En ces temps de remaniement ministériel, l’on ignore encore si Florence Parly sera encore ministre des Armées quand elle reviendra du Tchad, où elle doit rencontrer le président tchadien, Idriss Deby Itno ainsi que le général Frédéric Blachon, qui a pris le commandement de la force Barkhane en août dernier, pour faire le point sur les opérations en cours dans la bande sahélo-saharienne.
À l’antenne de RFI, ce 8 octobre, la ministre a aussi souligné l’importance qu’elle donne à rencontrer les militaires de Barkhane. Ces derniers « mènent des missions extrêmement intenses, avec des résultats. »
« Je voudrais beaucoup insister sur ce point. Depuis le début de l’année, ce sont plus de 130 terroristes qui ont été neutralisés, dont un nombre important de chefs. Puis, surtout, beaucoup de matériels, de munitions et d’armes ont été ‘captées' », a ensuite indiqué Mme Parly.
À la question de savoir ce qu’elle entendait pas « neutralisés », la ministre a semblé hésiter. « Cela veut dire arraisonnés et, cela peut arriver aussi, tués », a-t-elle répondu.
En tout cas, d’après le général Oumarou Sadou, chef d’état-major général des armées burkinabè, la frappe effectuée le 4 octobre par une patrouille de Mirage 2000 français au Burkina Faso, après l’attaque d’une gendarmerie dans le secteur d’Inata, aurait fait au moins 7 tués parmi les jihadistes.
Reste que depuis janvier, la force Barkhane et la Task Force « Sabre » [forces spéciales] ont multiplié les opérations contre du Jamaat Nosrat al-Islam wal-Mouslimin (Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans, GSIM), qui réunit plusieurs organisations jihadistes.
Ainsi, en février, trois raids menés simultanément contre des camps situés entre Boughessa et Tin-Zaouatène ont décimé l’encadrement du groupe Ansar Dine, membre du GSIM. De même que plusieurs « experts » d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ont été tués dans la région de Tombouctou.
Mais c’est contre l’État islamique au Grand Sahara [EIGS], un mouvement distinct du GSIM, que Barkhane a tapé le plus fort, en particulier au printemps dernier, dans la région dite des trois frontières car située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Encore en août, l’un des chefs en vue de cette organisation, Mohamed Ag Almouner, par ailleurs impliqué dans l’embuscade qui coûta la vie à quatre commandos des forces spéciales américaines à Tongo Tongo [Niger], a été tué par un raid aérien.
Cela étant, le général Lecointre, chef d’état-major des armées [CEMA], est réticent à donner ce genre de bilan. « Je refuse toujours d’évoquer le nombre de terroristes mis hors de combat, parce que, j’en suis persuadé, l’efficacité de l’action militaire ne se mesure pas au nombre de pertes chez l’ennemi, pas plus que notre force ou notre faiblesse ne se mesurerait au nombre de pertes que nous aurions subies », a-t-il en effet expliqué lors de son dernier passage devant la commission de la Défense, à l’Assemblée nationale, en juillet.