins de 798 833 blessés français et des troupes d'Afrique et 322 672 malades pour ces mêmes effectifs, en quatre mois. Cet afflux est d'autant plus évident, à une période de grande désorganisation, lorsqu'on le compare avec les chiffres de la période des quatre premiers mois de l'année 1915, période qui succède aux premiers mois du conflit et qui fait l'objet du tableau 2. Globalement, les nombres diminuent significativement, en ce qui concerne les blessés (- 69 % pour les troupes de métropole, - 56 % pour les troupes d'Afrique). A contrario, les cas de maladie progressent (+ 44 % et + 23 % respectivement pour les troupes de métropole et les troupes d'Afrique), ainsi que leur gravité - le début de 1915 est une période où de nombreux cas de typhoïde apparaissent - (+ 281 % de décès dans les troupes de France ). Une organisation sanitaire parallèle, bénévole et efficaceDevant de tels problèmes, qui n'étaient pas la seule vision des polémistes, des mesures furent prises : un arrêté ministériel du 9 octobre 1914 créa une direction générale du Service de Santé aux Armées, direction individualisée qui n'existait pas jusqu'alors et le recours au bénévolat, parfois seul à avoir fait face à l'afflux de blessés, fut vivement encouragé. En effet, d'août 1914 à la moitié de 1915, la très large majorité des soins aux soldats blessés et malades aura été le fait de l'oeuvre des bénévoles, notamment ceux des trois sociétés de la Croix-Rouge : - Société française de secours aux blessés militaires (S.S.B.M.), - Union des Femmes de France (U.F.F.) - Association des Dames françaises (A.D.F.). Si l'organisation et la montée en puissance du service de santé aux armées n'avait pas été une des préoccupations majeures de l'Etat-major français, malgré une réforme tardive en 1912, la Croix-Rouge avait au contraire prévu la mise à disposition d'hôpitaux et de formations sanitaires nombreuses et efficaces, avec le personnel adéquat. Le pardon étant une vertu chrétienne, l'armée de la troisième République verrait ses blessés largement accueillis dans toutes les institutions sanitaires catholiques et soignés par leur personnel soignant, notamment les religieuses infirmières qui avaient été chassées des hôpitaux publics en 1905, à la suite de la loi Combes de séparation de l'Eglise et de l'Etat. Mais puisque les ecclésiastiques étaient si nombreux parmi les brancardiers, quoi de plus normal (12, 13). Outre l'Eglise et ses oeuvres charitables et soignantes, l'apport du bénévolat soignant fut nécessaire. Ce furent les sociétés affiliées à la Croix-Rouge qui l'apportèrent. Ces sociétés s'étaient mises en place dès la fin du XIXème siècle, date de leur création, et renforcées singulièrement à l'approche du conflit et encore plus dès le début de celui-ci, pour recruter, encadrer et former les bonnes volontés. Une structure de soins indispensable dans une période de désorganisationLes trois sociétés rattachées à la Croix-Rouge avaient su s'adjoindre médecins et chirurgiens, dispensés du fait de leur âge ou de leur état de santé d'un service actif aux armées et su prévoir les effectifs infirmiers et soignants nécessaires, elles avaient aussi prévu les structures hospitalières indispensables, réparties sur l'ensemble du territoire national pouvant monter en puissance selon les nécessités du conflit. Cette structure de recours fut particulièrement utile car si l'armée disposait sur le territoire entier de 244 214 lits, répartis dans 1 987 hôpitaux, l'avancée des armées allemandes, notamment dans la 6ème région (Soissons, Château-Thierry, Châlons-sur- Marne, Epernay, Reims, Vitry-le-François, Bar-le-Duc, Verdun) allait la priver de 64 298 lits, soit 26,3 % de sa capacité. A un moment crucial, alors que 1 134 000 entrées allaient être notées dans les 4 premiers mois de la guerre, la réserve en lits n'était plus que de 179 916 lits ! On comprend mieux les alternatives à l'hospitalisation qui perdurèrent jusqu'en 1915 au moins.Grâce aux efforts des diverses sociétés de Croix-Rouge, dont les sociétés britanniques, canadiennes et américaines qui s'y étaient associées, le nombre de lits et d'hôpitaux allait être porté pour le service de santé des armées respectivement à 362 510 lits et 3 968 hôpitaux le 1er novembre 1914, 414 052 lits et 5 202 hôpitaux le 1er janvier 1915 et 507 562 lits et 5 305 hôpitaux le 15 mai 1915 (Fig. 5), alors qu'à cette période, comme nous l'avons vu, le nombre d'hospitalisations était en diminution notable. Les infirmières étaient devenues les chevilles ouvrières du système, figurant sur les clichés du personnel et des blessés des hôpitaux, thèmes de nombreuses cartes postales Cette reconnaissance était logique puisque doubler le nombre de lits et d'hôpitaux en neuf mois et les doter de personnel était un réel tour de force. Cet énorme effort ne fut pas isolé puisque les infirmières et soignantes auxiliaires contribuèrent au fonctionnement des infirmeries de gare (Fig.9) qui fut la première forme de médicalisation ou de paramédicalisation d'un transport sanitaire où nul médecin, au début tout du moins et à l'exception des cinq trains permanents (sur 120) n'était présent, les trains étant le plus souvent faits de compartiments séparés, le passage de l'un à l'autre n'étant possible qu'à l'arrêt (14, 15). Pour la seule 6ème Région (16), on comptait, en ce qui concerne la seule société de secours aux blessés militaires des infirmeries des gares régulatrices de Soissons et de Vitry-le-François ainsi que des cantines aux gares de Bar-le-Duc, Château-Thierry, Reims et Epernay. En ce qui concerne l'infirmerie de gare de Soissons, avant l'occupation par l'armée allemande, on sait que : "cette infirmerie eut un fonctionnement très actif, pendant lequel les infirmières, sous la direction de la Présidente du Comité des Dames, la Comtesse Guy de la Rochefoucauld, assurèrent avec le plus grand dévouement le service des pansements et le ravitaillement de tous les trains de jour et de nuit". Des conditions du travail telles qu'elles méritent aux bénévoles une citation au Journal Officiel du 4 décembre 1914 : "M. Fosse d'Arcosse (André), Président du Comité de la Société française de Secours aux blessés militaires à Soissons, a volontairement assumé avec Mgr Péchenard et Mme Mâcherez la charge et les risques de représenter la ville devant l'ennemi et défendu avec énergie les intérêts de la population en l'absence du maire et de la plupart des membres du conseil municipal. Malgré un bombardement intense, qui a ruiné en partie la ville, a pris avec Mgr Péchenard et Mme Mâcherez les mesures les plus efficaces pour maintenir le calme et l'ordre dans la ville et protéger la vie des habitants". Mais le rôle de ces bénévoles, soignants et infirmières, ne s'arrêtait pas là : en effet, pour ne prendre que l'exemple de la 6ème Région (les Ardennes, la Marne, l'Aisne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et l'Oise) un document de synthèse (16) indique que, dès le début du conflit, la 6ème Région comptait "grâce au concours de dévouements ardents et à la précieuse collaboration des équipes mobiles d'infirmières, envoyées de Paris" un total de "71 hôpitaux auxiliaires classés, 7 postes de secours frontières, 10 postes abris" . Pour Châlons-sur-Marne, l'hôpital auxiliaire n° 6, comprenant 150 lits pour grands blessés, avait été établi avec l'aide de l'évêque, Mgr Tissier, qui mit à disposition "le grand séminaire Sainte-Croix, ainsi que les lits et le matériel" pour un hôpital qui fut "prêt à fonctionner dès le 10 août 1914". Pour le fonctionnement : "vingt infirmières (...) y donnent leurs soins aux blessés (...) les services médicaux et chirurgicaux furent assurés par des médecins et des chirurgiens civils de la ville sous la direction de M. Evrain, médecin-chef. Le Service de Santé y a placé par la suite un chirurgien militaire. En mars et en septembre 1915, et plus tard en diverses circonstances, les grands blessés affluèrent à l'hôpital n° 6, qui (...) fut transformé en hôpital d'évacuation". Un autre exemple est donné pour la ville de Fismes où, dès la mobilisation générale d'août 1914, il était organisé "une nouvelle ambulance de 100 blessés dans les locaux du groupe scolaire. Tous les aménagements furent faits par les soins du Comité : adduction d'eau, salle d'opérations, cuisine, lingerie, dépôt mortuaire, etc. La lumière électrique fut généreusement installée et offerte par M. Faustin, propriétaire de l'usine de la Chapellerie (...). (L'ambulance reçut) bientôt de très nombreux blessés et malades : au moment de la bataille de la Marne, ils affluèrent en si grand nombre qu'on dut les placer entre les lits, sur des matelas, par terre. On opérait jour et nuit (...). Après la bataille de la Marne, le Service de Santé a pris possession de ces formations, profitant de toutes nos installations et conservant nos brancardiers et infirmières (...)". Un hôpital type de l'Union des Femmes de France : l'hôpital temporaire n°103 à Paris Sous l'égide de l'Union des Femmes de France, autre composante de la Croix- Rouge, l'hôpital temporaire n° 103 vit le jour rue d'Ulm, dans les locaux de l'Ecole normale supérieure. Outre les frais d'aménagement, l'Union des Femmes de France finançait l'hospitalisation des blessés en très large partie puisque les frais d'hospitalisation réglés par le Service de Santé militaire étaient de deux francs par jour pour des frais réels estimés en moyenne à six francs par jour. Pour ce financement, tous les moyens étaient bons, des collectes aux dons en passant par les souscripteurs assurant une part des frais d'un lit pendant un mois (75 francs) ou par les spectacles de charité . D'autre part, les locaux avaient été aménagés pour transformer en salles d'hôpital les locaux de l'Ecole normale à l'exemple des salles de cours devenues dortoirs (avec cloisonnements individuels et sonnettes en tête de chaque lit). Le rez-de-chaussée comprenait les bureaux de la directrice et du médecin-chef, le secrétariat, la pharmacie, la salle de désinfection et la salle de bains, la salle à manger et la cuisine, la salle de mécano-thérapie. A l'étage, les bâtiments avaient une affectation par aile : salle de contagieux, salle d'opération, salle de radiographie, salles de pansements – comprenant des annexes avec autoclaves, étuve Poupinel, four Pasteur, pour la stérilisation des compresses, des pansements, des champs opératoires et des instruments ainsi que les préparations en tambours des compresses après 40 minutes d'autoclave. A l'étage aussi, une tisanerie et la salle de l'infirmière-major qui servait aussi de bureau pour les infirmières et les médecins pour les prescriptions et les dossiers médicaux. Ces derniers étaient des médecins civils trop âgés ou inaptes au service armé sous la direction d'un chirurgien, médecin-chef de l'hôpital, le Dr Floesheim et assisté d'un médecin pour tous les cas médicaux, le célèbre Dr Galtier-Boissière. A la pharmacie dirigée par un pharmacien de la rue d'Ulm, les préparatrices en pharmacie étaient des élèves scientifiques de l'Ecole normale et le coursier un scout affecté à l'hôpital... L'administration et la direction de l'hôpital incombaient à la directrice de cet hôpital temporaire par l'Union des Femmes de France qui avait en particulier la responsabilité du choix des infirmières et infirmières-majors qui, après leur formation initiale, devaient accomplir un stage d'évaluation d'un mois, pour juger de leurs capacités à un travail d'équipe en milieu hospitalier (Fig. 10), ces infirmières étant bénévoles et issues de tous les milieux. Ce stage consistait d'abord à réaliser les soins matériels des blessés, puis à assister une infirmière panseuse, et enfin à réaliser les pansements des blessés. Munies de leurs certificats de stage, les nouvelles infirmières pouvaient s'incorporer à l'équipe de l'hôpital. Un effort de formation particulièrement notable L'Union des Femmes de France (U.F.F.), fondée en 1881, avait créé par ailleurs un enseignement spécial dès la déclaration du conflit pour former des aides auxiliaires qui pouvaient devenir ensuite infirmières auxiliaires puis infirmières au titre de guerre. Avec un programme de formation élémentaire (notions de base, notions pratiques sur le déplacement des malades, l'emploi des objets de salle, des pansements, l'application des bandages, l'utilisation des appareils courants) associé à la multiplication des monitrices et des lieux de formation de l'U.F.F., cinq mille bénévoles furent formées dès les premiers temps du conflit et quatre mille furent reçues au certificat d'aide auxiliaire de guerre. L'effort fut maintenu par l'Union des Femmes de France qui attribua, en 1914 et en 1915, 3 159 diplômes d'infirmières après une formation de six mois et 2 607 diplômes d'infirmières auxiliaires. Parallèlement, l'Association des Dames françaises (A.D.F.) inaugurait le 17 août 1914 des séries de cours à l'hôpital-école Michel-Ange du 16ème arrondissement de Paris, d'où sortirent 2 434 infirmières diplômées et 306 infirmières majors, dont respectivement 1 321 et 59 pour la province. Enfin, la Société française de secours aux blessés militaires (S.S.B.M.), directement liée au service de santé militaire dont elle était auxiliaire (décret de 1864), dispensait depuis 1881 des cours annuels centrés sur la médecine et la chirurgie de guerre, buts officiels de la Société. L'enseignement, basé sur l'étude du Manuel de l'infirmière, permettait d'acquérir un diplôme initial, obtenu après des sessions d'étude de deux mois ou des sessions d'examen pour les auxiliaires ayant servi six mois dans les hôpitaux, et donnait accès au diplôme de guerre. Le programme enseigné, théorique et pratique, figure dans les tableaux 3 et 4 suivants. Les infirmières emportent l'estimeLa conclusion de cette première période de conflit fut donnée par le sous-secrétaire d'Etat au service de santé, Justin Godart, qui prit la tête de celui-ci à la moitié de 1915 : "Dix corps d'Armée seulement étaient dotés du cadre et du matériel prévus par le nouveau règlement de 1910. Là comme ailleurs, il fallut donc, pour parer au plus pressé, recourir à l'improvisation" (17). L'improvisation militaire des premiers temps fut largement compensé par l'organisation et le dévouement des bénévoles et des religieuses dans les associations caritatives et organismes de Croix-Rouge, et par les efforts de "professionnalisation" infirmière. Le bilan, un an après le début des hostilités, semblait réellement positif à Justin Godart qui avait pris la tête du service de santé, pour presque toute la durée du conflit : "Mais à ces hâtives méthodes de la première heure, je puis bien dire maintenant qu 'a succédé une organisation rationnelle et solide, bien faite pour rassurer les plus légitimes inquiétudes. En voulez-vous un exemple ? eh bien ! au lieu des 250 000 lits que prévoyaient les journaux de mobilisation, nous en comptons aujourd'hui plus de 500 000, c 'est-à-dire plus du double ! Et un égal effort peut-être constaté dans tous les services chargés d'assurer les soins nécessaires à nos blessés et malades" (17). Lorsqu'à partir du 1er mai 1917 seront épinglées les premières médailles de la Croix-Rouge pour les infirmières volontaires, ces médailles auront été bien méritées. NOTES (1) SIMONIN J. - (médecin-major). Le Service de santé de l'arrière avant et après la bataille. Paris, 1910. (2) 2 septembre. "Nous ne pouvons prendre que les blessés du village, car en dehors, on se fait canarder. Travail toute la nuit. Que de blessés ! Que d'horreurs !". In Laby L. Les carnets de l'aspirant Laby. Médecin dans les tranchées. Paris, Bayard, 2001, p. 51. (3) 8 septembre. "J'avais seul établi une ambulance dans la mairie à défaut du personnel de l'ambulance n° 2 qui n'est arrivé que le soir. J'ai soigné 200 blessés ; (...) sommes désignés pour y aller avec six voitures. (...). Arrivés à cent mètres de Marcilly, un commandant nous donne l'ordre de tourner bride : la route est bombardée ... impossible de passer (...) désolés de ne pas pouvoir accomplir notre mission, nous faisons demi-tour". In LAPY L. Les carnets de l'aspirant Lapy. Médecin dans les tranchées. Paris, Bayard, 2001, p. 54. (4) BESSIÈRES A. (S.J., Abbé). - Le train rouge, deux ans en train sanitaire. 2ème édition. Paris, G. Beauchesne, 1916, 287 p. (5) JAVAL A. (Dr). La grande pagaie 1914-1918. Paris, Denoël, 1937, 172 p. (6) KLEIN F. (Abbé). - La guerre vue d'une ambulance. 3ème édition, Paris, Armand Colin,1915 : 276 p. (7) OLIER F. - Les hôpitaux temporaires de Bretagne, 1914-1918. Rennes : Olier François, 1986,46 p. (8) PRADEL E. de (Dr). - La guerre en sabots chez les majors. Extraits d'un journal d'un médecin de l'armée territorial mobilisé pendant la Grande Guerre 1914-1918. Paris, Victorien frères,1926, 196 p. (9) MIGNON (médecin-inspecteur général). Le Service de santé pendant la guerre 1914-1918. Volume 1, Paris, Masson, 1926-1927. (10) MIGNON (médecin-inspecteur général) : ouvrage cité. (11) MINISTÈRE DE LA GUERRE. DIRECTION DU SERVICE DE SANTÉ. - Etude de statistique chirurgicale. Guerre de 1914-1918. Les blessés hospitalisés à l'intérieur du territoire. L'évolution de leurs blessures. 2 tomes, Paris, Imprimerie Nationale, 1924, 451 p. et 413 p. (12) KLEIN F. (Abbé). - La guerre vue d'une ambulance, 3ème édition, Paris, Armand Colin,1915,276 p. (13) COLSON A. (Abbé). - La Grande Guerre 1914-1918 raconté à mes petits-neveux. Carnets d'un caporal-brancardier. Archives personnelles de l'auteur. (14) HELYS M. - Cantinière de la Croix-Rouge, 1914-1916. Paris, Perrin, 1917. (15) ROUSSEL-LEPINE J. - Une ambulance de gare. Croquis des premiers jours de guerre (août 1914). Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1916. (16) "Action de la Société dans la 6ème Région d'Août 1914 à Juillet 1916" publié dans le Bulletin de la Société française de Secours aux blessés militaires. Nouvelle série n° 6, juillet 1917, p. 112-130. (17) Déclaration de Justin Godait, sous-secrétaire d'Etat à la Guerre, chargé du service de santé militaire, pour "Lectures pour tous" numéro spécial du 15 octobre 1915 : l'effort national.source doc pdf : http://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2002x036x004/HSMx2002x036x004x0409.pdf | |
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| Sujet: La Croix-Rouge française (CRF) Dim Jan 19 2014, 21:20 | |
| La Croix-Rouge française (CRF) source wikipedia La Croix-Rouge française (CRF) est une des sociétés nationales du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Fondée en 1864, La Croix-Rouge française est une association loi 1901, reconnue d'utilité publique depuis 1945. Son fonctionnement est défini dans les statuts adoptés par l'assemblée générale. Acteur de référence dans le domaine de l'action humanitaire, la Croix-Rouge française mène des actions pour venir en aide aux personnes en difficulté en France et à l’étranger. S'appuyant sur plus de 50 000 bénévoles et 17 000 salariés, l'association met en œuvre au quotidien tous les moyens à sa disposition pour remplir les missions qu'elle s'est fixée. Forte d'un réseau constitué de 950 unités locales, 100 délégations départementales et 678 établissements agissant dans le domaine sanitaire, médico-social et de la formation, la Croix-Rouge française assure une présence sur l'ensemble du territoire français, y compris dans les départements et territoires d'outre-mer (DOM-TOM). Ce maillage territorial exceptionnel lui permet d'assurer au mieux ses missions fondamentales de proximité auprès des personnes en difficulté dans 5 domaines d’action : urgence secourisme, action sociale, santé-autonomie, action internationale et formation. Chaque année, l’action de la Croix-Rouge française permet d’aider 1 million de personnes, d’en secourir 200 000, d’en former ou d’en initier 1 000 000 aux premiers secours et de préparer 17 000 élèves aux métiers médico-sociaux. La Croix-Rouge française est par ailleurs présente dans 35 pays pour y développer des programmes spécifiques afin d'améliorer l'accès à l'eau, la sécurité alimentaire et la santé des personnes vulnérables. HistoriqueLa Croix-Rouge française fait partie du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui comprend le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), organisme mandaté pour agir dans les pays victimes de conflits armés, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) et les 186 sociétés nationales qui sont toutes auxiliaires des pouvoirs publics et souveraines dans leur pays. Le Mouvement a été fondé selon sept principes fondamentaux : humanité, impartialité, neutralité, indépendance, volontariat, unité et universalité. Regroupant 97 millions d'hommes et de femmes, la Croix-Rouge est aujourd'hui la plus importante organisation humanitaire au monde. La Croix-Rouge française est l’une des plus anciennes Sociétés nationales. En 1864, la France est l’une des premières nations à signer la première Convention de Genève et à mettre en place la Société de secours aux blessés militaires (SSBM). Elle œuvre véritablement pour la première fois lors de la Guerre contre la Prusse en 1870 et parvient déjà à récolter des fonds. Outre le secours aux blessés et mutilés de guerre, elle apporte un soutien aux veuves et orphelins de soldats. À la suite de divergences et de scissions, deux autres sociétés nationales humanitaires voient le jour en France, l’association des dames françaises (ADF) et l’Union des femmes de France (UFF), respectivement en 1879 et 1881. À partir de 1907, leurs actions sont coordonnées par un Comité central afin d’optimiser leurs services. Finalement, la loi du 7 août 1940 fusionne les trois sociétés préexistantes pour fonder la Croix-Rouge française. Elle a été dirigée par :Société de Secours aux Blessés Militaires (S.S.B.M.)1864 - 1869 : Maréchal-Duc de Montesquiou-Fézensac 1869 - 1870 : Général-Comte de Goyon 1870 - 1873 : Comte de Flavigny 1873 - 1886 : Duc de Nemours 1887 - 1893 : Maréchal-duc de Mac-Mahon 1893 - 1897 : Duc d'Aumale 1897 - 1903 : Général Davout, duc d'Auerstaedt 1903 - 1916 : Marquis de Vogüe 1916 - 1918 : Louis Renault 1918 - 1932 : Général Paul Pau 1932 - 1940 : Marquis de Lillers Comité des Dames S.S.B.M.1867 - 1869 : Madame la maréchale Niel 1869 - 1883 : Comtesse de Flavigny 1883 - 1889 : Princesse Czartoriska (fille du duc de Nemours) 1889 - 1898 : Madame la maréchale de Mac-Mahon 1898 - 1907 : Duchesse de Reggio 1907 - 1923 : Comtesse d'Haussonville 1923 - 1926 : Magdeleine Guillemin (1853-1930), marquise de Montebello, chevalier de la Légion d'honneur1 1926 - 1939 : Madame la maréchale Lyautey 1939 - 1940 : Mlle d'Haussonville Association des Dames de France (A.D.F.)1879 : Pr Duchaussoy 1880 - 1906 : Comtesse Foucher de Careil 1907 - 1913 : Madame l'amirale Jaurès 1913 - 1925 : Madame Ernest Carnot 1925 - 1940 : Comtesse de Galard Depuis 1940: Madame Maurice de Wendel Union des Femmes de France 1881 - 1906 : Madame Koechlin Schwartz 1906 - 1921 : Madame Suzanne Pérouse 1921 - 1927 : Madame Henri Galli 1927 - 1938 : Madame Barbier Hugo 1938 - 1940 : Madame Saint René Tallandier Croix-Rouge française1940 - 1941 : Pr Louis Pasteur Vallery-Radot 1941 - 1942 : Pr Bazy 1942 - 1944 : Marquis Gabriel de Mun 1944 - 1945 : Comte Jacques de Bourbon Busset 1945 : Pr Louis Justin Besançon (vice-président Louis Milliot) 1946 - 1947 : Médecin Général Inspecteur Sice 1947 - 1955 : Georges Brouardel 1955 - 1967 : Ambassadeur André François Poncet 1967 - 1969 : Médecin Général Inspecteur Debenedetti 1969 - 1978 : Maître Marcellin Carraud 1979 - 1983 : Ambassadeur Jean-Marie Soutou 1984 - 1989 : Ambassadeur Louis Dauge 1989 - 1992 : Georgina Dufoix 1992 - 1994 : André Delaude 1994 - 1997 : Pierre Consigny 1997 - 2003 : Pr Marc Gentilini 2004 - 2009 : Pr Jean-François Mattéi Depuis 2009 : Pr Jean-François Mattéi Première Guerre mondiale La SSBM reprend le chemin des champs de batailles. Sur le front, elle met en place des « ambulances chirurgicales ». À l'arrière, les deux ADF et UFF ne sont pas en reste : organisation d'hôpitaux militaires (environ 1 400 à la fin du conflit), formation et encadrement de 68 000 infirmières, mise en place de péniches-ambulances pour la partie soins médicaux, mais aussi création de sanatoriums, de cantines de gares, d'ouvroirs, aides aux soldats (colis), ouverture d'une agence des prisonniers de guerre (1,5 million de fiches recensées), et aussi souscription pour aider les départements de l'Aisne et de l'Oise libérés en 1917. Fin 1918, la paix revient, et l'entre-deux-guerres commence. La France doit panser ses plaies, le CCCRF décide donc de faire porter ses actions sur l'aide à la reconstruction, mais aussi sur les fléaux de l'époque : la tuberculose, les maladies vénériennes, la mortalité infantile. Les infirmières devront également lutter contre l'épidémie de grippe espagnole. En 1938, un organe consultatif, le Conseil National de la Croix-Rouge Française, est chargé d'étudier les questions relatives au rapport entre la Croix-Rouge et l'État. source wikipedia Pavillon de l'Association Française de Secours aux blessés militaires des armées de terre et de mer (médiathèque municipale de Roubaix : http://roubaix1911.bn-r.fr/acc/pavillons_services_croixrouge.html Deux pavillons érigés respectivement par les Comités Roubaisiens de l’Association Française de Secours aux blessés militaires des armées de terre et de mer et par l’Association des Dames Françaises de secours aux militaires en cas de guerre et aux civils en cas de « calamités publiques » attirent l’attention des visiteurs. Le premier, situé avenue Le Nôtre, abrite des appareils de chirurgie, « des objets de pansement » ainsi que le matériel jugé de première nécessité. L’autre, plus modeste, situé avenue Jussieu, comprend les éléments indispensables pour assurer le service des premiers secours. Carte postale éditée par la Société de secours aux blessés militaires. Illustration de Pierre Comba. France. 1914–1918. Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Genève. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1246782006001182 localisation : Bibliothèque municipale de Lyon / Bloch1_19141210 technique : 1 photographie, 9 x 14 cm - tirage papier, noir et blanc description : Renée Martin-Mougin (première infirmière, à gauche). L'Hôpital temporaire 5e bis pourrait être le lycée Jean-Moulin. historique : Pendant la Guerre de 1914-1918, divers établissements scolaires sont transformés en hôpital militaire : le lycée du Parc, le lycée Saint-Rambert, l'Ecole vétérinaire... et bon nombre de "jeunes filles de bonnes familles" viennent soigner nos blessés avec enthousiasme et générosité. Une formation sur le tas s'organise. A la fin des hostilités, la majorité de ces jeunes "infirmières" s'entêtent, en dépit de leur famille, à vouloir poursuivre leurs activités de soins comme bénévoles ou comme salariées. Source : La médecine à Lyon des origines à nos jours, sous la direction d'Alain Bouchet. http://collections.bm-lyon.fr/BML_01ICO001014d9303ac8e1cf?&query%5B%5D=subject:%22guerre%22&hitStart=1&hitTotal=17 | |
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| Sujet: Re: Dossier : Les femmes et la Grande Guerre (Hayet) Dim Jan 19 2014, 21:21 | |
| La Société française de Secours aux Blessés Militaireshttp://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/recit/ch35/r35d11cr.htm Le 5 octobre 1889, se déroule la première réunion du comité de Saumur de la Société de Secours aux Blessés Militaires ( SSBM ), succursale d'une association fondée en 1864. La nouvelle organisation songe à créer des ambulances mobiles et accumule du linge destiné à un hôpital auxiliaire local ( A.M.S., 15 Z 1 ). Le lancement s'opère dans l'enthousiasme : 300 personnes assistent à la première assemblée générale tenue à l'hôtel de la Paix le dimanche 24 novembre 1889. La nouvelle structure prend aussi parfois le titre de " Comité de l'arrondissement de Saumur de la Croix-Rouge française ". Les dirigeants mis en place sont des hommes appartenant à quelques familles influentes de la ville, les docteurs Besnard et Renou, le conseiller général Gaston de La Guillonnière, Alphonse Poisson, le vicomte de Massacré, Paul Mayaud. Tous se retrouvent dans les associations nationalistes et conservatrices ; ceux qui sont élus siègent parmi les opposants à la municipalité républicaine. Leurs attaches avec la hiérarchie militaire sont étroites, ils ont été acceptés par le maréchal de Mac-Mahon, le général de division à la retraite Michel devient président d'honneur. Leurs orientations cléricales sont affichées : Monseigneur Freppel est président honoraire, les membres du clergé de la ville sont inscrits comme aumôniers et les messes fréquentes. La SSBM ne pratique pas l'Union sacrée. Alors que les milieux de gauche sont souvent tout aussi patriotes et nationalistes, ils ne reçoivent pas le moindre strapontin dans le nouveau comité. C'est pourquoi ils répondent aussitôt en lançant une société parallèle. L'Union des Femmes de FranceIls créent le Comité de Saumur de l'Union des Femmes de France ( UFF ), une organisation d'inspiration laïque, fondée en 1881, à la suite d'une scission dans l'Association des Dames de France ( ne pas confondre non plus avec l'Union des Femmes Françaises créée par le PCF en 1944 ). L'association se manifeste d'abord par une conférence inaugurale donnée par le docteur Peton, le 7 janvier 1890, sur son thème favori " Hygiène, désinfectants, désinfection, influenza ". Le médecin annonce les buts de la société en s'adressant en ces termes aux dames présentes : « Du reste, à la formule de la guerre nouvelle : « Tous les hommes à la frontière », votre patriotisme ne vous commande-t-il pas de répondre : « Toutes les femmes aux ambulances » ? ». Le docteur Frédéric Bontemps donne les trois conférences suivantes, qu'il fait imprimer. Le comité se structure au cours d'une réunion tenue à l'hôpital général le 29 juin 1893, avec l'appui des notables républicains de la ville, accompagnés de leur épouse : Peton, Baudry, Coutard, Seigneur, Milon, Gratien ( A.M.S., 15 Z 2/1 ). La nouvelle association diffère de sa rivale sur les aspects suivants ; sous la présidence de Madame Bodin, les femmes y tiennent les postes dirigeants et semblent disposer d'une certaine indépendance, sauf sur le plan de la trésorerie, tenue par un homme, comme la loi l'exige ; l'UFF est plus proche du Comité international de la Croix-Rouge ; elle félicite Henry Dunant, quand ce dernier reçoit le prix Nobel de la Paix en 1901 ; dans un discours, le docteur Peton, devenu maire, explique les principes des Conventions de Genève. Les nouvelles formes d'action En janvier 1909, « ayant constaté la décadence et l'état d'abandon » de la SSBM, de nouveaux dirigeants relancent ses activités, avec l'aide du successeur du docteur Renou, le docteur Boivin, qu'on voit ci-contre photographié avec ses infirmières vers 1911. La formation semble plus poussée dans les deux sociétés ; les infirmières brevetées peuvent se perfectionner en suivant un stage pratique à l'hôpital civil pour l'UFF, à l'hôpital militaire pour la SSBM. Cette dernière société pratique désormais le secourisme : à l'occasion de la grande fête aérienne de juin 1912, elle achète deux tentes et installe une ambulance tenue par des infirmières en tenue réglementaire. Les deux comités se lancent dans l'intervention sociale ; lors de l'inondation de 1910, ils accordent des secours aux sinistrés du quartier des Ponts. L'UFF, qui avait subventionné l'Oeuvre de la Goutte de lait, crée en 1913 une consultation gratuite pour les nourrissons dans son siège du 2 rue Pasteur. Les blessés de guerre semblent quelque peu oubliés quand la guerre éclate par surprise. Malgré tout, les comités locaux sont capables d'ouvrir rapidement huit hôpitaux. http://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/recit/ch35/r35d11cr.htm | |
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| Sujet: Les marraines de guerre Dim Jan 19 2014, 21:21 | |
| Les marraines de guerre
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/les-marraines-de-guerre Les marraines de guerre l'autre famille des soldats Soutenir le moral des soldats : telle fut la mission des marraines de guerre. Cette institution populaire née durant la Première Guerre mondiale a laissé un souvenir marquant qui explique sa réapparition en 1939. Pourtant, les circonstances de sa création restent largement ignorées, et l'on a oublié depuis longtemps que l'armée s'en était défiée et que les moralistes les avaient traînées dans la boue. Pourquoi les marraines ont-elles fait peur et, paradoxalement, comment s'explique leur popularité ?La vicomtesse Benoist d'Azy, au PC du fort de Douaumont. Source : ECPAD La guerre devant être courte, rien n'avait été prévu en 1914 pour soutenir le moral des soldats. Mais les fronts se figent, la guerre s'enlise dans la boue des tranchées et la question commence naturellement à se poser. Elle se pose de façon plus aiguë pour les mobilisés originaires des régions envahies qui sont coupés de toutes nouvelles de leurs familles et qui par là-même sont privés de soutien affectif, de mandats, de colis et de toutes les attentions qui permettent de tenir en donnant un sens au combat. Cela n'a l'air de rien, mais les semaines passant, le moral est gravement atteint. "Je suis dans mon escouade seul de ma condition, écrit l'un d'entre eux. Les autres reçoivent de belles et longues lettres en bas desquelles je vois quelquefois : tes parents qui t'embrassent. J'ai beau faire, je vous avoue que je suis jaloux de leur bonheur et, pourtant fort de caractère, j'ai déjà eu souvent envie de pleurer. J'ai bien fait des efforts pour ne pas me plaindre". "Il n'y a pas pour moi de moments plus durs que la distribution des lettres", confie un autre (1). Livrés à eux-mêmes, ces soldats sont secourus par diverses oeuvres et associations qui ne peuvent toutefois remplacer l'affection d'une mère, d'une épouse ou d'une soeur. C'est pour eux qu'est conçue à la fin de l'année 1914 la généreuse idée des marraines de guerre. La Famille du soldat est la première association à voir le jour en janvier 1915. Créée par Mlle de Lens, elle bénéficie du patronage de hauts personnages et de la publicité gratuite de L'Écho de Paris, qui ne tarde pas à fonder sa propre officine devant l'afflux des lettres des soldats en souffrance, tout comme d'autres journaux (L'Homme enchaîné, La Croix, Le Journal...). L'œuvre Mon soldat apparaît ensuite, fondée par Mme Bérard et soutenue par le ministre de la Guerre, Alexandre Millerand, avant qu'une myriade de journaux et d'associations diverses se proposent à leur tour de jouer les intermédiaires. Ces premières œuvres sont hautement morales et patriotiques, dirigées par des dames patronnesses conservatrices qui veulent rappeler que les Français forment une famille solidaire et unie. Le terme de "marraine" lui-même n'est d'ailleurs pas innocent. Appartenant au vocabulaire religieux, il évoque l'engagement devant Dieu de suppléer les parents si ceux-ci viennent à disparaître et démontre que les correspondantes remplissent une mission naturelle de secours à un membre de la communauté nationale. Pour certaines femmes, cet engagement familial prend un sens concret, comme pour cette mère en deuil qui écrit à la Famille du soldat : "Je n'ai plus de fils, je l'ai donné à la France. Rendez-m'en un autre dans la personne d'un soldat séparé des siens". Du filleul au prince charmant L'invention de la marraine participe ainsi au thème de l'Union sacrée et de la soi-disant disparition des barrières sociales et autres distinctions qui ont empêché les Français d'être solidaires avant 1914. Une pièce d'Abel Hermant et André Reuze, La marraine inconnue, jouée à la salle Hoche en décembre 1916, exploite ce terrain de la réunion des classes sociales en proposant une histoire qui allie le mythe du prince charmant à celui de l'unité des classes (2) : l'affection que porte Philippe, le filleul aisé, à Renée, fille d'une femme de ménage, débouche naturellement sur le mariage. Moins aveugle sur la possibilité de surmonter les clivages, une chanson sur les amours d'un jeune poilu sans fortune et d'une riche marraine, parue dans Le Canard poilu du 19 janvier 1916, se termine tout de même par un happy end : "Or voici qu'un jour le papa dit à sa fille : il ne faut pas poursuivr' cet amour qui commence ton âme en ressent trop d'émoi et puis c'jeune homme n'est pas pour toi, cessez donc toute correspondance. [...] Il vint en permission avec une belle décoration vit sa marraine et dit au père : Monsieur, si j'me suis bien battu c'est pour défendre vos écus, sans nous vous n'en auriez plus guère C'est pourquoi j'ai l'honneur De vous demander l'coeur Et la main de votr' fille. Et le papa charmé Lui dit : c'est accordé Vous êtes de la famille". Mariage ? Amour ? Il ne s'agissait pas de cela quand les premières associations ont vu le jour mais seulement d'un devoir patriotique à caractère familial. Très vite cependant, les marraines de guerre sortent du cadre moral qui avait présidé à leur fondation. Le bouleversement est de trois ordres : non seulement le "marrainage" s'étend très largement au-delà des soldats privés de famille et échappe au contrôle des œuvres fondées en 1915, mais il se transforme en un flirt épistolaire, une relation sentimentale entre jeunes hommes et jeunes femmes. Henriette de Vismes, qui participe à la fondation de La Famille du soldat, ne parle des marraines que sous la figure de la mère ou de la sœur et refuse absolument d'envisager la sentimentalisation des relations et l'amour qui peut en résulter : "Les vraies marraines et les vrais filleuls, la vraie pitié et le vrai malheur ont d'autres sollicitudes et des visées plus hautes. [...] Et si parfois dans les heures immobiles au fond de la tranchée où la nuit triste peu à peu descend, un jeune filleul se prend à rêver plus ému à sa jeune marraine, c'est pour l'apercevoir au-dessus de lui, parée de toutes les grâces mais aussi de toutes les vertus, intangible et presque sacrée, sous les traits d'un ange ou d'une sainte descendue du Ciel pour le secourir". Pourtant, la réalité est tout autre ; des relations sentimentales se sont nouées, des rencontres ont eu lieu lors des permissions où des marraines ont offert, selon l'expression des poilus, "bon repas, bon gîte et le reste", et des mariages ont bien eu lieu. Le fantasme de la marraine légère court les tranchées ; et puis ouvrir son cœur et son lit, n'est-ce pas "un autre devoir patriotique" ? (3) Ce glissement du patriotique vers le sentimental est identifié dès 1915 quand la revue légère Fantasio invente l'oeuvre du "Flirt sur le front" le 1er mai de cette année-là. Ce bimensuel illustré s'inquiète de la solitude amoureuse des jeunes combattants et se propose de servir d'intermédiaire entre les deux sexes. Mais très vite les demandes des soldats dépassent les offres des demoiselles et le "Flirt sur le front" est victime de son succès. Le 15 août 1915, il se targue d'avoir déjà accordé 6 000 soldats et marraines, un chiffre que l'association Mon soldat n'atteindra qu'en 1917 ! Le 15 novembre, submergé de demandes militaires, Fantasio annonce qu'il met un terme à son initiative. Mais le flambeau du courrier du coeur est repris par la principale revue grivoise illustrée de l'époque : La Vie parisienne. Le 4 décembre 1915, elle ouvre ses colonnes aux petites annonces des mobilisés. Ils ne sont que deux à lancer une bouteille à la mer ce jour-là, mais six mois plus tard la revue hebdomadaire fait paraître deux pleines pages d'annonces de filleuls en quête d'adoption. Devant la demande, La Vie parisienne en profite pour faire monter les prix de la ligne publiée, de deux francs en 1916 à quatre francs en 1918. Dans ce flot, il faut se distinguer par tous les moyens : "Il pleut ! nos abris sont inondés. Vite, petites marraines, un mot et nous sommes sauvés", écrit le lieutenant Raoul Denys, du 155e régiment d'infanterie. On ne cache pas ce que l'on recherche, allant droit au but : "Deux jeunes sous-officiers dem. Corresp. Avec gentilles parisiennes, très affectueuses", écrivent deux artilleurs tandis que le maréchal des Logis Heufel fait paraître cette annonce : "La guerre est infiniment longue et je voudrais bien avoir, moi aussi, une petite marraine affectueuse et sentimentale qui me ferait oublier les jours qui s'écoulent si lentement. Discrétion de gentilhomme". Populaires malgré les critiques Pour les "pères-la-pudeur", la marraine de guerre devient alors un péril social scandaleux, le reflet du délabrement des mœurs : "D'un mot où s'abrita tant de pieuse et patriotique bienfaisance, des gens couvrent leur cauteleux proxénétisme", s'étrangle l'Œuvre française, le 25 janvier 1917. Et La Vie parisienne se voit traitée d'agence de prostitution ! Progressivement, les marraines de guerre ne sont plus vantées dans la presse comme l'incarnation du patriotisme mais dénigrées, présentées comme des vieilles filles qui se lancent dans le jeu de la séduction en profitant des circonstances. Dans L'École des marraines, la romancière Jeanne Landre se moque d'une quinquagénaire ronde et "basse sur pattes" qui se "rattrape à distance". Ce thème de la vieille fille catastrophée par la venue du filleul en permission devient même un sujet de pièces de théâtre telles Cœur de marraines, Son filleul ou encore Parrains-marraines. On encensait hier les marraines, on s'en moque aujourd'hui. La pièce de boulevard Nénette a un filleul touche le fond en présentant une femme frivole qui se réjouit de la venue de son filleul en permission avant qu'elle ne découvre qu'il s'agit d'un prêtre ! Cette image dégradée est à l'origine de la crise de vocation qui se constate dès 1916. La lassitude, la longueur du conflit, la déception des rencontres, la mort des filleuls vécue douloureusement y sont aussi pour quelque chose. Il n'y aura jamais tout à fait d'adéquation entre la demande des soldats et celle des jeunes femmes : "Est-ce que par hasard je n'aurais pas de lectrices ?" s'étonne en janvier 1916 une journaliste de La Bataille, qui réclame des marraines pour les poilus qui lui écrivent. Le 9 février 1917, elle reconnaissait son échec : "Marraines, marraines, si vous n'avez pas pitié, je vais bientôt être ensevelie sous la pyramide de lettres des aspirants filleuls. Entendez mon cri de détresse, volez à mon secours". La marraine n'est-elle pas morte de son succès ? L'armée, pour sa part, n'apprécie guère l'initiative du "marrainage". Elle redoute que des espions ne se glissent dans la peau des correspondantes pour tester le moral des soldats, connaître le déplacement des troupes, les préparatifs en cours et d'autres informations qui pourraient être utiles à l'ennemi. Dès le 18 mai 1915, le ministre de la Guerre Alexandre Millerand - qui donne en même temps son soutien à Mon soldat - écrit au ministre de l'Intérieur pour lui demander de surveiller les postes restantes. Après accord avec le ministre des PTT, les correspondances adressées sous chiffres ou sous initiales ne sont plus distribuées mais jetées au rebut. Parmi les agences de poste restantes privées, l'entreprise Iris subit les foudres des patriotes et La Tribune de Paris mène contre elle une campagne virulente, l'accusant d'être le relais du proxénétisme et de l'espionnage allemand. Les annonces seraient codées ou bien des espions se cacheraient derrière, fantasment les moralistes. Une note du 2e bureau, c'est-à-dire le service de renseignement militaire, invite en juin 1917 à combattre les annonces des marraines dans la presse qui peuvent cacher "des agents de l'ennemi empruntant le langage des demi-vierges, sachant bien qu'en correspondant avec certains officiers, ceux-ci ne manqueront pas tôt ou tard de commettre certaines indiscrétions d'ordre militaire" (4). Le journal conservateur L'Intransigeant ne voit pas d'autre explication à l'échec de l'offensive du Chemin des Dames en avril 1917 : la France a été vaincue par les petites annonces "pornographiques" derrière lesquelles se dissimule l'espionnage allemand. Selon Gabriel Perreux, le 2e bureau aurait répondu à de nombreuses annonces pour sonder les motivations des marraines et s'assurer qu'on n'y trouvait pas un relais de Berlin. Les Britanniques ont, pour leur part, opté pour la manière forte, interdisant à leurs hommes les marraines françaises. Certains généraux français auraient bien aimé adopter cette fermeté, le commandant des armées du nord et de l'est demandant solennellement au ministre de la Guerre, le 28 juin 1917, d'interdire les filleuls et les marraines. Sans succès. Même critiquées, les marraines sont trop populaires pour que l'on puisse jeter l'opprobre sur elles. La seule tentative d'interdiction n'a concerné que les marraines suisses en février 1916, mais l'initiative du 2e bureau a été désavouée le mois suivant par le gouvernement qui ne voulait pas de complication diplomatique en incriminant les femmes suisses. En fait, la marraine de guerre fait peur aux militaires comme aux moralistes parce qu'elle incarne la libéralisation des mœurs, parce qu'elle est une femme libre qui écrit à des hommes, sans tutelle ni surveillance. Pire, l'existence de la marraine rappelle que les héros sont des êtres de chair et de sang, qu'ils souffrent et ont besoin d'affection, qu'ils sont fragiles et malheureux. Mais où est le héros stoïque, chaste et déterminé que dépeint la propagande ? En 1918 et 1919, alors que la guerre s'achève et que des unions ont lieu entre d'anciens filleuls et marraines, l'idée ne disparaît pas et ressurgit sous la forme des adoptions de villes et villages dévastés par les cités de l'intérieur qui ont été épargnées matériellement. À l'instar de Marseille qui adopte la ville éprouvée d'Arras le 15 octobre 1918 et lui offre une somme de 900 000 F pour relever ses murs, la France qui n'a pas connue la dévastation devient marraine des régions ruinées. Même les anciens alliés se mettent de la partie et rejoignent le mouvement, comme Londres qui fait de Verdun sa filleule. Au 1er janvier 1921, vingt millions ont été collectés dans toute la France créant un mouvement de solidarité qui prend modèle, à une échelle collective, sur celui qui vit le jour en 1915 autour des soldats privés d'affection. La marraine, oui, a bien mérité de la patrie ! Notes : (1) Henriette de Vismes, Histoire authentique et touchante des marraines et des filleuls de guerre, Paris, Perrin, 1918, 298 p., p. 60-63. (2) Archives de la préfecture de police, B/A 772, pièce visée n° 2562. (3) Gabriel Perreux, La vie quotidienne des civils en France pendant la Grande Guerre, Paris, Hachette, 1966, 351 p., p. 41. (4) Service historique de la défense 16 N 1554 Source : Jean-Yves Le Naour, Historien. Revue "Les Chemins de la Mémoire n° 181" - mars 2008 pour MINDEF/SGA/DMPA http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/les-marraines-de-guerre La vicomtesse Benoist d'Azy, marraine du fort de Douaumont. Source : ECPAD | |
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| Sujet: La résistance Dim Jan 19 2014, 21:22 | |
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La résistance La résistance est sensible sous une certaine forme d’humour véhiculé par des blagues, des chansons, des faux avis comme celui qui avertit la population d’une distribution de loupes pour retrouver la viande dans son assiette, suite à un précédent avis précisant le rationnement de la viande. Une résistance plus sérieuse s’organise pour aider les plus démunis, celle des notables qui deviennent otages pour garantir les réquisitions et le paiement des indemnités, les maires, les industriels, les conseillers municipaux en font partie. Ils acceptent cette situation en punition collective des refus du travail volontaire, et autres exactions. En Belgique comme en France elle naît spontanément et s’organise très tôt : 1ère acte de résistance consiste à l’aide aux soldats en situation irrégulière (ils souhaitent rejoindre la France libre ou l’Angleterre). Ils rejoignent la clandestinité dans les forêts, les fermes isolées et même certains corons, et autres cachettes urbaines.
Rôle important des femmes Les femmes jouent un rôle important, les déplacements, l’identité sont très contrôlés, ils nécessitent de nombreux faussaires pour la fabrication des laisser passer et des faux papiers. Louise de Bettignies organise un réseau d’espionnage, son pseudonyme est Alice Dubois. Le réseau organise d’abord l’évacuation de soldats par la Belgique. Léonie Vanhoutte alias « Charlotte » est sa complice. Elles élargissent leur action aux renseignements grâce à un poste émetteur et des photographes, elles indiquent aux alliés le mouvement des troupes, l’emplacement des batteries allemandes, les lieux favorables pour les lâchers de pigeons. Le réseau est arrêté le 16 Mars 1916, Louise de Bettignies meurt en déportation en 1918.Un second réseau se forme « Bavay-Dour-Mons », les femmes en sont les principales inspiratrices. Elles cachent des soldats dans la forêt de Mormal. La princesse de Croy participe au réseau d’aide.« Ces prisonniers avaient tous leur marraine de guerre, lesquelles leur passaient des nourritures en cachette, et leur renouvelaient leur linge de corps chaque semaine ». Extrait de délibérations, AM Hautmont
« En leur apportant ces secours, un grand nombre d’habitants ont été condamnés à de fortes amendes et à la prison, où les gardes-chiourme allemands avaient pour mission de les bastonner et de les torturer, ce qui a entraîné la mort de plusieurs ». Extrait de délibérations, AM Hautmont
tiré et rédigé à partir du document pdf : Represailles_contre_les_civils de l'article disponible sur : http://www.mairie-hautmont.fr/Decouvrir-Hautmont/Histoire-et-patrimoine/La-premiere-guerre-mondiale/Represailles-contre-les-civils | |
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| Sujet: Le rôle des femmes françaises Dim Jan 19 2014, 21:23 | |
| Le rôle des femmes françaises durant la Première Guerre mondiale http://suite101.fr/article/le-role-des-femmes-durant-la-premiere-guerre-mondiale-a18698#axzz2GBuxabhk
La Grande Guerre pointe le bout de son nez et voici que l’on a besoin des femmes pour remplacer les millions d’hommes envoyés au front. Alors que les femmes n’ont toujours pas le droit de vote et que le code civil les assujettit à leur mari, la guerre va leur ouvrir la porte de métiers jusque-là réservés aux hommes. Outre le rôle d’infirmière, la femme fabrique des munitions, conduit des ambulances, revêt la casquette de chef de gare, et tant d’autres. Une conversion dont s’empare la presse, publiant par millions des cartes postales à l’effigie de ces « nouvelles » femmes. Aujourd’hui usées, essoufflées, ces cartes sortent de leur boîte poussiéreuse et nous apparaissent comme les témoins de la Grande Guerre. Nous sommes en 1914… À la ville, dans les usines et ailleurs Une femme qui fabrique des obus et des casques – elle qui, jusqu’alors, fréquentait les usines de textiles et les bonneteries –, voilà quelque chose de nouveau! C’est que les usines d’armement qui contestaient jusqu’alors la capacité des femmes doivent se faire à cette raison: ils ont besoin des femmes, ces « munitionnettes ». L’homme est au front, il faut maintenir l’économie et ravitailler nos valeureux soldats. Ces usines ne sont pas les seules à convoiter la femme; dans bien des domaines elle remplace l’époux, le père, le fils parti combattre. Ainsi, elles sont nombreuses à conduire des ambulances, des véhicules militaires mais aussi des tramways. Chefs d’équipes dans les chemins de fer, gardes-voies, porteuses de journaux, bagagistes, livreuses de magasins… tant de postes dans lesquels elles s’illustrent, manifestant cette capacité autrefois contestée. À la campagne Tout comme en ville, la paysanne prend en charge le travail de l’homme absent. Elle manœuvre la charrue, laboure le champ, récolte les pommes de terre, le blé, elle répare le hangar tout en tenant son rôle de mère, puis soigne ses mains usées par l’ouvrage. La mobilisation de ces paysannes se fait par l’appel de Viviani, l’inventeur de l’impôt sur le revenu, le 7 août 1914. En voici un passage : « Debout, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie. Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille [...] Debout! À l’action! À l’œuvre! » À la ville, à la campagne, mais pas sur le champ de bataille! Si l’engagement de la femme dans la guerre est irrévocable, la France ne préconise en rien son enrôlement sous le drapeau tricolore. Oui, ils se sont trompés – la femme peut effectivement occuper certains postes traditionnellement masculins –, mais la guerre c’est une affaire d’hommes! Alors qu’en Angleterre, des bataillons féminins sont créés, deux jeunes françaises écrivent au journal Le Matin à ce sujet, le 26 février 1915: « Cette mesure gracieuse nous remplit de joie car elle nous fait espérer qu’aucune raison ne s’oppose à ce que l’on fasse autant ici… Les femmes revendiquent à leur tour le droit de contribuer à la défense du sol… Hélas, pourquoi tant de bonnes volontés sont-elles inutilisées? Partout où elles se sont adressées, elles ont été renvoyées à leur soupe. » Puis de conclure: « Pour notre père, vétéran de 70 qui depuis le début de la guerre se lamente de n’avoir que des filles, quel bonheur ne serait-ce pas! » Le soutien féminin La guerre sur le champ de bataille leur est refusée, certes, mais il est évident que leur soutien aux soldats durant ces quatre longues années a joué un rôle important sur le dénouement des événements. Que ce soit l’infirmière, par son soutien à la fois physique et moral aux blessés, les marraines de guerre qui écrivent et envoient des colis aux soldats du front, ou ces femmes qui ont revêtu la toge du père, du mari absent, tout en lui remontant le moral par le biais d’une correspondance… toutes se sont enrôlées, chacune à leur manière, dans cette terrible guerre qui fit 18 millions de morts. Femmes dans une usine d’armement | |
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| Sujet: Appel aux femmes françaises (2 août 1914) Dim Jan 19 2014, 21:23 | |
| Appel aux femmes françaises (2 août 1914) Préfecture de l'Indre
Debout donc femmes françaises, jeunes filles et fils de la Patrie ! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille.République Française Préfecture de l'Indre Aux Femmes françaises La guerre a été déchaînée par l'Allemagne malgré les efforts de la France, de la Russie et de l'Angleterre pour maintenir la paix. A l'appel de la Patrie, vos frères, vos fils et vos maris se sont levés et demain ils auront relevé le défi. Le départ pour l'armée de tous ceux qui peuvent porter des armes laisse les travaux des champs interrompus. La moisson est inachevée, le temps des vendanges est proche. Au nom du gouvernement de la République, au nom de la Nation tout entière groupée derrière lui je fais appel à vos vaillances, à celles des enfants que leur âge seul et non leur courage dérobe au combat. Je vous demande de maintenir l'activité des campagnes, de terminer les récoltes de l'année et de préparer celle de l'année prochaine. Vous ne pouvez pas rendre à la Patrie un plus grand service. Ce n'est pas pour vous, c'est pour Elle que je m'adresse à votre coeur. Il faut sauvegarder votre subsistance, l'approvisionnement des populations urbaines et surtout l'approvisionnement de ceux qui défendent à la frontière, avec l'indépendance du pays, la Civilisation et le Droit. Debout donc femmes françaises, jeunes filles et fils de la Patrie ! Remplacez sur le champ du travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer demain la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés ! Il n'y a pas dans ces heures graves de labeur infime, tout est grand qui sert le pays. Debout, à l'action, au labeur ! Il y aura demain de la gloire pour tout le monde. Vive la République! Vive la France ! Pour le Gouvernement de la République : le Président du Conseil des Ministres René VIVIANI tiré du document pdf : http://itinerairesdecitoyennete.org/journees/11_nov/documents/placards_1ere_GM_appel_aux_femmes.pdf Quelques cartes tirées de :
http://memoires-france-allemagne.blogspot.com/2008/03/les-femmes-dans-la-grande-guerre.html La religieuse est aussi montrée comme courageuse et son rôle est mise en valeur et honoré. La femme est ici montrée en infirmière et son image de pureté est utilisée contre les allemands qui seraient comme des « uns », violents, barbare et inhumain. Sur ces cartes postales, ont voit les enfants en habit militaire et les femmes en train de tricoter pour les hommes au front et ce du côté français et du coté allemand. Ce sont bien là des images de propagande qui semblent dire que les femmes sont d’accord de faire de leurs enfants de la «chair à canon » et qu’elles travaillent assidûment pour leur soldat. Sur toutes ces cartes postales ont voit les femmes et leur tricot avec à chaque fois en arrière plan une image du front : images de la femme dévouée à son mari ou son enfant. C’est donné une bonne raison aux femmes de participer à l’effort de guerre. | |
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| Sujet: Juliette Adam Dim Jan 19 2014, 21:24 | |
| Juliette Adam Pour le monument « à la gloire des infirmières françaises http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/1GM_CA/monuments/reims_infirmieres.htm#comite Née en 1836, Juliette LAMBER a épousé Édmond ADAM, député, puis sénateur de la Gauche républicaine. Amie de George SAND, Juliette ADAM a fondé en 1879 la Nouvelle Revue et ouvert boulevard Poissonnière à Paris, un salon politique et littéraire fréquenté par Léon GAMBETTA, Adolphe THIERS, Gabriel HANOTAUX, Georges CLEMENCEAU, Gustave FLAUBERT, Victor HUGO, Guy de MAUPASSANT, Ivan Serguïevitch TOURGENIEV, Pierre LOTI, Alexandre DUMAS fils et Léon DAUDET. Elle a écrit une cinquantaine d'ouvrages, romans, mémoires, reportages et réflexions politiques, et des centaines d'articles. Fille de médecin, qui avait été soignée dans sa jeunesse pour une grave affection des voies respiratoires, avant de devenir une ardente militante de la cause féministe, puis une femme du monde célèbre, elle a voulu, devenue une dame âgée, mettre sa notoriété au service de ce qu’elle appelait l’Oeuvre. C’est ainsi qu’elle désignait le Comité pour l’érection du monument aux infirmières, afin de rendre hommage à toutes ces femmes qui avaient, au péril de leur vie, porté secours aux soldats blessés sur tous les fronts de la guerre de 1914 à 1918. Pour le monument « à la gloire des infirmières françaises Le monument « à la gloire des infirmières françaises et alliées victimes de leur dévouement » érigé à Reims après la Première Guerre mondiale, a été financé par une souscription internationale lancée par un Comité d'honneur fondé et présidé par Juliette ADAM, et dont le secrétaire général était Auguste MAZURE. Ce Comité avait reçu le soutien des plus hautes autorités de la République française et de nombreuses personnalités des pays alliés de la France pendant la Première Guerre mondiale. L'exécution de ce monument a été confiée à l'architecte Charles GIRAULT, membre de l'Institut, et au sculpteur Denys PUECH, membre de l'Institut et directeur de l'Académie de France à Rome. Le 15 février 1922, M. LIÉNARD, au nom de la Commission de Reconstruction, donna lecture devant le Conseil municipal de Reims d'une lettre datée du 23 janvier 1922, par laquelle l'architecte et le sculpteur désignés par le Comité du Monument aux infirmières, informaient le maire de Reims que sa ville avait été choisie, parce qu'elle était « le point le plus favorable pour se souvenir de la Grande Guerre ». Le 3 mars 1922, l'architecte GIRAULT informe le Maire de REIMS De tous ces emplacements, l'esplanade Cérès nous a paru le plus convenable, par sa forme, par la disposition des plantations autour du point central qui sera occupé par le monument, de sorte que tout en s'imposant aux regards des passants, il ne serait pas en contact immédiat avec la circulation, probablement intense à cet endroit. M. Puech, mon confrère, et moi, nous serons heureux d'apporter tous nos soins à l'édification, dans la ville de Reims, d'un monument digne des grands souvenirs qui s'y rattachent. Le 10 mars 1922, le Conseil municipal de Reims, par 17 voix contre 7, a adopté les conclusions du rapport de la Commission de Reconstruction, présenté par M. LIÉNARD, qui proposait d'offrir l'emplacement de l'Esplanade Cérès au Comité du Monument aux infirmières. Le monument est inauguré le 11 novembre 1924, en présence des autorités civiles et militaires de Reims, du cardinal LUÇON, archevêque de Reims, du pasteur GONIN, du rabbin HERMANN, du général PAU, président de la Croix-Rouge française, et d'une délégation des trois sociétés de la Croix-Rouge française. Juliette ADAM, âgée de 88 ans, s'excusa de ne pouvoir prendre la parole en raison de son grand âge, et fit lire par le secrétaire général du Comité d'érection, Auguste MAZURE, le discours qu'elle avait rédigé à cette occasion : [...] Si Reims fut choisie par notre Oeuvre, c'est que le nombre des victimes y a été plus grand que dans les autres villes du front bombardé [...] Aux premiers coups de canon tirés en Alsace, la mobilisation des Infirmières fut immédiate, préparée qu'elle était par la Croix-Rouge française, Oeuvre que nous sommes fiers de saluer ici en la personne de son noble président le général PAU. Saluons aussi l'incomparable dévouement de Mme PAU, de la Société de Secours aux Blessés militaires et de Mesdames les représentantes de l'Union des Femmes de France, de l'Association des Dames françaises. Plus nombreuses dans les villes plus grandes, qui pouvaient recevoir plus de blessés, les Infirmières eurent à Reims plus de victimes. Nos Soeurs étrangères accoururent. On sait ce que les Infirmières américaines ont apporté d'aide, donné de soins incessants, de dévouement courageux à nos blessés et aux leurs. Nous saluons aujourd'hui Mme COX BENET, qui les représente dans notre Oeuvre. Nous saluons M. COTY, notre plus généreux donateur. L'Angleterre, notre alliée de la première heure, avait mobilisé les mères, les soeurs de ses fils qui combattaient avec les nôtres ; le Portugal, la Grèce, le Japon, la Serbie, la Roumanie, la Pologne, les Tchèques, nous avaient envoyé leurs Infirmières. Toutes ces nobles femmes ont donné aux combattants le secours immédiat et l'espoir d'une courte ou lente guérison. Toutes ont laissé dans le coeur de ceux qui ont survécu à l'horrible hécatombe le noble sentiment de la reconnaissance. Monsieur le Maire, au nom du Comité de notre Oeuvre, j'ai l'honneur de remettre ce Monument à la garde de la Ville-Martyre, et de vous offrir pour ses archives le Livre d'Or où sont inscrits tous les noms que nous avons pu recueillir de celles qui, jusqu'à la mort, se sont dévouées à nos enfants inscription du monument À l'appel généreux de Juliette Adam ce monument a été élevé par souscription internationale en mémoire de toutes les infirmières des nations alliées qui ont péri victimes de leur dévouement - La ville de Reims garde pieusement en ses archives le Livre d'Or des nobles femmes tombées au champ d'honneur ---- France - Grande-Bretagne - Italie Japon - Australie - Canada Pologne - Grèce - Portugal Russie - Roumanie - Serbie Union Sud-Africaine - Indes Belgique - États-Unis d'Amérique ---- Sur terre et sur mer elles ont partagé les dangers du soldat. Elles ont bravé dans les hôpitaux bombardés et torpillés le feu de l'ennemi la contagion l'épuisement. En consolant la douleur elles ont aidé la victoire. Honneur à elles. Elles vivront à jamais dans le souvenir de leurs patries fières et reconnaissantes. Le Livre d'Or des infirmières
L’inscription gravée sur le monument « La ville de Reims garde pieusement en ses archives le Livre d'Or des nobles femmes tombées au champ d'honneur », m’a longtemps laissé perplexe, car aux archives municipales, on n’avait pas trace de ce livre d’or, finalement retrouvé dans les archives de la Croix-Rouge rue Houzeau-Muiron, et remis à la Ville de Reims en 2005. Désormais, conformément à l'inscription du monument, un exemplaire du Livre d'Or des infirmières est conservé aux Archives municipales et communautaires de Reims.Y sont inscrits les noms de 979 infirmières dont 434 appartenant au seul Empire britannique : - 346 infirmières du Royaume-Uni - 53 infirmières canadiennes - 35 infirmières d'Afrique du Sud - 283 infirmières américaines - 211 infirmières françaises - 33 infirmières italiennes - 18 infirmières roumaines Listes des infirmières françaises appartenant aux trois sociétés de la Croix-Rouge « tombées au champ d'honneur » - 28 infirmières appartenant à l' Association des Dames françaises - 131 infirmières dont 18 religieuses, appartenant à la Société française de secours aux blessés ( 13 d'entre elles ont été tuées lors de bombardements d'hôpitaux ) - 52 infirmières appartenant à l'Union des Femmes de France Listes des ambulances, hôpitaux du front, hôpitaux auxiliaires, bombardés pendant la Première Guerre mondiale - 13 ambulances et hôpitaux du front - 25 hôpitaux auxiliaires Le monument aux infirmières de PierrefondsIl existe en France, à Pierrefonds, un autre monument aux infirmières, plus modeste, érigé dans le parc de l'Hôtel des Bains, transformé en ambulance chirurgicale pendant la Première Guerre mondiale, à l'emplacement où l'infirmière Elisabeth JALAGUIER a été tuée en 1918 lors d'un bombardement aérien. Après le bombardement de 1918, une pierre blanche avait été posée à l’endroit précis où cette infirmière avait été tuée, puis en 1933, une souscription avait été lancée pour l'érection d'un monument sur le site vendu en 1954 à l’Union Nationale des Combattants par la société propriétaire du parc. Le monument, inauguré en 1955, intègre une statue en bronze réalisée d’après un projet en plâtre du sculpteur REAL DEL SARTE, retrouvé dans les caves du château et exposé aujourd’hui dans l’église Saint Sulpice de Pierrefonds. En 1996, ce monument rétrocédé à la Ville de Pierrefonds a été restauré. source : http://www.cndp.fr/crdp-reims/memoire/lieux/1GM_CA/monuments/reims_infirmieres.htm#comite | |
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| Sujet: Chez la Mère BIZOLON Dim Jan 19 2014, 21:25 | |
| localisation : Bibliothèque municipale de Lyon / P0546_SA 12/4 http://collections.bm-lyon.fr/BML_01ICO00101P0546_SA_12_04?&luckyStrike=1&hitTotal=17&query[]=subject:%22guerre%22&hitStart=1&hitPageSize=1 localisation : Bibliothèque municipale de Lyon / P0546_S 2386 description : Portrait de Clotilde Bizolon (1871-1940), dite la "Mère Bizolon", décorée de la Légion d'Honneur pour services rendus à la Nation (27 décembre 1929). historique : Cliché daté d'après "Clotilde Bizolon, la maman des poilus", par Jean Butin, in Revue d'information du Comité Centre Presqu'île de Lyon, n° 28, 2002-2003, p. 72-74. http://collections.bm-lyon.fr/BML_01ICO001014ccadce84ee9c?&luckyStrike=1&hitTotal=17&query[]=subject:%22guerre%22&hitStart=2&hitPageSize=1 historique : Cliché daté d'après "Clotilde Bizolon, la maman des poilus", par Jean Butin, in Revue d'information du Comité Centre Presqu'île de Lyon, n° 28, 2002-2003, p. 72-74. http://collections.bm-lyon.fr/BML_01ICO001014ccadd1cc712c?&luckyStrike=1&hitTotal=17&query[]=subject:%22guerre%22&hitStart=3&hitPageSize=1 localisation : Bibliothèque municipale de Lyon / P0546_S 2387 description : Inscription sur l'image : "Déjeuner gratuit du soldat chez la mère Bizolon". Inscription(s) sur l'image : "Photo Sylvestre / Lyon" historique : Cliché daté d'après "Clotilde Bizolon, la maman des poilus", par Jean Butin, in Revue d'information du Comité Centre Presqu'île de Lyon, n° 28, 2002-2003, p. 72-74.http://collections.bm-lyon.fr/BML_01ICO001014ccadd025a29c?&luckyStrike=1&hitTotal=17&query[]=subject:%22guerre%22&hitStart=4&hitPageSize=1 http://collections.bm-lyon.fr/photo-rhone-alpes Clotilde Bizolon, « la maman des poilus »La mère Bizolon (en médaillon) restaurant les soldats en gare de Perrache /Photo DR oligny (Ain). Pendant la guerre de 14, elle installe en gare de Perrache, à Lyon, un comptoir destiné aux soldats, où elle sert des repas gratuits ARTICLE : LE PROGRES.FR http://www.leprogres.fr/actualite/2011/08/04/clotilde-bizolon-la-maman-des-poilus Celle que tout Lyon va appeler « la maman des poilus » naît Clotilde Thévenet, en 1871, dans le village de Coligny, à la limite de l’Ain et du Jura, entre la pleine de Bresse et les collines du Revermont. Elle se marie avec le sieur Bizolon, cordonnier de son état et le couple s’installe bientôt à Lyon en compagnie de son fils Georges, dans le quartier de Perrache où le cordonnier ouvre boutique. En 1914, mobilisé, le fils Bizolon est envoyé au front. Désormais seule, son mari étant décédé peu avant, Clotilde Bizolon décide de participer à sa façon au soutien du moral des troupes. Avec l’aide de voisins et d’amis, elle installe un comptoir improvisé, formé de quelques planches, dans le hall de la gare de Perrache. Là, elle propose gratuitement aux soldats en transit, du café et du vin accompagnés d’encouragements et fait promesse à son fils de continuer son action, même s’il vient à disparaître. Or, en mars 1915, celui-ci est tué au front. La mère tient sa parole. Pour continuer son action caritative, baptisée « Le Déjeuner du soldat », elle remue ciel et terre. A l’argent donné par des passants, des amis, des voisins, s’ajoute bientôt, après bien démarches, l’aide de la municipalité. Elle fait élever devant la gare un abri en dur avec parois en bois, toit de zinc et cheminée pour installer l’énorme cafetière utilisée. Clotilde est devenue une gloire locale que les journalistes cherchent à rencontrer. En 1939, malgré la fatigue et le poids des ans, trinquant un peu trop souvent avec ses amis les vieux poilus, Clotilde Bizolon reprend du service devant la gare, n’hésitant pas à loger chez elle ceux qui le lui demandent. Certains s’inquiètent des individus louches qui entourent la bienfaitrice, implorant sa compassion… En février 1940, un voisin du nom de Collomb, qui fait la sieste, entend des gémissements provenant de l’appartement de Mme Bizolon. Il défonce la porte et la trouve étendue dans une mare de sang : elle vient d’être attaquée. On la transporte à l’Hôtel-Dieu, la police tente de l’interroger, mais elle sombre dans le coma et meurt quatre jours plus tard. On a toutefois arrêté un singulier personnage : un unijambiste connu pour son agilité et recherché pour plusieurs cambriolages. Or, l’homme s’empoisonne au dépôt du palais de justice. On découvre alors dans la prothèse, où il avait caché le poison, une cavité dissimulée, où le suicidé conservait une trousse de cambriolage. Le Dr Locard lui attribue le crime. D’autres hésitent. Soixante-dix ans plus tard, le mystère subsiste…http://www.leprogres.fr/actualite/2011/08/04/clotilde-bizolon-la-maman-des-poilus | |
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| Sujet: Madame Tirailleur Dim Jan 19 2014, 21:25 | |
| LES TIRAILLEURS.......ET LES FEMMESMadame TirailleurUn des privilèges dont bénéficièrent les tirailleurs sénégalais fut d’être autorisés à se faire accompagner par leurs femmes et leurs enfants, non seulement dans les cantonnements occupés au gré de leur affectation, mais aussi en campagne. « Madame Tirailleur » assurait notamment l’intendance pour son mari et il lui arrivait aussi de préparer les repas pour quelques-uns de ses camarades célibataires qui profitaient ainsi de la popote familiale. Cet usage fut observé en Afrique Noire comme en Afrique du Nord et resta en vigueur jusqu’à la campagne du Maroc, à la veille de la Première Guerre mondiale. Lorsque les tirailleurs sénégalais furent appelés à combattre en France à partir de l’été 1914, ils ne furent plus accompagnés par leurs femmes. Photographies et cartes postales ont abondamment diffusé les images de ces familles, suggérant l’idée que ces enfants de soldats africains seraient sans doute un jour, à leur tour, des soldats de « la plus grande France ». Dans les récits des grands témoins de la vie coloniale avant 1914, la description pittoresque des cantonnements des tirailleurs n’occulte pas le fait qu’en certaines circonstances « Madame Tirailleur » participa aussi aux opérations militaires. Approvisionnant son mari en munitions ou rechargeant les armes sous le feu de l’ennemi, « Madame Tirailleur » partagea les risques du combat aux côtés de son mari, parfois jusqu’au sacrifice suprême. Comportement exceptionnel qui valut à quelques-unes de ces discrètes héroïnes d’être citées à l’ordre de l’armée ou l’ordre du jour, comme "Mouina, épouse du caporal goumier Ahmed Yacoub, blessée mortellement au combat de Talmeust, en distribuant des cartouches sur la ligne de feu".Lieutenant-colonel Antoine Champeaux Conservateur du musée des troupes de marine, Fréjus. http://musee.artillerie.asso.fr/Victoire-pdf/Petit%20journal.pdf texte tiré de : http://www.rfi.fr/contenu/20100329-madame-tirailleur « En garnison, ce lui sera une ménagère économe, propre et attentionnée, une mère parfaite pour ses enfants. Avec la maigre solde du mari (en 1911 : tirailleur de 2e classe, 60 centimes ; de 1re classe, 70 centimes ; caporal, 98 centimes ; sergent, 1 F 45 ; adjudant, 3 F 15 ; les hommes de troupe ont en outre le système de la masse individuelle avec une première mise de 75 francs) et la ration journalière (riz, 500 grammes ; viande, 400 grammes ; sucre, 21 grammes ; café, 16 grammes ; sel, 20 grammes ; huile, 20 grammes ; bois à brûler, 1 kg 250), elle saura faire vivre le ménage en mettant même de l’argent de côté. La prime journalière de 15 centimes de la masse individuelle constituera, en outre, pour la communauté, une réserve trouvée à la libération, tout en entretenant en parfait état la garde-robe maritale. En colonne, « Madame Tirailleur » sera l’aide constante du mari. A condition que le nombre de ces dames soit assez restreint pour ne pas être encombrant, elles remplacent avantageusement, si l’on peut dire, les fourgons de toute nature, de toute destination, fût-ce même ce qui resta notre cauchemar en colonne : la voiture Lefèbvre. Sous le faix de calebasses pleines, devant lesquelles reculeraient des coltineurs de profession et où elles empilent hardes, provisions, etc. (c’est le soldat-tender), elles marchent au pas des colonnes ultra légères, sans se plaindre, braves comme leurs maris, malgré fatigue, privations et dangers. Ne les a-t-on pas vues, aux combats de l’Adrar, alors que les porteurs de munitions avaient fui, faire l’office de pourvoyeurs et ravitailler en cartouches les lignes décimées des maris qui faisaient le coup de feu ? A peine au bivouac, les voici qui s’empressent à la distribution, allument les feux, préparent et portent le repas à leurs hommes partis en avant-garde ; car, l’étape finie, les hommes, grâce à elles, n’ont point à s’occuper de ces mille nécessités fatigantes où s’absorbe le soldat européen. Ils continuent à être disponibles et le rendement en temps utile du tirailleur est, de ce fait, supérieur à celui de l’Européen. » Capitaine Marceau, Le tirailleur soudanais, Paris, Berger-Levrault, 1911 « Le combat de Talmeust : le 14 juin 1908, après une marche de nuit, le vétérinaire Amiet s’établit à 4 heures et demie du matin au campement avec le convoi des méharistes du Tagant, dans une forte position défensive. Il a avec lui trente et un tirailleurs et onze goumiers et un lourd convoi de chameaux ; son convoi d’ânes s’est égaré pendant la nuit et il a détaché à sa recherche le sergent Ouelo-Koulibaly, un caporal et sept tirailleurs. Il s’est attaqué à 4 heures 30 par une forte harka venue du Sud marocain et qui s’est renforcée des plus braves guerriers de l’Adrar ; cette harka a pour objectif la destruction des méharistes, malheureusement fixée dans une zone trop peu étendue ; elle a anéanti la veille un détachement de trente hommes, qui se sont fait tuer sur le corps de leur chef. Les deux cents hommes de la harka, déjà fanatisés, sont donc pleins de confiance. Ils étaient déjà bien approvisionnés en munitions et viennent de se ravitailler de nouveau par leurs prises. Ils s’avancent jusqu’à trois cents mètres en se dissimulant ; ils entourent le petit carré dans lequel les balles pleuvent pendant trois heures et où les chameaux mettent par deux fois le désordre en s’enfuyant ; puis le cercle se resserre et le feu diminue d’intensité, mais aucun tirailleur ne peut bouger sans être en butte à une forte fusillade ; les conducteurs maures du convoi, bien abrités, refusent d’approvisionner les tirailleurs dont les munitions s’épuisent : deux femmes de tirailleurs ouvrent les caisses et vont porter des cartouches aux combattants ; l’une d’elle est tuée : deux autres femmes la remplacent. Les pertes augmentent et la situation devient très grave, car la petite troupe est fixée sans possibilité de manoeuvre. Vers midi trente, un mouvement se produit chez l’assaillant : il n’est plus qu’à cent mètres et s’élance à l’assaut. Au moment même, des cris s’élèvent sur ses derrières. C’est le sergent Ouelo Koulibaly qui a marché au feu et, laissant ses ânes à la garde de son caporal et de trois hommes, se précipite sur les Maures avec quatre hommes. Les Maures ont bien vu le petit convoi qui leur a donné l’impression d’un renfort français ; c’est ce qui les a décidés à brusquer l’assaut, mais Ouelo Koulibaly et ses quatre hommes ont cheminé inaperçus et leur soudaine action, produisant l’effet de surprise qu’on peut attendre d’une contre-attaque au moment décisif, met en fuite les Maures sur lesquels se précipitent tirailleurs et goumiers : « Dans ce combat, écrit le vétérinaire Amiet, la conduite des tirailleurs a été admirable... Tous ont montré une ardeur qui, à certains moments, devenait téméraire. Quelques-uns, malgré de graves blessures, continuaient le combat et cherchaient à se rendre utiles. Les goumiers maures qui s’étaient montrés pleins d’entrain à l’affaire de Toumouzelli quelques jours auparavant, m’ont causé une déception cette fois-ci en se montrant beaucoup moins entreprenants. Les forgerons et les bergers ne nous ont pas secondés. L’exemple des deux femmes qui ont ouvert la caisse de cartouches a été suivi de deux autres qui ont distribué des munitions aux tirailleurs pendant tout le reste du combat. » Sur un total de cinquante combattants, le détachement eut douze tués et onze blessés, soit près de la moitié de l’effectif atteint. Il n’a été sauvé que par l’adroite et courageuse initiative du sergent Ouelo Koulibaly. La femme tuée et les deux blessées furent citées à l’ordre des troupes de l’Afrique occidentale. » Général Mangin, La Force Noire, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1910 http://www.rfi.fr/contenu/20100329-madame-tirailleur Les infirmières et les Tirailleurshttp://www.rfi.fr/tirailleurs/20100329-infirmieres La lecture du journal aux blessés, 1914. Aux côtés des médecins et infirmiers des troupes coloniales, les infirmières se dévouent au secours des tirailleurs blessés. Certaines infirmières appartiennent à la Société de secours aux blessés militaires (SSBM), association créée en 1866, qui avec deux autres sociétés — l’Association des dames de France (ADF) et l’Union des femmes françaises (UFF) — est à l’origine de la Croix-Rouge française. Ces sociétés prennent de l’importance à partir de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 et le départ des congrégations religieuses qui fournissaient la plupart des infirmières. La SSBM envoie une première équipe au Maroc dès 1907. Plusieurs dizaines de milliers servent au cours de la guerre de 1914-1918. Les infirmières tout de blanc vêtues et portant parfois la cape bleue sont présentes sur tous les fronts au cours de la Première Guerre mondiale et photographes et dessinateurs les montrent très souvent, notamment en compagnie des tirailleurs sénégalais. «Croix rouge et tête noire, deux coeurs d'or».«Bonnes sœurs et tirailleurs sénégalais»: du prosélytisme à l’action socialeLeçon de catéchisme en plein air, à Saint-Maximin. http://www.rfi.fr/contenu/20100329-bonnes-soeurs-tirailleurs-senegalais-proselytisme-action-sociale Le premier « foyer des Noirs » est créé par Alice Munet à la Villa de la Vierge, à Menton, pendant la Grande Guerre. Pour pérenniser son œuvre, Alice Munet fonde en 1922 l’Institut des « Petites-Servantes du Sacré-Cœur, sœurs missionnaires-catéchistes des Noirs d’Afrique ». .../... | |
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| Sujet: Le dîner rêvé des Poilus Dim Jan 19 2014, 21:26 | |
| LE DINER REVE DU POILULoin des yeux, loin du front, les femmes sont néanmoins omniprésentes dans l’imaginaire des soldats. Le succès de Madelon, « synthèse prodigieuse des deux aspirations du Poilu, du pinard et un coeur » (F. Thébaud), l’érotisme qui caractérise d’innombrables cartes postales qui préfigurent les « pin-up » des calendriers des chambrées, la féminisation des armes, l’attente fiévreuse de la permission : tous ces éléments révèlent les manques affectifs et les frustrations sexuelles des combattants. Grivoises, nostalgiques ou sentimentales, d’innombrables chansons s’en font largement l’écho : « C’est des petites femmes qu’il nous manque C’est des petites femmes qu’il nous faut Ça vaut mieux que des billets de banque Et que des conserves d’abricots ! » (Lelievre/Briollet) Et « Quand on vient en permission », on avoue : « D’rester pendant des nuits et des jours Sans femme à qui faire la cour On a beau dire, sous les cieux, Les pauvres hommes sont bien malheureux ! N’empêche que le soir au clair de lune Une petit’ brune, ça s’rait fameux ! Et l’on serre sa ceinture d’un cran En fait d’amour on a qu’du vent ! » (Pothier/Dalbret) Anne Simon-Carrère Doctorante Paris 8 http://musee.artillerie.asso.fr/Victoire-pdf/Petit%20journal.pdf | |
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| Sujet: Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre Dim Jan 19 2014, 21:27 | |
| Informations recueillies à travers : http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=40425 Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerrehttp://catalogue.bm-lyon.fr/?fn=ViewNotice&q=0001064711 Auteur Le Naour, Jean-Yves, 1972-.... Titre Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre [Livre] : les moeurs sexuelles des Français, 1914-1918 / Jean-Yves Le Naour Éditeur Paris : Aubier, 2002 [1803] Description 411 p. ; 22 cm Collection Collection historique [196] Notes La Grande Guerre porte l'espoir d'une France lavée de l'humiliation de la défaite de 1870 et purgée du péril " pornographique " de la Belle Époque : on fustige la nation des plaisirs et de la dégénérescence, coupable de compromettre la victoire. Et l'on soupçonne en premier lieu la loyauté des femmes - " marraines ", adultères, prostituées, infirmières ou employées d'usines -, accusées de corrompre le soldat. Propulsée au cœur du conflit, la morale sexuelle sacralise en effet le " poilu " viril et chaste qui arrachera la victoire au péril de sa vie. Mais elle méconnaît l'immense frustration affective et sexuelle des combattants, et le trouble que provoque le culte de la virilité chez des hommes amoindris par la solitude, le sang et la mort. À partir de 1916, le rêve de la régénération laisse donc place à une profonde démoralisation : l'interminable guerre bouleverse le modèle familial bourgeois hérité du XIXe siècle (incompréhension ou séparation des couples, travail des femmes). Cette histoire des mœurs est aussi une histoire de l'exclusion, où l'on voit l'armée et l'État se disputer le contrôle de la population et de ses pratiques sexuelles. Mais elle est surtout une histoire de l'intime, noire, bouleversante et inédite. ISBN 2-7007-2329-5 Br. 21.5 EUR Sujets Guerre mondiale (1914-1918)--Aspect moral--France [7] Vie sexuelle--France--1900-1945 [3] Morale sexuelle--France--1900-1945 [1] France--Conditions morales--1900-1945 [3] Classe 944.0814 Les soirées à l’arrièrehttp://www.bdic.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=224&Itemid=154 Les soldats ont parfois l’occasion de passer une soirée à l’arrière. Ils y retrouvent une compagnie féminine et peuvent aussi rencontrer des prostituées qui se sont installées près du front. L’état-major a tenté d’endiguer l’essor de la prostitution dans la zone des armées pour éviter la propagation des maladies vénériennes. Mais, les bordels fleurissent dans les bourgs situés en arrière du front. Le 13 mars 1918, l’armée crée des bordels militaires soumis à un règlement strict concernant les règles d’hygiène. | |
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| Sujet: Une idée à Pétain ? Dim Jan 19 2014, 21:27 | |
| Informations recueillies à travers : http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=40425
Une idée à Pétain ?
Question posée : …Pétain serait l'un des principaux instigateurs des Bordels Militaires de Campagne, sur le front de Ouest en 14-18. Je ne retrouve plus ce petit bouquin dont je ne me souviens plus des références. Si je me souviens bien, cela a été discrètement "officialisé" durant la bataille de Verdun, il ne fallait pas non plus inquiéter et scandaliser les épouses. Les filles étaient médicalement surveillée, car la grande crainte de l'armée était la propagations des maladies vénériennes …
Réponse du département civilisation : http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=40425
…rien dans nos recherches ne permet d’affirmer que Pétain est à l’origine des "maisons de tolérance". En revanche, quelques ouvrages nous donnent de sérieuses indications sur leur création en métropole, notamment pour le moral des troupes et pour la lutte contre la propagation des maladies vénériennes due en partie à la prostitution clandestine.
L’ouvrage le plus détaillé est probablement celui issu d’une thèse de doctorat de Jean-Yves Le Naour : Misères et tourments de la chair durant la Grande Guerre : les mœurs sexuelles des français 1914-1918. Ce document est très complet sur le sujet (Voir en particulier le chap. III : l’armée entre moralisation et proxénétisme) et donne de nombreux détails, et contient une somme de références bibliographiques qu’il nous semble indispensable de consulter.
La première guerre mondiale et la syphilophobie poussée à son comble conduisent le service de santé des armées à lancer un vaste plan de campagne d’éducation pour avertir les mobilisés du péril vénérien et les moyens de l’éviter. Le dilemme est alors de choisir entre la prescription de la chasteté, la dissuasion de toute pratique sexuelle, potentiellement dangereuse, et la recommandation de la prostitution surveillée médicalement. L’armée ne parvient pas à trancher sur ce point : à côté des conseils prophylactiques et moraux, de l’entreprise de répression sexuelle, elle conduit une politique de canalisation séminale en s’intéressant, à partir de mars 1918, à la construction de bordels militaires.[…] Le bordel militaire de campagne ou réservé à la clientèle militaire existe dans les colonies, mais n’a pas droit de cité en France métropolitaine, où il demeure un commerce privé soumis aux lois du marché, sanctionné par l’autorisation de la municipalité. […] Dès le 10 octobre 1915, L’Echo des tranchées avait lancé un vibrant appel au bordel mobile de campagne.[…] Tant que le ministère de la Guerre ne s’était pas prononcé sur la question, il était impossible à l’armée de s’engager personnellement dans la création de maisons closes. Tout change avec l’arrivée au pouvoir de l’abolitionniste repenti Clemenceau et l’entrée du général Mordacq comme chef de cabinet au ministère. Ce dernier est convaincu des bienfaits de la prostitution en maison pour le moral des troupes […] Le 13 mars 1918, le général Mordacq prend la décision de créer des maisons de tolérance militaires. Pour ce faire, il demande aux généraux les différentes régions militaires de l’informer de toutes les localités où sont cantonnés des effectifs et du nombre de maisons fonctionnant déjà sur ces places. Par ailleurs, il les prie de rechercher des locaux appropriés et d’en construire de nouveaux si aucun bâtiment n’est susceptible d’accueillir l’intendance spéciale… …. D’autres pistes : - Michel-Serge Hardy, De la morale au moral ou l’histoire des BMC, 1948-2004, Panazol, Lavauzelle, 2004, 363 p. : L’auteur démontre que, depuis la Première Guerre mondiale, on avait tenté de résoudre les difficultés liées aux rapports hommes-femmes et qu’on était loin, dans la réalité, de certaines affirmations qui tentaient de jeter un voile pudique sur la sexualité des combattants ou qui proclamaient que les maisons de tolérance et leurs corollaires, les maladies, n’étaient que l’apanage des armées étrangères alors que l’armée française était pure. C’était oublier la réalité des choses, en particulier les permissions sexuelles – idées, semble-t-il, du général Pétain. (Source : "Comptes rendus", Guerres mondiales et conflits contemporains 2/2006 (n° 222), p. 121-133).
- Amours, guerres et sexualité 1914-1945 - L’âge d’or de la prostitution de 1870 à nos jours - 1914-1918 : combats de femmes : les femmes, pilier de l’effort de guerre - La femme au temps de la guerre de 14
D’autres textes issus du Fonds guerre 14-18 conservés à la bibliothèque de Lyon : - De la nécessité de discipliner l’instinct sexuel [du soldat], in La Chronique médicale, 1er février 1918 - Conseils au soldat pour sa santé / Ministère de la Guerre (1915) - La prophylaxie des maladies vénériennes aux armées / Marius Carle (1916) - La lutte antivénérienne dans les Armées (1921) - L’armée et la police des mœurs : biologie sexuelle du soldat / Louis Fiaux (1917) -----------
UNE REPONSE ? à l'article ci-dessus ?? quelques lignes à ce propos dans l'article : Marchands de cauchemars http://www.lepoint.fr/culture/marchands-de-cauchemars-09-11-2011-1394553_3.php
.....les maquereaux convoient leurs filles, qu'ils installent sous des tentes, dans des fermes à proximité du front. En 1916, toute une division file à l'hôpital. Pétain réagit en 1917 en instaurant le bordel militaire de campagne, ou BMC, avec cuvette, savon, serviette et surveillance hygiénique. | |
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| Sujet: Celles dont on ne parle jamais Dim Jan 19 2014, 21:28 | |
| Recherches sur les BMC ! bal ou bordel militaire de campagne ??? ______________________________________________________________ Article de Pierre Pélissier dans la NRH de Mai - Juin 2004 Celles dont on ne parle jamais trouvé sur : http://forum.doctissimo.fr/doctissimo/prostitution/celles-parle-jamais-sujet_148657_1.htm Il y a celles dont on ne parlait jamais, dont on parlera si peu, les petites p*** des BMC ( Bordel Militaire de Campagne ) . Lors de la chute du camp de Dien Bien Phu, la plupart ont été capturées . Les Algériennes ont été libérées, tout au moins celles qui ont survécu au siège puis à la longue marche et à la détention . Les Vietnamiennes ont disparu, toutes et pour toujours . Un journaliste, Alain Sanders, rencontrant des années plus tard le docteur Grauwin ( médecin chef du camp ), lui demande s'il a connu le sort des prostituées du BMC de la Légion, les Vietnamiennes donc, dont plus personne n'a plus entendu parler . Docteur Grauwin " Ces filles étaient des soldats . De vrais soldats Elles se sont conduites de façon remarquable . Tous mes blessés, tous mes amputés, mes opérés du ventre étaient à l'abri dans des trous souterrains . Et ils fallaient qu'ils pissent, qu'ils fassent leurs besoins, qu'ils fassent un peu de toilette . Ce sont ces femmes, ces prostituées transformées en " anges de la miséricorde " qui m'ont aidé à les aider, qui ont permit à nos blessés de supporter leurs misères . Elles les ont fait manger, boire, espérer contre toute espérance " De la suite, de leur agonie, il n'y a plus de témoins directs, simplement le récit que Grauwin a recueilli plus tard, parce qu'un comissaire politique, dans un camp, a parlé de ces femmes à un prisonnier : Pourquoi un commando de femmes contre nous ? - Il n'y avait pas de tel commando - Si, elles nous ont tiré dessus Ainsi donc, les filles des BMC, infirmières au plus fort de la tragédie, auraient - elles aussi pris les armes lorsqu'elles n'ont plus eu d'espérance à offrir . Grauwin sait qu'elles ont été rossées, tabassées, affamées . Elles n'ont cessé de crier à leurs bourreaux qu'elles étaient françaises qu'à l'instant ou elles ont reçu, l'une après l'autre, une balle dans la nuque . | |
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| Sujet: BMC Dim Jan 19 2014, 21:29 | |
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Bordel militaire de campagne source wikipedia En jargon militaire de l'armée française, un bordel militaire (ou mobile) de campagne (abrégé BMC) est un camion aménagé en lupanar mis à disposition des soldats lors de leur repos, organisé avec l'aide ou non de l'Armée elle-même. Histoire des BMCSi la prostitution a toujours suivi les armées, y trouvant une importante source de revenus, et ce depuis la plus haute Antiquité, on trouve des traces de BMC dans son utilisation moderne dès la Première Guerre mondiale. Lors des guerres coloniales, l'usage des BMC était de notoriété publique, notamment en Indochine et en Algérie (« la boîte à bonbons ») pendant qu'en France les bordels étaient interdits par la loi depuis 1946. La littérature française a largement parlé du « parc aux buffles », un BMC de Saïgon. On a également évoqué le rôle héroïque des prostituées du BMC de la bataille de Điện Biên Phủ, devenues infirmières lorsque celles-ci vinrent à manquer, puis combattantes contre les Viet Minh selon certains témoignages1. Michel-Serge Hardy, De la morale au moral ou l’histoire des BMC, 1948-2004, Panazol, Lavauzelle, 2004, 363 p. Compte-rendus http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2006-2-page-121.htm BMC (bordel militaire de campagne) dont certains tentaient d’atténuer la transcription en parlant pudiquement de « bal militaire de campagne », voilà bien un sigle qui a fait et fait encore fantasmer. S’attaquer à cet aspect socioculturel de l’armée française démontre combien les mentalités ont changé, car, pendant longtemps, ce genre de problématique restait du domaine des non-dits, voire des tabous, comme si vouloir comprendre les aspects de la vie sexuelle des combattants relevait du secret absolu. M. S. Hardy entreprend ici de démonter un des rouages méconnus de la société militaire de la fin de la Première Guerre mondiale à aujourd’hui. L’ouvrage se décompose en deux grandes parties d’égale amplitude. La première est une approche chronologique de la mise en place des BMC en tenant compte des théâtres d’opérations, la deuxième analyse les structures de l’institution. 32 pages d’iconographies hors texte illustrent le sujet. Le travail est accompagné de 95 pages d’annexes, d’un court index et d’une notice bibliographique très succincte. Une armée est d’abord une concentration de jeunes hommes, et, de tout temps, la satisfaction de leurs besoins sexuels posa des problèmes aux responsables militaires. La prostitution sous toutes ses formes fut la réponse courante avec ses effets pervers. La question dépasse largement la simple satisfaction de la libido des hommes ; elle touche naturellement à leur état d’esprit, à leur discipline et à leur santé, et elle peut donc être considérée comme un élément constitutif du moral, c’est-à-dire de la capacité et de la volonté de se battre. L’auteur démontre que, depuis la Première Guerre mondiale, on avait tenté de résoudre les difficultés liées aux rapports hommes-femmes et qu’on était loin, dans la réalité, de certaines affirmations qui tentaient de jeter un voile pudique sur la sexualité des combattants ou qui proclamaient que les maisons de tolérance et leurs corollaires, les maladies, n’étaient que l’apanage des armées étrangères alors que l’armée française était pure. C’était oublier la réalité des choses, en particulier les permissions sexuelles – idées, semble-t-il, du général Pétain. Au fil des chapitres, on découvre la mise en œuvre des BMC mais en même temps les réticences. Un thème récurrent illustre bien l’ambiguïté dans l’esprit des organisateurs des BMC, à moins qu’ils n’aient été hypocrites, naïfs ou ignorants de la nature humaine : les BMC protègent les femmes françaises des pulsions des tirailleurs et, en conséquence, évitent la propagation des maladies vénériennes dans la société. Avec le second conflit mondial, rien n’est réglé pour les troupes de la drôle de guerre et on retrouve l’idée que les troupes indigènes ont besoin de maisons de tolérance de façon à éviter toute fréquentations des femmes françaises, « fussent-elles publiques ». La question des armées de la Libération est rapidement traitée mais on peut relever que des BMC fonctionnèrent pour les soldats américains et qu’on recruta des femmes en Afrique du Nord pour les tirailleurs. La partie concernant l’Indochine est beaucoup plus dense et constitue même le cœur de l’ouvrage, ce qui laisse à penser que l’accès aux archives a été plus aisé pour cette guerre que pour l’Algérie. Aussi, on peut se poser la question du bornage chronologique du livre : pourquoi 1914-2004 alors que visiblement l’après-guerre d’Algérie n’est que peu abordé, sans doute à cause de l’impossibilité réglementaire à consulter les archives d’événements très proches ? .../... en savoir plus sur : http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2006-2-page-121.htm | |
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| Sujet: ]BMC... Dim Jan 19 2014, 21:29 | |
| BMC... http://www.metropostcard.com/metropcbloga11.html For the military forces, the BMC or mobile military brothel (Bordel Militaire de Campagne,/ (Bordel Mobile de Campagne), was set up to serve the soldiers. One, in Meknes, Morocco, included 500 buildings, with cafes, dance halls, and prophylactic stations. In a cartoon BMC scene, soldiers are seen negotiating for and engaged in sex with the women. One figure demonstrates his inability to pay by showing his empty pockets. White, North African and black African troops mix in the scene, though frequently separate facilities were established for the African soldiers. Note the red light hanging above the entrance sign. Such mobile brothels first appeared in the First World War and could be found in French Indochina as late as the 1950’s. Due to controversy surrounding the use of government sponsored prostitutes, euphemisms for the BMC surfaced, such as Boîtes à bonbons, or candy boxes. The caption on this card reads The War in Morocco - Relaxation After Battle. rare photo card shows a military field brothel in Morocco. Two dark skinned women pose with soldiers outside the tents used for the sexual encounters. The caption reads At Camp Arblou l’Arbi. The B.M.C. A helmeted soldier with pipe waits eagerly for a prostitute to join him under the covers. She inquires “You’re keeping your helmet on?” His answer “It’s just that I’m hoping to do some scouting.” This card was posted in 1916. | |
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| Sujet: Re: Dossier : Les femmes et la Grande Guerre (Hayet) Dim Jan 19 2014, 21:30 | |
| Crime, History & Societies Vol. 7, n°1 (2003) Varia
Benoît Majerus La prostitution à Bruxelles pendant la Grande Guerre : contrôle et pratique The Herman Diedericks Prize Essay for 2002 / Lauréat du prix Herman Diedericks 2002
voir document pdf : http://chs.revues.org/pdf/603 | |
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| Sujet: Les femmes espionnes dans la guerre (1914-1918) Dim Jan 19 2014, 21:31 | |
| Les femmes espionnes dans la guerre (1914-1918)http://www.popscreen.com/p/MTIxODc0NTUz/Amazoncom-les-femmes-espionnes-dans-la-guerre-19141918- Espionnes dans la Grande Guerre (1914-1918)document word : www.womeninwar.org/Walle.doc L’espionne dans l’imaginaire collectif Prononcer le mot espionne suscite immédiatement une image négative : la tentation de l’aventure, le goût de l’argent, l’attrait d’une vie facile dans des hôtels de luxe : femmes vénales, femmes émancipées, femmes galantes, dans l’imaginaire collectif elles agissent au mépris de la morale. Le terme d’aventurière est suffisamment explicite, certains parlent d’aventurière d’alcôve, terme encore plus méprisable. D’autres parlent des espionnes en termes plus élogieux, amazones de l’ombre qui évoquent, certes, le courage guerrier, le risque, les dangers encourus, mais aussi la virilité qui ne sied pas aux femmes…. Surtout que dans la mythologie, les amazones n’avaient pas besoin des hommes pour se battre ! L’espionne est en France un personnage rarement estimé. Comme le proclame la pièce célèbre d’Arthur Benède et Aristide Bruant, Cœur de Française, créée en 1912, et beaucoup jouée pendant la guerre, « ce n’est pas dans l’âme française ».La pièce est un drame d’amour et de patriotisme. Pour l’opinion publique, pour les services secrets, l’espionne est un être trouble dont il faut se méfier, toujours un peu une femme fatale qui sait mentir et donc trahir ; Prononcer le mot « espionne » sans même le situer dans un espace temporel – c’est s’entendre répondre Mata-Hari. Je ne vous raconterai pas d’itinéraire d’espionnes, surtout pas celui de Mata-Hari, la mythomane, qui rayonne dans l’imaginaire du 2Oè siècle et qui est l’un des mythes les plus exploités par la presse, le roman populaire, le cinéma ; je tenterai simplement d’expliquer pourquoi elle a suscité tant de légendes et de fantasmes et pourquoi son exécution, en 1917, a fait l’objet d’une telle exploitation médiatique alors que les Françaises qui ont espionné pour l’Allemagne, condamnées pour espionnage militaire et seulement pour l’Allemagne, entre août 14 et août 1919, sont au nombre de 21. Quelques unes ont vu leur peine commuée en travaux forcés, pour d’autres on ne connaît pas la date exacte de leur exécution, les documents sont très épars. Pour les espionnes, les sources sont diverses, difficiles à trouver car peu de documents de l ‘époque ont consigné leurs noms et leurs actions. Comme pour l’histoire des femmes en général…… Pourquoi des femmes choisissent-elles d’être espionnes ? Pourquoi certaines femmes choisissent-elles des missions dangereuses, missions d’espionnage à une époque où leur rôle dans la vie publique est peu reconnu, où les mouvements féministes subordonnent toute division, toute revendication spécifique aux nécessités de la défense nationale ( Jane Misme dans La Française, Marguerite Durand dans La Fronde pendant les premiers mois de la guerre) ? On trouve la même « union sacrée » en Allemagne , à l’exception d’une minorité de femmes qui resteront fidèles à leurs idées pacifistes(Hélène Brion en France, Clara Zetkin et Rosa Luxemburg en Allemagne), honnies, conspuées, voire emprisonnées. Pendant la guerre, l’ image des femmes est une image de deuil, femmes vêtues de noir ou veuves blanches, l’image des ouvrières dans l’industrie de guerre, des « munitionnettes », de celles qui remplacent sans y avoir été préparées les hommes dans leur travail, dans les villes comme dans les campagnes. Celles qui transgressent cet espace (souvent clos, du « dedans » - l’espace du travail domestique, l’espace de l’ usine, celui des associations, des ouvroirs) sans y avoir été contraintes y voient aussi une possibilité de s’affirmer dans la société, d ‘obtenir un statut, car les femmes sans enfants, les veuves, les femmes célibataires ou divorcées sont marginalisées. Des femmes ont accepté le rôle d’espionnes par patriotisme , par attachement à la religion, leur permettant de se dépasser et de se montrer héroïques. Les motivations profondes varient : la valeur morale, le désintéressement, ou au contraire la vénalité et même la traîtrise. On oublie qu’en temps de guerre, la vie d’espionne, quoi qu’on en dise, est une vie de solitude, sans amis, sans famille, sans autres relations que les personnes que l’on espionne. Il faut du courage pour assumer ce service ingrat tout en restant continuellement maître de soi. Ces aventurières – pour l’opinion publique – ces professionnelles du renseignement – pour les services secrets, pour les historiens et les sociologues – manifestent de l’audace, de la ténacité ; elles doivent faire preuve d’un caractère bien trempé pour résister à toutes les situations, vivre à l’ombre de leur vraie personnalité, sous de faux noms. Il ne s’agit pas d’en faire des saintes comme au moment de leurs funérailles ( nationales pour la Belge Gabrielle Petit) ni de les considérer comme des victimes . Sans forcément vouloir leur rendre hommage, rendons leur au moins justice. Deux agents doubles : Mathilde Lebrun, Marthe RichardL’agent double Mathilde Lebrun, veuve avec trois enfants, originaire de Pont-à-Mousson cherchait à tout prix à servir sa patrie, pour que ses enfants plus tard, soient fiers d’elle,.a exécuté ses treize missions en France et en Allemagne avec un sang froid inouï qui lui ont apporté d’obséquieux hommages en Allemagne et des humiliations en France. Huit ans après l’armistice, le gouvernement français lui a enfin décerné ses félicitations – la Légion d’Honneur promise, elle l’attend toujours, car en cas de réussite d’une mission, les espionnes ne récoltent guère d’éloges De toute façon, et tout le monde le sait, les Français ne rémunèrent pas, comptent sur la débrouillardise des femmes, … « le système D est d’invention française, vous vous débrouillerez toujours » dit le chef du 2è Bureau, le capitaine Georges Ladoux à Marthe Richard, « simplement pour la beauté du geste », dira plus tard un commissaire du gouvernement à Mathilde Lebrun. Si Marthe Richard, autre agent double, a obtenu la Légion d’Honneur en 1933, pour services rendus à la France, c’est parce que Georges Ladoux, chef du Service central des Renseignements, avait besoin de se mettre lui-même en valeur pour gommer certaines de ses propres activités troubles en 1917, en exagérant sans aucun doute les exploits de « son » espionne, Les multiples ligues de moralité avaient vivement protesté après la guerre , parce qu’une ancienne prostituée était indigne d’une telle décoration. De toute sa carrière, le capitaine Ladoux n’a jamais hésité à travestir la vérité à son avantage. Il donne littéralement l’ordre à ses espionnes de « tomber dans les bras des agents ennemis » et parle de « l’extraordinaire pouvoir de duplicité des femmes ». Pire, dans l’esprit de Ladoux, l’espionne ne peut être que « perverse » au sens où il est convaincu que sa seule chance de réussite passe par l’usage de sa sensualité et jusqu’à l’emploi d’une sexualité débridée. Le dialogue de Marthe Richard avec Ladoux frise parfois le ridicule : « Il est des choses, Capitaine, à quoi une femmes ne peut consentir - Marthe, pensez aux sacrifices des Poilus dans les tranchées - C’est une totale abnégation que vous exigez, Capitaine. C’est un sacrifice plus cher que la mort. - Le service l’exige - Ce que le service exige est au-dessus de mes forces, mais je vais essayer . - Quelque chose vous soutiendra, Marthe. Vous penserez qu’en France des fiancées, des mères retrouveront grâce à vous leur fiancé, leur fils, qui se bat en mer….vos petites raisons ne valent rien devant ce beau devoir ». Lorsque Ladoux sent qu’une femme refuse son offre de devenir espionne, il dit sèchement : « Réfléchissez….Il est trop tard pour reculer…Vous êtes venue librement dans notre service….Votre devoir est de réussir car vous avez en main des atouts inespérés…..Maintenant vous en savez trop, si vous refusez, je suis obligé de protéger le service et de vous enfermer…. » Ces formes de violences verbales sont courantes et peu de femmes y résistent. Marthe Richard va rendre de grands services à l’espionnage français sans pour autant en tirer une quelconque reconnaissance de la part de son chef. Peu de reconnaissance, grande méfiance en France plus que chez les Alliés anglais, belges, habitués, depuis la guerre de 187O, à utiliser les espions et espionnes bien implantés dans les milieux européens aisés pour surveiller le travail des diplomates, le développement des systèmes militaires et les différents plans de défense des ennemis ; Churchill préface le livre de souvenirs de Marthe Mac Kenna-Cocknaert, espionne d’origine belge qui a épousé un officier anglais, et compare le combat de l’espionne au combat du soldat : « Qui dira les angoisses de l’homme ou de la femme vivant parfois des années au milieu d’ennemis déclarés et risquant à toute heure, pour un mot inconsidéré, un geste, une maladresse, d’être découvert et traduit devant un conseil de guerre impitoyable ? Cette épreuve n’est-elle pas aussi redoutable que celle du soldat qui affronte pour la première fois le champ de bataille dans l’ivresse de l’action brutale ?….. » Essai de typologie des espionnes
J’ ai cité des noms d’agents doubles (Mata-Hari, Marthe Richard, Mathilde Lebrun) dont la mission s’étend sur deux pays ennemis auxquels elle fait croire à sa bonne foi – le type d’espionne le plus élevé dans la gradation. Parmi celles qui sont chargées de récolter des indications dans un seul domaine, régulièrement ou occasionnellement, certaines sont des agents fixes, d’autres des agents mobiles envoyées dans différentes villes ou provinces. Il y a également les prostituées, nombreuses dans les gares et les ports au moment des permissions de soldats. Les demi-mondaines, les danseuses et les actrices, en France et en Suisse, jouent un rôle important par leurs relations et leur vie errante entre théâtres et hôtels. Les cartomanciennes, les marraines de guerre sont d’autres sources de renseignements puisqu’elles reçoivent les confidences des civils et des soldats en permission. Les villes frontières « grouillent » d’agents des services de renseignements allemands et autrichiens : Genève est la ville interlope par excellence pour l’aristocratie vraie ou fausse d’Europe centrale notamment, qui a un atout capital, celui d’ être polyglotte. Genève est le rendez-vous des déserteurs et des espions français, des suspectes aussi, car la frontière franco-suisse est un lieu de passage idéal pour les passeuses de messages : femmes « ordinaires », d’origine modeste ou désargentées par l’absence d’un mari au front, contactées par des recruteurs au service des Allemands qui se disent riches et profitent de leur bonne foi pour leur faire porter des messages codés à des correspondants – souvent à Paris ce qui éblouit les provinciales : la couturière grenobloise Marguerite Francillard, condamnée à mort bien qu’elle ait permis lors de son arrestation, de dévoiler six espions dangereux. Il y a les transmetteuses de renseignements comme Jeanne-Antoinette Tichelly qui ont des missions très précises au sein même des lieux les plus surveillés : les usines de la défense , où elles se font embaucher, en changeant de lieu de travail tous les quinze jours. Ces femmes au service des ennemis ne veulent pas admettre que leurs renseignements ont pu avoir des conséquences mortelles pour des soldats. La majorité des espionnes pour le compte des Alliés auront le même comportement ou, au contraire, comme l’infirmière Marthe Mac Kenna, se sentiront coupables d’avoir favorisé la mort de nombreux soldats. Le cas Mata-HariSon arrestation, le 13 février 1917, son procès, les 24 et 25 juillet , l’exécution, le 15 octobre ont lieu à une époque où la situation militaire française est des plus désastreuses : après le terrible hiver 1916-1917, après l’hécatombe de Verdun et la bataille de la Somme, on fait les comptes : plus de 75O.OOO morts, des milliers de mutilés et de blessés, amputés, gazés, aveugles, défigurés. L’offensive Nivelle au Chemin des Dames, en avril 1917 est une catastrophe, les pertes sont énormes. Peu après, ce sont les mutineries. A l’arrière, surtout à Paris, les inégalités sociales éclatent de façon flagrante, les spéculateurs et profiteurs s’affichent sans vergogne .Les veuves de guerre sont légion. Des grèves éclatent à Paris, à Boulogne-Billancourt (chez les tourneuses d’obus, les ouvrières de Kodak et dans beaucoup d’autres usines), les pacifistes sont taxés de défaitistes, c’est-à-dire de traîtres ( l’ancien Président du Conseil Joseph Caillaux), des scandales financiers éclatent. Pendant ce temps Mata-Hari croupit dans la sinistre prison Saint-Lazare, infestée de rats, certains chroniqueurs racontent que la « danseuse rouge » a une salle de bains et y prend tous les jours des bains de lait alors que les enfants de France manquent cruellement de ce liquide indispensable à leur croissance. La déformation des faits n’a guère de limites : on prétend que Mata-Hari d’origine allemande avait profité de l’accueil qu’on lui faisait pour trahir indignement la France, jusqu’à en faire l’une des figures les plus odieuses et son châtiment comme l’un des plus exemplaires. Les juges insistent avec acharnement sur son immoralité comme si c’était une preuve de culpabilité. Or, « il n’y avait pas de quoi fouetter un chat », dira plus tard André Mornet, substitut du « commissaire du gouvernement » (procureur). Ne projettent-ils pas leurs propre frustrations sexuelles sur cette femme libre, l’antithèse rêvée de la femme vertueuse et soumise ? Rien ne permet de l’affirmer, mais rien ne permet de le nier – si le procès avait eu lieu au Moyen-Âge, elle aurait été brûlée comme sorcière. Mata-Hari.H a agi comme un homme, elle est donc condamnée comme un homme, entend-on aussi ; en temps de guerre, c’est la tolérance zéro pour le sexe dit faible. Son exécution est perçue comme un exorcisme nécessaire psychologique, moral et politique. Légendes et fantasmes Pourquoi les années 3O voient-elles refleurir de plus belle les récits fantaisistes sur Mata-Hari et d’autres espionnes ? La population française vit dans un quotidien morose et on continue d’utiliser les peurs des Français face à un ennemi qui ne cesse de se réarmer depuis la prise de pouvoir d’Hitler. L’entre-deux-guerres est l’âge d’or des confessions d’espions et d’espionnes racontés le plus souvent dans un style romanesque : Marthe Richard crée sa propre légende dès 193O (Ma vie d’espionne au service de la France), puis en 1974, de son vivant déjà, Mata-Hari a été l’imprésario de sa propre vie, d’autres, dont des militaires, se sont chargés de déformer les faits et c’est la porte ouverte à tous les fantasmes. Le capitaine Ladoux n’arrivera jamais à percer les secrets du Service de Renseignements allemand, ses « correspondants » n’ont jamais réussi à infiltrer le service de contre- espionnage de l’ennemi et il fera retomber la vengeance de cet échec sur son agent le plus vulnérable, Mata-Hari..Cet échec d’autant plus difficile à « digérer » que face à lui se trouve la responsable de la Section « France » du Service de Renseignements allemand au Centre militaire d’Anvers, Elsbeth Schragmüller, dite Melle. Docteur. Ni infirmière, ni médecin qui torturait les blessés pour leur extirper des renseignements, elle faisait partie première promotion de femmes ayant soutenu thèse de doctorat dans université allemande, en 1913 (en sciences politiques). Ces femmes très motivées étaient « obligées » à l’excellence. Elsbeth Schragmüller n’était pas une espionne, mais une formatrice d’espionnes C’est à son école qu’a été affectée Mata-Hari. Remarquable organisatrice, cette jeune femme brune, pas très jolie, mais agréable à regarder comme des centaines d’autres femmes, ayant eu une éducation très stricte était peu encline aux aventures amoureuses Si j’en parle, c’est pour montrer une fois de plus les fantasmes qu’elle a suscités dans des biographies des plus rocambolesques. Personne ne l’a jamais vue en France et pourtant les descriptions de sa personne et de son comportement sont légion : c’est le capitaine-rapporteur Pierre Bouchardon près du 3è Conseil de guerre (Conseil qui a condamné à mort Mata-Hari) qui parle : « …. blonde aux yeux d’ange, elle fume des cigarettes russes et montre complaisamment ses mollets en croisant ses jambes….de temps en temps elle joue avec un browning qu’elle tire de sa poche ou bien elle caresse, d’une main lourdement chargée de bagues, le pommeau d’une cravache……déesse cruelle de l’espionnage, …immortelle et malfaisante comme Fantômas, son regard d’acier ne s’oublie pas….vamp de feuilleton… », même le très sérieux Times utilise ces stéréotypes pour décrire la séductrice « Lady Doctor ». Il y a eu jusqu’à six fausses Melle Docteur et jusqu’au début de l’Allemagne nazie. C’est la pire adversaire du commandant Ladoux qui tue même à distance, par procuration. En 1937, la veuve du commandant Ladoux fait paraître les Souvenirs de son mari et raconte : « …. en 1933, alors qu’il (son mari) venait de publier son ouvrage Chasseurs d’espions. Comment j’ai fait arrêter M.H.., il reçut une lettre d’un journaliste berlinois qui avait rencontré Mlle. Docteur. Elle lui proposait un rendez-vous à Zurich et cette rencontre entre vieux amis-ennemis aurait pu avoir lieu à Pâques. Mais il n’y alla pas. Il reçut alors deux photos d’elle, l’une de 1914, l’autre toute récente avec une note manuscrite. Il les examina trop longtemps et mourut peu après. J’ai la conviction, dit Mme. Ladoux , qu’il a été empoisonné par un bacille pathogène… ». Certain supposent qu’elle n’a jamais existé , qu’elle réunissait sous son nom les activités de quelques dizaines d’espionnes allemandes, la quintessence des caractéristiques de l’espionne parfaite, toujours blonde aux yeux bleus comme les personnages des légendes allemandes - ou qu’elle aurait été le fruit de l’imaginaire des services alliés. Ce qui importe, c’est la place que beaucoup d’historiens, observateurs de l’actualité de l’espionnage, ont accordée au mystère de la femme espionne, nourrie d’érotisme, d’imposture, une importance sans rapport avec la réalité…….. Incarnation de tous les stéréotypes et de toutes les peurs qu’inspirent les femmes d’une sexualité insatiable, symboles de la menace perpétuelle de la sexualité féminine qui est un danger constant à l’arrière du front, pour la santé physique et morale du soldat. Marianne WALLE (Université de Rouen) | |
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Nombre de messages : 1257 Date d'inscription : 13/01/2014
| Sujet: Espionnage et espionnes de la Grande Guerre Dim Jan 19 2014, 21:31 | |
| Espionnage et espionnes de la Grande Guerre http://rha.revues.org/index1963.html L’espionnage, sujet controversé pendant la Grande Guerre, a eu un succès considérable dans les années 1930. Actuellement, les témoignages des espions et des services secrets, même s’ils ne sont pas tous véridiques, permettent, en complétant par les archives, de mieux comprendre l’importance du renseignement pendant la Grande Guerre, l’organisation de l’espionnage chez les alliés, le recrutement des espions, la surveillance des agissements de l’ennemi, la découverte d’un nouveau rôle de la femme passant des travaux à l’arrière à l’espionnage en territoire occupé ou dans les milieux interlopes. L’espionnage comme le contre-espionnage mis en place par les alliés, s’ils ont été considérés par certains belligérants comme une affaire immorale et difficile à utiliser, ont permis de protéger les pays en guerre et d’agir sur la stratégie des états-majors. Conscients de l’importance de leur rôle, d’anciens espions entreront dans la Résistance à la Seconde Guerre mondiale. _____ Dans les années 1930, une abondante littérature paraît sur la Grande Guerre et sur un sujet peu connu, les services secrets et les espions. Souvenirs, romans, films plus ou moins véridiques font découvrir la part prise pendant la guerre par ces hommes et ces femmes de l’ombre, aux actions méconnues ou parfois légendaires. La plupart sont oubliés de nos jours mais la vie d’une espionne reste dans la mémoire des Français, celle de Mata Hari 1 dont le passé artistique et sulfureux enchanta la Belle Époque. Devenue agent double H 21 par amour de l’argent, elle est fusillée à Vincennes le 15 octobre 1917 dans une atmosphère empoisonnée par « l’espionnite », en raison de la situation trouble d’une guerre qui n’en finit pas. La même année, plusieurs espionnes seront fusillées en France et ceci jusqu’en 1919, le contre-espionnage devenant plus performant. L’histoire de la Néerlandaise Mata Hari, remise à jour actuellement grâce aux documents d’archives 2 a entraîné une demande de réhabilitation par quelques historiens. Elle ne doit pas faire oublier tous ceux qui, dans les départements français envahis, en Belgique, dans les places cosmopolites d’Espagne, de Suisse, des Pays-Bas ou en Allemagne, ont travaillé dans l’ombre au service de la France et des alliés. Le nombre de femmes augmente. Sans uniformes, les espionnes ne sont pas traitées comme des soldats, mais comme des traîtres. Arrêtées, elles sont traduites en Conseil de guerre et nombre d’entre elles sont jugées, condamnées à mort, à la prison ou aux travaux forcés. Ceux et celles qui ont pu échapper à l’arrestation ont connu l’angoisse pour eux et leurs proches, d’autant plus que les lois des différents belligérants contre l’espionnage se durcissent au cours de la guerre, comme le signale l’article 76 du Code de justice militaire : « Seront punis de mort : tout Français qui aura livré ou communiqué à l’ennemi ou à toute personne agissant dans l’intérêt de l’ennemi, des objets, plans, écrits, documents, ou renseignements dont le secret intéresse la défense du territoire et dépendances, ou la sûreté de l’État. » Pour recruter des espions, obtenir des renseignements, les analyser, surveiller les suspects, mettre en place le contre-espionnage, le Grand Quartier général (GQG), malgré quelques réticences après l’Affaire Dreyfus, réorganise les services et différencie leurs activités. Celles-ci se multiplient au cours de la guerre et sont revendiquées par différentes autorités militaires ou civiles, ce qui ne facilite pas l’utilisation rapide des renseignements Services secrets françaisLes services de renseignements utilisent des espions qui travaillent directement sur le terrain comme agents fixes ou comme agents mobiles en relation avec des antennes en France, dans les pays amis, neutres ou en Allemagne. Les informations militaires et civiles recueillies servent à l’élaboration de la stratégie des états-majors. Les services de renseignements français ont pris du retard et ne sont pas encore à leur meilleur niveau en août 1914. Après la bataille de la Marne, le Grand Quartier général, sur ordre du général Joffre crée le 2e bureau du service de renseignement (SR) qui existe en parallèle avec le 2e bureau de l’EMA (état-major des armées), il s’adjoindra plus tard un 5e bureau. Coexistent avec ces services, ceux de la Sûreté générale, du ministère de l’Intérieur et de la préfecture de Police de Paris. Cette abondance de services souvent cloisonnés 4, leur sera reprochée à l’occasion de l’envoi tardif des renseignements portant sur les effectifs militaires allemands à Verdun et pour le Chemin des Dames. Plusieurs centres de renseignements fonctionnent : Paris, pour l’espionnage et le contre-espionnage ; Folkestone, pour le recrutement d’espions du nord de la France et des passagers sur les navires ; Belfort, pour la surveillance et le recrutement d’espions parmi les réfugiés alsaciens et la population cosmopolite implantée à Genève avec le colonel Porchet et la police des frontières ; la Hollande, avec les villes de Flessingue et Maastricht sous la direction du général Boulabeille. Quelques responsables de l’espionnageDes hommes, comme le colonel Dupont, chef du 2e bureau du GQG, le colonel Zopf, le général Valentin, ont fait beaucoup pour assurer le meilleur rendement de leurs services et en s’adaptant constamment aux situations nouvelles jusqu’en 1919 5. Le capitaine puis commandant Ladoux du 5e bureau passe au 2e bureau le 9 février 1917. Il est chargé de recruter et de diriger espions et espionnes, surveiller les agents doubles, croiser les informations, trouver des agents traitants comme Violan auprès de Marthe Richard ou le sous-lieutenant Hallaure auprès de Mata Hari. La notoriété du capitaine Ladoux provient surtout de l’arrestation et du procès de cette dernière et des résultats obtenus parfois par des moyens illégaux. Il doit plus tard faire face à la justice, accusé d’avoir trempé, lui aussi, dans l’affaire d’espionnage du député Turmel. Sa carrière est compromise, mais il est finalement lavé de tout soupçon. Il écrit de nombreux livres, dans lesquels la vérité n’est pas toujours respectée, mais il éclaire en partie les activités des services secrets, son travail auprès des espions et ses difficultés à faire admettre aux autorités militaires ou civiles l’importance des rapports transmis et analysés. Leur scepticisme provient de l’image peu honorable des « argousins » ou des espionnes forcément « femmes de petite vertu ». Il est vrai que les prostituées constituent un vivier d’informations important. La collaboration avec les services alliés et surtout britanniques qui recrutent des femmes dans tous leurs bureaux, amène le commandement français à prendre davantage en considération les espionnes dont le nombre augmente. L’importance de leurs renseignements sur les déplacements des troupes ennemies, par route, rail ou air, leurs rencontres avec des officiers allemands, les informations fournies grâce à leur rôle auprès des blessés, des prisonniers, des déserteurs, se révèlent de plus en plus utiles. Malgré les progrès du décryptage, des avions de reconnaissance, des ballons d’observation, de la TSF, l’encre sympathique de plus en plus sophistiquée continue à être utilisée pour écrire le courrier secret. Mata Hari reconnaît lors de son procès avoir jeté à la mer le flacon d’encre remis par les Allemands. Organisation des services secrets alliés Les alliés français, anglais et belges unissent leurs efforts pour surveiller les frontières et recruter des espions particulièrement en Belgique et dans le nord de la France, territoires envahis sous autorité militaire allemande. Les services de renseignement britanniques sont nombreux comme en France. Le GQG est en concurrence avec les services secrets du ministère de la Guerre, le War Office, de qui dépend l’Intelligence service créé en 1909, lors de la guerre des Bœrs. L’Amirauté possède également ses propres sections d’informations à Folkestone. Le 22 novembre 1914, la conférence interalliée de Furnes décide de mettre en place un bureau de renseignements communs à Folkestone, port situé près de Douvres. Il accueille tous les ferries et navires des pays neutres, surchargés de réfugiés et de passagers de toute origine, aux motivations très diverses, ce qui permet un contrôle et un recrutement fructueux pour les services secrets 6. La section française est dirigée par le commandant Wallner puis par le commandant Béliard, la section britannique, par le général Cockerill remplacé par le capitaine Cameron, enfin la section belge est commandée par le capitaine-commandant Mage. L’entente ne règne pas entre les alliés, chacun essaie de mettre espions et réseaux sous sa propre autorité. Si les services français ont quelque retard en 1914, la Belgique, en pleine restauration de son armée à la veille de la guerre, ne peut faire concurrence. Elle travaille cependant avec ses alliés et fournira de nombreux espions, 6 000 à 7 000 personnes en comptant le nord de la France. Les Pays-Bas, neutres, tout en gardant des relations économiques et diplomatiques avec l’Allemagne, ne peuvent refuser la présence de deux bases importantes pour l’espionnage en Belgique, à Flessingue et à Maastricht, ce qui favorise leur commerce avec les alliés. En septembre 1915, Rotterdam devient un nouveau centre de renseignement, en raison de l’installation par les Allemands d’une barrière électrifiée entre la Belgique et les Pays-Bas, rendant le passage de frontière plus difficile. Plusieurs hommes et femmes y perdront la vie. De plus, les progrès et le développement du contre-espionnage allemand, sous la direction du colonel Nicolaï, déciment de nombreux réseaux et assurent un plus grand recrutement à partir de 1916. Les espionnes au service des alliés Les services secrets britanniques et français ont utilisé leurs espions dans des domaines différents, militaires, stratégiques, économiques, dans leur propre pays ou à l’étranger. Les espionnes ne fournissent pas le même travail comme le prouvent les récits de leurs souvenirs ou de ceux qui ont écrit pour elles après leur mort. Leur recrutement, leurs motivations, les formes de leur travail, leurs contacts, l’importance de leur rôle, seules ou en réseaux, la reconnaissance de leur action diffèrent souvent. Issues de familles riches ou de grandes familles catholiques, les jeunes femmes belges parlent l’allemand. La Croix-Rouge leur permet très vite de travailler comme infirmières, d’organiser des contacts et la distribution de courriers entre soldats du front et familles réfugiées ou vivant dans les territoires occupés. Cette action est soutenue par le roi Albert Ier dans l’association du Mot du Soldat. Ces femmes sont ainsi à même de recueillir de nombreux renseignements auprès des blessés allemands mais aussi français et belges et auprès de la population. Celles qui sont recrutées par un service secret français ou britannique, sont envoyées à Londres ou à Folkestone pour un stage de formation rapide de huit à dix jours, pour apprendre les rudiments du métier et recruter de nouveaux membres. Mais d’autres femmes, en Belgique, de milieux simples et travaillant en famille se relaient pour surveiller 24h sur 24, tous les mouvements des troupes allemandes par air et par terre, apprenant à remplir des fiches d’une grande précision, emportées aux Pays-Bas par des passeurs agréés par les services français ou britanniques. Les motifs des espions varient, mais les récits marquent tous l’amour de la patrie, souvent le dévouement dû à la religion, également la haine de l’Allemand qui les opprime. L’appât du gain joue aussi, les services secrets paient 40 à 50 francs par mois les observateurs et 5 francs par courrier transmis 7. Espionnes ou agents secrets Toutes sont conscientes de participer à la guerre à l’égal du soldat, leur ville et leur pays devenant un champ de bataille non délimité et très dangereux. Elles refusent le nom d’espionne pour celui d’agent secret et réclament fréquemment d’être incorporées dans l’armée pour avoir un statut militaire et donc reconnu. L’espionne anglaise, Marthe Mc Kenna souligne la difficulté à faire reconnaître son statut : « J’étais un Agent du Service secret, pas une ridicule jeune fille ! » 8 L’historienne américaine Tammy Proctor insiste sur l’appartenance des femmes à une armée d’ombres en usant du terme « nameless » 9. Les espions bien conscients de ce travail souterrain créent à la fin de la guerre, l’association des Invisibles pour perpétuer le souvenir de leur rôle. L’engagement des espionnes est différent selon les services alliés, qui les emploient : depuis l’infirmière anglaise, Edith Cavell ; les réseaux auxquels 30 % de femmes participent en Belgique ; l’agent double français, isolée dans son action, comme Marthe Richard.Edith Cavell
Edith Cavell, infirmière anglaise, à la tête d’un hôpital de la Croix-Rouge à Bruxelles, fusillée avec ses compagnons en 1915, après un interrogatoire sévère, pour avoir fait franchir la frontière à environ 200 soldats anglais, belges et français, émeut la presse et les diplomates du monde entier. Tous s’insurgent contre cet « assassinat ». De nombreuses revues françaises ont souligné également l’horreur de ce geste, ce qui leur sera reproché par la presse allemande, lors de l’exécution de Mata Hari. La mort d’Edith Cavell sert la propagande britannique pour encourager l’engagement volontaire des jeunes Anglais : « À Londres et dans la plupart des grandes villes anglaises, les agents de recrutement ont placé le portrait de Miss Cavell au milieu des affiches de guerre destinées à provoquer des engagements. » 10 L’historienne américaine Margaret H. Darrow 11indique qu’il n’est nulle part fait mention du rôle de résistante ou d’espionne d’Edith Cavell, mais de sa faiblesse devant la barbarie allemande, sans doute parce que l’opinion publique juge encore les actes d’espionnage d’une femme comme contraires à la morale et au code de bonne conduite : » L’histoire de la mort de Miss Cavell transformé en meurtre, fut le symbole de la souffrance de la Belgique et de la France occupées. Martyre, on oublia qu’elle était une espionne. »Les réseaux de résistance en BelgiqueÀ côté de Miss Cavell, plus de 300 réseaux regroupent des espions en Belgique, après les arrestations, ils se reconstituent rapidement, étendant une véritable toile d’araignée sur tout le pays. Gabrielle Petit, alias mademoiselle Legrand, fusillée le 1er avril 1916, fait partie du réseau de son employeur Van Tichelen, commerçant international en céréales 12. Elle reste une héroïne nationale pour son courage devant la mort après avoir refusé de trahir ses amis, en criant : « Je leur montrerai qu’une femme belge sait comment mourir. Vive la Belgique, Vive le roi ! » La princesse Marie de Croÿ n’est pas mieux traitée, arrêtée et emprisonnée dans la même prison, condamnée à dix ans de travaux forcés pour avoir caché et conduit à la frontière des soldats avec le réseau d’Edith Cavell et de Louise Thulliez, bien connu de Louise de Bettignies. Fille d’un industriel de Lille, avec l’autorisation du général Joffre et sous les ordres du major britannique Cameron, Louise crée le réseau Ramble en 1915 13. Elle transporte de nombreux messages dans le nord de la France et en Belgique et les transmet à l’Intelligence service aux Pays-Bas avec son amie Léonie Vanhoutte. Son patriotisme et son attachement à la religion catholique lui facilitent les contacts et elle recrute de nombreux agents pour surveiller l’artillerie allemande. Toutes deux arrêtées, elles bénéficient de la prison au lieu de la mort. Transférée en Allemagne à Siegburg, la Française meurt de tuberculose peu avant la fin de la guerre, refusant tout travail pour les Allemands 14. Le réseau le moins décapité est celui de la Dame Blanche. Divisés en bataillons, les espions se partagent la surveillance de tout le territoire belge de nuit comme de jour 15. Il se maintiendra jusqu’à la fin de la guerre, à cause de son organisation et l’allégeance à une charte sévère et secrète. L’agent doubleCertaines femmes ont travaillé seules comme Marthe Richer (Marthe Richard), par dévouement à sa patrie et en honneur de son mari, tué au front. Décorée de la Légion d’honneur en 1933, elle écrit ses souvenirs, différents de ceux de la plupart des espionnes, car elle a joué officiellement le rôle d’agent double dont elle décrit le rôle difficile 16 : « Votre mission est de faire croire à l’ennemi que vous trahissez votre pays. Mais l’ennemi hésite…Celle qui trahit, n’est-elle pas espionne, agent double… ? Et ceux qui vous ont envoyée doutent. Ainsi l’agent secret qui sert son pays comme agent double est soumis à une cruelle torture. » Aviatrice en temps de paix, elle est refusée, en tant que femme, dans l’armée de l’Air ; elle est envoyée par un ami au capitaine Ladoux, portant le nom de code de Delorme. Il la recrute pour partir en Espagne, séduire le chef du service de renseignement allemand, von Krohn, lui demandant « d’être espionne et femme » ! Elle voyage à Stockholm, au Maroc, en Argentine pour des missions secrètes allemandes et rapporte des renseignements aux services français sur les rebelles marocains, sur l’expédition de la viande d’Argentine en Allemagne. À Madrid, elle découvre les projets allemands de la guerre totale sous-marine, renseignement de la plus haute importance pour les alliés. La disgrâce du capitaine Ladoux entraîne son licenciement par le colonel Goubet 17. Un contre-espionnage insuffisantEn 1917, la Chambre des députés s’inquiète des affaires d’espionnage allemand sur le territoire et une nouvelle loi est proposée « tendant à fortifier et assurer la répression de l’espionnage étranger en France et dans les colonies ». L’explication est fournie par le rapporteur de la Commission qui évoque les manques de coordination entre les différents services et la suppression de celui du gouverneur militaire de Paris. Celui-ci était souvent moqué dans ses choix d’espionnes, comme l’artiste Mistinguett connue de tous et peu crédible. Le rapport du député affirme la nécessité d’unifier les services et de revenir au commandement unique du ministère de la Guerre : « La première mesure radicale et efficace est dans l’unité d’action dans la poursuite [de l’espion] afin d’assurer la promptitude et l’efficacité de la répression, c’est-à-dire le dessaisissement du ministère de l’Intérieur de tous les faits d’espionnage et dans leur rattachement aux ministères de la Guerre et de la Marine et aux tribunaux militaires ou maritimes. (…). Car il est incontestable et les scandales du jour établissent surabondamment que pour tous ces malfaiteurs, l’action du ministère de l’Intérieur aussi bien que celle de la Sûreté générale s’est vue à chaque instant arrêtée ou paralysée, par des calculs d’intérêts de leurs amis ou par l’influence de louches politiciens, jointes aux lenteurs ou aux complications d’une procédure inutile. Bien mieux, n’a-t-on pas vu le 2e bureau de l’État-Major général du gouvernement militaire de Paris contrecarré à chaque instant dans ses opérations et finalement supprimé un beau jour par un ordre supérieur, pour avoir voulu mettre un terme aux manœuvres de trahison de certains malfaiteurs de haut vol ? » 18 Le général de Barescut, en 1917, constate par lui-même la concurrence des services qu’il est chargé de diriger et en fait la critique : « Le particularisme des bureaux, la supériorité du 3e sur le 2e ou le 1er ? Des blagues. Tout le monde travaille, tout le monde fait ce qu’il peut, je ne vois que ça ! » 19 Jusqu’en 1919, la police française des frontières est active, les rapports du colonel Pageot sur les suspects en Suisse abondent et transitent par les services de l’ambassade française à destination du ministère de la Guerre. Ce travail permet d’arrêter plusieurs espions, dont des femmes françaises, artistes en mal d’embauche, ouvrières ou couturières éblouies par la générosité de leurs amants étrangers, autrichiennes ou allemandes, souvent logées à proximité de la frontière suisse ou à Paris. La liste de ces espions à la solde des Allemands n’est pas exhaustive, parce qu’incomplète, mais on peut y relever des noms et les condamnations qui ont suivi 20. Le contre-espionnage une surveillance indispensable L’arrestation d’un certain nombre d’espionnes ou d’espions travaillant pour les Allemands, n’entraîne pas les mêmes condamnations. Certaines espionnes ne comprennent pas l’importance de leur rôle « puisqu’elles n’ont tué personne ». Elles oublient le nombre de soldats alliés tués à cause de leurs renseignements. Elles sont arrêtées pour des motifs divers, renseignements militaires, importance des usines de la Défense, port d’armes ou d’explosifs, informations sur l’état du moral des Français, propagande par le biais de distribution de journaux pro-allemands, comme La Gazette des Ardennes éditée en Belgique. Certaines espionnes appartiennent à des réseaux avec un nom de code comme Félicie Pfaadt, agent R 17. Le docteur Schragmüller dirige le recrutement et la formation des espions allemands à Anvers. Décrite par le commandant Ladoux et par le commandant Massard, sans avoir été rencontrée, une véritable légende naît au sujet du pouvoir de cette femme. C’est elle qui recrute Mata Hari à qui elle donne le nom de code H 21, mais elle est rapidement déçue des résultats et en prévient ses chefs. Les peines prévues pour punir l’espionnage ennemi dépendent de l’importance des renseignements livrés, de leur fréquence et des conséquences sur la situation militaire. La première à être fusillée à Vincennes à La Caponnière, le 10 janvier 1917, est Marguerite Francillard, dont le commandant Massardraconte l’arrestationet la mort21. Antoinette Tichelly, recrutée par les Allemands en 1915 pour donner des renseignements militaires, puis envoyée comme ouvrière dans une usine de la Défense nationale où elle est au cœur de la fabrication d’explosifs. Le 5 mars 1917, elle est fusillée à Vincennes en criant son innocence. Certaines se suicident avant d’être arrêtées comme la femme Bœglé. Parfois, elles agissent en couple ou avec plusieurs espions, comme la femme Aubert et ses amis, condamnés à mort. Sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité. L’ancienne chanteuse Jeanne Drouin, amie de Mata Hari et de l’espion grec Cacoyannis, est condamnée à 15 ans de travaux forcés. Les arrestations d’espions resteront en vigueur jusqu’en 1919. Yvonne Schadeck et Anna Garnier ayant transmis des renseignements militaires seront enfermées à Rennes jusqu’après la guerre. L’espionnage : une arme efficace De nombreuses erreurs en 1914, un manque de concertation, des fonds insuffisants, la méfiance des Français vis-à-vis de l’espionnage, ne facilitent pas le travail des services secrets. Le 7 novembre 1914, la revue Lectures pour tous marque bien, à la suite de la bataille de la Marne, les difficultés de la France à utiliser cette « arme » : « C’est l’honneur du caractère français qu’il répugne de toutes ses forces à l’emploi de la traîtrise et de la perfidie. N’oublions pas toutefois à quelques terribles mécomptes nous exposent notre confiance excessive et notre crédulité vis-à-vis des étrangers installés chez nous pour y accomplir de louches besognes ! » 22 Chantal Antier Docteur en histoire, elle travaille sur l’évolution de la société et des femmes dans la Grande Guerre ; membre du Conseil scientifique de l’IHCC, elle est l’auteur d’un livre et de plusieurs articles dans des revues spécialisées. Elle prépare un ouvrage sur les colonies dans la Grande Ghttp://rha.revues.org/index1963.html notes : 1 Loubier (Jean-Marie), Mata Hari, la sacrifiée, Éditions Acropole, 2000, 163 pages. 2 SHD/DAT, affaires secrètes Mata Hari et également 105/microfilm. 3 Ladoux (Georges), Chasseurs d’espions, Éditions du Masque, 1932, p. 252. 4 Lahaie (Olivier), Les Renseignements et les Services de renseignements en France pendant la guerre(...) 5 Pierrefeu (Jean de), GQG Secteur I et Secteur II, Édition française illustrée, 1920. 6 Ypersele (Laurence van), Debruyne (Emmanuel), en collaboration avec Claisse (Stéphanie), De la gue(...) 7 Le Jeun (Françoise) (dir.), Paroles de femmes dans la Guerre 14-18, université de Nantes, 2005, CRI(...) 8 Mc Kenna (Marthe), Comment on devient espion, Payot, 1935, 219 pages. 9 Proctor (Tammy), Female Intelligence women and espionagein the First WorldWar, NY University Press,(...) 10 Lecture pour tous, 1915, « Le Livre d’or de la bravoure féminine ». 11 Darrow (Margaret), Les femmes dans la Grande Guerre. Histoires de guerre de l’Arrière, paru aux Édi(...) 12 Thuliez (Louise), « Récit d’une compagne de Miss Cavell », Revue des deux mondes, avril 1919, et Cr(...) 13 Archives des Services patriotiques belges, D 131/archives militaires. 14 Argœuvres (Hélène d’), « Louise de Bettignies, Jeanne d’Arc du Nord », Les Annales, 10 janvier 1938(...) 15 Decock (Pierre), Revue belge d’histoire militaire, XXVII-3, « La Dame Blanche1916-1918 ». 16 Richer (Marthe), Ma vie d’espionne au service de la France, Éditions de France 1933. (Nom de code ...) 17 Krop (Pascal), Les secrets de l’espionnage français, Payot, 1993, augmentée en 1995, 778 pages. 18 Archives de la police de Paris, PP série BA1 Chambre des députés, Session de 1917, proposition de l(...) 19 Pierrefeu (Jean de), GQG Secteur 1, tome 2, Édition française illustrée, 1920, 249 pages. 20 Olivier Lahaie donne, dans sa thèse, une liste de noms indiqués dans le fonds « Moscou » du Service(...) 21 Massard (Émile), Les espionnes à Paris, Albin Michel, 1922. 22 Lectures pour tous, 7 novembre 1914, remplaçant celui du 15 septembre 1914, L’espionnage dévoilé.(...) | |
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| Sujet: Edith Cavell Dim Jan 19 2014, 21:32 | |
| Edith Cavell source wikipedia Edith Cavell, née le 4 décembre 1865 à Swardeston en Angleterre et morte le 12 octobre 1915 à Schaerbeek en Belgique, fut une une infirmière britannique fusillée par les allemands pour avoir permis l'évasion de centaines de soldats alliées de la Belgique alors sous occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale. Malgré la pression internationale et la publicité donnée par la presse mondiale à l'époque sur son procès en cour martiale, elle fut exécutée pour haute trahison. Sa mémoire est aujourd'hui honorée par l'église anglicane. .../... Quand la Première Guerre mondiale éclate, l'école et l'institut sont pris en main par la Croix-Rouge de Belgique (dont Antoine Depage était le président). Edith Cavell qui visitait sa maman à Norwich, entendant la nouvelle de l'invasion de la Belgique par l'Empire allemand, revient à Bruxelles le 3 août 1914note 1. Avec ses élèves, et Miss Wilkins (une autre infirmière anglaise), elle soigne les blessés des armées alliées et allemandes. Résistance
Cavell est agente du Secret Intelligence Service britannique (également connu sous la dénomination de MI6)2. Cependant, elle abandonne ses devoirs d'espionne afin d'aider des centaines de soldats alliés à passer de la Belgique occupée vers les Pays-Bas neutres grâce à un réseau d’évasion organisé par des Belges de la région de Mons et des Français de la région de Lille, en violation de la loi militaire imposée par les occupants politiques. Le mot de passe du réseau était « Yorc » soit, l'anagramme de « Croy » (du nom de famille de la princesse Maria de Croÿ). Arrestation et exécution
En juin 1915, deux hommes se présentent à l'institut comme soldats français en fuite. L'un deux est Georges Gaston Quiennote 2, l'autre est un agent allemand infiltré se prétendant aviateur. Les arrestations des membres du réseau débutent le 31 juillet 1915 par celles de Philippe Baucq et Louise Thuliez puis le 5 août par celles d'Edith Cavell, de la comtesse Jeanne de Belleville et de la princesse Marie de Croÿ. Louise de Bettignies sera, elle, arrêtée le 20 octobre 1915. Parmi les co-inculpés figurent également de nombreux autres patriotes comme le pharmacien Louis Severin, l'avocat Albert Libiez, les cafetiers Pansaers et Rasquin, ou l'aubergiste, cabaretier et maçon François Vandievoet. Tous sont incarcérés à la prison de Saint-Gilles et jugés les 7 et 8 octobre 1915. Edith Cavell ne se défend pas, admettant les actes qui lui sont reprochés. Six des accusés sont condamnés à mort le 11 octobre 1915 à 17 h. Pour faire cesser les protestations internationales conduites par Brand Whitlock et le marquis de Villalobar, les juges : Werthmann, lieutenant-colonel ; Stoeber, conseiller du conseil de guerre et Duwe, assesseur du conseil de guerre font exécuter Philippe Baucq et Edith Cavell le lendemain à 2 h au Tir National, un site militaire (aujourd'hui un mémorial), où elle est enterrée. Louise Thuliez, Jeanne de Belleville, Louis Severin et Albert Libiez voient leur condamnation à mort muée en peine de prison à perpétuité. Les autres inculpés sont condamnés à des peines de prison. La nuit précédant son exécution, par l'entremise du nommé Le Seur, le pasteur luthérien de la prison, elle parle au révérend anglican Stirling Gahan qui lui donne la communion et recueille les mots « Le patriotisme n'est pas assez, je ne dois avoir ni haine ni amertume envers quiconque » qui sont gravés sur le mémorial de St. Martin's Place, près de Trafalgar Square, à Londres. Le pasteur luthérien, ci avant cité, qui l'assiste jusqu'à l'exécution et procède à son inhumation chrétienne rapporte au révérend Gahan « Elle a professé sa foi chrétienne et, en cela, elle était heureuse de mourir pour son pays... Elle est morte comme une héroïne. » Le médecin militaire allemand qui assiste au procès et à l'exécution est le poète expressionniste Gottfried Benn (1886-1956), il a laissé un récit des faits. Brand Whitlock a, également, écrit un récit des évènements dans ses mémoires. Après la guerre, son corps est exhumé et ramené au Royaume-Uni. Après un service mémorial à l'abbaye de Westminster conduit par le roi George V, elle est conduite par train spécial à Thorpe Station, à Norwich. Elle est ré-inhumée à Life's Green, à l'extrémité est de la cathédrale de Norwich. Chaque année, un service est rendu devant sa tombe. Mythe et légende sur son exécutionPlusieurs rumeurs circulent sur les circonstances de son exécution : Edith Cavell refuse de se laisser bander les yeux et s'évanouit à la vue des fusils du peloton d'exécution pointés sur elle. Elle tombe par terre et l'officier commandant le peloton l'abat d'une balle de révolver dans la tête ; dans le scénario du film Nurse Edith Cavell, Reginald Berkeley écrit qu'un soldat du peloton, qu'il nomme Rammler, refuse de tirer, il est abattu sur place par l'officier dès l'exécution d'Edith Cavell terminée3 ; selon la version donnée au révérend Gaham par le pasteur luthérien, Edith Cavell et Philippe Baucq sont côte à côte, les yeux bandés, chacun face à huit soldats. Dès l'ordre de tirer, tous font feu et l'officier les achève d'une balle de revolver dans la tête. C'est aussi la version officielle donnée par le général Moritz von Bissing, gouverneur militaire de la Belgique occupée. ConséquenceLe départ d'Antoine Depage sur le front de l'Yser, les décès d'Edith Cavell et de Marie Depage ont failli causer la disparition de l'école d'infirmières. C'est l'oncle de Marie Depage, le professeur Paul Héger qui sauve la jeune institution. Il a la bonne fortune en trouvant, « sur place », une directrice qui se révèle exceptionnelle : Jeanne De Meyer. Celle-ci développe l'institution au point que cette dernière est prise en modèle par la Fondation Rockefeller. | |
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| Sujet: Marthe Richer (Marthe Richard) Dim Jan 19 2014, 21:32 | |
| Marthe Richer (Marthe Richard) Marthe Richard1, née Betenfeld le 15 août 1889 à Blâmont et morte le 9 février 1982 à Paris Première période de sa vie Issue d'une famille modeste (son père est ouvrier brasseur et sa mère domestique), Marthe Betenfeld est envoyée quelques années dans une institution catholique. Puis elle devient à Nancy apprentie culottière, à quatorze ans. Le métier ne l'enchantant guère, elle fugue de chez ses parents. Elle est interpellée pour racolage en mai 1905 par la Police des mœurs et ramenée chez ses parents. Elle fugue à nouveau à 16 ans et se retrouve à Nancy, ville avec une importante garnison militaire, où elle tombe amoureuse d'un Italien se disant sculpteur mais qui se révèle être un proxénète. Il l'envoie sur le trottoir, puis elle devient prostituée dans les « bordels à soldats » de Nancy. Devant effectuer plus de 50 passes par jour2, elle tombe rapidement malade et contracte la syphilis. Renvoyée du bordel, dénoncée par un soldat pour lui avoir transmis la syphilis et fichée par la police (où elle est inscrite comme prostituée mineure le 21 août 1905), elle est contrainte de s'enfuir à Paris. Elle rentre dans un « établissement de bains » rue Godot-de-Mauroy (maison close d'un standing supérieur à ses anciennes maisons d'abattage) où elle rencontre, un soir de septembre 1907, Henri Richer, mandataire aux Halles. Le riche industriel a le coup de foudre et l'épouse le 13 avril 19153. Elle fait table rase de son passé et devient une respectable bourgeoise de la Belle Époque dans son hôtel particulier de l'Odéon. Elle demande à être rayée du fichier national de la prostitution, ce qui lui est refusé4. Après son mariageSon mari lui achète un avion qui devient alors sa passion. Marthe Richard obtient son brevet de pilote le 23 juin 1913 (no 1369), devenant la sixième Française à obtenir ce diplôme. Elle a, auparavant, fait un peu d'aérostation, et est membre de la Stella, un aéroclub féminin créé en 1908 par l'aéronaute de l'Aéronautique Club de France Marie Surcouf qui regroupe les premières aéronautes sportives puis les premières aviatrices. Par la suite, elle participe à des meetings aériens dont celui de Nantes, de Château-Gontier et de Pornic. La presse, qui la trouve frêle et volontaire, la surnomme « l'Alouette ». Elle se blesse grièvement le 31 août 1913 à La Roche-Bernard en atterrissant sur un terrain non approprié. Elle passe trois semaines dans le coma et en gardera des séquelles à vie, qui lui enlèveront notamment tout espoir d'enfanter5. Elle reprend son entrainement le 5 février 1914 sur son tout nouveau Caudron G.3 pour participer au meeting de Zurich. Elle donne à penser à la presse de l'époque qu'elle a volé depuis Le Crotoy, en baie de Somme, jusqu'à Zurich avec son avion. En fait, elle accompagne un certain « Poulet » et, suite à des pannes, ils atterrissent dans une prairie aux environs de la Bourgogne d'où, démontant leur avion, ils le convoient par train jusqu'à la campagne zurichoise d'où ils décollent. En 1914, elle participe à la fondation de l'Union patriotique des aviatrices françaises dans le but de devenir pilote militaire ; c'est un échec. Période d'espionnageEn mai 1916 elle se retrouve veuve de guerre, Henri Richer étant tombé sur le front de Verdun. Marthe Richer raconte qu'elle devient, grâce à son amant Jean Violan (jeune anarchiste russe appartenant au Deuxième Bureau), espionne sous les ordres du capitaine Ladoux, chef du service de contre-espionnage SCR (Service de Centralisation des Renseignements) durant la Première Guerre mondiale. Ladoux lui donne un nom de code (L'Alouette), des encres sympathiques, des contacts et différentes missions de juin 1916 à septembre 1917. Pour approcher l'attaché naval de l'ambassade allemande à Madrid, Hans Von Krohn, elle devient sa maîtresse, faisant d'elle une agent double. Elle fréquente dans la capitale espagnole Mata Hari, toutes les deux étant sous le commandement du colonel Denvignes alors sur place. Après qu'elle a été victime d'un accident d'automobile avec Von Krohn, Léon Daudet s'indigne de cette compromission dans le quotidien l'Action Française. Sa carrière d'agente étant révélée par la presse, elle doit rentrer en France où elle découvre que son nom est rayé du service et le capitaine Ladoux arrêté (accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne à l'instar de son agente Mata Hari). En avril 1926, fréquentant les immigrés anglais vivant à Paris, elle épouse le Britannique Thomas Crompton, directeur financier de la fondation Rockefeller, mécène de la restauration du Petit Trianon, qui meurt subitement en 1928 d'une crise d'urémie à Genève. Thomas Crompton a pris des dispositions testamentaires pour qu'elle reçoive de la part de la fondation Rockfeller une rente mensuelle de 2 000 francs6, indexée sur le coût de la vie. Elle mène alors grand train à Bougival et passe ses soirées dans les boîtes à la mode, ce qui lui vaut le surnom de « veuve joyeuse ». Parallèlement, on la suspecte de voler dans des bureaux d'études en aéronautique des plans de fabrication pour l'Intelligence Service7.
En 1930, le capitaine Ladoux, libéré et rétabli au poste de commandant, publie ses Mémoires romancés. Le volume sur Marthe Richer intitulé « Marthe Richard espionne au service de la France » ne fut, lui, qu'invention. Son héroïne, réclamant la moitié des énormes droits d'auteur qu'il a amassés, reçoit le conseil d'écrire ses propres mémoires… Elle le fera, en affabulant, et publie, reprenant le pseudonyme de Marthe Richard, un best-seller : Ma vie d'espionne au service de la France (adapté au cinéma en 1937 dans Marthe Richard, au service de la France avec Edwige Feuillère dans le rôle de l’espionne). Elle devient brusquement une héroïne en racontant comment elle a pu faire arrêter plusieurs agents allemands, comment elle a remis à Ladoux le procédé des encres secrètes de l'ennemi ou les déplacement des sous-marin UB 52. Dès lors, elle donne dans toute la France conférences rémunérées et vols de démonstration à bord du Potez 43 prêté par le ministère de l'Air. Après cinq années à courir les cabinets ministériels, sous la pression médiatique, son amant Édouard Herriot, chef du gouvernement de l'époque, obtient le 17 janvier 1933 la Légion d'honneur à Mme veuve Crompton dans la catégorie Affaires étrangères, avec la mention « Services signalés rendus aux intérêts français ». Cette mention conforte le mythe de l'espionne alors qu'il s'agit d'honorer à travers elle Thomas Crompton et les dons financiers de la fondation Rockefeller.
Seconde Guerre mondiale et élue de la Résistance
Alors que pendant la Seconde Guerre mondiale, tout le monde admire son courage, elle n'est pas inquiétée par l'occupant nazi, pour la simple et bonne raison qu'elle est inconnue des services allemands. Vexée par cette indifférence, elle finit par se rendre dans les locaux de la Gestapo où elle déclare : « Messieurs, je suis Marthe Richard, celle qui vous a fait tant de mal au cours de la dernière guerre ». L'officier lui fait répéter son nom, qui ne lui dit rien, et pour cause, sa vie d'« espionne » durant la Première Guerre n'étant qu'affabulation. Elle se rapproche alors de certains membres de la Gestapo, ainsi que de François Spirito, un mafieux marseillais collaborateur. À l'été 1944, elle se fait intégrer dans les Forces françaises de l'intérieur. Elle se forge ainsi un destin de grande résistante qu'elle racontera dans plusieurs de ses mémoires.
En 1945, héroïne des deux guerres, elle est élue conseillère dans le 4e arrondissement de Paris sur la liste de la Résistance Unifiée (proche du MRP)8. Bien que mentionnés sur des documents officiels, ses hauts faits de résistance comportent nombre de contradictions troublantes et ont été accueillis avec beaucoup de scepticisme. La fermeture des maisons closes
Elle dépose le 13 décembre 1945 devant le conseil municipal un projet pour la fermeture des maisons closes. Sa proposition est votée et le préfet Charles Luizet décide de fermer les maisons du département de la Seine dans les 3 mois. Encouragée, Marthe Richard commence une campagne de presse pour le vote d'une loi généralisant ces mesures9.
Le 9 avril 1946, le député Marcel Roclore présente le rapport de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique, et conclut à la nécessité de la fermeture. Le député Pierre Dominjon dépose une proposition de loi dans ce sens.
Votée le 13 avril 1946, le fichier national de la prostitution est détruit et environ 1 400 établissements sont fermés, dont 180 à Paris : les plus connues comme le Chabanais, le Sphinx, La Rue des Moulins, le One-two-two mais aussi les sinistres maisons d’abattage comme le Fourcy et le Charbo… Beaucoup de tenanciers de maisons closes se reconvertirent en propriétaires d'hôtels de passe. La prostitution est alors une activité libre ; seules sont interdites son organisation et son exploitation – le proxénétisme – et ses manifestations visibles.
Ce succès vaut à Marthe Richard le pseudonyme humoristique de « Veuve qui clôt », en référence à la maison de Champagne10.
Controverses
En 1947, l'agent secret Jean Violan (un Russe naturalisé français dont le véritable nom est Joseph Davritschevy) raconte dans la presse les affabulations de Marthe Richard : son insistance à vouloir devenir espionne l'avait en fait rendue suspecte à Ladoux, qui l'avait fait mettre sous la surveillance de l'un de ses subordonnés, Joseph Davritschevy. Celui-ci, tombé amoureux de la suspecte pendant la Première Guerre mondiale, considère que ses mémoires ne sont qu'un tissu de mensonges. D'ailleurs, aucun état de ses hauts faits n'a été retrouvé dans les archives militaires3.
En 1948, on découvre que Mme Crompton étant anglaise par mariage (sa demande de réintégration fut refusée en 1937, car plusieurs enquêtes sur elle étaient en cours) et que son élection était donc illégale, ainsi que les votes auxquels elle avait participé. L'affaire n'a cependant pas eu de suites.
Après quoi, le directeur du Crapouillot Jean Galtier-Boissière remet en cause les « services à la nation » de Marthe Richard, et l'inspecteur de la Sûreté nationale Jacques Delarue, « spécialiste » des faux héros de guerre, qui enquête pendant deux ans avant de l'accuser d'organisation de malfaiteurs, de vol de bijoux et de recel en juin 1954. Emprisonnée à la Petite-Roquette, elle bénéficie d'un non-lieu en 1955.
Elle fonde un prix de littérature érotique, le prix Tabou, publie des livres dont Appel des sexes en 1951 dans lequel elle revient sur ses positions : considérant qu'elle a été instrumentalisée par Léo Hamon et Pierre Lefaucheux, chefs de son groupe de Résistance, elle n'est plus contre la réouverture des maisons closes.
Elle continue de faire des conférences sur sa « vie d'espionne ». En février 1971, elle est invitée aux Dossiers de l'écran, où l'on remet en question son passé d'aviatrice, d'espionne et de résistante. Pour se justifier, elle publie début 1974 ses derniers mémoires, Mon destin de femme. Après avoir retrouvé le devant de l'actualité en 1978-1979, lors d'une controverse sur la réouverture des maisons closes où elle ne brille pas par sa clarté, Marthe Richard meurt le 9 février 1982 à Paris, âgée de 93 ans, à son domicile. Elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise11,12.Notes et références
↑ Il s'agit d'une légère adaptation du nom de son premier mari, Henri Richer. Ce nom apparaît pour la première fois dans les Mémoires du capitaine Ladoux. ↑ La passe est alors tarifée à 3 francs, ce qui correspond à 10 € en 2010. ↑ a et b Nicolas Charbonneau et Laurent Guimier, Le Roman des maisons closes, Éd. du Rocher, 2010. ↑ Les maisons closes [archive] émission Deux mille ans d'Histoire sur France Inter le 20 octobre 2010. ↑ Charles Chenevier, la Grande Maison, Éd. Presses de la Cité, 1976, p. 55. ↑ Soit 6 600 € en 2010. ↑ Charles Chenevier, op. cit., p. 57. ↑ Par conviction ou par opportunisme, comme s'interroge dans Elisabeth Coquart. ↑ Le 19 décembre 1945, le rédacteur en chef du Canard enchaîné, Pierre Bénard indique dans un article sous le titre de Reprise de Tartuffe « qu'il n'y a pas d'électricité. Il n'y a pas de charbon. Il n'y a pas de vin. Il n'y a pas de pommes de terre et les sinistrés attendent toujours un toit (…). Fuyant ces déprimants débats, les conseillers municipaux parisiens consacrent deux longues séances à discuter de la suppression des maisons closes (177 dans la capitale, autour de 1500 en France). Mme Marthe Richard, l'espionne bien connue a ouvert le débat ! » ↑ Surnommée la Veuve qui clôt par Antoine Blondin. ↑ Marthe Richard : de la petite à la grande vertu d'Élizabeth Coquart, p. 282. ↑ 87e division : columbarium « Richard Marthe (1889-1982) » , sur le site de l'Association des Amis et Passionnés [archive] du Père Lachaise [texte sur www.appl-lachaise.net [archive]]. | |
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| Sujet: Marthe Mathilde Cnockaert, Marthe McKenna Dim Jan 19 2014, 21:33 | |
| ------ .../...Marthe Cocknaert, chargée par les services secrets britanniques, lors d’un voyage offert par un officier allemand à Bruxelles, de connaître l’heure d’arrivée du train de Guillaume II pour le faire bombarder, se cherche la raison d’accepter un tel rôle : « Cet étranger, cet Allemand, m’avait-il réellement promis que je passerais quatre jours avec lui à Bruxelles ? Étais-je folle ? M’étais-je compromise ? Pourquoi avais-je fait cela ? Par intérêt pour la Belgique violée. » Ainsi, l’espionne incarne sa patrie, la Belgique violée. Elle ne se donne pas à l’officier allemand, c’est lui le responsable de son indignité comme de l’occupation de son pays. Cela ne l’empêchera pas, à la vue du bombardement de la gare et des civils tués, de se reprocher son action. Sa mort possible comme celle de ses concitoyens fait, elle le sait, partie de sa tâche d’agent double. La presse insiste régulièrement sur cette image de la Belgique violée avec dessins à l’appui dans les journaux comme L’Illustration ou Le Punch, sans montrer qu’il existe une résistance réelle à l’occupant, sans doute pour une propagande entretenant le désir de vengeance des Alliés IDENTIFICATION AU SOLDAT21 Pendant toute la guerre, les espionnes ont tenté de se faire reconnaître comme agents et surtout agents militaires. Les Britanniques l’avaient promis mais sans donner suite à ce projet. Elles estiment se battre, elles aussi, sur un front avec davantage de difficultés et de souffrances que les soldats du fait de leur solitude et de l’effacement de leur personnalité sous un nom d’emprunt ou même sans nom, « nameless « Soldats sans uniforme, nous n’avons pas connu l’excitation des combats où nous avancions coude à coude à l’appel encourageant du clairon, ni les nuits de batailles victorieuses. Mais nous avons connu de violents combats, nous avons vu les vides creusés dans nos rangs, la peur des arrestations, traquées par la police allemande, nous avons erré dans nos propres villes. » Ibid. , p. 75. Témoignage de Jeanne Dewailde,... Pour les infirmières qui espionnent comme Marthe Cocknaert, la difficulté de soigner les blessés allemands ou de voir des morts dont elle est la cause par ses renseignements s’efface finalement devant l’image du soldat au combat :« Mais, j’étais comme un soldat fier de combattre pour son drapeau. » …/… Texte tiré de : http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2008-4-page-143.htm | |
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| Sujet: La petite Gaby Dim Jan 19 2014, 21:33 | |
| La petite Gaby
Gabrielle Petit source Wikipedia Gabrielle Petit est née le 20 février 1893 à Tournai en Belgique, et fusillée le 1er avril 1916 à Schaerbeek, en Belgique. Infirmière, elle est devenue une espionne pendant la Première Guerre mondiale. BiographieElle fait ses études au couvent des Sœurs de l'Enfant-Jésus (actuellement Institut Médico Pédagogique Sainte-Gertrude) de Brugelette. Elle a 21 ans lors de l'invasion soudaine de la Belgique par les troupes allemandes en 1914. Elle doit surseoir à son mariage. Tandis que Maurice Gobert, son fiancé, rejoint son régiment, Gabrielle s'engage comme infirmière. Blessé lors des premiers combats, le jeune homme est fait prisonnier, mais s'évade presque aussitôt. Il se cache dans le pays désormais occupé. Convalescent, il veut rejoindre l'armée belge retranchée derrière l'Yser. Cependant, il faut passer par les Pays-Bas, restés hors du conflit, l'Angleterre et, enfin, le nord de la France. Gabrielle l'accompagne et le soutient. En terre alliée, après une courte formation en espionnage, on lui propose une mission, qu'elle accepte. De retour à Bruxelles dès la fin juillet 1915, elle recueille et transmet aux états-majors alliés les positions et les mouvements des troupes ennemies dans le secteur de Maubeuge et de Lille. Une première fois, la police secrète allemande la suspecte. Elle est arrêtée, questionnée puis, faute d'indices, libérée. Elle prend une fausse identité sous le nom de Mlle Legrand et poursuit ses missions jusqu'à ce qu'elle se fasse à nouveau arrêter en janvier 1916. Le 3 mars, elle est condamnée à mort par un tribunal militaire allemand et est fusillée le 1er avril au Tir national de Bruxelles. Elle prononça : « Vive le Roi ! Vive la... » mais n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Un Te Deum est donné en son honneur en la collégiale Saints-Michel-et-Gudule1 en pleine occupation. L'événement est annoncé par cartes postales et il y a foule. C'est l'obscur abbé Cardijn qui officie ; plus tard il fondera la Jeunesse ouvrière chrétienne et sera créé cardinal. La guerre finie, les restes de Gabrielle Petit sont exhumés. Des funérailles nationales ont lieu en mai 1919 en présence de la reine Élisabeth de Belgique, qui dépose la croix de l'ordre de Léopold sur le cercueil dans un grand moment d'émotion populaire. Elle repose maintenant au cimetière de Schaerbeek. Une statue à la mémoire de la jeune héroïne est érigée place Saint-Jean à Bruxelles. Une autre statue lui est consacrée dans sa ville natale de Tournai. Une place porte son nom à Tournai. Une rue porte son nom à Brugelette, à Molenbeek-Saint-Jean, à Rouveroy (commune d'Estinnes) et à Roux (commune de Charleroi). | |
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| Sujet: Louise Marie Jeanne Henriette de Bettignies alias Alice Dubois... Dim Jan 19 2014, 21:38 | |
| Louise Marie Jeanne Henriette de Bettignies alias Alice Dubois...source Wikipedia Louise Marie Jeanne Henriette de Bettignies, née le 15 juillet 1880 à Saint-Amand-les-Eaux, morte le 27 septembre 1918 à Cologne, est un agent secret français qui espionna, sous le pseudonyme d’Alice Dubois, pour le compte de l’armée britannique durant la première Guerre mondiale. Elle travailla alors comme préceptrice à Pierrefonds, puis elle s’en alla à Milan en Italie, chez les Visconti11. En 1906, alors qu'elle était chez les Visconti, elle voyagea beaucoup à travers l'Italie. En 1911, elle se rendit chez le comte Mikiewsky12, près de Lemberg, en Galicie. De 1911 à 1912, elle se trouva chez le prince Carl Schwarzenberg, au Château de Worlick. Puis elle s'installa chez la princesse Elvira de Bavière, au Château de Holesclau, en Autriche. Elle y aurait rencontré Rupprecht de Bavière, qu'elle croisera lors de se pérégination en 191513. C’est là qu’il lui fut proposé de devenir la préceptrice des enfants de Ferdinand-Joseph, héritier du trône d’Autriche. Elle déclina l’offre et revint en France. De retour à Lille au début de 1914, où elle fut opérée de l’appendicite, elle partit chez son frère à Bully-les-Mines. À la déclaration de guerre, Louise avait pris ses quartiers dans une villa à Wissant, villa louée par son frère Albert14. Avant que le mois d'août fut terminé, Louise quitta Wissant pour rejoindre Saint-Omer. De là, prenant prétexte de rejoindre sa sœur Germaine, dont le mari, Maurice Houzet, était mobilisé, pour rentrer à Lille. Louise de Bettignies, âgée de 28 ans et parlant 4 langues dont l'allemand et l'anglais. Traversant les ruines de Lille, elle assure la navette (munitions et aliments) avec les soldats qui tiraient encore sur les assiégeants. Dans les hôpitaux de fortune, elle écrit les lettres en allemand dictées par les mourants allemands pour leur famille. Services d’espionnage Lilloise depuis 1903, elle décide, dès l’invasion allemande de la ville en octobre 1914, de s’engager dans la résistance et l’espionnage. Polyglotte (français-anglais-allemand-italien), elle dirige depuis son domicile de Lille un vaste réseau de renseignements dans le Nord de la France pour le compte de l’armée britannique et de l’Intelligence Service sous le pseudonyme d’Alice Dubois. Ce réseau fournit aux Britanniques d’importantes informations via la Belgique et les Pays-Bas occupés. On estime qu’elle sauve la vie de plus d’un millier de soldats britanniques pendant les 9 mois de sa pleine activité (janvier à septembre 1915). Son réseau, le réseau Alice 16, avec son amie Léonie Vanhoutte et une centaine de personnes, essentiellement sur quarante kilomètres de front, à l’ouest et à l’est de Lille, était tellement efficace qu’elle fut surnommée par ses supérieurs anglais the queen of spies. Elle fait passer clandestinement des hommes en Angleterre et fournit des renseignements de grande valeur à l'Intelligence Service. Ainsi, Louise avait établi pour ses supérieurs londoniens une carte quadrillée de la région autour de Lille. À l’instar de la bataille navale, les lignes étaient repérées par des numéros sur un côté et des lettres de l’alphabet sur l’autre. Dès que l’armée allemande installait une nouvelle batterie d’artillerie, même camouflée, cette position était bombardée par l’aviation anglaise dans les 8 jours. Une autre occasion lui permit de signaler le jour et l’heure de passage du train impérial transportant le kaiser en visite secrète sur le front à Lille. Lors de l’approche de Lille, deux avions anglais surgirent et bombardèrent le train, mais manquèrent leur cible. Le commandement allemand ne comprenait pas la situation unique de ces quarante kilomètres de front « maudits » (tenus par les anglais) sur près de sept cents kilomètres de front. L’un de ses derniers messages fut d’annoncer la préparation d’une gigantesque attaque allemande pour début 1916 sur Verdun. L’information fut relayée au commandement français qui refusa d’y croire. Arrêtée par les Allemands le 20 octobre 1915 près de Tournai, condamnée à mort le 16 mars 1916 à Bruxelles, sa peine est commuée en travaux forcés à perpétuité. Détenue pendant 3 ans, elle meurt le 27 septembre 1918 des suites d'un abcès pleural mal opéré, à l’hôpital Sainte-Marie de Cologne.
Sa dépouille est rapatriée le 21 février 1920 et, le 16 mars 1920, une cérémonie funéraire est organisée à Lille au cours de laquelle elle reçoit à titre posthume la croix de la Légion d'honneur, la Croix de guerre 1914-1918 avec palme, la médaille militaire anglaise et est faite officier de l'ordre de l'empire britannique. Son corps est inhumé au cimetière de Saint-Amand-les-Eaux.NOTES ↑ Bertin de Bettignies, Ibid. ↑ La note 16 dans le livre de René Deruyk, Ibid, page 29, il serait parent avec Adam Mickiewicz (1798-1855). ↑ Antoine Redier, La guerre des femmes, page 12 de l'édition de 1946. ↑ René Deruyk, Ibid, page 31.Son lieutenant, sous le nom de Charlotte. Marie-Léonie VANHOUTTE (Mme Antoine REDIER)http://hauteville-sur-mer.voila.net/ninie.html Marie-Léonie Vanhoutte devenue Mme Antoine Redier en 1934 avait d'abord été infirmière-ambulancière en 1914 avant de devenir le lieutenant de la célèbre Louise Bettignies, sous le nom de guerre de "Charlotte". En 1915 elle tomba aux mains de l'ennemi et fut condamnée à mort. Sa peine fut commuée et on l'incarcéra à la forteresse de Siegburg où elle contracta le tiphus. Mais elle s'évada en 1918. En 1919, le 24 août, la Croix de Guerre lui fut décernée. Elle reçut aussi la Médaille Militaire anglaise, la Croix de Chevalier de l'Ordre de l'Empire Britannique ainsi que la Croix Civique belge. Le 27 février 1927, elle avait reçu la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur. En 1966, elle était promue au grade d'Officier de la Légion d'Honneur alors qu'elle était retirée dans une maison de repos de Boulogne-sur-Seine. Elle s'éteignit le 4 mai 1967 à l'âge de 79 ans. "Charlotte" repose désormais dans l'ancien cimetière de Hauteville, dans le caveau de la famille Redier. | |
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| Sujet: Mistinguett Dim Jan 19 2014, 21:39 | |
| Mistinguett Mistinguett, de son vrai nom Jeanne Bourgeois, née à Enghien-les-Bains le 5 avril 1875 et décédée à Bougival le 5 janvier 1956, était une chanteuse et actrice française. La première Guerre mondiale éclate, Maurice Chevalier est blessé au front et fait prisonnier en Allemagne. Voulant le faire libérer, elle se porte volontaire pour jouer le rôle d'espionne. Elle offre ses services au général Gamelin (1) et est autorisée à circuler librement en Europe : elle récolte de nombreux renseignements du prince allemand de Hohenlohe alors à Berne ou du roi Victor-Emmanuel III en Italie. Elle parvient à faire libérer son amant Maurice Chevalier en 1916 grâce à ses relations avec le roi d'Espagne Alphonse XIII. (1) Maurice Gamelin est un général français, né le 20 septembre 1872 à Paris 7e, ville où il est mort le 18 avril 1958 dans le 5e arrondissement1. Il commanda l'Armée française pendant la drôle de guerre de 1939-1940 et vit sa stratégie mise en déroute par les Allemands lors de la percée de Sedan. Pendant le régime de Vichy, Gamelin fut arrêté et interné en Allemagne. | |
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