Ce 4 octobre, sur la base de Rovaniemi, les forces finlandaises ont célébré le 30e anniversaire de la mise en service de leur système de défense anti-aérienne courte portée Crotale Nouvelle Génération (NG), livré par le groupe français Thales.
« Le système […] Crotale NG a démontré, au cours de nombreuses opérations menées sur les théâtres finlandais, une très bonne performance et une manoeuvrabilité accrue face aux menaces. Grace à un échange des données automatisé, il s’intègre parfaitement au sein d’un dispositif global de défense aérienne pour assurer en permanence la défense du territoire national », a commenté, à cette occasion, Seppo Lahti, ex-Directeur technique des systèmes d’armes pour l’agence d’approvisionnement de l’armée finlandaise.
Or, ce même jour a également été l’occasion, pour Florence Parly, la ministre française des Armées, et son homologue finlandais, Jussi Niinistö, de signer une lette d’intention visant à renforcer les liens militaires entre la France et la Finlande.
« La signature de ce document – premier cadre de coopération de défense bilatérale entre la France et la Finlande – avait été préalablement annoncée par les présidents Emmanuel Macron et Sauli Niinistö lors de leur conférence de presse conjointe, à Helsinki, le 30 août 2018 », avait précisé Mme Parly dans un communiqué publié deux jours plus tôt.
Les domaines précis de coopération n’ont pas été précisés par les autorités françaises et finlandaises. La conférence de presse des présidents Macron et Niinistö, évoquée par Mme Parly, avait essentiellement concerné la défense européenne. « Nous partageons la même vision sur les risques politiques et géopolitiques auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés et la nécessité d’avoir une Europe qui protège et qui se protège », avait constaté le locataire de l’Élysée.
Comme la Finlande ne fait pas partie de l’Otan, l’accent fut notamment mis sur l’article 42-7 du Traité de Lisbonne, et en particulier sur l’intention de M. Macron de le modifier afin de mettre en place, avait-il expliqué, « une solidarité renforcée quasi-automatique, ce qui fera qu’entre États membres qui seront d’accord avec cette réforme, nous puissions avoir une véritable solidarité d’intervention si un État était attaqué. » En clair, il s’agirait de s’inspirer de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord relatif à la défense collective.
Pour la presse finlandaise, cela voudrait dire que la France a « promis une aide militaire [à la Finlande] en cas de crise ». Ainsi, a écrit le quotidien national Iltalehti, « le président français affirmé qu’il fallait expliquer aux citoyens européens ce que signifiait la clause de solidarité mutuelle de l’article 42.7 de Lisbonne. Il a aussi affirmé qu’une aide concrète entre la France et la Finlande pourrait être au besoin militaire et que la France était prête à intervenir concrètement si la Finlande était menacée. »
Le journal Hufvudstadsbladet [de la langue suédoise, ndlr] fut plus direct en titrant : « M. Macron serait prêt à intervenir si la Finlande était attaquée. »
Cela étant, la France et la Finlande firent surtout part de leur intention d’oeuvrer ensemble pour renforcer la défense européenne, que ce soit via la coopération structurée permanente [CSP ou PESCO], le Fonds européen de défense et la mobilité militaire.
En outre, Helsinki annonça son intention de rejoindre l’Initiative européenne d’intervention (IEI) qui, lancée par la France, vise « à favoriser l’émergence d’une culture stratégique européenne commune et à créer les conditions préalables pour de futurs engagements coordonnés et préparés conjointement sur tout le spectre de crise. » Jusqu’alors, 9 pays y participaient, dont l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la France, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni.
Cela étant, les forces françaises et finlandaises cultivent déjà une certaine proximité, comme le montre la présence d’une compagnie finlandaise au sein du bataillon français de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).