« Le temps où l’on pouvait compter tout simplement sur les États-Unis pour nous protéger est révolu » et « l’Europe doit prendre son destin elle-même en main, c’est notre défi pour l’avenir » a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel, lors d’une cérémonie organisée pour la remise d’un prix européen au président Macron à Aix-la-Chapelle.
Pourtant, deux pays membres de l’Union européenne, à savoir la Suède et la Finlande, ne sont visiblement pas de cet avis. Ainsi, Peter Hultqvist et Jussi Niinistö, les ministres suédois et finlandais de la Défense, ont rencontré leur homologue américain, James Mattis, au Pentagone, le 8 mai.
À cette occasion, et à l’heure où la « Coopération struturée permanente » [CSP ou PESCO] se met en place au sein de l’UE, ils ont signé une déclaration d’intention trilatérale en vue d’accroître la coopération militaire entre les forces suédoises, finlandaises et américaines. Si le texte en question n’a pas de valeur juridique contraignante, il constitue « un point de départ pour de futures relations renforcées », ont souligné les deux ministres scandinaves.
« Nous devons travailler de manière plus approfondie avec des exercices afin de développer l’interopérabilité. Je pense que cet accord nous permettra de planifier ce genre d’activités », a commenté M. Hultqvist. « Je pense donc que c’est une plate-forme pour développer différentes sortes d’activités qui peuvent apporter plus de sécurité et de stabilité dans notre partie de l’Europe », a-t-il ajouté.
Outre les questions d’interopérabilité, l’accord prévoit une plus grande coopération dans les opérations multinationales et appelle à oeuvrer à un « renforcement du partenariat stratégique UE-Otan ».
« La Finlande et la Suède sont des havres de stabilité dans une région où les tensions ont augmenté en raison des choix regrettables et déstabilisateurs faits par la Russie en Ukraine et en Syrie », a commenté le chef du Pentagone. « L’action volatile de la Russie nous rappelle que la primauté du droit et la souveraineté régionale doivent être défendues », a justifié M. Mattis.
Depuis l’affaire de la Crimée, la Suède et la Finlande ont constaté une hausse de l’activité militaire russe dans leur voisinage immédiat, avec parfois des violations de leurs eaux territoriales et de leur espace aérien respectifs. Dans ce contexte, et alors que l’article 42 du Traité sur l’Union européenne prévoit déjà une clause de défense collective, la question de ces deux pays à l’Otan se pose tant à Stockholm qu’à Helsinki.
Pour le moment, aucun n’a franchi le pas, si ce n’est que l’un et l’autre ont renforcé leurs relations avec l’Alliance atlantique, en participant à des manoeuvres communes. Un exemple de ce rapprochement est l’exercice Arctic Challenge 2017 (ACE 17), qui s’est déroulé en Norvège, en Suède et en Finlande avec une centaine d’avions de combat de pays appartenant à l’Otan.
Par ailleurs, la Finlande et la Suède ont rejoint une force expéditionnaire commune (Joint Expeditionary Force, JEF) qui, mise sur pied par le Royaume-Uni, compte la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas et les trois pays baltes [tous membres de l’Otan, ndlr] parmi ses contributeurs.
Photo: Stefan Bratt/Forces armées suédoises