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| BIZERTE JUILLET 1961 | |
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Invité Invité
| Sujet: BIZERTE JUILLET 1961 Dim Déc 16 2007, 15:37 | |
| Les raisons de Bourguiba Comment expliquer le bellicisme du président bourguiba, le plus francophile des dirigeants arabes de l'époque? Partisan de l'indépendance algérienne, Bourguiba la conçoit néanmoins dans le cadre d'une association avec la France. Or, ses amis modérés du GPRA, dont le chef de file est Ferhat Abbas, sont en perte d'influence. Pour s'affranchir, un coup d'éclat serait un gage pour l'avenir politique de bourguiba. Au sein de son propre gouvernement, Bourguiba redoute Taieb Mehiri et Mongi Slim. Ministre de l'intérieur et le premier est le phare des jeunesses destouriennes et a sous ses ordres la garde nationale; le second délégué à l' ONU, a acquis une envergure internationale. Pour rester leur leader, Bourguiba doit attaquer Bizerte. Le drapeau tunisien planté sur la borne du km 233 symbolise la revendication d'une partie du pétrole saharien. Au premier degré, il s'agit d'une atteinte à l'intégrité d'un territoire Fraçais. En réalité, l'indépendance de l'Algérie n'étant plus qu'une question de temps, l'attitude tunisienne est un coup porté au FLN, qui considère le désert comme partie intégrante de l'Algérie. Enfin, ce coup de force ne permet plus aux adversaires du président tunisien de le faire passer aus yeux du monde arabe comme un fantoche de l'Elysée. La crise Les prémices de la bataille de Bizerte remontent à la mi-juin 1961. A ce moment, des travaux sont menés sur le terrain d'aviation de Sidi-Ahmed, afin d'adapter la piste d'atterrissage aux Mystère IV que la 7e EC s'apprête à percevoir. Bien que travaillant dans le périmètre de la base, le 13 juin, les ouvriers tunisiens se voient menacés par des gardes nationaux tunisiens. Le 15, nouvelle escalade dans la guerre des nerfs; des militaires français ayant pris la relève des ouvriers locaux sont sommés, sous la menace, de regagner leur cantonnement. Le 29 juin, des Tunisiens entreprennent la construction d'un mur de pierre à la limite des barbelés, dans l'axe de la piste de Sidi-Ahmed. Le 4 juillet, 1500 volontaires tunisiens commencent à creuser des tranchées à quelques mètres des barbelés, le long de la route qui suit la limite ouest de la base. Deux jours plus tard, des manifestations « spontanées » éclatent dans la ville pour réclamer l'évacuation. Une foule de 4000 personnes environ, composée d'hommes, de femmes, d'enfants, de vieillards, défile inlassablement. Dès le 8 juillet, l'armée tunisienne manifeste sa présence aux alentours immédiats de Sidi-Ahmed. Le creusement des tranchées se poursuit au point de former un véritable réseau en certains endroits. A proximité de la gare, un mortier est mis en batterie. Si le poids de la menace se porte principalement sur la base aérienne, les autres établissements militaires français n'en sont pas moins aux premières loges. Les piquets de garde de Sidi-Abdallah et de la Pêcherie ont droit à leur quota de défilés civils ou de jeunessse destouriennes en treillis. De fait, le climat, d'abord hostile, devient carrément haineux. Les établissement hospitaliers de Bizerte et de Menzel-Bourguiba sont évacués en prévision du « sang qui va couler ». En contrepartie, dans la plaine, des hôpitaux de campagne frappés du croissant rouge abritent des bidasses désoeuvrés. A pied, à bourricot, en car, par le train, les « volontaires » affluent dans les casernes de Bizerte, créant autant de problèmes d'hygiène que d'intimité... Le 17 juillet, lors d'une allocution matinale devant l'Assemblée nationale tunisienne, le président Habib Bourguiba annonce que la Tunisie reprendra à partir du 19 juillet la lutte avec les procédés qui avaient été mis en oeuvre après l'incident de Sakiet-Sidi-Youssef; que des patrouilles tunisiennes seront envoyées sur Gaaret et Hamel pour planter le drapeau national sur la borne 233. Pendant que les « volontaires » subissent un entraînement militaire, les troupes tunisiennes resserrent leur pression autour de la base aérienne. Les tranchées se prolongent, tandis que des emplacements de combat et des barrages sont aménagés fébrilement. Sur les routes conduisant aux établissements militaires français, la circulation est sévèrement contrôlée. Conformément aux déclarations de Bourguiba, toutes les installations qui forment la base stratégique se trouvent isolées les unes des autres le 19 juillet. En zone sud, l'armée tunisienne occupe les collines surplombant Sidi-Ahmed et le goulet. La gare et la cimenterie, qui constituaient des points névralgiques, deviennent des camps retranchés où des pièces d'artillerie sont mises en batterie Le plan français et la situation internationale Le plan de sauvetage de Bizerte comporte deux options: A: Dans le cadre d'une affaire strictement franco-tunisienne, les paras sautent pour dégager la base et l'escadre se porte à la rescousse. B: dans l'éventualité d'une collusion militaire algéro-tunisienne , des divisions mécanisées d'Algérie franchiront la frontière pour attaquer les bases et cantonnements de l'ALN, avant de gagner Bizerte, puis Mateur. Même si de gaule et l'état-major n'ont jamais décidé de garder Bizerte, ce que n'ignorent pas les tunisiens, Paris est décidé à se battre. En cela réside l'erreur de calcul de Bourguiba, qui estimait que la disproportion des forces ôtait toute inisiative à l'amiral Amman et que le gouvernement français n'oserait envoyer des renforts pour ne pas aggraver les choses. La situation est précaire pour les militaires français, car, contrairement à Gibarltar qui peut vivre en autarcie, les barrages ont transformé la base en un camp ,d'internement dont les défenseurs sont disséminés dans les diverses installations sur un périmètre de 40 km. Les soldats français ne se battront pas seulement pour les couleurs ou pour le principe; les impératifs de la défense nationale priment sur la décolonisation. Outre sa situation strtégique pour le contrôle du trafic méditrranéen, Bizerte est une sonette reliée par cable coaxiale à la base américaine et Stratégic Air Comand de Nouaceur, au Maroc. En cas d'attaque d'avions ou de fusées venant de l'Est, le préavis donné par Bizerte déclenchera la riposte des bombardiers strtégiques américains. A ce titre, l' OTAN a investi dans la construction des centraux souterrains. De Gaulle bénéficie du soutien unanime des différents ministères et services américains. « je ne vois pas pourquoi on céderait Bizerte alors que l'on ne céde pas à Berlin », a dit de Gaulle. COUP D'ARRET A BIZERTEAmiral Amman Ce n'est pas parce qu'il était résigné à la perte de l'Algérie que le gouvernement français allait admettre que la Tunisie indépendante puisse bloquer la base stratégique de Bizerte. Le 19 juillet 1961, les parachutistes coloniaux du 2e et du 3e RPIMa interviennent et brisent le blocus de Bourguiba. « Je vous parie ce que vous voulez qu'il n'y aura pas un coup de feu tiré », déclare le pacha de la 17F au commandant Condroyer. A 15h25, ce 19 juillet 1961, soit trente secondes après cette phrase péremptoire, des mitrailleuses lourdes tunisiennes tirent sur une Alouette II décollant de Sidi-Ahmed puis, quelques instants plus tard, sur une patrouille de Corsair de l'aéronavale. Un sourire éclaire le visage du commandant de la BAN de Karouba à la seule pensée que s'il avait tenu le pari... garde nationaux tunisien Vite, la gravité de l'heure reprend le dessus. La partie de bras de fer entre la France et la Tunisie pour la possession du complexe militaire de Bizerte vient de s'engager. Beaucoup de Français ne croyaient pas en l'épreuve de force qui s'annonçait dès la mi-juin. Du bluff, ainsi résumait-on la situation. Même après l'annonce par Radio-Tunis, à 13h30, que le gouvernement tunisien donnait l'ordre de tirer sur tout aéronef militaire français violant l'espace aérien tunisien. Les premiers coups de feu raniment l'inquiétude en raison de la faiblesse des effectifs de la défense. Toutefois, Paris informe le QG du vice-amiral d'escadre Amman, commandant supérieur de la base stratégique de Bizerte, que deux régiments de parachutistes sont désignés pour rétablir la situation. Un premier largage est prévu ce jour même, le 19 juillet, vers 18 heures. 19 juillet 1961, 18h15: GO! saut sur Bizerte Bravo les gars! s'exclame le commandant de la BAN de Karouba. Le spectacle des coupoles de parachute est grandiose, prenant même, pour la plupart des officiers de l'état-major de la base, aux premières loges sur la terrasse de Merazig. Depuis quelques minutes, 24 Nord 2501 venant de Blida et d'Oran orbitaient au-dessus de la base. De son PC volant, le commandant Mollo est en contact avec le COMSTRABI (commandement de la base stratégique de Bizerte). A la lumière des informations de l'amiral Amman, Mollo lâche le « Go! » fatidique à 18h15. Par un vent de 6m/s, les 1ère et 3e compagnies du 2e RPIMa sautent entre les pistes. Les premières voilures se déploient alors que des rafales de mitrailleuses parviennent des positions tunisiennes. Malgré la densité du tir, les 272 paras se regroupent sans trop de difficultés. Les capitaines Tartera et Subregis entraînent leurs compagnies et assurent la protection des zones nord et est du terrain. Six Noratlas en profitent pour atterrir. Ils sont pris à partie par un canon de 77mm. Des tirs de mortier sont dirigés sur la 3ème compagnie. D'autres obus tombent sur les bâtiments de Sidi-Ahmed, tuant deux Français et en blessant 23. A Karouba, un projectile inerte perfore le toit du hangar de la 5S (escadrille de l'aéronavale) et endommage un SO-95 Bretagne. Les hélicoptères de l'ALAT qui évacuent les blessés graves sur l'hôpital de Sidi-Abdallah se font mitrailler sur l'aire d'atterrissage de l'établissement. A 18h42, la seconde vague de Noratlas se présente à l'atterrissage. Au roulage, l'appareil de tête se fait tirer par des armes automatiques et des canons de campagne. Les autres transports dégagent vers les alvéoles en tentant d'éviter les projectiles. L'un d'eux fait mouche et détruit un bimoteur. Onze parachutistes sont blessés. Jusqu'à présent, aucune riposte française à la provocation tunisienne n'a été autorisée. Vers 18h30, l'amiral Amman donne l'autorisation d'ouvrir le feu où cela s'avère nécessaire. La formation de Corsair de la 17F qui assure la couverture aérienne depuis le décollage à 16h50 ne se le fait pas répéter. C'est parti, les kikis! Lance par radio le chef de patrouille dont la patience s'émoussait au rythme du régime de son moteur. En deux sections de trois appareils, les Corsair piquent pour traiter la partie ouest du terrain. Un canon s'inscrit dans le collimateur allumé d'un chasseur. Pression du pouce sur le sélecteur de tir. Maintenant! Une salve de roquettes file vers l'objectif. Vision fugitive des servants qui détalent. Ressource de l'oiseau bleu. Le pilote ne distingue plus la cible saturée par les explosions. Les personnels techniques sont aux anges. Pour une fois, les humbles, ceux du cambouis, les « rampants », voient le résultat de leur labeur. Près de la cimenterie, une seconde attaque des Corsair fait sauter un dépôt de munitions. Lors d'un passage en rase-mottes, les pilotes surprennent des files de gardes nationaux coiffés d'un casque allemand, vestige de l'Afrikakorps, progressant vers la base. Les chasseurs vident leurs soutes avant de rentrer au bercail. Le soir, les armuriers font les comptes: 530 obus de 20mm et 18 roquettes ont été tirés. Entre-temps, ayant débarqué des Nords 2501, les compagnies du 2e RIPMa s'affairent aux missions qui leur sont assignées. La défense de Sidi-Ahmed est confiée à deux compagnies, deux autres assurent celle de Karouba, les deux dernières vont à la base navale de la baie Ponty. suite ....... |
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| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Dim Déc 16 2007, 15:39 | |
| Les forces en présence A quelques heures de l'ouverture des hostilités, les forces tunisiennes comprennent: 5e,6e,7e et 12e bataillons d'infanterie 5 batteries d'artillerie aux 5000 réguliers s'ajoutent 200 gardes nationaux et près de 6000 militants des jeunesses destouriennes, constitués en unités paramilitaire sommairement armées mais fanatisés. Du côtés Français la défense repose principalement sur le : 8e RIA, une vingtaine de chars M24 Chaffee, une trentaine de sections de défense levées à partir d'effectifs prélevés parmi les unités de l'air et de la marine, la 7e EC et les 11F, 12F et 17F au potentiel tronqué. Forces d'intervention: 2e RPIMa, 3e RPIMa, 3e REI, 8e RH. Saint-cyriens contre saint-cyriens... La nuit tombée, le personnel reste aux postes de combat. Les messages annonçant les mouvements de troupes et de camions ennemis affluent. De plus, le goulet est bloqué par les Tunisiens à l'aide de gros fils d'aciers tendus entre les deux rives. Vers 1 heure, des groupes de Tunisiens ouvrent le feu sur la porte de l'arsenal de Sidi-Abdallah. Les heures suivantes, leur pression ne fait qu'augmenter. A 4 heures, un violent tir de mortier s'abat sur la base de sidi-Ahmed et crible d'éclats cinq appareils. Pour parer à la menace sur l'arsenal, la CA du lieutenant Buisson est transportée en LCM à Sidi-Abdallah. Elle arrive alors que la « porte de Bizerte » (porte de l'arsenal) succombe sous les charges creuses de LRAC. Les 20mm de l'escorteur côtier l'EFFRONTE entrent en action. Mais l'intervention déterminante revient à une section de Corsair dont les roquettes et un straffing au canon font un carnage parmi les assaillants. Les débris humains seront si nombreux qu'il faudra les déblayer au bulldozer. La CA du 2e RPIMA, avec les sections de défense de la zone sud, consacre la journée du 20 au dégagement de l'accès de l'arsenal. Les Tunisiens se replient en combattant. C'est par un assaut que les paras s'emparent de chaque barricade. Des éléments adverses tenaces s'incrustent dans les parties boisées du secteur. Entre 5h30 et 6 heures, appuyées par la chasse et les 105 de Karouba, les compagnies du 2e RPIMa franchissent les barbelés du terrain de Sidi-Ahmed pour s'assurer des collines avoisinantes, au nord et à l'ouest, d'où l'ennemi tire sur l'aérodrome. Les paras de la 2° compagnie du lieutenant Jacquemin sont soumis à un pilonnage d'artillerie et au tir de mitrailleuses lourdes. A 8h30, la 2°Cie donne l'assaut à Sidi-Zid tenu par une compagnie du 6e bataillon d'infanterie tunisien renforcée par une section de mortiers et un peloton de mitrailleuses. Le 6e forme une troupe solide encadrée par des officiers dont la plupart sont issus de saint-Cyr. Ce n'est pas la première fois que le 6° en découd avec les Français. Quelques mois auparavant, sous d'autres latitudes et portant le casque bleu de l'ONU, le 6e devait des moments épiques aux « mercenaires » du commandant Faulques. Vers 10 heures, la compagnie Jacquemin s'empare de son objectif. Après une heure trente de combats acharnés, les paras reprennent leur souffle avant de repartir pour le djebel Djaffeur. La 3° compagnie pousse vers le djebel Zergoun. Elle y affronte toute la journée le 12e bataillon tunisien. Au contraire de l'action de la 2°Cie, il s'agit d'une multitude d'engagements de courte durée dans les vignobles. La valeur individuelle du para fait la différence malgré la disparité des effectifs. Au crépuscule, la position n'est plus contestée et la compagnie Subregis y passe la nuit. Partant de Karouba, le sous-groupement Orange, composé de la 4°compagnie du capitaine Gazal et de la CP du capitaine Demetz, progresse vers les cotes 110 et 114 du djebel bou Halloufa. L'ennemi oppose une résistance acharnée qui bloque les paras pendant trois heures. Un hélicoptère-canon S-58 réussit à poser in extremis en autorotation après avoir été touché. Les combats ne cesseront que vers 20 heures par la prise des objectifs. Paras du 2°e et du 3e RPIMa côte à côte Vers 15 heures, le 3e RPIMa du colonel Leborgne se pose à Sidi-Ahmed. Sitôt débarquées, les trois compagnies entrent dans la danse. Ainsi la 2° compagnie du lieutenant Cann vient prêter main-forte à la 2/2e RPIMa sérieusement accrochée par le gros du 6e bataillon tunisien au djebel Djaffeur. La 2/3e RPIMa n'est pas de trop dans ce combat inégal. Deux sections du 2e RPIMa sont en passe d'être encerclées. Malgré la demande de Jacquemin, le commandant Mollo garde en réserve la 1° compagnie en cas de mauvaise surprise tunisienne sur un point quelconque du front. Les paras bénéficient tout de même de l'appui des fidèles « casseroles bleues », autrement dit les Corsair de l'aéronavale, qui aèrent le secteur. Enfin les efforts conjugués des deux compagnies des 2e et 3e RPIMa portent leurs fruits. Etrillé, le 6e bataillon tunisien décroche en laissant sur le terrain 80 morts et un arsenal: 200 armes individuelles; 10 mitrailleuses; 4 mortiers et 2 canons. Un objectif tout désigné attend la 1/2e RPIMa relevée de sa position de réserve vers 16 heures. Depuis le matin, à partir de maisons du village de la Pêcherie et de la cimenterie de Sebra, les Tunisiens ouvrent un feu nourri sur les chasseurs bombardiers obligés de survoler cette dernière et sur les positions proches de la base telles que les PC radio. Vers 17 heures, soutenue par un peloton de M24 Chaffee descendu du Nador, la 1ère coompagnie, appuyée par une section de Corsair, se lance à l'assaut de la cimenterie. Si les bombes et les roquettes ne rasent pas l'édifice, son utilisation restera problématique pour les semaines à venir... Les défenseurs survivants se replient, mais les paras subissent un feu violent provenant des hauteurs du parc à Fourrages qui leur occasionne des pertes. Un autre objectif d'importance, la gare de Sidi-Ahmed, transformée en place forte, échoit à la compagnie du 3e RPIMa. Le site avait été traité dans la matinée par les Mistral de la 7e EC. Très endommagée, la position est réoccupée par les Tunisiens dans l'après-midi. Sérieusement accrochés par un ennemi retranché, les « casquettes » du 3e RPIMa demandent un appui aérien. Celui-ci leur est délivré par quatre Corsair armés de bombes de 500 livres qui mettent à mal la voie ferrée et détruisent quasiment la gare. Profitant du choc, les paras enlèvent la place qui aura coûté 130 hommes à l'ennemi. Au soir du 20 juillet, le prix payé par le 2e RPIMa pour le dégagement de la base se monte à 7 tués et 20 blessés. Les bataillons tunisiens comptent 302 tués, 144 prisonniers, 222 armes légères et 24 armes lourdes perdues, y compris le convoi de camions dont beaucoup tractaient un canon, d'abord traité par les Corsair puis laminé par les Mistral et les Aquilon. Général Leborgne Dans la matinée du 22 juillet, soucieux d'éviter une nouvelle effusion de sang, l'amiral Amman cherche un arrangement auprès du gouverneur de la ville qui permettrait d'obtenir sans combat le contrôle du goulet toujours obstrué par les Tunisiens. Le gouverneur oppose un refus catégorique à la démarche française. Une opération de vive force est alors envisagée. Le COMSTRABI ordonne que l'action soit menée sans appui aérien ou d'artillerie à l'intérieur de la ville. Les consignes données aux paras ne laissent place à aucune ambiguïté. Ils doivent assumer le maximum de risques pour éviter la perte d'une vie civile. Lorsque l'on sait que les effectifs tunisiens sont estimés entre 3000 et 4000 hommes, on mesure le professionnalisme que les « Léopards » auront à déployer. L'interdiction d'ouvrir le feu sur la ville est réitérée aux pilotes. Eux aussi devront fignoler lors des interventions dans les abords immédiats de Bizerte. L'adjoint du colonel Leborgne, le commandant Picherit, prend en main l'action principale. Le fer de lance du groupement repose sur les 3e et 5e compagnies du 3e RIPMa, la 1/2e RPIMa appuyée par un peloton de Chaffee et deux pelotons portés du 8e RIA. Combat de rues dans Bizerte Dès le début, les paras se heurtent à une vive résistance. Leur progression, sous un feu violent, vers le mur d'enceinte et la porte de Mateur est couverte par l'aviation. Vers 14 heures, grâce à l'appui des chars, la 3/3e RPIMa enfonce la résistance adverse à la porte de Mateur. La 1/2e RPIMa en profite pour déborder la 3e et s'infiltrer sur la rive nord du goulet. L'arrivée du 3e REI permet de libérer des compagnies paras que Leborgne intègre dans son dispositif. Responsable de l'opération, il partage les appréhensions du colonel Lalande quant au sort des Européens bloqués dans Bizerte. La 5e compagnie du capitaine de Cugnac, les 4e et 1ère compagnies (capitaine Volquemarre et capitaine Heulard), plus la compagnie portée (capitaine Teillon) forment un sous-groupement qui fonce sur les casernes avant que leurs occupants ne les transforment en forteresses. Profitant de la diversion d'un second peloton de chars descendu du cap Bizerte, les paras de la 2e compagnie franchissent athlétiquement les murs d'enceinte... Les prescriptions draconiennes données aux paras se payent par le sang face à un adversaire fanatisé. Ainsi la 3/3e RPIMa, soumise au feu d'enfer de MG 42 aux limites de la médina et soutenue par un peloton blindé du 8e RIA, arrive vers 20 heures au Vieux-Port et au boulevard de la Marne, qui longe la plage au nord-est de la ville, amputée d'un quart de son effectif. Un exploit va être réalisé par la 1/2e RPIMa. Débordant par le sud, elle investit les quais, appuyée par des engins de débarquement blindés LCM. Renouvelant le fait d'armes des hussards de la République capturant la flotte hollandaise bloquée dans les glaces du Texel, la 1ère compagnie s'empare de l'escorteur Destour et de la vedette Istiqlal. Un deuxième groupement qui comprend la 4/2e RPIMa progresse sur la rive sud du goulet. Il est stoppé par une forte résistance, vers 15 heures, au carrefour des routes Menzel-Abderahman ben Negro. Bénéficiant de l'appui d'un renfort de chars et d'une intervention aérienne tactique, les paras et un peloton porté du 8e RIA brisent l'opposition vers 16h30. Le groupement atteint l'entrée du goulet à la tombée de la nuit et la 1ère compagnie s'empare de deux bacs sur la rive sud. Amarante, un troisième groupement aux ordres du capitaine de Boisboissel, regroupe deux compagnies du 2e RPIMa appuyées par le peloton d'automitrailleuses de la BAN de Karouba. Lors du débordement de la ville par le nord en direction du Koudiat, le groupement est arrêté à deux reprises. La première fois, il se dégage avec l'aide d'une patrouille de Corsair qui intervient à la roquette et au canon; la seconde fois, avec ses propres moyens, c'est à dire au corps à corps. En fin d'après-midi, de furieux tirs d'artillerie au cimetière musulman occasionnent des pertes et font prendre du retard aux paras, qui remettent au lendemain le mouvement vers le fort d'Espagne. Enfin, dans la zone sud, après avoir couvert un important transport ferroviaire de munitions, les forces nettoient les bois des francs-tireurs qui s'y abritaient. Le samedi 22 juillet, le groupement principal reprend sa progression à 8 heures pour s'emparer vers midi des casernes Maurand et Philebert. Dans l'après-midi, les combats sont toujours acharnés. De nombreux centres de résistance doivent être réduits un par un avec l'aide des blindés, notamment avenue Bourguiba. Le groupement Amarande investit le Koudiat et contraint la garnison à la reddition. La 2/2e RPIMa, appuyée par les 57 SR de la 2/3e RPIMa, attaque le fort d'Espagne dont la porte est enfoncée par les obus des automitrailleuses de Karouba. Malgré des rafales d'armes automatiques postées sur les terrasses de la médina, la 2e s'engouffre dans la cour du fort, qui tombe après un bref et violent corps à corps. Ayant débarqué à l'aube sur la rive gauche du goulet, en baie des Carrières, des éléments du 3e REI se joignent au deuxième groupement (4/2e RPIMa, chars, peloton du 8e RIA) pour le nettoyage de Zarzouna et de l'isthme de Menzel Djemil. Dans le cadre d'une action dissuasive contre une éventuelle action de l'ALN, les autres éléments du 3e REI poussent jusqu'au pont de l'oued Tindja et s'assurent des hauteurs avoisinantes. Quant au 8e régiment de hussards, débarqué vers 16 heures, il rejoint aussitôt les positions du 3e REI à l'ouest. Cessez le feu le 23 juillet à 1 heure La destruction des obstructions bloquant le goulet par uen équipe de la marine nationale rétablit la liberté des communications maritimes de la base avec l'extérieur. Le premier, l'escorteur d'escadre Maillé-Brézé vient s'amarrer dans le port de guerre , imité à 14h30 par d'autres unités de l'escadre de Toulon. Dans la soirée, les négociations engagées entre le gouverneur et l'amiral Amman débouchent sur un cessez-le-feu effectif le 23 juillet à 1 heure. La base stratégique est dégagée et les communications aériennes et maritimes sont libres. A l'exception de la route Bizerte - Sidi-Abdallah, toutes celles qui relient les différentes installations sont sous le contrôle des Français. De même, les quartiers de la ville permettant de contrôler le goulet. Seule, la médina reste aux mains des Tunisiens. Le 1er octobre 1961, à la suite d'un accord entre les deux gouvernements, les troupes françaises et tunisiennes regagneront leurs positions initiales. Le bilan Pour le 3e RPIMa, 9 tués et 73 blessés Pour le 2e RPIMa, 17 tués et 40 blessés Les pertes tunisiennes, environs 700 morts et un nombre similaire de prisonnier, 8 canons de 105mm, 12 canons de 77mm, 21 lance-roquettes, 4 canons de 20mm, 43 mitrailleuses lourdes, 14 mortiers de 81mm, environ 600 armes individuelles et 2 navires de guerre l'escorteur Destour et la vedette Istiqlal, vite restitués, au grand dam des amateurs de trophées du 2e RPIMa!!! une pensée pour le Général Leborgne |
| | | Aokas Admin
Nombre de messages : 4031 Age : 83 Date d'inscription : 23/06/2007
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Dim Déc 16 2007, 16:09 | |
| merci bien Charognard33, c'est un épisode en grande partie méconnu de ma part, plus précisément les détails fournis, j'en connais un qui va apprécier ! perso, j'avais un copain d'enfance au 2, il m'a dit qu'ils avaient une AA52 pour 3 hommes....et étaient particuliérement bien équipé et qu'il s'était jamais senti en danger. ___________________________________ ____________________________________Aokas 14ème RCP - 9ème RCP AFN 194658 | |
| | | Aokas Admin
Nombre de messages : 4031 Age : 83 Date d'inscription : 23/06/2007
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Dim Déc 16 2007, 16:36 | |
| un lien en bas de page à droite où se trouve + de 100 photos sur Bizerte :
http://www.commandoguillaume.com/html/fra/page-29.html :salut2: ___________________________________ ____________________________________Aokas 14ème RCP - 9ème RCP AFN 194658 | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Dim Déc 16 2007, 18:26 | |
| Merci Charognard,
Je viens de mettre cela à imprimer, je le lirais demain soir au boulot. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Lun Déc 17 2007, 11:48 | |
| Merci CHAROGNARD , il va falloir que je vous parle de BIZERTE , vu avec mes yeux d'ados de 15ans !!!
Les résultats des tués Tunisiens est fantaisiste !!!!!!
De plus personne ne parle des appels au secours de BOURGUIBA a la radio , cherchant sa garde nationale , équipée comme les waffen ss , anéantis par une compagnie PARAS !!!!! ni de la résistance de ces connards du NEO-DESTOUR , qui tiraient sur les civils Français !!!!!
La PECHERIE , j'y habitais , une compagnie du 3 , était mes potes , mon PERE était a SIDI-HAMED !!!!!
Bon , ça sera pour ++ tard , mais pensez a me le rappeler !!!!! |
| | | Aokas Admin
Nombre de messages : 4031 Age : 83 Date d'inscription : 23/06/2007
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Lun Déc 17 2007, 11:54 | |
| On y manquera pas ! surtout pour la version vécue................ ___________________________________ ____________________________________Aokas 14ème RCP - 9ème RCP AFN 194658 | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Sam Jan 24 2015, 21:50 | |
| Bonjour à tous, je me permets d'ajouter à ce post une photo trouvée dans les archives de mon Grand-Père. C'est cette photo qui m'a conduit sur votre forum. Amitiés, François |
| | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| | | | Invité Invité
| | | | Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Dim Jan 25 2015, 17:52 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: BIZERTE JUILLET 1961 Lun Jan 26 2015, 20:52 | |
| J'ai lu le livre ! belle empoignade mais quelques pertes toujours de trop dans ces combats |
| | | AYEDTAO
Nombre de messages : 49 Emploi : Retraité du M. de Défense Date d'inscription : 07/07/2014
| Sujet: La bataille de Bizerte Lun Jan 26 2015, 23:14 | |
| - Invité a écrit:
- Merci CHAROGNARD , il va falloir que je vous parle de BIZERTE , vu avec mes yeux d'ados de 15ans !!!
Les résultats des tués Tunisiens est fantaisiste !!!!!!
De plus personne ne parle des appels au secours de BOURGUIBA a la radio , cherchant sa garde nationale , équipée comme les waffen ss , anéantis par une compagnie PARAS !!!!! ni de la résistance de ces connards du NEO-DESTOUR , qui tiraient sur les civils Français !!!!!
La PECHERIE , j'y habitais , une compagnie du 3 , était mes potes , mon PERE était a SIDI-HAMED !!!!!
Bon , ça sera pour ++ tard , mais pensez a me le rappeler !!!!! Bonsoir Invité. Ton témoignage m’intéresse personnellement. En ma qualité d'ancien officier de l'Armée Tunisienne je me suis penché sur l'affaire de Bizerte. J'ai réussi à récolter beaucoup de témoignages d'anciens combattants tunisiens ayant participé à cette bataille mais malheureusement pour moi j'ai, jusqu'à maintenant, échoué d'avoir des témoignages de la partie opposée de l'époque. A cet effet, je te demanderais si tu le veux bien, bien sûr, de m'aider à avoir une idée sur ton expérience d'enfant de 15 ans ayant vécu cette bataille. Comment l'avais-tu vécue? Quelle était ton impression de voir tes amis d'avant la bataille devenir brusquement ennemis?........ N'aies pas crainte mon ami, c'est de l'histoire passée et ce que tu ressentais alors n'est plus le même aujourd'hui. Pour l'objectivité de mon travail je suis entièrement disposé à avoir toutes les versions aussi cruelles et blessantes qu'elles soient. Merci d'avance. Amicalement. AYED Taoufik | |
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