En janvier, la Direction générale de l’armement (DGA) a confié à un groupement, constitué essentiellement par Safran Electronics & Defense et la PME Effidence, le soin de réaliser une étude visant à « préparer la future capacité de robots des unités de combat de l’armée de Terre », dans le cadre du programme FURIOUS (FUturs systèmes Robotiques Innovants en tant qu’OUtilS au profit du combattant embarqué et débarqué).
Selon les explications données par la DGA, la possibilité que ces robots terrestres puissent être armés n’a pas été évoquée. Leurs missions, a-t-elle avancé, se limiteront à « la reconnaissance d’une zone, l’exploration de bâtiments et le transport de matériels. »
Cela étant, rien ne dit que l’armée de Terre n’envisage pas de se doter de robots terrestres armés, à l’image de ceux qui ont récemment été évalués par l’US Marine Corps (USMC). En effet, l’étape 2 du programme SCORPION prévoit de permettre aux forces terrestres d’élargir et de renforcer leurs capacités de contact grâce aux technologies futures. Et la « robotique de contact » y aura donc toute sa place.
En outre, l’état-major de l’armée de Terre, est actuellement de travailler sur un document qui, intitulé « L’exercice du métier des armes, fondements et principes », doit aborder les questions éthiques et déontologiques dans le cadre du « combat du futur ». Comme l’a précisé son chef (CEMAT), le général Jean-Pierre Bosser, il abordera « des thématiques nouvelles comme les questions éthiques liées à l’emploi des robots. »
Or, utiliser des robots pour des opérations de déminage (comme les DROGEN, Cobrat Mk2 ou autres MINIDROGEN), comme le fait depuis maintenant longtemps les démineurs du Génie, ne pose pas de questions éthiques particulières. Ce qui n’est pas le cas de robots armés.
Visiblement, au cours de ces prochaines années, il sera beaucoup question de robots, et notamment de ceux qui seront potentiellement armés.
Ainsi, le projet de Loi de programmation militaire 2019-2025, les crédits alloués chaque année aux études amont passeront de 700 millions à 1 milliard d’euros en 2022. Et la part pour la recherche et le développement (R&D) pour le secteur terrestre devrait être portée à 100/120 millions, d’après Stéphane Mayer, le Pdg de Nexter.
Interrogé sur les prochaines « briques technologiques » qu’il faudra développer pour les besoins des forces terrestres lors de sa dernière audition par les députés de la commission de la Défense, M. Mayer a estimé que la robotique devrait être un axe de recherche prioritaire, au même titre, d’ailleurs, que l’intelligence artificielle, afin de développer des véhicules blindés pouvant être autonomes.
« Aujourd’hui, rien n’est décidé mais le concept technologiquement abordable qu’est le robot armé, déclenché à distance comme le drone armé, toujours sous le contrôle humain, pourrait [permettre] d’aller […] en avant-garde pour détecter et neutraliser une menace sans exposer de combattants », a expliqué M. Mayer, qui a également évoqué les robots de reconnaissance et de transport.
La robotique terrestre est un « axe de recherche important et d’investissement, à mon avis, prioritaire », a affirmé le Pdg de Nexter. Mais ce n’est pas tout.
« Comme on va développer autour de ces robots des technologies d’intelligence artificielle, il peut être aussi très pertinent et synergique de mettre plus d’intelligence artificielle dans nos véhicules [blindés, ndlr] pour aider le conducteur dans des situations difficiles », a poursuivi M. Mayer.
Selon lui, l’on pourrait encore plus loin en mettant en point des véhicules sans conducteur, donc autonomes. Une machine de ce type pourrait servir de « leurre à l’avant d’un convoi par exemple », a-t-il fait valoir. Cette technologie, a-t-il ajouté, pourrait être disponible « dans les années qui viennent » et à plus long terme, quand il s’agira de mettre au point le futur char lourd de combat.