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Sujet: Le bagne militaire de Biribi Dim 13 Mar - 22:08
C'est en lisant il y a une trentaine d'année la biographie d'Albert LONDRES que j'ai pris connaissance de l'existence de ces bagnes militaires de Beribi. Par ses articles, LONDRES a réussi à interdire ces endroits maudits en Algérie. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bagne_de_Biribi Dans la présentation du livre de Dominique Kalifa, je lis avec stupéfaction ceci De 1830 au début des années 1970, entre 600 000 et 800 000 militaires ont séjourné à Biribi, soit annuellement entre 1 et 2 % du contingent de l'armée française ! Cette peine massive qui a concerné plusieurs dizaines de milliers d'individus et qui s'est étalée sur près d'un siècle et demi n'avait jusqu'ici pas ou peu suscité l'intérêt des historiens. ... Les condamnés soumis au régime des corps spéciaux vivent dans une promiscuité déplorable et sont exposés aux violences des chaouchs qui distribuent avec célérité coups et punitions, mais également des caïds qui n'hésitent pas à abuser sexuellement des plus faibles. La société de Biribi est ainsi faite de souffrances et de haines qui contraignent les forçats au suicide, à l'évasion, à la révolte, à la honte de soi et à l'endurcissement.
Ce que nous voulions nous ne le savions pas, et ce que nous savions nous ne le voulions pas. Ernst von Salomon Les Réprouvés « Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 8:22
Jamais entendu parler pour ma part .
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 9:29
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 9:53
Superbe cliché, ça ne rigolait pas à l’époque. Albert Londres était un grand reporter. C’est l’auteur du célèbre article sur les Forçats de la route. Il est mort assez mystérieusement, il aurait été aussi espion. Des journalistes comme on ne fait plus. Le dernier dans ce genre était Patrick Bourrât, mort au Liban je crois.
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 20:53
Et oui mon Michel ,
A l'époque nous avions une armée de vrais Hommes , pas de Tarlouses .
En Tunisie , il y avait "Tataouine" .
Mais , c'était avant .
De nos jours , le Rombier signe un contrat , le dénonce ou déserte , ce en toute impunité .
“Nous avons entendu et nous savons ce que nos pères nous ont raconté, nous n’allons pas le cacher à nos fils. Nous redirons à tous ceux qui nous suivent, les œuvres glorieuses...”
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 21:00
Le miliaire qui désertait, volait ou désobéissait risquait de finir dans ces camps disciplinaires mais Albert LONDRES a dénoncé les abus. A la Légion, cela se réglait en "famille" sans faire de vagues. Dommage que le forum a été déserté par des anciens d'Algérie car l'auteur parle de 1970 ce dont je doute.
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Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 21:19
"Biribi. Les bagnes coloniaux de l'armée française", de Dominique Kalifa : dans l'enfer de "Biribi"
"Biribi","Tataouine", "les bat' d'Af'"...
Autant de mots qui évoquent l'inquiétante atmosphère de bagnes lointains, de soldats punis que l'on imagine travaillant écrasés sous le soleil d'Afrique, soumis aux violences des sous-offs, empreints de la dureté des rapports entre apaches.
L'ouvrage de Dominique Kalifa ne dément pas les images que charrient les bagnes et pénitenciers militaires coloniaux.
Mais il les précise et, surtout, il en donne une histoire minutieuse, documentée.
Il fallait d'abord s'y retrouver dans le maquis de cet "archipel pénitentiaire" que l'on désigne sous le terme générique de "Biribi" (à l'origine, un jeu de hasard), rendu populaire par le roman du même nom signé Georges Darien (1890). Il y a d'abord les fortes têtes de l'armée que l'on envoie dans les compagnies disciplinaires.
Il y a aussi ceux qui, après être passés devant un conseil de guerre pour désertion, vol, outrage ou autre, sont expédiés dans un établissement de répression comme les ateliers de travaux publics.
Il y a encore les "exclus", ces hommes condamnés aux assises que l'on ne peut incorporer dans des régiments ordinaires.
Et puis les fameux "bat' d'Af'" (bataillons d'Afrique) qui accueillent en particulier des soldats libérés de "Biribi".
Chacune de ces expériences est déjà une véritable épreuve en soi. Mais nombreux sont ceux qui les multiplient, comme en témoigne en 1912 le médecin Louis Combe, peu amène pour les condamnés :
"C'est souvent le même homme qui, de 20 à 45 ans, tour à tour chasseur léger, disciplinaire ou pénitentiaire, se promène d'un corps à l'autre, du bataillon au pénitencier, du pénitencier à la section de discipline, de la section aux compagnies du bataillon d'Afrique (...), changeant d'univers, non de caractère, de casernement, non de milieu."
Il est vrai que "Biribi" compose une "immense armée de punis".
Entre 600 000 et 800 000 hommes de 1830 à la fin des années 1960, 1 % à 2 % de l'armée française selon les époques.
Cette "armée" rassemble surtout des éléments des classes populaires urbaines, souvent les moins intégrés, mais aussi certains condamnés politiques, communards ou anarchistes par exemple, ou encore le marin rebelle de 1919, futur dirigeant communiste et chef de la Résistance, Charles Tillon, qui évitera de devenir "cinglé" en y tenant son carnet, précieux confident.
Plus ordinairement, "Biribi" accueille des durs à cuire comme Jean R., garde républicain qui boit au cabaret l'argent emprunté à ses copains, abusant de son statut pour soutirer des sous aux dames qu'il séduit.
En 1876, Le voilà finalement dirigé vers les compagnies disciplinaires. Le choix de l'Afrique tient notamment à l'un des objectifs de la répression :
"Purger" l'armée de ses "mauvais éléments", homosexuels compris, voire les "éliminer".
VIOLENCE ET HUMILIATION
L'univers qui y attend les condamnés est terrifiant.
Un quotidien de violence et d'humiliation :
Interdiction de porter librement barbe ou moustache, contrôle du courrier, brimades physiques...
"On tapait sur nous comme sur des ânes. Le bruit de la trique sur le corps des hommes devenait un bruit ordinaire", rapporte un détenu.
Les dénonciations de cet "enfer" n'ont pas manqué, des campagnes antimilitaristes d'avant 1914 au souci technocratique de réformes en passant par les reportages - en particulier celui d'Albert Londres, paru en volume en 1924 sous le titre Dante n'avait rien vu.
Les détenus eux-mêmes ne se sont pas toujours laissé faire, comme le montre la multiplication des formes de résistance, individuelles ou collectives. Théoriquement interdit, le tatouage - "la grande affaire de Biribi" - en est un aspect, tel ce "Vaincu, mais non dompté"...
En 1930, c'est la section spéciale d'Oléron qui entre en rébellion, excitée par "quelques meneurs" - selon l'interprétation officielle habituelle des mutineries - et dirigée par "le Caïd".
Les drapeaux rouges se déploient, les hommes entonnent L'Internationale avant que la faim, apparemment, ne permette de réduire la révolte.
Les réformes seront nombreuses, plus ou moins bénéfiques aux condamnés, notamment après la Grande Guerre, qui avait autorisé de multiples abus de la justice militaire.
Mais "Biribi" perdure jusqu'à la décolonisation, même si son déclin est entamé dès les années 1930.
Cette histoire longue n'avait jamais été faite.
"Biribi" était resté un "non-lieu de recherches" avant le travail de Dominique Kalifa.
Celui-ci pose les cadres permettant d'ouvrir de nouveaux chantiers.
Car pour l'historien d'aujourd'hui, attentif à la construction des sources et soucieux de ne pas s'enfermer dans les discours publics tenus sur un sujet, la saisie de l'expérience disciplinaire demeure difficile :
La parole des détenus est souvent absente, écrasée par celle des rapports officiels, des médecins ou des publicistes.
Pour reconstituer ces histoires de vie, il faut surmonter à la fois le silence voulu par les autorités et le mutisme redoublé des hommes punis :
Se taire pour survivre à "Biribi", et ensuite oublier.
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 21:25
Ce que nous voulions nous ne le savions pas, et ce que nous savions nous ne le voulions pas. Ernst von Salomon Les Réprouvés « Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Lun 14 Mar - 21:41
J'ai connu "Tataouine", avec mon Papa , lorsque nous habitions en Tunisie .
A mon époque , il n'y avait pas de tourisme .
Cet endroit était sinistre (j'avais 10/12 ans)
Nous avons passé une nuit chez l'habitant , mon Papa PN de Tunisie , parlant l'arabe couramment et l'hospitalité des gens du Sud a fait que ...............
Ceci reste en ma mémoire :
Quelques dattes dans du lait de chèvre et divers autres choses .
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Sujet: Re: Le bagne militaire de Biribi Mar 15 Mar - 7:44
De Gabes a Tataouine - de Gafsa a Kenifra ,,, Un chant des goumiers bataillonnaies
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