La Nouvelle politique de rémunération des militaires [NPRM] est un chantier aussi délicat que compliqué à mettre en oeuvre dans la mesure où de nombreux paramètres entrent en jeu, dont celui de la réforme des retraites, dont on ignore encore comme elle s’appliquera aux militaires… Il s’agit également de faire le tri parmi les 174 primes qui existent actuellement et dont certaines sont désormais désuètes.
Pour cette réforme, les responsables du ministère des Armées n’ont évidemment pas le droit de se louper. Et pour cela, il leur a fallu se fixer des objectifs clairs, comme l’a expliqué Jean-Paul Bodin, le Secrétaire général pour l’administration, qui est à la manoeuvre.
« Nous sommes à peu près clairs sur les objectifs : : il faut assurer la réalisation des contrats opérationnels, en garantissant l’attractivité des emplois, redonner de la lisibilité à la rémunération des militaires, sortir d’un système difficilement décryptable dans lequel coexistent plus de 170 primes, répondre aux impératifs de gestion des ressources humaines, fiabiliser les modalités de calcul de la solde et garantir une bonne maîtrise de la masse salariale », a ainsi détaillé M. Bodin, lors de son dernier passage devant les députés de la commission de la Défense.
« L’idée générale est de substituer au système complexe de plus de 170 primes un dispositif beaucoup plus clair », a encore insisté le SGA.
Pour atteindre ces objectifs, il est question de répartir l’ensemble des primes et indemnités selon huit thèmes.
Le premier porte sur la sujétion et obligations du militaire. « Cela correspond à la compensation de la disponibilité attendue des militaires. Aujourd’hui, l’élément de compensation principal est l’indemnité pour charge militaire : la question est de savoir comment la faire évoluer », a déclaré M. Bodin.
Viennent ensuite les thèmes « parcours professionnels et exercice de responsabilités, « engagements opérationnels », « activités spécifiques de milieu » (qui concerne, par exemple, les sous-mariniers et les personnels navigants), « qualifications et compétences » (soit les primes prévues pour éviter le départ vers le civil des personnels qualifiés), « mobilité », « garnison » (les indemnités de résidence » et « commandement et performances ».
S’agissant de la dernière catégorie, M. Bodin a expliqué qu’elle concerne « la valorisation des postes de commandement et de responsabilité ». Et d’ajouter : « Il est en effet possible, dans le déroulement des carrières, d’avoir un grade supérieur et un poste de commandement et de perdre en rémunération en fonction par exemple des postes occupés en administration centrale ou sur le terrain : il y a là certaines disparités qu’il faut veiller à corriger. »
Quant au thème « mobilité », l’enjeu porte sur la façon « d’indemniser la mutation de façon plus simple et homogène », ce qui donne matière à une réflexion sur les « actions à mener en matière de politique du logement », la question étant de savoir s’il est « opportun d’apporter une aide à la pierre ou à la personne. »
« Nous nous sommes aperçus que l’aide à la personne ne permettait pas de répondre aux tensions rencontrées par exemple en région parisienne et dans certaines grandes agglomérations et qu’il fallait un mix, c’est-à-dire à la fois un parc de logements réservés pour le personnel et des primes visant à compenser la mobilité », a expliqué le SGA.
Photo : Ministère des Armées