LA ROYAL AIR FORCE VA DÉPLOYER TROIS CH-47 CHINOOK AU SAHEL EN SOUTIEN DE L'OPÉRATION BARKHANE
C'est un fait : les forces armées françaises ne disposent pas d'hélicoptères de transport lourd, et cette capacité manque cruellement dans les opérations extérieures comme celle qui est actuellement menée dans la bande sahélo-saharienne (BSS), où il faut déplacer rapidement et en nombre des militaires afin d'assurer des missions contre les groupes terroristes régionaux.
Toutefois, ce déficit sera bientôt en partie comblé. En effet, dans un communiqué de presse publié à l'occasion du sommet franco-britannique organisé à l’Académie royale militaire de Sandhurst, au Royaume-Uni, ce 18 janvier 2018, le Ministère britannique de la Défense a annoncé que la Royal Air Force allait déployer trois hélicoptères de transport lourd CH-47 Chinook au Sahel.
Le ministère britannique explique que ces appareils «fourniront un soutien logistique aux troupes françaises, et font partie d'un effort plus large visant à accroître la stabilité dans la région du Sahel en Afrique afin de lutter contre le terrorisme islamiste». Ils arrivent à la suite des missions de transport stratégique qu'ont pu effectuer à de nombreuses reprises les C-17 Globemaster III de la Royal Air Force.
Ces hélicoptères seront stationnés au Mali, et pourront opérer dans l'ensemble du Sahel. «Le personnel militaire britannique ne participera pas aux opérations de combat, mais le déploiement des Chinook fournira une capacité en soutien logistique, mais aussi en sauvant des vies en évitant de déplacer des troupes par la voie terrestre où elles sont plus vulnérables aux attaques», précise-t-on à Londres.
La date du déploiement de ces hélicoptères tant attendus n'a pas encore été annoncée. Toutefois, le blog Le Mamouth précise que «Londres est pressé d'y être, et Paris est pressé de les voir sur place».
Par ailleurs, outre ces hélicos, le Royaume-Uni va reverser 50 millions de livres sterling aux pays du G5 Sahel (Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad) et au Cameroun afin de compléter l'aide humanitaire qui leur est apportée pour lutter contre les épidémies, les catastrophes naturelles et surtout, les conflits avec les groupes jihadistes.
Ce déploiement permettra d'accroitre la mobilité des forces de Barkhane, limitées par les minces capacités des hélicoptères de manoeuvre Puma/Super Puma et NH-90TTH Caïman de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre, ainsi que par la disponibilité qui fait parfois défaut. Elle reste toutefois largement supérieure à celle que l'on trouve en métropole, en raison notamment de l'important effort fourni pour assurer le fonctionnement des hélicoptères en opération.
En outre, elle pourrait aussi permettre au Ministère des Armées de limiter sa forte dépendance aux appareils loués à des sociétés privées, comme les avions de transport An-32, An-26 et Beechcraft 1900D, ou les hélicoptères Mi-8.
Les CH-47 Chinook toutes versions confondues de la Royal Air Force sont mis en oeuvre par le 7 Squadron, appartenant au Joint Special Forces Aviation Wing, le 18(B) Squadron et 27 Squadron, tous stationnés sur la base aérienne de Odiham, dans le sud du Royaume-Uni. Un quatrième escadron, le 28 Squadron, est lui installé à Benson, aussi dans le sud, où il opère avec des Puma et est chargé de la transformation opérationnelle des jeunes équipages.
Le Royaume-Uni dispose actuellement d'une flotte d'environ cinquante CH-47 Chinook HC.3, HC.4 et HC.6. Si le nombre de trois appareils peut paraître léger au regard de la flotte, il faut aussi prendre en compte les impératifs, la disponibilité et les besoins, d'abord, des militaires britanniques.
Certains de ces appareils sont en maintenance courte ou sur du long terme, d'autres subissent des modernisations, des appareils doivent être conservés pour leurs propres opérations, que ce soit avec les forces conventionnelles ou spéciales, tandis que le restant doit être utilisé pour les missions d'entraînement et de formation des équipages navigants les plus jeunes.
Les Chinook britanniques, 30m de long pour une hauteur de 5,7m, sont propulsés par deux turbomoteurs Textron Lycoming T55-L712F de 3,148ch chacun. Avec une vitesse maximale de 160 noeuds, soit pratiquement 300km/h, ces «bus volants» peuvent atteindre une altitude maximale de 15 000 pieds (4 570 mètres) avec un taux de montée de 10m/s.
La mise en oeuvre de l'appareil se fait par un équipage de quatre naviguants avec un pilote, un copilote, un loadmaster et un quatrième personnel chargé de la protection. Au total, l'appareil peut embarquer jusqu'à 55 militaires, mais généralement, la Royal Air Force explique qu'il y a entre 24 et 40 pax par soute.
Pour pouvoir opérer en territoire hostile, les Chinook disposent en autoprotection de deux M134 Minigun de 7.62mm, installées sur les côtés, et d'une M60D qui peut se monter sur la rampe arrière afin de couvrir au maximum l'ensemble de l'hélicoptère. En outre, ils disposent d'un ensemble d'équipements de protection avec détecteur de verrouillage radar, système d'alerte d'approche de missiles infrarouges ou électromagnétiques, brouilleur infrarouge et lance-leurres infrarouges et de paillettes.
Par ailleurs, dans le cockpit et suivant les versions, les Chinook sont équipés d'un système de positionnement par satellite, d'une capacité aux vols de nuit avec un tableau de bord qui s'adapte aux jumelles de vision nocturne, d'une avionique avec écrans numériques, de plusieurs systèmes de communication, d'ordinateur de bords améliorés, etc…
Les Chinook sont principalement utilisés pour des missions de transport de troupes, de matériels et d'évacuation médicale (MEDEVAC). Ses capacités lui permettent de transporter 10 tonnes de fret, que ce soit dans la soute ou sous élingue.