LE GRAND PRINCE
Il est bien inutile de présenter Edmond Marin La Meslée, l'un des plus fins pilotes de chasse français de 1940 et celui qui est officiellement considéré comme l'as des as de la campagne de mai-juin.
Tout a commencé à Valenciennes le 5 février 1912. Pour faire plaisir à sa famille, il entre en faculté de droit, mais sa véritable vocation est ailleurs. Profitant d'une bourse d'état, il apprend à piloter à l'école Morane et, le 11 août 1931, il décroche son brevet.
Curtiss H.75 A n°217 du Lt Marin la Meslée
À 19 ans, il s'engage pour deux ans et entre à l'école d'Istres et, après avoir suivi le cours des EOR, il est affecté en septembre 1932 au 2ème régiment de chasse à Strasbourg, avec le grade de sous-lieutenant. Mais son contrat d'engagement arrive à expiration. Edmond rempile pour deux ans et repart au bas de l'échelle comme sergent. C'est dire la motivation qui l'anime !
Il est admis au concours de l'école de l'Air et, en octobre 1937, promu une seconde fois sous-lieutenant, il rejoint le GC I/5, où le capitaine Accart, décelant en lui un futur "crack ", le prend sous son aile.
Le palmarès personnel qu'il se taille, dans des conditions difficiles, au cours de la campagne de France se passe de commentaires. Le 11 juin 1940, son chef est blessé au combat et, tout naturellement, il le remplace à la tête de la 1ère escadrille.
Le 25 juin 1940, le voile tombe sur l'armée de l'Air. Le GC I/5 est replié sur Saint-Denis-du-Sig, puis gagne Rabat en août 1940. Le groupe est relativement épargné par les combats qui opposent l'aviation de l'armistice à ses anciens alliés, jusqu'au 8 novembre 1942. Mais Edmond passe à travers ce dernier orage.
Son groupe part pour Tafaraoui, en septembre 1943 et commence à recevoir du matériel américain. Des P-40, d'abord, dès décembre 1942, puis des P-39 à partir de juin 1943. Et, enfin, des P-47 en octobre 1944.
Edmond est devenu commandant du GC I/5 Champagne le 9 janvier 1944 et attend sereinement l'heure de la revanche. Elle sonne le 30 septembre 1944, lorsque le groupe s'installe à Salon-de-Provence pour appuyer les forces terrestres françaises et alliées qui pourchassent les Allemands le long du Rhône. La chasse n'est plus vraiment à l'ordre du jour et le I/5 consacre la majeure partie de son temps à des missions de straffing et d'appui tactique.
Le 29 décembre, le groupe s'installe à Dôle. Le 4 février 1945, Edmond Marin La Meslée décolle à la tête d'une patrouille de trois avions, tandis que deux autres conduits par le capitaine Rouquette servent de couverture haute. Les trois P-47 s'en prennent à un pont de bateaux près de Neufbrisach. Tout se passe bien, mais après son attaque, Marin la Meslée aperçoit des camions sur une route. En dépit d'une Flak intense, il descend pour les mitrailler, puis il refait un tour pour noter les résultats. Un obus de 40 atteint l'avion derrière la plaque de blindage. Touché à mort, le P47 44-20384 s'écrase et explose au contact du sol, à Rustenhart, à quelques kilomètres de Neu-Brisach. Le sergent-chef Uhry est également abattu et tué par la Flak et s'abat non loin de l'avion de son chef.
Les Allemands recueillent le corps de Marin La Meslée, qui a reçu un éclat d'obus dans le cervelet. De toute façon, il est peu probable qu'il ait survécu au crash. Ils le transportent au cimetière de Rustenhart, mais n'ont pas le temps d'organiser ses funérailles avant l'arrivée des Alliés. C'est le curé du village qui s'en chargera.
MARIN LA MESLEE Edmond † 04.02.1945
Lieutenant
GC I/5
La borne qui marque l'endroit du crash
citations7-3-1940 : A l'ordre de l'Armée aérienne :
Brillant chef de patrouille, d'un allant et d'une endurance dignes de tous éloges. Le 11-1-1940, au cours d'une mission à très haute altitude, a intercepté et abattu un Dornier 17 sur notre territoire après l'avoir poursuivi et attaqué jusqu'au sol.
12-5-1940 : A l'ordre de l'Armée aérienne :
Chef d'une patrouille double a attaqué 2 pelotons de 30 avions de bombardement en piqué et a abattu 3 Junk 87 dont 2 à lui seul.
16-5-1940 : A l'ordre de l'Armée aérienne :
Chef d'une patrouille d'accompagnement d'une patrouille double ayant rencontré avec sa patrouille une formation ennemie dix fois supérieure en nombre, en a attaqué les derniers éléments et a abattu à lui seul un Messerschmitt 109.
16-5-1940 : A l'ordre de l'Armée aérienne :
A la tête d'une patrouille simple, a abattu avec ses deux équipiers un Dornier 17. Le 15 mai 1940, chef d'une patrouille triple, a attaqué un Henschel 136 et, aidé de trois de ses équipiers, l'a abattu après avoir dispersé les 9 appareils de chasse qui le protégeaient.
18-5-1940: A l'ordre de l'Armée aérienne :
Chef de patrouille d'accompagnement, a attaqué et dispersé un groupe de 20 avions ennemis de bombardement. A abattu avec le concours de deux de ses coéquipiers. 3 Heinkel 111.
19-5-1940 : A l'ordre de l'Armée aérienne :
Chef d'une patrouille simple intercepte et attaque un groupe de 21 bombardiers ennemis et avec le concours d'un de ses équipiers abat un Heinkel 111.
22/23-5-1940 : A l'ordre de la Division aérienne :
Dans les journées de batailles des 21, 22, 23 mai 1940 a exécuté en monoplace dans des conditions rendues difficiles par les réactions ennemies, deux reconnaissances particulièrement importantes pour le commandement. A brillamment réussi ces deux missions.
24-5-1940 : A l'ordre de l'Année aérienne :
Chef d'une patrouille triple, surprend un Henschel 126 qu'il abat à lui seul.
26-5-1940 : A l'ordre de l'Armée aérienne :
Chef d'une patrouille triple a abattu un Heinkel 111 et le 3 juin, chef d'une patrouille simple a abattu un Henschel 126 avec le concours de ses deux èquipiers.