Le projet des autorités indiennes d’ouvrir une base militaire sur l’île de l’Assomption, qui fait partie de l’archipel des Seychelles paraît mal engagé. Et cela, malgré un nouvel accord passé avec le gouvernement seychellois en janvier dernier.
L’enjeu pour New Delhi est de disposer d’une base dans l’océan Indien afin de répondre à la stratégie dite du « collier de perles » qui, menée par la Chine (proche alliée du Pakistan), vise à endiguer, voire à encercler, l’Inde. Ainsi, l’armée populaire de libération dispose désormais de facilités dans plusieurs pays (de la Birmanie à Djibouti en passant par le Sri Lanka et le Pakistan).
En outre, proche du canal du Mozambique, où transite une part importante du commerce international, l’île de l’Assomption occupe une position stratégique. D’où l’intérêt qu’elle représente pour l’Inde, qui souhaite y financer le chantier d’une base à hauteur de 550 millions de dollars afin d’avoir le droit d’y envoyer des troupes pour une période de 20 ans. Par ailleurs, cette emprise profiterait aussi aux gardes-côtes seychellois, qui auraient ainsi la possibilité d’étendre leur capacité de surveillance de la zone économique exclusive (ZEE) de l’archipel.
Malgré cet accord « gagnant-gagnant », le projet de New Delhi a tout de suite suscité une vive opposition à Victoria, où des manifestations sont régulièrement organisées pour protester contre la présence indienne.
Et, finalement, cette mobilisation a porté ses fruits. Favorable, au départ, à l’accord passé avec New Delhi (mais avec quelques réserves toutefois), l’opposition seychelloise, majoritaire au Parlement, a annoncé, le 20 mars, qu’elle ne votera pas en faveur de la construction de cette base sur l’île de l’Assomption. L’annonce en a été faite par Wavel Ramkalawan, le chef de file, à l’Assemblée seychelloise, de la coalition Linyon Demokratik Seselwa [LDS/ »Union démocratique seychelloise », en créole].
« Nous avons pris plusieurs choses en considération, et notamment les manifestations contre ce projet », a ensuite expliqué Roger Mancienne, le président de la LDS. En clair, sans l’aval de l’opposition, l’accord ne pourra pas être ratifié. Et donc, la base en question ne pourra pas voir le jour sur l’île de l’Assomption…
Cela étant, ce revers attendu de l’Inde aux Seychelles sera compensé par l’accord conclu à l’occasion de la récente visite du président Macron à New Delhi. Désormais, l’accès des bases françaises dans l’océan Indien ainsi qu’à Djibouti sera en effet autorisé aux navires de la marine indienne. « Je considère que l’accord […] sur le soutien logistique réciproque entre nos armées constitue un pas en avant dans l’histoire de notre coopération étroite en matière de défense », a commenté Narendra Modi, le Premier ministre indien.