Lors d’un déplacement à Washington, le 18 septembre, le président polonais, Andrzej Duda, a dit son souhait de voir les États-Unis implanter une base militaire permanente en Pologne, en plus de la présence d’un bataillon multinational sous commandement américain, déployé dans le cadre de l’Otan. Pour cela, Varsovie propose 2 milliards de dollars pour financer les coûts d’une telle installation.
A priori, il n’est pas question, du moins pour le moment, d’établir une présence aérienne : seule l’US Army serait donc concernée. À première vue, ce dossier est relativement simple… Il suffirait, pourrait-on croire, d’installer les soldats américains dans une caserne quelconque… Mais telle n’est pas la conception du Pentagone.
Déjà, quand le président Trump a affirmé étudier de près la demande de Varsovie, le secrétaire à la Défense, James Mattis, a mis quelques bémols. « Les questions sont nombreuses. […] Il ne s’agit pas seulement d’une base. Il s’agit de zones d’entraînement, d’infrastructures, de maintenance… Ce sont beaucoup de détails que nous devons étudier avec les Polonais », a-t-il dit.
Le secrétaire à l’US Army, Mark Esper, a donné plus de précisions, rapporte l’AFP. Lors d’une visite en Pologne, faite en janvier, il a dit avoir noté que les espaces proposés par les autorités polonaises n’étaient pas suffisants (ce qui montre que l’idée d’une implantation en Pologne n’est pas aussi récente que ça).
« Ce n’était pas suffisant en termes de surface, d’espace de manoeuvre et champs de tir », en insisté M. Esper. « Il faut un grand champ de tir pour des tirs d’artillerie, par exemple. Or les terrains proposés « n’étaient peut-être pas assez grands pour nous permettre de maintenir le degré de préparation que nous aimerions maintenir », a-t-il ensuite précisé.
Un autre problème soulevé par ce responsable du Pentagone concerne la mobilité des troupes. Une question que l’Union européenne s’est d’ailleurs engagée à régler en relation avec l’Otan, avec la mise en place d’un « espace Schengen militaire ».
« Outre l’espace, l’US Army veut pouvoir se déplacer facilement en Europe, or des obstacles administratifs et pratiques la freineraient en cas de conflit », a souligné M. Esper. « Nous avons des problèmes avec le transport des équipements lourds et des choses de ce genre », a-t-il continué.
Ce problème est connu depuis au moins janvier 2017, quand une brigade blindée américaine eut des difficultés pour se rendre en Pologne, les normes selon lesquelles certaines infrastructures furent construites étant celles en vigueur lors de la période communiste. Par exemple, la hauteur des ponts posa des soucis aux blindés… De même que l’écartement des rails de chemin de fer.
« Un de nos trains a été bloqué (…) à la fois pour des raisons administratives et pour des questions d’écartement des rails », a-t-il dit. Le problème n’est pas limité à un pays en particulier », a ainsi constaté M. Esper, lors d’un transfert de troupes américaines d’Allemagne vers la Pologne pour un exercice. « C’est une combinaison de problèmes administratifs et d’infrastructure », a-t-il ajouté.