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Sujet: Le bagne militaire de Biribi Dim Mar 13 2022, 22:08
C'est en lisant il y a une trentaine d'année la biographie d'Albert LONDRES que j'ai pris connaissance de l'existence de ces bagnes militaires de Beribi. Par ses articles, LONDRES a réussi à interdire ces endroits maudits en Algérie. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bagne_de_Biribi Dans la présentation du livre de Dominique Kalifa, je lis avec stupéfaction ceci De 1830 au début des années 1970, entre 600 000 et 800 000 militaires ont séjourné à Biribi, soit annuellement entre 1 et 2 % du contingent de l'armée française ! Cette peine massive qui a concerné plusieurs dizaines de milliers d'individus et qui s'est étalée sur près d'un siècle et demi n'avait jusqu'ici pas ou peu suscité l'intérêt des historiens. ... Les condamnés soumis au régime des corps spéciaux vivent dans une promiscuité déplorable et sont exposés aux violences des chaouchs qui distribuent avec célérité coups et punitions, mais également des caïds qui n'hésitent pas à abuser sexuellement des plus faibles. La société de Biribi est ainsi faite de souffrances et de haines qui contraignent les forçats au suicide, à l'évasion, à la révolte, à la honte de soi et à l'endurcissement.
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun Mar 14 2022, 09:53
Superbe cliché, ça ne rigolait pas à l’époque. Albert Londres était un grand reporter. C’est l’auteur du célèbre article sur les Forçats de la route. Il est mort assez mystérieusement, il aurait été aussi espion. Des journalistes comme on ne fait plus. Le dernier dans ce genre était Patrick Bourrât, mort au Liban je crois.
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun Mar 14 2022, 21:00
Le miliaire qui désertait, volait ou désobéissait risquait de finir dans ces camps disciplinaires mais Albert LONDRES a dénoncé les abus. A la Légion, cela se réglait en "famille" sans faire de vagues. Dommage que le forum a été déserté par des anciens d'Algérie car l'auteur parle de 1970 ce dont je doute.
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Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun Mar 14 2022, 21:19
"Biribi. Les bagnes coloniaux de l'armée française", de Dominique Kalifa : dans l'enfer de "Biribi"
"Biribi","Tataouine", "les bat' d'Af'"...
Autant de mots qui évoquent l'inquiétante atmosphère de bagnes lointains, de soldats punis que l'on imagine travaillant écrasés sous le soleil d'Afrique, soumis aux violences des sous-offs, empreints de la dureté des rapports entre apaches.
L'ouvrage de Dominique Kalifa ne dément pas les images que charrient les bagnes et pénitenciers militaires coloniaux.
Mais il les précise et, surtout, il en donne une histoire minutieuse, documentée.
Il fallait d'abord s'y retrouver dans le maquis de cet "archipel pénitentiaire" que l'on désigne sous le terme générique de "Biribi" (à l'origine, un jeu de hasard), rendu populaire par le roman du même nom signé Georges Darien (1890). Il y a d'abord les fortes têtes de l'armée que l'on envoie dans les compagnies disciplinaires.
Il y a aussi ceux qui, après être passés devant un conseil de guerre pour désertion, vol, outrage ou autre, sont expédiés dans un établissement de répression comme les ateliers de travaux publics.
Il y a encore les "exclus", ces hommes condamnés aux assises que l'on ne peut incorporer dans des régiments ordinaires.
Et puis les fameux "bat' d'Af'" (bataillons d'Afrique) qui accueillent en particulier des soldats libérés de "Biribi".
Chacune de ces expériences est déjà une véritable épreuve en soi. Mais nombreux sont ceux qui les multiplient, comme en témoigne en 1912 le médecin Louis Combe, peu amène pour les condamnés :
"C'est souvent le même homme qui, de 20 à 45 ans, tour à tour chasseur léger, disciplinaire ou pénitentiaire, se promène d'un corps à l'autre, du bataillon au pénitencier, du pénitencier à la section de discipline, de la section aux compagnies du bataillon d'Afrique (...), changeant d'univers, non de caractère, de casernement, non de milieu."
Il est vrai que "Biribi" compose une "immense armée de punis".
Entre 600 000 et 800 000 hommes de 1830 à la fin des années 1960, 1 % à 2 % de l'armée française selon les époques.
Cette "armée" rassemble surtout des éléments des classes populaires urbaines, souvent les moins intégrés, mais aussi certains condamnés politiques, communards ou anarchistes par exemple, ou encore le marin rebelle de 1919, futur dirigeant communiste et chef de la Résistance, Charles Tillon, qui évitera de devenir "cinglé" en y tenant son carnet, précieux confident.
Plus ordinairement, "Biribi" accueille des durs à cuire comme Jean R., garde républicain qui boit au cabaret l'argent emprunté à ses copains, abusant de son statut pour soutirer des sous aux dames qu'il séduit.
En 1876, Le voilà finalement dirigé vers les compagnies disciplinaires. Le choix de l'Afrique tient notamment à l'un des objectifs de la répression :
"Purger" l'armée de ses "mauvais éléments", homosexuels compris, voire les "éliminer".
VIOLENCE ET HUMILIATION
L'univers qui y attend les condamnés est terrifiant.
Un quotidien de violence et d'humiliation :
Interdiction de porter librement barbe ou moustache, contrôle du courrier, brimades physiques...
"On tapait sur nous comme sur des ânes. Le bruit de la trique sur le corps des hommes devenait un bruit ordinaire", rapporte un détenu.
Les dénonciations de cet "enfer" n'ont pas manqué, des campagnes antimilitaristes d'avant 1914 au souci technocratique de réformes en passant par les reportages - en particulier celui d'Albert Londres, paru en volume en 1924 sous le titre Dante n'avait rien vu.
Les détenus eux-mêmes ne se sont pas toujours laissé faire, comme le montre la multiplication des formes de résistance, individuelles ou collectives. Théoriquement interdit, le tatouage - "la grande affaire de Biribi" - en est un aspect, tel ce "Vaincu, mais non dompté"...
En 1930, c'est la section spéciale d'Oléron qui entre en rébellion, excitée par "quelques meneurs" - selon l'interprétation officielle habituelle des mutineries - et dirigée par "le Caïd".
Les drapeaux rouges se déploient, les hommes entonnent L'Internationale avant que la faim, apparemment, ne permette de réduire la révolte.
Les réformes seront nombreuses, plus ou moins bénéfiques aux condamnés, notamment après la Grande Guerre, qui avait autorisé de multiples abus de la justice militaire.
Mais "Biribi" perdure jusqu'à la décolonisation, même si son déclin est entamé dès les années 1930.
Cette histoire longue n'avait jamais été faite.
"Biribi" était resté un "non-lieu de recherches" avant le travail de Dominique Kalifa.
Celui-ci pose les cadres permettant d'ouvrir de nouveaux chantiers.
Car pour l'historien d'aujourd'hui, attentif à la construction des sources et soucieux de ne pas s'enfermer dans les discours publics tenus sur un sujet, la saisie de l'expérience disciplinaire demeure difficile :
La parole des détenus est souvent absente, écrasée par celle des rapports officiels, des médecins ou des publicistes.
Pour reconstituer ces histoires de vie, il faut surmonter à la fois le silence voulu par les autorités et le mutisme redoublé des hommes punis :
Se taire pour survivre à "Biribi", et ensuite oublier.
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun Mar 14 2022, 21:25
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Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun Mar 14 2022, 21:41
J'ai connu "Tataouine", avec mon Papa , lorsque nous habitions en Tunisie .
A mon époque , il n'y avait pas de tourisme .
Cet endroit était sinistre (j'avais 10/12 ans)
Nous avons passé une nuit chez l'habitant , mon Papa PN de Tunisie , parlant l'arabe couramment et l'hospitalité des gens du Sud a fait que ...............
Ceci reste en ma mémoire :
Quelques dattes dans du lait de chèvre et divers autres choses .
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Athos79 modérateur
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Mar Mar 15 2022, 07:44
De Gabes a Tataouine - de Gafsa a Kenifra ,,, Un chant des goumiers bataillonnaies
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Ancien38
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun Juin 06 2022, 18:11
Plus près de chez nous, jusqu'en 72, il existait un lieu pour les fortes têtes qui totalisaient un total de 100 jours de prison. Je n'ai connu que le départ d'un soldat pour ce lieu qui s'appelle "Fort d'Aiton" en Savoie.J'ai connu également le Commandant de compagnie de l'époque mais nous n'avons pas échangé sur le sujet. Alors aujourd'hui, comme toujours, il suffit de se reporter sur Wikipédia et sur "Fort d'Aiton" consulter la partie "Histoire". Après cette fermeture on peut facilement s'imaginer ce que devenaient les individus concernés: la réforme donc le retour à la vie civile, livrés à eux-mêmes.
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun Juin 06 2022, 18:31
J’ignorais l'existence de ce endroit. Il y a un sujet dans le Dauphiné Libéré avec quelques clichés https://www.ledauphine.com/savoie/2019/04/19/fort-d-aiton-le-temoignage-d-un-ancien-prisonnier-evoque-l-enfer-d-un-lieu-secret
Un extrait qui en dit long « J’ai connu l’esclavage du fort d’Aiton. Et j’ai ressenti là-dedans, dans ma poitrine, un grand mal, quand j’ai vu flotter au bout du mât les couleurs de ma patrie. » C’est par ces mots, qu’Arsène Altemeyer, comédien alsacien, formé à l’École supérieur d’art dramatique du théâtre à Strasbourg, disciplinaire au Fort d’Aiton durant l’année 1969, commence son témoignage.
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Ancien38
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Mar Juin 07 2022, 08:32
Bonjour Alexderome, effectivement il s'agissait de révoltés et de fortes têtes, je reviendrai sur le sujet dans la journée.
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Ancien38
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Mar Juin 07 2022, 11:46
Pour étudier le problème il faut comprendre que l'institution militaire ne supporte pas les divisions personnelles mais au contraire l'adhésion pour faire bloc dans l'accomplissement des missions. Dans cette optique il est des troubles fête de trois catégories: - Les intellectuels antimilitaristes, les plus dangereux car possédant la capacité d'être des agitateurs. Bien souvent ce sont eux qui excellent dans les témoignages de leur passage dans ces lieux disciplinaires. - Les insoumis d'office de par leur individualisme. - Les tempéraments de "Cadors" dont le seul souci est de se donner de l'ascendance (par la force) sur leurs camarades. Déjà nous voyons poindre les difficultés pour arriver à résoudre les problèmes de comportement de ces catégories différentes. L'institution militaire se doit de les éloigner dans un premier temps, puis d'essayer de les éduquer ou de les rééduquer tout en les sanctionnant. C'est à ce niveau que s'est situé le problème. En gros il fallait "Mater" (maîtriser, dompter, rabaisser leurs excès) ces "fortes têtes". Aujoud'hui cette situation n'existe plus du fait de la fin de la conscription au profit du volontariat. Rappelons que les derniers temps, il s'agissait d'une situation atteinte après l'accumulation de 100 jours de prison.
(A suivre)
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Ancien38
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Mar Juin 07 2022, 18:50
Ainsi, ils étaient coupés du monde et ce qui aurait été intéressant c'est le témoignage d'un cadre de cette époque car nous n'avons que des témoignages d'un seul bout de la lorgnette, celui des "victimes de l'époque". Il est certain que tout était fait d'épreuves physiques et psychologiques, à l'encontre des "Droits de l'Homme" . La fermeture de Fort d'Aiton correspond à l'arrivée politique de l'action "Droits de l'Homme" au sein des Armées, dans les années 70. En ce qui nous concerne directement nous avons eu l'interdiction de pousser un para hésitant à la porte de l'avion. Jusque là, tout ce qui se faisait avec une apparence d'entorse aux "Droits de l'Homme" ne nous frôlait pas l'esprit et était mis en application pour tester l'aptitude physique et morale du soldat en vue de l'accomplissement de ses missions. Pour revenir aux mesures disciplinaires, je profite de l'occasion pour dire que je suis en possession d'une lettre que j'ai trouvée dans mon grenier, écrite en 1915 par un condamné pour avoir raté volontairement le départ de son bateau pour le front (Ce n'est pas un parent). Il me reste à trouver la solution pour être en mesure de la diffuser. Une chose était certaine, nous étions mis au diapason de la société civile.
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Ancien38
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Ven Juin 10 2022, 10:34
Cette lettre a été écrite par un condamné qui purgeait sa peine aux Travaux Publics à Tènes en Algérie. Pour éviter la censure il a confié cette lettre à un camarade libéré, ce qui nous permet de voir dans quelles conditions étaient réellement effectuées les peines pour certains, très loin de l'idée que l'on peut se faire. Il existe également un autre intérêt: Connaître les motivations de la faute.
Nota: Je pense ne pas être en mesure techniquement d'envoyer le PDF sur le Forum. Je vais donc réécrire cette lettre dans sa fidelité, mais ce sera moins original.
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Michel Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Ven Juin 10 2022, 13:00
Bonjour Ancien38,j'espère que vous pourrez mettre la lettre,certainement une lettre très intéressante merci à vous.
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Ven Juin 10 2022, 17:45
Bonjour Michel, je ne voudrais pas perdre du temps à rechercher le moyen de transmettre l'original de la lettre, mais voici l'essentiel, son contenu (avec ses fautes éventuelles et ses tournures de phrases). Page 1 Voici mon adresse 17 Sbre1915 Algérie Ville Tènes . . . . . . . . . . Ateliers Militaires Ténes, province d'Alger Algérie Mademoiselle Francine.
Que pensez-vous de mon silence. Après plusieurs mois qui viennent de se passer sans nouvelles de Raoul. Eh bien Francine je vais vous parler franchement et ce n'est qu'à vous et à votre famille que je fais part de ma situation actuelle. Mais je vous en prie Francine que personne que vous, et votre famille sache où je suis en ce moment. Rappelez-vous Francine quand sur une de vos lettres vous me disiez ceci: de toujours me débrouiller de manière à toujours rester à Toulon, que la mer réserve beaucoup de surprise, surtout en ces moments ci. Eh bien voici en quelques lignes mon retard dans mes nouvelles! Le mois de Mai dernier j'étais désigné pour les Dardanelles pour embarquer à bord d'un dragueur mine. Ma vie ma jeunesse était perdue, parce que l'on nous appellait les hommes sacrifiés. Comprenant le danger que j'encourait en m'embarquant sur un tel bateau, je n'ai fait ni un ni deux, j'ai manqué volontairement le départ du navire et me suis rendu que 50 heures
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Ancien38
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Ven Juin 10 2022, 18:15
2 pages après le départ de celui-ci. Je savais la peine qui allait m'être infligée, mais j'ai autant voulu celle-ci que risquer ma vie. Je suis été traduit devant le Conseil de Guerre Maritime de Toulon le 3 Juillet, inculpé de désertion à l'intérieur en temps de Guerre, et avoir manqué le départ du navire pour le front aux Dardanelles. Ma peine a été prononcée par le Conseil de Guerre à "4 ans de Travaux Publics". Alors Mlle Francine je ne pouvais pas vous donner de mes nouvelles. Arrivé en Algérie comme vous savez que les dépots des Travaux 9? si trouvent, et voila bientôt 2 mois que j'y suis. Je n'avais jamais eu l'occasion de pouvoir vous écrire et m'expliquer. Aujourd'hui j'ai un de mes camarades qu'il sort en suspension de peine, je me suis débrouillé d'avoir une enveloppe avec 2 feuilles d'un cahier à seule fin de vous tenir au courant de ma situation, et lui-même se charge de faire parvenir ma lettre sans passer par les autorités; ici nous ne pouvons écrire que tout les Dimanches, l'on peut écrire à n'importe qui; mais en faisant bien attention de ne pas trop causer contre la discipline ou l'armée; Alors pour vous écrire tout cela et vous expliquer mon affaire, il faut que ma lettre parte en cachette.
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Ancien38
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Ven Juin 10 2022, 18:49
3 page Mlle Francine, vous direz peut être que je suis pas patriote que je suis pas un bon Français, mais que ue voulez-vous, j'ai déja vu la mort près de moi depuis cette guerre, que cette fois ci pour m'en épargner c'était le seul moyen que j'avais à faire. Je ne suis pas seul. Nous sommes à 4000 enfermés depuis la guerre. Dans la chambre où je suis il y a des pères de familles de 3 et 4 gosses, il y a même des hommes médaillés militaire et retraités de l'armée que pour conserver leur santé, et leur pension ont préféraient soit de déserter seulement de 4j et venir faire 5 ans. Les 3/4 sont toutes des peines de 10 ans, mais personne ne se fait pas de billes, au contraire l'on chante. Nous avons des nouvelles tout aussi bien que les gens de ville. Maintenant Mlle Francine, le mot Travaux Publics émotionne beaucoup de personnes, écoutez-moi, je vous le dis franchement en ce moment nous sommes en caserne, avec les Zouaves, du matin au soir dans la cour à jouer aux dames, lire des bouquins, fumer des cigarettes, propre comme un sou, a l'abri des balles. On dirait plutôt un dépôt de convalescents, à l'ombre des sapins. La caserne au centre ville de temps en temps exercice en campagne, ça marche bien. Mais l'on va pas nous garder jusqu'à la fin de la guerre. Voici pourquoi l'on nous oblige de faire des demandes et ceux qui refusent le capitaine les fait à leur place. L'on s'attend d'un moment à l'autre à une "Amnistie"