En octobre 2017, un avion de transport A400M « Atlas » de l’armée de l’Air effectuait un « atterrissage tactique en conditions opérationnelles » à Madama [Niger], pour le compte de la force Barkhane. Une première pour l’appareil d’Airbus.
Pour autant, cela ne voulait pas dire que cet A400M disposait de l’ensemble des capacités tactiques inscrites dans son cahier des charges. D’ailleurs, peu après, Airbus fit savoir que la mise au point de ces dernières constituaient toujours un « défi complexe ».
Actuellement, et grâce à la mise en oeuvre du plan « Hexagone », 10 des 14 A400M en dotation au sein de la 61e Escadre de Transport disposent d’une partie de ces capacités tactiques, dont un blindage sommaire, un système d’autoprotection ainsi que la possibilité d’atterrir sur des terrains sommaires (et d’en décoller) et de larguer des parachutistes via une porte latérale ou par la rampe arrière.
Le rapport que vient de rendre le député Jean-Jacques Ferrara au sujet des crédits qu’il est prévu d’allouer à l’armée de l’Air en 2019 fait le point sur le développement des capacités tactiques de l’A400M, dont les retards ont conduit à l’achat de 4 C-130J Hercules auprès du constructeur américain Lockheed-Martin.
« L’équipe de marque ATT (EM-ATT), implantée sur la base aérienne d’Orléans-Bricy, joue un rôle essentiel dans le suivi du développement des capacités tactiques de l’A400M. Interface entre la DGA [Direction générale de l’armement] et les forces et représentante l’état-major de l’armée de l’air au sein de l’OCCAr [Organisation conjointe de coopération en matière d’armement]dans les discussions sur les évolutions souhaitées par les forces, elle a pour mission de s’assurer que l’A400M est apte à remplir les missions qui lui seront confiées », a d’abord tenu à rappeler le député.
Premier point : le blindage. Jusqu’à présent, la priorité a été donnée à la protection des équipages. Désormais, des « améliorations » sont attendues sur d’autres parties de l’A400M.
Ensuite, s’agissant des systèmes d’autoprotection, « l’accroissement des capacités en matière de leurres et de contre-mesures dépend en partie des livraisons en provenance de l’industriel, Lacroix », indique M. Ferrara. Cela étant, des travaux « complémentaires en matière de sécurité des systèmes d’information » doivent encore être menés sur les systèmes de détection de missiles et de radars.
« Le largage de parachutistes en ouverture retardée, qu’il s’agisse d’une ouverture basse ou d’une infiltration sous voile est maîtrisé, par une porte latérale ou la tranche arrière », a assuré le parlementaire. Une qualification pour le largage sous oxygène est attendue pour 2019. Enfin, celle relative au largage de 40 à 80 parachutistes en ouverture automatique par les portes latérales devrait être obtenue d’ici la fin de cette année, voire au début de la suivante.
Toujours d’ici la fin 2018, le vol sous jumelles de vision noctune [JVN] devrait être confirmée et l’autorisation pour utiliser jusqu’à 6 plateformes en résine afin de pouvoir larguer du fret par gravité pourrait être accordée. « L’EM ATT a par ailleurs développé en interne un logiciel de calcul du point de largage sur tablette », précise M. Ferrara.
Par ailleurs, l’EM ATT s’attache à améliorer la protection de l’A400M, en particulier au niveau des antennes et du fuselage, pour l’atterrissage sur terrain sommaire, que la 61e Escadre maîtrise, comme l’a démontré la mission conduite l’an passé au Niger. Pour le poser d’assaut, des essais sont en cours depuis 2017. L’obtention de la qualificiation pour cette capacité est espérée pour 2019.
Mais le gros dossier est celui du ravitaillement en vol. Pour le moment, l’A400M est en mesure de ravitailler le Rafale. L’an prochain, il devrait être qualifié pour en faire de même avec les Mirage 2000. En revanche, il ne faudra pas attendre de miracle pour le ravitaillement en vol des hélicoptères : cette capacité, dont le retard a justifié l’acquisition de deux KC-130J Hercules, ne sera pas disponible d’ici 2022.
En outre, le député n’a pas manqué d’aborder le sujet de la disponibilité – insuffisante – de l’A400M, cette dernière s’étant élevée, au premier semestre, à 3,2 avions en moyenne (sur 14).
« Ajourd’hui, l’A400M vole, et les équipages qui le mettent en œuvre ne cessent de vanter ses qualités, parfois encore au futur de l’indicatif… », a relevé M. Ferrara. Pour autant, ce dernier ne veut pas céder au pessimisme.
« Malgré l’importante indisponibilité des A400M dans les premières années de sa mise en service, il y a des raisons d’être confiant. En effet, à mesure de sa maturation, la flotte A400M devrait atteindre des taux de disponibilité de plus en plus satisfaisants. […] À terme, l’on pourrait ainsi être en mesure d’atteindre des taux de disponibilité de 70% pour l’A400M », a estimé le député.
Photo : armée de l’Air