En 2015, et dans le cadre de leur coopération militaire formalisée douze ans plus tôt, l’Inde et les Seychelles signèrent un accord relatif à la construction d’une base militaire indienne sur l’île seychelloise de l’Assomption.
Cet accord était plutôt favorable aux Seychelles dans la mesure où l’Inde devait financer la construction de cette base à hauteur de 550 millions de dollars pour avoir seulement le droit d’y envoyer des troupes pour une période de 20 ans (avec toutefois une possibilité de prolongation de 10 ans). En outre, elle allait permettre aux gardes-côtes seychellois d’augmenter leur capacité de surveilleance de la zone économique exclusive (ZEE) de l’archipel et de lutter ainsi plus efficacement contre les trafics, la piraterie et la pêche illégale.
Toutefois, cet accord suscité des réserves parmi les élus seychellois. Et un second texte a été adopté en janvier dernier, afin de préciser quelques points de nature à créer des « contentieux ». « Nous avons par exemple ajouté des éléments comme pas d’arme nucléaire et pas de stockage d’armes à Assomption », que l’Inde ne pourra pas non plus utiliser en cas de guerre, a expliqué Frank Ally, le conseiller juridique du gouvernement des Seychelles, à l’AFP
« Bien que le gouvernement indien finance le projet, les Seychelles ont le pouvoir de suspendre le fonctionnement de la base de défense sous certaines circonstances, comme lors d’une épidémie ou si l’Inde est en guerre », précise l’agence Seychelles News Agency.
Étant donné sa proximité avec le canal du Mozambique, où transite une bonne partie du commerce international, l’île de l’Assomption est stratégique pour New Delhi. Outre l’aspect économique et la protection de ses approvisionnements, y implanter une base serait serait une réponse à la stratégie chinoise dite du « collier de perles », qui vise à garantir la sécurité de ses voies d’approvisionnement maritime tout en encerclant l’Inde, via des facilités pour ses navires au Sri Lanka, au Pakistan, au Bangladesh, en Birmanie et aux Maldives. D’où, sans doute, les dernières concessions consenties…
Seulement, la ratification de ce nouvel accord n’est pas encore acquise… Car l’idée d’une base indienne sur l’île de l’Assomption suscite l’opposition d’une grande partie de la population, laquelle craint une mainmise indienne sur les Seychelles. Depuis la fin janvier, la capitale, Victoria, est ainsi régulièrement le théâtre de manifestations contre ce projet. Et les tentatives du gouvernement de rassurer l’opinion sur cet accord conclu avec l’Inde n’y font rien.
Qui plus, des considérations environnementales sont mises en avant par les opposant à cette base commune à l’Inde et aux Seychelles. En effet, l’île de l’Assomption est proche de l’atoll d’Aldabra, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Aussi, certains s’interrogent sur l’impact qu’aura cette présence militaire sur ce dernier. Pour répondre à ces préoccupations, Victoria a promis qu’une étude serait faite avant la construction de cette base.
Quel effet aura cette mobilisation populaire contre ce projet? » Je n’ai pas de raison de croire que cet accord ne sera pas ratifié par l’Assemblée nationale. Je pense que les politiciens et les gens qui voient le côté positif de cette coopération vont y être favorables, et je suis persuadé que cela va passer », veut croire Ausaf Sayeed l’ambassadeur indien aux Seychelles.