Embuscade: "Un minimum d'incompétence de la part de la victime désignée..." Dans son remarquable livre de "
Tactique théorique" (Economica 2006), Michel Yakovleff consacre plusieurs pages à
"l'embuscade". S'appuyant sur des exemples historiques, en particulier la bataille du lac Trasimène (217 av JC), l'auteur affirme que
"l'embuscade nécessite que certaines conditions soient remplies". Les voici (extraits) :
"1) Un terrain favorable, restreignant considérablement la liberté de manoeuvre ennemie, ce que l'on appelle un défilé. Le terrain doit offrir une zone de destruction, où la troupe attaquée sera dépourvue de masques ou d'abris, mais où elle sera contrainte de demeurer. De l'autre côté, le terrain doit bloquer physiquement le mouvement.
2) Un renseignement de qualité. Il faut en savoir assez sur l'ennemi pour pouvoir se prononcer sur ses mouvements à venir. Il faut en savoir assez pour pouvoir déterminer peu ou prou son dispositif en marche.
3) Un minimum d'incompétence de la part de la victime désignée...Un défilé, cela se voit rien qu'en lisant la carte et avant de s'engager il suffit de regarder. Toutes les embuscades sont au départ imputables à une faute de la "victime". Généralement, excès de confiance, sous_estimation de l'ennemi, précipitation...
4) Accepter le risque. Paradoxalement, l'embuscade est une manoeuvre à risque pour l'assaillant. L'ennemi, s'il est prudent, décèlera l'embuscade avant d'être tombé dedans et manoeuvrerart en conséquence, retournant à son détriment l'orientation de celui qui voulait tendre l'embuscade."
Officier de l'Arme blindée cavalerie, Michel Yakovleff est général. Il commande depuis cet été la 7ème Brigade blindée à Besançon. Précision: "la victime désignée" ne vise pas les soldats tués dans l'embuscade, mais l'ensemble de la colonne ou le dispositif militaire français.
Source : secret défense