Depuis le début du conflit syrien, Israël s’est donné trois objectifs : empêcher tout transfert d’armes à destination du Hezbollah, la milice chiite libanais, dissuader la moindre intrusion sur son territoire et éviter une présence militaire iranienne.
Sur le premier point, l’aviation israélienne a régulièrement visé, en Syrie, des convois d’armes destinées au Hezbollah depuis 2011. Quant au second, Tsahal réplique au moindre obus tiré depuis le territoire syrien vers le plateau du Golan, annexé par Israël en 1981, après en avoir fait la conquête à l’occasion de la Guerre des Six-jours.
Quant à la présence militaire iranienne, les choses sont plus compliquées. Certes, Tsahal a déjà frappé des bases soupçonnées d’abriter des Gardiens de la Révolution (pasdarans). Mais cela ne suffit évidemment pas.
Aussi, Israël a demandé à la Russie, proche alliée de la Syrie, d’user de son influence pour empêcher le déploiement de troupes iraniennes à deux pas de son territoire. Et cette requête est devenue d’autant plus pressante avec le succès de l’offensive menée contre les rebelles par les forces syriennes et leurs alliés en direction des provinces méridionales de Deraa, de Qouneitra et de Soueida, proches du Golan.
Seulement, les dirigeants israéliens n’ont pas eu gain de cause. « Ils [les Iraniens] jouent un rôle très très important dans notre effort commun pour éliminer les terroristes de Syrie », a déclaré, le 30 juillet, Anatoly Viktorov, l’ambassadeur de Russie en Israël. « C’est la raison pour laquelle, pour le moment, nous considérons comme irréaliste toute demande de chasser des troupes étrangères de l’ensemble de la république arabe syrienne », a-t-il ajouté.
Mais Moscou a fait une concession (au-delà de celle consistant à fermer les yeux quand l’aviation israélienne intervient contre les troupes iraniennes et le Hezbollah en Syrie), en annonçant le déploiement de policiers militaires russes le long de ligne de démarcation du Golan. Au total, 8 postes de surveillance seront installés, afin de « prévenir tout risque de provocation dans ce secteur ».
Le 2 août, en effet, l’état-major russe a confirmé que le régime syrien avait repris le contrôle de ses trois provinces méridioniales ainsi que celui de la frontière avec la Jordanie.
Dans le même temps, l’armée israélienne a annoncé avoir visé « plusieurs terroristes armés actifs dans le sud du Golan syrien » lors d’un raid aérien mené pour empêcher un « grave accident. » Et d’ajouter : « Des ceintures d’explosifs et des fusils d’assaut AK-47 ont été retrouvés dans la zone ciblée par les bombardements. » A priori, ces hommes, présumés appartenir à l’État islamique (EI ou Daesh), auraient tenté de s’infiltrer en Israël.
« L’armée israélienne tient le régime syrien responsable de tout ce qui se passe en Syrie et de la menace qui en émane. Tsahal continuera à s’opposer aux tentatives de violer l’Accord de séparation des forces de 1974, aux menaces à la souveraineté israélienne et à toute tentative de porter atteinte aux civils israéliens », a prévenu Israël.
Justement, l’évolution de la situation en Syrie présente sans doute plus d’avantages que d’inconvénients pour l’État hébreu, qui est encore techniquement en guerre avec Damas. C’est, en tout cas, ce qu’a estimé Avigdor Lieberman, son ministre de la Défense.
« En Syrie, de notre point de vue la situation revient à celle qui prévalait avant la guerre civile (en 2011), à savoir qu’il y a clairement à qui s’adresser, il y a quelqu’un qui est responsable et il y a un pouvoir central », a en effet déclaré M. Lieberman, lors de l’inspection d’une unité de défense aérienne dans le nord d’Israël.
« Nous ne nous immisçons pas ni n’intervenons dans les affaires intérieures de la Syrie à condition que soient respectés trois points qui sont importants pour nous », a continué le ministre israélien, qui aussi dit « croire » qu’Israël sera désormais moins préoccupé par « d’éventuelles tensions dans le Golan ».
Toutefois, a prévenu M. Lierberman, « le territoire syrien ne doit pas être utilisé comme avant-poste iranien contre l’État d’Israël » et « ne pas servir comme lieu de transit des armes destinées au Hezbollah au Liban. » En revanche, c’est encore loin d’être le cas.