En mai dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, a validé une « feuille de route très novatrice » afin d’intégrer plus rapidement les innovations technologiques au programme SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation] de l’armée de Terre.
Il s’agit d’adopter une démarche « incrémentale », via une « concertation renforcée » entre la Direction générale de l’armement [DGA], les états-majors et l’industrie, l’idée étant de passer d’une « adaptation réactive » à une « anticipation proactive » en intégrant des innovations technologiques dès qu’elles sont disponibles.
C’est donc dans ce cadre que la DGA vient de lancer des études préliminaires pour trois capacités futures du programme SCORPION, dont l’intégration de drones et de robots dans le système de combat, la communication avec le combattant débarqué et la gestion de la multiplication des capteurs.
« Ces études préparatoires ont été notifiées à la société tns-MARS, titulaire d’un marché dédié qui réunit Thales, Nexter et Safran. Elles doivent permettre de lancer les développements dans les quatre années à venir », précise la DGA.
Avec la multiplication de différents capteurs (drones, véhicules, etc) qui seront déployés sur un théâtre d’opérations avec SCORPION, l’un des enjeux sera d’exploiter au mieux les flux de d’informations qu’il généreront. Pour cela, il sera donc nécessaire de « de s’appuyer sur les technologies d’intelligence artificielle et de traitement massif de données », l’objectif étant, explique la DGA, « d’assister le combattant dans l’action en lui proposant des solutions pour une plus grande réactivité. »
La seconde étude concerne le combattant débarqué, et plus précisément les moyens qui lui permettront d’échanger des informations en temps réel sur le champ de bataille. Selon la DGA, il devra donc disposer « de moyens d’échanges de données » afin « d’accéder à des informations provenant des autres combattants et des véhicules » et « d’alimenter la situation tactique du dispositif avec des éléments au plus proche du terrain. » Le développement du socle technique commun d’échange (STC-E) fait partie par exemple partie de cette ambition puisqu’il s’agit « d’une mise en réseau globale intégrant des outils de conception, de mise en œuvre (SI – systèmes d’information et SC – systèmes de communication) et de protection Cyber. »
La dernière étude porte donc sur la robotisation. Le programme SCORPION prévoit en effet, à partir de 2022, l’intégration de robots et de mini-drones qui, connectés aux systèmes d’information, « apporteront un avantage décisif aux unités en étendant leur capacité de renseignement et d’intervention. »
Du point de vue français, il n’est pas question de doter les forces armées de robots « tueurs » autonomes… « Aujourd’hui, la robotisation est vraiment pensée pour être une force supplémentaire dans des situations dans lesquelles nos engagements se caractérisent par le faible nombre des moyens que nous engageons, si nous le rapportons aux surfaces que nous avons à couvrir et à la diversité des ennemis que nous avons à affronter, bien plus qu’à leur niveau technologique », a récemment expliqué, lors d’une audition parlementaire, le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA].
Et ce dernier d’ajouter : « J’ai de bons espoirs que nous continuerons à progresser dans ce domaine et nous serons toujours extrêmement attentifs à ce que l’homme reste dans la boucle quel que soit le niveau de robotisation. »