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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mar Avr 25 2023, 17:33
Le décompte des pertes tunisiennes n'est pas imprécis. Il ne l'est que dans les affabulations d'auteurs plus ou moins honnêtes, qui évoquent pour certain plus de 5 000 victimes. Le cimetières des Martyrs de Bizerte compte 704 tombes. Ce qui est déjà énorme. Comme je l'ai expliqué, ce nombre élevé est du en partie aux mauvaises conditions sanitaires, côté tunisien. A cause de la température élevée, et du manque de possibilité d'évacuation, tout blessé grave était condamné. Alors que nos blessés étaient rapidement évacués sur l'hôpital maritime de Sidi-Abdallah, très bien équipé. JJ
Dernière édition par Patard le Jeu Mai 04 2023, 18:09, édité 1 fois
Alexderome Admin
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mar Avr 25 2023, 18:09
Merci pour cette information importante car ce chiffre de 704 tombes comprend donc les militaires décédés des blessures après les affrontements. Pour bien comprendre le déroulement des combats je vais recommencer la lecture de ce fil. Je n’ai pris connaissance de ces combats en Tunisie que depuis quelques années, auparavant je n’en avais jamais entendu parlé pourtant ce n’est pas par manque d’intérêt. D'ailleurs c'est par le forum que j'ai appris que des combats s’étaient déroulés à Bizerte.
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mar Avr 25 2023, 22:45
J'étais à Sidi-Abdallah, ex-dépôt marine encerclé dès le 14 juillet. Je n'ai eu qu'une petite vision des pertes Tunisiennes dans mon secteur face à la porte principale de l'arsenal où se trouvait le principal dispositif Tunisien, comprenant 3 barrages routiers sur les axes d'accès, 2 face à l'arsenal et le 3° face à notre entrée, ces barrages occupés chacun par une section de militaires appuyés de mortiers de 60, et de LRAC.et d'armes automatiques. IL y avait aussi plusieurs tranchées creusées depuis 4 jours autour de ses points d'appui, par les jeunesses destouriennes encadrées par la garde nationale bien équipée, ces tranchées furent occupées par ses fanatiques moins bien équipés.
Lors des attaques dans la nuit du 19 au 20, les Tunisiens eurent peu de pertes. Par contre dès l'aube, la patrouille de corsairs fit des ravages sur les 3 barrages neutralisés à la roquette, puis prirent en enfilade les tranchées visibles au canon de 20. Là il y eu de nombreuses victimes, lors de la tentative de sortie pour nous désencercler, constatation rapide de bléssés sur place, mais on continuait de nous canarder des tranchées dans le bois face à nous que l'aviation n'avait pû voir.
Vers 08 h30 les paras du 2° RPIMa cie. d'appui du Lt.Buisson sortirent de l'arsenal et nettoyèrent ce qui restait des barrages, et surtout les tranchées à l'abri du bois, et là ce fût la débandade...
De mon poste de combat qui contrôlait l'accès routier de l'hôpital à l'arsenal, j'ai vu 2 ambulances Tunisiennes passer et revenir chargées de corps, et surtout une 3° portes ouvertes archi-chargée, celà vers 07 à 07.30.
Puis fin matinée et début après midi 3 gros camions bennes chargés très haut de corps, difficile à chiffrer, il y avait une autre route qui longeait l'arsenal par où d'autres victimes ont pû être évacuées.
Ce qui est sûr vu le nombre de victimes dans notre secteur, il n'y à pas eu de sépultures, et on voyait les affreuses colonnes de fumées de crémation tout l'apès-midi du 20 et la matinée du 21.
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Patard membre confirmé
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mer Avr 26 2023, 07:02
Bonjour Oui, l'aviation à causé de lourdes pertes à ces troupes inexpérimentées. Bourguiba porte une lourde responsabilité dans la mort de ces jeunes hommes. Quelle folie d'avoir déclenché cette bataille inutile! JJ
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mer Avr 26 2023, 13:06
Pourquoi cette bataille est quasiment inconnue, peu de revues en parlent (Reportages de guerre et Uniformes ) ? Les combats ont été âpres et il y a eu des pertes dans chaque camp.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Patard membre confirmé
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mer Avr 26 2023, 13:25
Bonjour Sur ce sujet, il faut lire, entre autres, "La bataille de Bizerte" de Patrick-Charles Renaud, aux éditions l'Harmattan. Incontournable... Je ne crois guère à cette histoire de crémation des corps. Qui est d'ailleurs interdit par les rites funéraires musulmans. Quant aux nuages de fumée, ils ne manquent pas au cours d'une bataille. JJ
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marienneau jean-michel membre confirmé
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mer Avr 26 2023, 21:49
Les fumées provenaient de Menzel Bourguiba, sur ma gauche à environ 2 kms, et cette ville n'a fait l'objet d'aucun tir, ni Tunisien, ni Français; Menzel était en 61 à majorité européenne et vivait en parfaite harmonie avec les Tunisiens, qui en majorité travaillaient dans l'arsenal.
Ces fumées nauséabondes, je n'ai pas oublié, l'origine en à été donnée par du personnel de l'hôpital de Sidi, et c'était radical par mesures d'hygiène. Nous tous étions au courant à Sidi.
Nous étions en pleine chaleur, et enterrer avec les rites musulmans le jour même, était en effet impossible, et ces mesures drastiques s'imposaient.
Le livre de Patrick charles Renaud, à de nombreuses lacunes, et je n'ai jamais entendu parler de recherches en cours sur cet ouvrage datant de 1996. J'étais avec certains dont on parle dans ce livre; en particulier le Capitaine V.P. lequel à tué le chien de guerre retraité que mon unité avait adopté, au motif qu'il ne l'aimait pas. Ce chien très intelligent (qui dormait en temps normal au pied de ma moustiquaire), l'avait débusqué en train de nous écouter furtivement et raccompagné vigoureusement. Nous l'avons entendu dire qu'il l'abattrait, ce qu'il à fait un matin de deux balles de M.51 arme dont se servait justement V.P.
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 18:05
Hello les lecteurs,
Avec qq jours de retard sur cette bataille de Bizerte, mais Ô combien intéressant à lire ce sujet par son récit depuis la première page...
Un certain "invité" raconte sa bataille de Bizerte.... Je vous laisse deviné le nom de "l'invité"
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 18:24
Origine du récit: mes sources
Bizerte...Un espoir déçu
Aujourd’hui encore, je vais vous demander de faire un effort....
Celui d’un retour en arrière, un bond vers une époque où le destin des paras français a failli se terminer tragiquement.
Epoque à laquelle la plupart d’entre nous n’allaient pas encore à l’école, mais époque à laquelle certains d’entre nous n’auront pas de mal à instantanément retourner car elle nous a profondément marqués...
Petit rappel pour les plus jeunes : Fer de lance, il faut bien le dire, de notre armée depuis la fin de la guerre, les paras furent mangés à toutes les sauces....
Ils furent aussi de tous les renoncements, de toutes les lâchetés, et de tous les abandons...L’Indochine, Suez, et maintenant on voulait leur faire abandonner leur incontestable victoire en Algérie...
Certains et non des moindres s’étaient promis de ne plus être parjures... Ce qui mena tout droit à une révolte que l’on nomme aujourd’hui « le putsch des généraux »
Tout cela pour vous dire que la mode Printemps-été...cette année là, n’était pas aux Paras...
Mutés à gauche et à droite, unités dissoutes ou reléguées aux confins du désert, leur avenir paraissait sombre...
Lorsque retentit un formidable coup de tonnerre, qui allait redonner un peu d’espoir :
« BIZERTE »
Le texte ci-dessous a été écrit en août 61, je vous le livre tel quel, pensant qu’à quelques détails prés il est encore d’actualité...
Il montre quel fût notre état d’esprit à ce moment là....Hélas nous dûmes déchanter rapidement et la vengeance étatique nous poursuivit encore de nombreuses années.
°°°°
Il s'est passé le 19 juillet 1961, un événement considérable pour la vie des Régiments Paras.
Tout le monde le sait, le 2 a sauté sur Bizerte le 3 a suivi, juste à temps pour sauver la Base Aérienne investie par trois bataillons tunisiens.
Les trois journées suivantes, ont été écrites des pages glorieuses d'histoire militaire, dans la pure tradition française, pages qui ont balayé d'un seul coup les calomnies déversées dans l'esprit des Français par les médiocres de toutes les catégories, sur son Armée et sur cette cible de choix que constituent les Paras.
Mais l'évènement considérable, plus encore que ces pages d'histoire peut-être, est celui qui a pris naissance dans le cœur de tous les cadres et des hommes des Régiments, dès l'atterrissage sur la Base Aérienne de Sidi Ahmed, et qui s'est amplifié tout au long des jours suivants jusqu'à leur rendre ce sentiment de fierté sans lequel ils ne peuvent vivre, et que de multiples efforts avaient voulu tuer.
L'évènement, c'est la renaissance des Paras, et le rappel, brutal, à tous ceux pour qui l'Armée est un symbole de la Nation qu'un corps de troupe ne peut vivre sans fierté et sans estime, ni même sans panache ; ne peut vivre avec dignité sans être traité avec la dignité à laquelle il a droit. - Ou alors il faut le supprimer - et que ce n'est pas par hasard que, dans tous les pays du monde, les drapeaux ont été confiés aux corps de troupe et nulle part ailleurs, parce qu'ils représentent, non pas l'accessoire de l'Armée, mais l'essentiel et son âme même.
C'est un spectacle étonnant, et le plus émouvant auquel on puisse assister dans une carrière, que de voir cette transformation dans les regards et jusqu'à la démarche.
Les Anciens ont été témoins d'un spectacle du même ordre à l'arrivée du Maréchal de Lattre en Indochine, et le souvenir de cette résurrection du Corps Expéditionnaire en quelques semaines, est resté pour ceux qui l'ont vécu, un sujet d'émerveillement.
Il faut donc redécouvrir, c'est urgent, que l'Armée est faite de Français, et non d'une race à part, et que sa partie vivante est faite de jeunes, d'âge ou d'esprit, que les jeunes ont besoin de croire, qu'ils ne seront jamais attirés que par ce qui est difficile et demande de la générosité, et non par ce qui est terne, médiocre, égoïste.
Ils ont besoin de fierté, fierté d'eux-mêmes, de ce qu'ils font, du Corps, de l'Etat auquel ils appartiennent.
Les Paras ont besoin d'être fiers d'être Paras, et que, chaque fois que cela craque quelque part, on fasse appel à eux, là où c'est le plus difficile et le plus dangereux.
Il est urgent de redécouvrir qu'on ne casse pas impunément un corps qui étonne même l'adversaire, et que c'est de l'émulation de tous pour se dépasser que la Nation grandira, mais sûrement pas d'un jeu sordide de ravalement ou d'autodestruction.
Il est urgent, il est vital pour l'Armée et le Pays lui-même - car l'Armée, notre Armée d'appelés, marque profondément le Pays que les traditions réelles, qui ne sont pas routines, soient retrouvées.
Il faut que de nouveau, il soit considéré, comme un honneur de servir dans un corps de troupe dépositaire d'un drapeau et que l'on s'aperçoive que c'est là que se trouve le métier militaire le plus difficile, où le jugement et le caractère se forment avec le plus de sûreté, car les actes y trouvent la sanction immédiate des faits.
Les Paras, depuis des années, donnent tout pour leur Pays, leur vie sans compter, leur santé, leur carrière que beaucoup sacrifient pour bâtir cette force si précieuse on s'en aperçoit parfois.
Il n'est pas juste, il est dangereux de ne rien leur donner en retour. Ils ne demandent qu'une chose : l'estime, et les marques extérieures les plus élémentaires de cette estime.
°°°°
Après cette bouffée d’oxygène, cet espoir de voir que nous étions nécessaires à notre pays, espoir payé tout de même par 10 tués et 16 blessés au 2 et 16 tués et 53 blessés au 3, tout cela pour trois jours de combats, vint le retour en France, la dissolution pour le 2...
Les brimades et vexations pour les autres paras....
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 18:29
Bizerte fut en somme un petit Port Saïd du point de vue politique... Mais comme d'un point de vue militaire le gagnat était incontestable - ces factieux de paras - on s'est efforcé de le gommer de notre histoire et donc de nos mémoires...
Aujourd'hui seuls les tunisiens s'en souviennent.
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 18:41
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 18:46
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 18:48
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 18:57
1er Partie
LA CRISE
Les prémices de la bataille de Bizerte remontent à la mi-juin 1961. A ce moment, des travaux sont menés sur le terrain d'aviation de Sidi-Ahmed, afin d'adapter la piste d'atterrissage aux Mystère IV que la 7° EC s'apprête à percevoir.
Bien que travaillant dans le périmètre de la base, le 13 juin, les ouvriers tunisiens se voient menacés par des gardes nationaux tunisiens.
Le 15, nouvelle escalade dans la guerre des nerfs; des militaires français ayant pris la relève des ouvriers locaux sont sommés, sous la menace, de regagner leur cantonnement.
Le 29 juin, des Tunisiens entreprennent la construction d'un mur de pierre à la limite des barbelés, dans l'axe de la piste de Sidi-Ahmed.
Le 4 juillet, 1500 volontaires tunisiens commencent à creuser des tranchées à quelques mètres des barbelés, le long de la route qui suit la limite ouest de la base.
Deux jours plus tard, des manifestations "spontanées" éclatent dans la ville pour réclamer l'évacuation. Une foule de 4000 personnes environ, composée d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards, défile inlassablement.
Dés le 8 juillet, l'armée tunisienne manifeste sa présence aux alentours immédiats de Sidi-Ahmed.
Le creusement des tranchées se poursuit au point de former un véritable réseau en certains endroits.
A proximité de la gare, un mortier est mis en batterie.
Si le poids de la menace se porte principalement sur la base aérienne, les autres établissements militaires français n'en sont pas moins aux premières loges. Les piquets de garde de Sidi-Abdallah et de la Pêcherie ont droit à leur quota de défilés de civils ou de jeunesses destouriennes en treillis
De fait, le climat, d'abord hostile, devient carrément haineux. Les établissements hospitaliers de Bizerte et Menzel-Bourguiba sont évacués en prévision du"sang qui va couler". En contrepartie, dans la plaine, des hôpitaux de campagne frappés du croissant rouge abritent des bidasses désœuvrés.
A pied, à bourricot, en car, par le train, les "volontaires" affluent dans les casernes de Bizerte, créant autant de problèmes d'hygiène que d'intimité...
Dimanche 16, grandes manifestations organisées par les jeunesses néo destouriennes
Le 17 juillet, lors d'une allocution matinale devant l'Assemblée nationale Tunisienne, le président Habib Bourguiba annonce que la Tunisie reprendra à partir du 19 juillet la lutte avec les procédés qui avaient été mis en oeuvre après l'incident de Saket-Sidi-Youssef; que des patrouilles tunisiennes seront envoyées sur Gaaret el Hamel pour planter le drapeau national sur la borne 233.
Pendant que les "volontaires" subissent un entraînement militaire, les troupes tunisiennes resserrent leur pression autour de la base aérienne.
Les tranchées se prolongent, tandis que des emplacements de combat et des barrages sont aménagés fébrilement. Sur les routes conduisant aux établissements militaires français, la circulation est sévèrement contrôlée.
Conformément aux déclarations de Bourguiba, toutes les installations qui forment la base stratégique se trouvent isolées les unes des autres le 19 juillet. En zone sud, l'armée tunisienne occupe les collines surplombant Sidi-Ahmed et le goulet. La gare et la cimenterie, qui constituaient des points névralgiques, deviennent des camps retranchés où des pièces d'artillerie sont mises en batterie.
COUP D'ARRET.
Ce n'est pas parce qu'il était résigné à la perte de l'Algérie que le gouvernement français allait admettre que la Tunisie indépendante puisse bloquer la base stratégique de Bizerte.
le 17 juillet à Blida la 2e section de la 60 cie du Génie aéroporté décolle pour être parachutée ou le cas échéant se poser (ce qui sera le cas) à Bizerte avec pour mission le rétablissement rapide du fonctionnement de la piste.
Le 19 juillet 1961, les parachutistes coloniaux du 2° et 3° RPIMa interviennent et brisent le blocus de Bourguiba.
VOICI L'HISTOIRE DE NOS PARAS.
A 15h25, ce 19 juillet 1961, des mitrailleuses lourdes tunisiennes tirent sur une Alouette décollant de Sidi-Ahmed puis, quelques instants plus tard, sur une patrouille de Corsair de l'aéronavale.
La partie de bras de fer entre la France et la Tunisie pour la possession du complexe militaire de Bizerte vient de s'engager.
Beaucoup de Français ne croyaient pas en l'épreuve de force qui s'annonçait dés la mi-juin.
Du bluff, ainsi résumait-on la situation. Même après l'annonce par Radio-Tunis, à 13h30, que le gouvernement tunisien donnait l'ordre de tir sur tout aéronef militaire français violant l'espace aérien tunisien.
Les premiers coups de feu raniment l'inquiétude en raison de la faiblesse de la défense. Toutefois, Paris informe le QG du vice-amiral d’escadre Amman, commandant supérieur de la base stratégique de Bizerte, que deux régiments de parachutistes sont désignés pour rétablir la situation.
Un premier largage est prévu ce jour même, 19 juillet, vers 18h00.
19 JUILLET 1961, 18 h 15 : GO !!!!
Le spectacle des coupoles de parachutes est "grandiose", prenant même, pour la plupart des officiers de l'état-major de la base, aux premières loges sur la terrasse de Merazig. Depuis quelques minutes, 24 Nord 2501 (GT 1/62) venant de Blida et d'Oran orbitaient au-dessus de la base.
De son PC volant, le commandant Mollo est en contact avec le COMSTRABI (commandement de la base stratégique de Bizerte).
A la lumière des informations de l'amiral Amman, Mollo lâche le "GO !" fatidique à 18h15.
Par un vent de 6m/s, les 1ère et 3ème compagnies du 2° RPIMa sautent entre les pistes.
Les premières voilures se déploient alors que des rafales de mitrailleuses parviennent des positions tunisiennes.
Malgré la densité du tir, les 272 paras se regroupent sans trop de difficultés.
Les capitaines Tartera (1ere) et Subregis (3eme) entraînent leurs compagnies et assurent la protection des zones nord et est du terrain.
Six Noratlas en profitent pour atterrir. Ils sont pris à partie par un canon de 77 mm.
Des tirs de mortier sont dirigés sur la 3° compagnie. D'autres obus tombent sur les bâtiments de Sidi-Ahmed, tuant deux Français et en blessant 23.
A Karouba, un projectile inerte perfore le toit du hangar de la 5S (escadrille de l'aéronavale) et endommage un SO-95 Bretagne.
Les hélicoptères de l'ALAT qui évacuent les blessés graves sur l'hôpital de Sidi-Abdallah se font mitrailler sur l'aire d'atterrissage de l'établissement.
A 18h42, la seconde vague de Noratlas se présente à l'atterrissage. Au roulage, l'appareil de tête se fait tirer par des armes automatiques et des canons de campagne. Les autres transports dégagent vers les alvéoles en tentant d'éviter les projectiles
L'un deux fait mouche et détruit un bimoteur. Onze parachutistes sont blessés.
Jusqu'à présent, aucune riposte française à la provocation tunisienne n'a été autorisée.
Vers 18h30, l'amiral Amman donne l'autorisation d'ouvrir le feu où cela s'avère nécessaire.
La formation de Corsair de la 17F qui assure la couverture aérienne depuis le décollage à 16h50 ne se le fait pas répéter.
En deux sections de trois appareils, les Corsair piquent pour traiter la partie ouest du terrain.
Entre-temps, ayant débarqué des Nord 2501, les compagnies du 2° RPIMa s'affairent aux missions qui leur sont assignées.
La défense de Sidi-Ahmed est confiée à deux compagnies, deux autres assurent celle de Karouba, les deux dernières vont à la base navale de la baie Ponty.
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 19:03
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2° PARTIE
LE PLAN FRANCAIS ET LA SITUATION INTERNATIONALE
Le plan de sauvetage de Bizerte comporte deux options :
-A. Dans le cadre d'une affaire strictement franco-tunisienne, les paras sautent pour dégager la base et l'escadre se porte à la rescousse.
- B. Dans l'éventualité d'une collusion militaire algéro-tunisienne, des divisions mécanisées d'Algérie franchiront la frontière pour attaquer les bases et cantonnements de l'ALN, avant de gagner Bizerte puis Mateur.
- Même si de Gaulle et l'état-major n'ont jamais décidé de garder Bizerte, ce que n'ignorent pas les Tunisiens, Paris est décidé à se battre. En cela réside l'erreur de calcul de Bourguiba, qui estimait que la disproportion des forces ôtait toute initiative à l'amiral Amman et que le gouvernement français n'oserait envoyer des renforts pour ne pas aggraver les choses.
- La situation est précaire pour les militaires français, car, contrairement à Gibraltar qui peut vivre en autarcie, les barrages ont transformé la base en camp d'internement dont les défenseurs sont disséminés dans les diverses installations sur un périmètre de 40 km. Les soldats français ne se battront pas seulement pour les couleurs ou pour le principe; les impératifs de la Défense nationale priment sur la décolonisation. Outre sa situation stratégique pour le contrôle du trafic méditerranéen, Bizerte est une sonnette reliée par câble coaxial à la base américaine du Strategic Air Command de Nouaeur, au Maroc.
- En cas d'attaque d'avions ou de fusées venant de l'Est, le préavis donné par Bizerte déclenchera la riposte des bombardiers stratégiques américains. A ce titre, l'OTAN a investi dans la construction des centraux souterrains. De Gaulle bénéficie du soutien unanime des différents ministères et services américains. "Je ne vois pas pourquoi on céderait à Bizerte alors que l'on ne cède pas à Berlin", a dit de Gaulle.
LES FORCES EN PRESENCE
- A quelques heures de l'ouverture des hostilités, les forces tunisiennes comprennent les 5°, 6°, 7° et 12° bataillons d'infanterie et cinq batteries d'artillerie.
- Aux 5000 réguliers s'ajoutent 20 gardes nationaux et près de 6000 militants des jeunesses destouriennes, constitués en unités paramilitaires sommairement armées mais fanatisées.
- Du côté français, la défense repose principalement sur le 8° RIA, une vingtaine de chars M24 Chaffee, une trentaine de sections de défense levées à partir d'effectifs prélevés parmi les unités de l'air e de la marine, la 7° EC et les 11F, 12F et 17F au potentiel tronqué.
- Entre temps, à Paris, l'état-major particulier du président de Gaulle ne reste pas inactif.
- Depuis le 14 juillet une force d'intervention a été créé avec le 2° RPIMa, le 3° RPIMa, le 3° REI et le 8° régiment de hussards.
SAINT-CYRIENS CONTRE SAINT-CYRIENS.....
La nuit tombée, le personnel reste aux postes de combat.
Les messages annonçant les mouvements de troupes et de camions ennemis affluent. De plus, le goulet est bloqué par les Tunisiens à l'aide de gros fils d'acier tendus entre les deux rives.
- Vers 1 heure, des groupes de Tunisiens ouvrent le feu sur la porte de l'arsenal de Sidi-Abdallah. Les heures suivantes, leur pression ne fait qu'augmenter. A 4 heures, un violent tir de mortier s'abat sur la base de Sidi-Ahmed et crible d'éclats cinq appareils.
- Pour parer à la menace sur l'arsenal, la CA du lieutenant Buisson est transportée en LCM à Sidi-Abdallah. Elle arrive alors que la "porte de Bizerte" (porte de l'arsenal) succombe sous les charges creuses de bazooka. Les 20 mm de l'escorteur côtier l'Effronté entrent en action. Mais l'intervention déterminante revient à une section de Corsair dont les roquettes et un straffing au canon font un carnage parmi les assaillants.
- Les débris humains seront si nombreux qu'il faudra les déblayer au bulldozer. La CA du 2° RPIMa, avec les sections de défense de la zone sud, consacre la journée du 20 au dégagement de l'accès de l'arsenal. Les Tunisien se replient en combattant. C'est par un assaut que les paras s'emparent de chaque barricade. Des éléments adverses tenaces s'incrustent dans les parties boisées du secteur.
- Entre 5h30 et 6h00, appuyées par la chasse et les 105 de Karouba, les compagnies du 2° RPIMa franchissent les barbelés du terrain de Sidi-Ahmed pour s'assurer des collines avoisinantes, au nord et à l'ouest, d'où l'ennemi tire sur l'aérodrome. Les paras de la 2° compagnie du Lieutenant Jacquemin sont soumis à un pilonnage d'artillerie et au tir de mitrailleuses lourdes.
- A 8h30, la 2° donne l'assaut à Sidi-Zid tenu par une compagnie du 6° bataillon d'infanterie tunisien renforcée par une section de mortiers et un peloton de mitrailleuses. Le 6° forme une troupe solide encadrée par des officiers dont la plupart sont issus de Saint-Cyr (à l'instar des autres unités tunisiennes engagées à Bizerte). Ce n'est pas la première fois que le 6° en découd avec les Français. quelques mois auparavant, sous d'autres latitudes et portant le casque bleu de l'ONU, le 6° avait connu des moments épiques devant les "mercenaires" du commandant Faulques.
- Vers 10h00, la compagnie Jacquemin s'empare de son objectif. Après une heure trente de combats acharnés, les paras reprennent leur souffle avant de repartir pour le djebel Zergoun.
- La 3° compagnie pousse vers le djebel Zergoun. Elle y affronte toute la journée le 12° bataillon tunisien. Au contraire de l'action de la 2°, il s'agit d'une multitude d'engagements de courte durée dans les vignobles. La valeur individuelle du para fait la différence malgré la disparité des effectifs. Au crépuscule, la position n'est plus contestée et la compagnie Subregis y passe la nuit.
- Partant de Karouba, le sous groupement Orange, composé de la 4° compagnie du capitaine Gazal et de la CP du capitaine Demetz, progresse vers les cotes 110 et 114 du djebel Bou Halloufa. L'ennemi oppose une résistance acharnée qui bloque les paras pendant trois heures. Un hélicoptère-canon S-58 réussit à se poser in extremis en autorotation après avoir été touché. Les combats ne cesseront que vers 20 heures par la prise des objectifs.
(un tué le para Rapado , un jockey assez célèbre)
PARAS DU 2° et du 3° RPIMa côte à côte.
- Vers 15h00, le 3° RPIMa du colonel Leborgne se pose à Sidi-Ahmed (atterrissage mouvementé en sortant le Cal Violaud , un Lorrain, s’accroche à la carlingue dégoupillant accidentellement sa grenade OF, ne pouvant la dégager, il se jettera à l’écart et se fera sauter pour éviter le carnage). Sitôt débarqué, les trois compagnies entrent dans la danse. Ainsi la 2° compagnie du lieutenant Cann (que l'on retrouvera à Beyrouth comme général lors de l'opération Drakkar) vient prêter main forte à la 2/2° RPIMa sérieusement accrochée par le gros du 6° bataillon tunisien au djebel Djaffeur. La 2/3° RPIMa n'est pas de trop dans ce combat inégal. Deux sections du 2° RPIMa sont en passe d'être encerclées. Malgré la demande de Jacquemin, le commandant Mollo garde en réserve la 1° compagnie en cas de mauvaise surprise tunisienne sur un point quelconque du front.
- Les paras bénéficient tout de même de l'appui des fidèles "casseroles bleues", autrement dit les Corsair de l'aéronavale, qui aèrent le secteur. Enfin, les efforts conjugués des deux compagnies des 2° et 3° RPIMa portent leurs fruits. Etrillé, le 6° bataillon décroche en laissant sur le terrain 80 morts et un arsenal : 200 armes individuelles; 10 mitrailleuses; 4 mortiers et deux canons.
- Un objectif tout désigné attend la 1/2° RPIMa relevée de sa position de réserve vers 16h00. Depuis le matin, à partir de maisons du village de la Pêcherie et de la cimenterie de Sebra, les Tunisiens ouvrent un feu nourri sur les chasseurs bombardiers obligés de survoler cette dernière et sur les positions proches de la base telles que les PC radio.
- Vers 17h00, soutenue par un peloton de M24 Chaffee descendu du Nador, la 1° compagnie, appuyée par une section de Corsair, se lance à l'assaut de la cimenterie. Si les bombes et les roquettes ne rasent pas l'édifice, son utilisation restera problématique pour les semaines à venir...
Les défenseurs survivants se replient, mais les paras subissent un feu violent provenant des hauteurs du parc à Fourrages qui leur occasionne des pertes.
- Un autre objectif d'importance, la gare de Sidi-Ahmed, transformée en place forte, échoit à une compagnie du 3° RPIMA. Le site avait été traité dans la matinée par les Mistral de la 7° EC. Très endommagée, la position est réoccupée par les Tunisiens dans l'après-midi. Sérieusement accrochées par un ennemi retranché, les "casquettes" du 3° RPIMa demandent un appui aérien. Celui-ci leur est délivré par quatre Corsair armés de bombes de 500 livres qui mettent à mal la voie ferrée et détruisent quasiment la gare. Profitant du choc, les paras enlèvent la place qui aura coûté 130 hommes à l'ennemi.
- Au soir du 20 juillet, le prix payé par le 2° RPIMa pour le dégagement de la base se monte à 7 tués et 20 blessés. Les bataillons tunisiens comptent 302 tués, 144 prisonniers, 222 armes légères et 24 armes lourdes perdues, y compris le convoi de camions dont beaucoup tractaient un canon, d'abord traité par les Corsair puis laminé par les Mistral et les Aquilon.
- Dans la matinée du 22 juillet, soucieux d'éviter une nouvelle effusion de sang, l'amiral Amman cherche un arrangement auprès du gouverneur de la ville qui permettrait d'obtenir sans combat le contrôle du goulet toujours obstrué par les Tunisiens. Le gouverneur oppose un refus catégorique à la démarche française.
- Une opération de vive force est alors envisagée. Le COMSTRABI ordonne que l'action soit menée sans appui aérien ou d'artillerie à l'intérieur de la ville. Les consignes données aux paras ne laissent place à aucune ambiguïté. Ils doivent assumer le maximum de risques pour éviter la perte d'une vie civile. Lorsque l'on sait que les effectifs tunisiens sont estimés entre 3000 et 4000 hommes, on mesure le professionnalisme que les 'Léopards" auront à déployer. L'interdiction d'ouvrir le feu sur la ville est réitérée aux pilotes. Eux aussi devront fignoler lors des interventions dans les abords immédiats de Bizerte.
- L'adjoint du colonel Leborgne, le commandant Picherit, prend en main l'action principale. Le fer de lance du groupement repose sur les 3° et 5° compagnies du 3° RPIMa, la 1/2° RPIMa appuyée par un peloton de Chaffee et deux pelotons portés du 80 RIA.
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 19:06
3éme Partie et fin.
COMBAT DE RUES DANS BIZERTE.
Dès le début, les paras se heurtent à une vive résistance. Leur progression, sous un feu violent, vers le mur d'enceinte et la porte de Mateur est couverte par l'aviation.
Vers 14h00, grâce à l'appui des chars, la 3/3° RPIMa enfonce la résistance adverse à la porte de Mateur. La 1/2° RPIMa en profite pour déborder la 3° et s'infiltrer sur la rive nord du goulet
Vers midi démarrage en direction de la porte Mateur, le premier accrochage se fait aussitôt après. Venant d’une mechta entourée d’oliviers et située sur notre gauche sur un petit mouvement de terrain. La 1/3 RPIMa du lieutenant Lorblanchès se fait allumer à la Thompson et au Statti, il faut donner l’assaut. Le Para Michel est cueilli de plein fouet par une rafale de Thompson, le S/c De Frisch est blessé au bras.
Lorblanchès récupérera une carabine US pour se sentir moins nu qu’avec son Mac 50.
Après une halte dans une épicerie près d’un carrefour la progression reprend, en direction de la porte de Mateur.
Arrivé à 250m un déluge de feu nous accueille. Les tunisiens ont aménagé la défense de la porte. Le s/c Nouveau de noir3 est tué.
Le lt Lorblanchès estime à au moins deux compagnies, le nombre des défenseurs. Le lt Pissard envoie un M24 Chaffee, un half track et un obusier en renfort.
L’obusier est inutile, le half track avec un équipage de jeunes appelés sans expérience n’est pas très combatif. .Reste le M24 le lt Lorblanchès tente de lui faire utiliser sa mitrailleuse.
A coup de crosse de fusil contre le blindage il tente de « communiquer » avec le chef de char, en vain.
La progression reprend par binômes couverts par les AA52, soudain presque à distance d’assaut une MG42 se dévoile. Impossible de déboucher.
Devant l’attitude du char et du half track le Sgt Domel bondit sur le char et se met à servir lui-même la 12,7 de tourelle.
L’assaut à la grenade est donné dans la foulée et la porte est prise.
L'arrivée du 3° REI permet de libérer des compagnies paras que Leborgne intègre dans son dispositif. Il partage les appréhensions du colonel Lalande quant au sort des Européens bloqués dans Bizerte.
La 5° compagnie du capitaine de Cugnac, les 4° et 1° compagnies (capitaine Volquemarre et capitaine Heulard), plus la compagnie portée (capitane Teillon ) forment un sous-groupement qui fonce sur les casernes avant que leurs occupants ne les transforment en forteresses.
Profitant de la diversion d'un second peloton de chars descendu du cap Bizerte, les paras de la 2° compagnie franchissent athlétiquement les murs d'enceinte...Avec des planches et des cordes des échelles d’assaut de fortune furent fabriquées. Profitant de l’aubaine le lt Cann, infiltre la 2/3 de Ragouillaux (adj) et la 2/1 de Bertolini(S/lt) les tunisiens ouvre le feu Bertolini se sert de son 75SR pour appuyer Ragouillaux qui s’infiltre dans le bâtiment principal. Pris à revers et démoralisés la plupart des tunisiens se rendent. Le sgt Fresnois sera tué lors de l’assaut.
Les prescriptions draconiennes données aux paras se payent par le sang face à un adversaire fanatisé. Ainsi la 3/3° RPIMa, soumise au feu d'enfer de MG 42 aux limites de la médina et soutenue par un peloton blindé du 8° RIA, arrive vers 20h00 au Vieux-Port et au boulevard de la Marne, qui longe la plage au nord-est de la ville, amputée d'un quart de son effectif.
Un exploit a être réalisé par la 1/2° RPIMa. Débordant par le sud, elle investit les quais, appuyée par des engins de débarquement blindés LCM.
Renouvelant le fait d'armes des hussards de la République capturant la flotte hollandaise bloquée dans les glaces du Texel, la 1° compagnie s'empare de l'escorteur Destour et de la vedette Istiqlal.
Un deuxième groupement qui comprend la 4/2° RPIMa progresse sur la rive sud du goulet. Il est stoppé par une forte résistance, vers 15h00, au carrefour des routes Menzel-Abderahman ben Nego. Bénéficiant de l'appui d'un renfort de chars et d'une intervention aérienne tactique, les paras et un peloton porté du 8° RIA brisent l'opposition vers 16h30. Le groupement atteint l'entrée du goulet à la tombée de la nuit et la 1° compagnie s'empare de deux bacs sur la rive sud.
Amarante, un troisième groupement aux ordres du capitaine de Boisboissel, regroupe deux compagnies du 2° RPIMa appuyées par le peloton d'automitrailleuses de la BAN de Karouba. Lors du débordement de la ville par le nord en direction du Koudiat, le groupement est arrêté à deux reprises.
La première fois, il se dégage avec l'aide d'une patrouille de Corsair qui intervient à la roquette et au canon ; la seconde fois, avec ses propres moyens, c'est-à-dire au corps à corps. En fin d'après-midi, de furieux tirs d'artillerie au cimetière musulmans occasionnent des pertes et font prendre du retard aux paras, qui remettent au lendemain le mouvement vers le fort d'Espagne.
Enfin, dans la zone sud, après avoir couvert un important transport ferroviaire de munitions, les forces nettoient les bois des francs-tireurs qui s'y abritaient.
Le samedi 22 juillet, le groupement principal reprend sa progression à 08h00 pour s'emparer vers midi des casernes Maurand et Philebert.
Dans l'après midi, les combats sont toujours acharnés. De nombreux centres de résistance doivent être réduits un par un avec l'aide des blindés, notamment avenue Bourguiba.
Le groupement Amarante investit le Koudiat et contraint la garnison à la reddition. La 2/2° RPIMa, appuyée par les 57 SR de la 2/3° RPIMa, attaque le fort d'Espagne dont la porte est enfoncée par les obus des automitrailleuses de Karouba. Malgré les rafales d'armes automatiques postées sur les terrasses de la Médina, la 2° s'engouffre dans la cour du fort, qui tombe après un bref et violent corps à corps.
Ayant débarqué à l'aube sur la rive sud du goulet, en baie des Carrières, des éléments du 3° REI se joignent au deuxième groupement (4/2° RPIMa, chars, peloton du 8° RIA) pour le nettoyage de Zarzouna et de l'isthme de Menzel Djemil.
Dans le cadre d'une action dissuasive contre une éventuelle action de l'ALN, les autres éléments du 3° REI poussent jusqu'au pont de l'oued Tindja et s'assurent des hauteurs avoisinantes.
Quant au 8° régiment de hussards, débarqué vers 16h00, il rejoint aussitôt les positions du 3° REI à l'ouest.
CESSEZ-LE-FEU LE 23 JUILLET A 1 HEURE
La destruction des obstructions bloquant le goulet par une équipe de la marine nationale rétablit la liberté des communications maritimes de la base avec l'extérieur. Le premier, l'escorteur d'escadre Maillé-Brézé vient s'amarrer dans le port de guerre, imité à 14h30 par d'autres unités de l'escadre de Toulon.
Dans la soirée, les négociations engagées entre le gouverneur et l'amiral Amman débouchent sur un cessez-le-feu effectif le 23 juillet à 1 heure. La base stratégique est dégagée et les communications aériennes et maritimes sont libres. A l'exception de la route Bizerte - Sidi-Abdallah, toutes celles qui relient les différentes installations sont sous le contrôle des Français. De même, les quartiers de la ville permettant de contrôler le goulet. Seule, la médina reste aux mains des Tunisiens.
Le 1er octobre 1961, à la suite d'un accord entre les deux gouvernements, les troupes fraçaises et tunisiennes regagneront leurs positions initiales.
LE BILAN
- Pour le 3° RPIMa : 9 tués et 73 blessés.
- Pour le 2° RPIMa : 17 tués et 40 blessés.
Les pertes tunisiennes sont impressionnantes :
- environ 700 morts et un nombre similaire de prisonniers.
- 8 canons de 105 mm, 12 canons de 77 mm, 21 lance-roquettes, 4 canons de 57 mm, 2 canons de 20 mm, 43 mitrailleuses lourdes, 14 mortiers de 81 mm, environ 600 armes individuelles et deux navires de guerre, l'escorteur Destour et la vedette Istiqlal, vite restitués, au grand dam des amateurs de trophées du 2° RPIMa.
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 19:11
Merci René. Je vais lire l’article avec intérêt. Lors de l’accession à l’indépendance, des accords avaient été conclus entre Bourghiba et les autorités françaises avaient été signées garantissant l’utilisation de la base. Le destour a voulu son coup d'éclat croyant que la France occupée en Algérie n’allait pas réagir. Mauvais calcul.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
marienneau jean-michel membre confirmé
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Lun Juil 24 2023, 23:12
Nous sommes le 24 juillet, il y à 62 années le cessez le feu était en vigueur, mais à Sidi-Abdallah dans des feuillus malgré 2 ratissages, la nuit des harcèlements sporadiques entre le dépôt et l'hôpital continuaient, ma section tenant un barrage routier donnant accès à l'arsenal à cet endroit répondait facilement aux tirs avec des balles traçantes, beau spectacle, mais en retour nous étions allumés pareillement; nous n'avions aucun moyen de communication avec la Cie de garde de Zarzouna située sur les hauteurs, ni d'ailleurs avec les autre sites extérieurs à l'arsenal, et seulement au matin du 25 une section de half-tracks qui patrouillait nous appris qu'ils avaient été allumés à l'heure où nous avions commencés à répliquer, et qu'ils avaient répondu à leur tour.
Donc après des tirs inconnus, nous nous étions réciproquement tirés dessus entre Français, à partir du 26 nous fûmes équipé d'un SCR 300 qui faisait un bruit important.
Les journées suivantes, les paras du 2 patrouillaient régulièrement en une longue file de jeep canon et stoppés à notre barrage, nous discutions et avions des nouvelles de la base.
Je fus invité plus tard par eux pour fêter la Saint Michel à Karouba où La Pêcherie, je ne me souvient plus, en tout cas de l'autre côté du lac, que je rejoignait par embarcation, la route étant toujours aux mains des Tunisiens. Ambiance où je voyais des paras heureux en opération, je revenait le lendemain matin un peu fatigué !...
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Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mar Juil 25 2023, 19:25
QQ commentaires de ceux qui étaient à Bizerte
Le coffre-fort de la fameuse cimenterie, contenant la paie des ouvriers, ne résistera pas à une charge de plastic bien appliquée...
Et dans les jours suivants, le lieutenant (et futur général) Pagni, verra affluer un grand nombre de paras ... Venant payer leurs dettes de foyer accumulées et cours des mois précédents...
Il établira un cours de change officieux, au double du cours légal, ce qui ne refroidira pas l'ardeur des payeurs...
**** Pour rembarquer, bien entendu, fouille générale par nos amis en Képi...
...Les toilettes du port étaient tapissées de ces fameux dinars, on y trouvait aussi moultes Colts 45 et autre babioles...
Suffisait de se baisser... Quant à les embarquer ... Les pandores veillaient...
Par contre les Corsairs, qui décollent avant d'entrer au port et ne passent donc a travers les contrôles ont permis, dans leurs caissons à munitions, de ramener quelques souvenirs...
On nous devait bien cela, car aucune commémo ni aucune agrafe n'a été créée... Les temps ont bien changé...
A défaut de commémo on a les souvenirs que l'on peut...
****
Pas de Légion d'Honneur, une MM, une VM, et pas d'Invalides ni de pont Alexandre III pour ces 26 là ...
Juste les GMC...
...Ils n’étaient que 26...
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Porte Mateur, nous avons eu tout de suite des pertes, Nouveau est tué... L’équipage du Chaffee est terrorisé, sans Domel nous y laissions vraiment des plumes
**********
En ce qui concerne Bizerte, j'ai quitté la Tunisie fin 59, car mon père qui travaillait à l'UET, l'EDF de Tunisie, fut remercié. Nous habitions Sousse à l'époque. Bien le bonjour chez vous. Amicalement.
*********
Non pas à ceux de Suez, c'était loin et oublié, d'autres évènements avaient comblé la plaie, par contre quel revanche de casser du bou...l, de rentrer dans la tronche de ceux qui avait soutenu les fells et nous tiraient depuis l'autre côté du pointillé.
C'était la revanche de la guerre faussement perdue en Algérie...
Nous avons montré ouvertement que nous étions les plus forts. Ce fut malgré de durs combats une bouffée d'oxygène. Il ne faut pas oublier de remettre cela dans le contexte de l'époque. Le putsch venait d'avoir lieu, des régiments paras avaient été dissous, les autres sous la surveillance de "l’œil de Moscou" même des pandores devant les quartiers des fois que l'on " trafiquerait" du harki... ou de l'OAS...
En clair, pas bon d'être para, et soudain, on existe de nouveau...
Personne n'a pensé à une duplicité du style : l'armée tunisienne va casser du para ce sera toujours ça de moins... L'idée est venue plus tard.
Non, modestement, nous savions que nous étions les plus fort et on allait une fois encore le démontrer.
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Une cérémonie s'est déroulée à l'ETAP, matin 20 juillet 2021, en présence notamment d'Anciens des 2e et 3e RPIMa
Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: 19 JUILLET 1961 ,MA BATAILLE de BIZERTE . Mar Juil 25 2023, 23:00
Les canons antichars tunisiens capturés sont de type soviétique ?